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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé
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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [19/09/2019] à 00:45

Chapitre 182 : La confrontation finale (2)


https://www.youtube.com/watch?v=LX_p8-HPCn8


Lorsque j’eus projeté ma puissance dévastatrice du désespoir, je ne me fis aucune illusion sur le sort qui allait lui être réservé. En effet, ma progéniture se contenta de faire de même, neutralisant tout ce que j’avais canalisé d’une banale projection dont nous étions tous les deux capables. Son regard se mêla au mien l’espace de quelques instants. Sa conviction était fragilisée, je pouvais le déceler d’ici. Pourtant, je ne voyais pas une once de résignation dans ses yeux. Avais-je commis une erreur en tuant ce jeune garçon ? J’avais le sentiment que sans lui, si Laïla avait appris mes motivations, elle aurait tout simplement décidé de rejoindre ma cause. Comme si la seule présence de ce Kôsei suffisait à ériger une barrière impénétrable m’empêchant de prendre le contrôle de ma progéniture. C’était triste, très triste. Du fond du coeur, j’avais envie que cette femme me rejoigne dans ma cause. Je me battais pour eux, pour elle, pour tous les faibles tombés au nom du cycle absurde de ce monde insensé, et même avec la puissance, personne ne pouvait me comprendre.


– Katsuo…Grogna la femme. Peu importe tes raisons, je ne cautionnerai jamais tout ce que tu as fait. Tu n’as jamais voulu notre bonheur. Tu t’es contenté de nous faire subir tout le mal que tu as subi dans un acte de vengeance. Tu es faible, Zetsubô ! Tu n’as jamais confronté ton maître, tu as préféré nous faire souffrir, exactement comme l’a fait ton père !


– Maudis-moi ma fille. Hurlai-je, intéressé. Méprise-moi comme j’ai méprisé mon père. Rumine sur toute la misère que je t’ai infligée ! Pense à toutes ces vies perdues par ma faute ! Laisse ton cœur se faire ensevelir par la puissance que j’ai introduite dans ton code génétique lui-même !!! Transcende toutes tes barrières, tes bons sentiments, viens chercher ta vengeance !!! Viens me détruire ! Viens prendre ta place de souveraine !!!


– Silence !!! Me rétorqua-t-elle enragée. J’en ai assez de jouer ton jeu !! Lorsque je t’aurai détruit, je détruirai tout ce que tu as construit une bonne fois pour toutes !!! Heir of Despair : Imvelaphi entsha !!!


Elle était parfaite. Si parfaite que j’aurais tué pour passer le reste de l’éternité à la confronter. Si parfaite que j’aurais volontiers jeté dans le feu ardent le pouvoir du désespoir si cela me permettait de passer l’éternité à lui faire face. Elle était tout ce dont j’avais rêvé durant 5000 ans de perdition temporelle. La quintessence du désespoir, de notre lignée. Elle était l’incarnation même du pourquoi j’avais voué ma vie à cette lutte perpétuelle. Elle était comme la fontaine de jouvence de notre lignée, de ma lignée. Elle était la consécration de nos sacrifices, de nos peines et de notre désespoir.


Elle était ma fille bien-aimée…


Les mains jointes, elle projeta un rayon de lumière noire dont le diamètre était aussi grand qu’un obélisque de l’Égypte antique. A une vitesse fulgurante il vint s’abattre sur moi, refusant toute forme de pitié, toute forme d’empathie à mon égard. Je ne pus protester. Seulement me plier face à l’absurdité de la puissance de ma progéniture, en me délectant de la souffrance qui oppressait mes membres en voulant les asservir.


Je lâchai un cri de plaisir tandis que ma chair se déchirait sous la douleur de l’attaque. j’étais comme consumé de toutes parts, me réjouissant d’avoir engendré une femme si puissante au terme de mes générations. Je m’écroulai au sol. J’étais laissé pour mort, gisant sur le bitume, entre exaltation, excitation, et allégresse. Je me relevai péniblement, me soignant d’un geste de la main, exactement comme toute la famille pouvait le faire grâce au pouvoir de Lithemba. Ma progéniture n’eut aucune réaction. Elle se contenta de porter un regard de mépris sur moi, le même qu’elle forçait depuis le début de notre affrontement.


« Ce match sera très long n’est-ce pas ma chère ? Souris-je. Nous avons tous le pouvoir commun de guérir nos blessures. Peu importe ce que tu m’infligeras, je me soignerai, et il en est de même pour le sens inverse. Pourquoi ne pas mettre un terme à cet affrontement et discuter autour d’une table comme une vraie famille ?


– Je n’ai pour famille que mes frères. Rétorqua la femme, glaciale.


– Tes frères ? Repris-je en réprimant une régurgitation. Tu parles de ces concentrés de faiblesse et de soumission, incapable de lever le moindre petit doigt pour défendre nos intérêts !? Ces mêmes frères qui n’ont été bon qu’à ajouter un poids sur tes épaules pour protéger leur existence misérable ? Ils n’ont été que des boulets pour toi toute ta vie ! Oublie ces incapables ! »


Je n’obtins aucune réponse. Je sentis seulement la puissance de ma progéniture devenir encore plus importante, exactement comme elle l’était chez tous ceux l’ayant précédée. Notre pouvoir était illimité. Il évoluait avec les sentiments de son utilisateur, si bien qu’il était impossible d’arriver au terme de sa portée. Au travers des âges, nous avions tenté de le pousser jusqu’au bout de ses capacités, et aucun d’entre nous n’y était arrivé. Mais je sentais que pour Laïla, c’était une chose possible. Chaque fois que je heurtais ses sentiments, elle redoublait de rage et de puissance, si bien que j’en frissonnais d’excitation. Jusqu’où allait-elle être portée par ce flux d’émotions négatives ? Allait-elle être capable de me surpasser, moi, celui qui a traversé les millénaires dans ma quête de règne absolu ? Était-elle le Graal de notre famille qui allait tous nous délivrer une bonne fois pour toutes ? Je voulais être témoin de la naissance de cette fleur de destruction et de chaos dont j’étais le semeur d’engrais. Pouvoir constater de mes yeux le résultat de notre lignée ayant laissé la vie à chaque génération. Prendre ma revanche sur ce monde en déchaînant la perfection engendrée par notre souffrance afin qu’elle en aspire la vie et en devient la reine.


« Oublie tous ceux qui t’ont fait vivre cette vie misérable ! Hurlai-je en réfrénant toute mon excitation. Tes frères ne sont rien ! Tes parents n’étaient que des faibles ! Et ce Kôsei, celui qui t’a soi-disant fait goûter à l’amour, tu ne peux savoir à quel point j’ai savouré l’instant de sa mort !


– Ezaakh !! Hurla la femme aux yeux assassins. »


Était-ce son hurlement, ou bien le fait qu’elle m’avait nommé de la sorte qui me fit m’arrêter dans mon action ? Pourtant, j’eus du mal à enchaîner. Si bien que lorsque la femme s’approcha, je ne pus m’apercevoir de ce qu’elle avait généré : une lame assez fine composée d’énergie du désespoir, l’Ishitunzi. J’esquivai à la dernière seconde, constatant la puissance me frôler de quelques millimètres. Cela me tira un sourire. Je ricanai, avant de propulser d’un coup de pied fulgurant ma progéniture loin dans l’espace de bataille. Je me lançai ensuite à sa poursuite dans les airs, utilisant mon omnipotence pour la piéger une nouvelle fois, mais elle ne se laissa pas prendre. Elle s’était déjà ressaisie et de nouveau attachée à moi afin de déclencher une explosion nous utilisant tous les deux comme réceptacle.


Du nuage de fumée furent propulsés nos deux corps encore fumants, mais se régénérant en totale synchronisation dans leur chute. Ainsi, nous atterrîmes, Laïla et moi, tous deux sur nos jambes, avant de nous élancer de nouveau l’un contre l’autre.


Nous nous acharnions. Nous voulions imposer notre vérité à l’autre, tout simplement. Il n’y avait plus aucune place pour le dialogue, ni pour les négociations. La cruelle réalité allait s’installer entre nous : le plus fort allait imposer ses principes et infliger au vaincu la réalité qu’il avait décidée. C’était un fait, il n’y avait plus de retour possible. Mais tout cela faisait partie de mon plan malgré tout. Si je gagnais cet affrontement, le dernier obstacle à mon règne était supprimé. Dans le cas contraire, une puissance supérieure à la mienne allait voir le jour et continuer mon œuvre, consciemment ou non. C’était le coup final que j’organisais pour la fondation du futur, et pour l’espoir. L’ultime chausse-trappe qui allait faire sombrer l’humanité.


« Despair Origin ! Hurlai-je. Ukuphelelwa lithemba okungcwele !!


– Comment !? S’exclama la femme alors que j’étais déjà inarrêtable. »


Car oui, Ukuphelelwa lithemba okungcwele était un sort particulier. Il brisait le sceau de puissance qui retenait l’entièreté de mes pouvoirs : le désespoir d’origine. Je l’avais gardé jusqu’alors afin de ne pas montrer tout mon potentiel, en particulier sur mes héritiers, mais il était désormais fugace de cacher cet atout dans ma manche. Alors je laissai la puissance monter en moi jusqu’à ce que je devienne aussi puissant que l’ensemble du royaume d’Izrath. Une puissance étincelante, presque électrique, s’éleva devant moi avant de se scinder en deux, pour finalement m’entourer comme une spirale continuelle m’octroyant une force sans limites.


« C’est terminé ma fille. Déclarai-je paisiblement. Fais ta dernière prière avant de connaître la toute puissance de notre famille. »


Elle ne répondit pas. Elle se contenta de rester bouche bée, abasourdie par le spectacle auquel elle faisait face. Oui, je pouvais la comprendre. Elle faisait jeu égal avec un stade de puissance qui représentait à peine 40 % de mes capacités. Me voir gagner en force ne pouvait que la paralyser de terreur. Ainsi, je n’eus même pas à charger le rayon colossal que je projetai sur elle. Il arriva sur mon héritière à une vitesse folle, avant de la percuter sans qu’elle ne bronche.


Cela me tira une larme, de voir ma progéniture se faire souffler par mon attaque dévastatrice comme un vulgaire insecte. Je venais de détruire le fruit de la perfection de notre lignée comme si ce n’était qu’un nuage de poussière balayé d’un revers de la main. Cela m’emplissait de tristesse.


https://www.youtube.com/watch?v=QciP4d2jrls


Je me retournai donc, voulant regagner mon siège afin d’attendre le menu fretin qui allait se présenter ensuite. Cependant, à ma grande stupéfaction, une étrange lueur bleue translucide émana du nuage de fumée provoqué par mon attaque. Elle fut suivie par un fil de lumière éclatant qui me fit plisser les yeux tant il était abondant. Elle sortit du nuage comme un éclair, et lorsque je posai mes yeux sur elle, au lieu d’y discerner de la pénombre, je n’y vis que de la clarté.


« Qu’est-ce que…murmura Laïla, semblant déconcertée par ce qu’il se passait. Que m’arrive-t-il ? »


Elle passa sa main rayonnant d’un flux étincelant devant elle, constatant que son mouvement laissait derrière elle un flux d’énergie translucide de la même couleur que son aura. Interpelée, elle sembla trouver la réponse au bout de quelques secondes, puisqu’un sourire se dessina sur son visage.


« Erika…Soupira mon héritière. Toujours à se mettre en travers de ma route. Je me disais bien que cette attaque était étrange. Tu m’as donc infectée avec cette chose infâme en sachant très bien que j’allais me détester ensuite.


– Attends !! Percutai-je. Tu veux dire que cette attaque qu’elle t’a lancée à mon retour –


– En effet. Reprit Laïla, déterminée. Cette force même ayant pris racine en mon être n’est pas celle du désespoir. Elle n’est pas celle cultivée par la haine à ton égard, ni la peur de perdre mes frères. Elle est le fruit de tout l’amour que j’ai reçu de tous. Une puissance sans limites éveillée du plus profond de moi par la princesse de l’espoir elle-même. Ezaakh, tu te feras vaincre non pas par ton désespoir, mais par l’espoir à l’état pur. »


Je l’attaquai par réflexe. Ces mots m’insupportaient. Je refusais de les entendre de sa bouche. Mon joyau étincelant de ténèbres, contaminé à son tour par une telle imposture !? C’était impensable, inconcevable. Je refusais de croire à une telle infamie ! Et quelle fut ma rage lorsque je constatai que cette énergie faite de niaiserie et de bons sentiments avait suffit à dévier la prodigieuse puissance que j’avais déployée, la laissant s’écraser contre les murs derrière ma progéniture ! Cela me faisait bouillir de rage.


« Heir of Hope : Imvelaphi yesine. Déclara la femme, glaciale.


– Comment oses-tu !!? Hurlai-je comme une bête assoiffée de sang. Ne prononce pas ces mots sales et indignes de ta bouche !!


– Indignes de ton point de vue. Cependant, la véritable nature de ce pouvoir montre ce que je m’obstine à réfuter en boucle. »


Elle s’arrêta quelques secondes, tandis que sa nouvelle force gravitait autour d’elle sans prendre une véritable forme. Interpelé, j’attendais sa justification avec impatience, même si au fond je savais que jamais je n’allais pouvoir pardonner cette infamie. Elle reprit, beaucoup plus faible qu’elle ne l’avait été jusqu’alors.


« Finalement, ce combat contre la fondation du futur n’était pas une simple bataille d’espoir contre désespoir. Avoua ma progéniture. Ce n’était qu’une façade ; un conflit réduit à l’état de bien contre mal, de noir contre blanc, alors qu’au fond…ma cause était également l’espoir.


– L’espoir…murmurai-je, comme au ralenti.


– L’espoir de reconstituer une famille brisée par l’intervention de toutes ces personnes. Celui de persévérer jusqu’à pouvoir offrir un présent convenable à mes frères et mes parents. Celui de transporter Yume-Nikki et les guérir de leurs peines…Au fond, moi aussi, j’ai ressenti beaucoup d’amour dans ma vie.


– Ce ne sont que des illusions, Laïla. L’amour n’est qu’un sentiment dérisoire que l’on s’invente afin de ne pas sombrer dans la folie, pour se raccrocher à quelque chose. Mais c’est factice.


– Eh bien, voyons si ce que tu dis est vrai, Ezaakh. Heir of Hope : Nishijima Kôsei. Kashiwagi Arata. »


Deux sphères d’énergie se détachèrent de l’enveloppe charnelle de mon Graal afin de prendre place à ses côtés. Lorsqu’ils se matérialisèrent complètement, je pus discerner les traits des deux jeunes garçons que j’avais tués ce jour même. Ils étaient similaires à eux, si ce n’était pour leur couleur ayant basculé au bleu translucide, comme deux fantômes.


« Peu importe si je ne suis qu’un souvenir, un fantôme, un mirage, ou une illusion, je continuerai à vous servir, ma dame. Déclara la voix de Kôsei. Je tiendrai ma promesse une bonne fois pour toutes.


– Nous vous devons beaucoup, madame. Enchérit Arata. Alors nous allons vous rembourser en vous prêtant main forte. »


Elle n’eut pas la force de répondre. Ils se lancèrent tous les deux contre moi, suivis par leur maîtresse qui chargea de nouveau un sort de désespoir tout aussi puissant que les précédents malgré l’altération de sa conviction. Je grimaçai. Si même ma muse était infectée par cette énergie impure, alors il n’y avait plus rien à faire. Je devais tout recommencer. Oublier ces jours maudits où cette princesse de l’espoir avait corrompu l’ensemble de ma lignée, et créer de nouvelles racines sur lesquelles bâtir mon empire. Je me lançai en chargeant l’ensemble de ma puissance dans mes membres, afin d’écraser cette existence misérable accompagnée de ces créatures lui prêtant main forte. J’avais la rage au cœur, et cela décuplait ma détermination et mon pouvoir. Je déployai les bras, laissant apparaître derrière moi des centaines d’ombres fantasmagoriques composant l’armée de Nemesis qui était la mienne. Elles n’étaient plus comme ces sous-fifres de bas étage qui n’étaient finalement que du menu fretin. Non, elles s’élevaient sur quatre mètres de hauteurs et étaient toutes aussi rapides qu’un combattant du désespoir à mes ordres. Et plus le temps passait, plus je générais de nouveaux soldats, dans un processus inarrêtable et infatigable d’asservissement de cette misérable existence qu’était devenue ma fille.


« Essayez donc de résister à ça, bande de misérables !! Despair Origin : Umkhosi oHlaziyiweyo !!


– Heir of Despair ! Rétorqua la femme. Uvavanyo ngekamva ! »


Elle luisit d’un éclat violet qui me rappela étrangement une certaine catastrophe ayant eue lieu à leur époque. A ma grande stupéfaction, quelques secondes plus tard apparut derrière elle une énorme créature similaire à une araignée dégoulinant de boue noire comme l’ébène, dont les deux yeux rouges luisaient au travers. Le monstre lâcha un « grooooooooh » qui fit trembler les murs de la pièce dans laquelle nous nous battions.


Mon coeur rata un battement. Cette créature dégageait la même aura que « lui ». Un épais rideau d’ombres impénétrables qui semblaient contenir toute la noirceur du monde en leur sein. Cela me rappela d’étranges souvenirs que je croyais jusqu’alors enfouis au plus profond de moi. Son apparition, sa proposition de m’aider, nos objectifs communs, et la trahison. Tout me revenait en mémoire, si bien que je ne vis même pas le groupe arriver jusqu’à moi.


A ma grande surprise, ce furent ces deux garçons qui vinrent à ma rencontre. Laïla s’occupait des créatures générées en boucle par mon sort, accompagnée par son étrange créature. Ainsi, j’eus un semblant de nostalgie en faisant face à ce duo de l’improbable qui avait néanmoins réussi à me voler une manche dans notre affrontement. Ils ne possédaient cependant plus leurs pouvoirs du désespoir. Ainsi, il m’était facile d’esquiver leurs assauts afin de rétorquer sauvagement. Pourtant, malgré les coups qu’ils se prenaient, ils restaient toujours debout. Je grimaçai. Comment de simples projections pouvaient rivaliser avec ma toute puissance ?


« Tout simplement car nous sommes issus de l’amour de dame Laïla. Déclara Kôsei, comme lisant mes pensées. Et cet amour n’a pas de limites. Nous le lui rendrons jusqu’à la fin du monde s’il le faut. Car nous sommes éternellement liés à elle. En tant que serviteur, en tant qu’amant –


– Ou en tant que fils. Le coupa l’autre. Et nous ne vous laisserons jamais plus entraver le bonheur de ma dame. Hope : Uthando lokunye ! »


Les deux projections joignirent leurs mains afin de projeter une onde de la même couleur qu’elles tout autour de nous. Je tentai de me mouvoir, mais c’était impossible. Ils avaient comme figé le temps et l’espace. Tout s’était arrêté autour de nous, y compris Laïla, son monstre, et mes sbires. Seules les deux créatures pouvaient bouger à leur guise, et ils ne se firent pas attendre. Ils s’approchèrent de moi en silence, et lorsqu’ils furent assez proches, ils plantèrent une lame translucide vibrant sous sa propre puissance droit dans mon coeur.


Je ne pus m’empêcher de hurler le martyre alors que je crachai une longue gerbe de sang dans mon cri. Pourquoi avais-je si mal ? Ce n’était qu’une simple attaque dans un organe, rien de plus, et pourtant, j’avais l’impression d’être dévoré de l’intérieur.


Je retirai la lame en vitesse. C’était ce pouvoir qui était à l’origine de ma douleur. Je comprenais le pourquoi ces deux jeunes hommes d’attribut espoir me combattaient plutôt que leur maîtresse. Je réussis à me soigner, mais je sentais que mes capacités étaient un poil plus lentes à répondre à ma volonté. Cela m’agaçait. Mais cette attaque avait eue pour mérite de débloquer mon corps. Ainsi, je pus disparaître en une fraction de secondes, réapparaissant derrière Arata afin de l’éliminer d’une seule attaque. Son partenaire me notifia cependant, utilisant son bras pour dévier l’attaque. Mais alors qu’il croyait que cela allait être suffisant, je me fondis dans les ombres de notre décor afin de me rendre imperceptible. Kôsei et Arata me cherchèrent et me trouvèrent rapidement. Jouant la carte de la ruse, je balançai un caillou au loin, ce qui eut pour effet de les faire changer de piste suite au bruit généré par l’impact.


Je me ruai sur le violoniste qui ne put esquiver mon attaque et fut plaqué au sol. Son acolyte tenta de me vaincre, mais sans succès. Je contrôlais désormais la situation, et il ne me fallut pas plus de temps pour tuer les répliques qu’il ne m’en avait fallu pour tuer les originaux. Je les avais vaincus d’une seule offensive, et la prochaine était déjà dans ma ligne de mire. Je me ruai sur Laïla qui remarqua donc la défaite de ses subordonnés. Acculée par ma présence, en plus de celle de mes créatures, elle grimaça. Elle généra un flux d’énergie noire qui terrassa les monstres autour d’elle avant de revenir m’affronter.


https://www.youtube.com/watch?v=RpnRhiInopA


« Ezaakh. Me lança-t-elle, déterminée. J’étais persuadée de pouvoir te vaincre, mais cette bataille d’endurance me montre que je ne suis pas en mesure de te surpasser. Je suis bien trop faible pour cela.


– Aurais-tu enfin retrouvé la raison ? La questionnai-je, intéressé. Débarrasse-toi de ce pouvoir et viens à moi, ma fille.


– Jamais. Cracha la femme. »


D’un coup de lame Ishitunzi elle se donna à elle même un coup furtif que je ne pus même pas localiser, engendrant une perte de quelques gouttes de sang. Ce fluide, au lieu de tomber au sol, resta en suspend dans les airs, comme si quelque chose ou quelqu’un avait empêché son atterrissage. Je restai dubitatif, mais Laïla, elle, me dévisageait encore. Elle n’était pas encore finie, je n’étais pas dupe. Pourtant, j’étais à mille lieues de m’imaginer la suite.


« Despair : Intshabalalo yokugqibela ! Hurla ma progéniture. »


Elle fut ensevelie par une puissance rougeâtre éclatante qui provenait des gouttes de sang qu’elle avait versé. Rapidement, cette puissance devint épaisse et nous engloutit tous les deux sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour m’en débattre. Mon omnipotence n’y pouvait rien. Mon pouvoir du désespoir non plus. Ma rage, ma détermination, mes accomplissements, aucune arme ne semblait être capable de m’extirper de cette masse de puissance aussi épaisse que gênante. Comment pouvait-elle résister à l’ensemble de mes pouvoirs ? Laïla possédait-elle un sort aussi magistral que celui-ci ?


Je n’y réfléchissais pas. Il fallait à tout prix que je me libère de cette chose. Ainsi, je tentai par tous les moyens d’en sortir tandis que ma progéniture, elle, se laissait progressivement ensevelir par l’épaisse toison d’énergie rouge. Son monstre disparut, se laissant absorber par l’attaque fulgurante qui ne présageait rien de bon.


Nous fûmes tous deux surélevés dans l’espace de bataille, les corps recouverts jusqu’au cou d’une masse gluante et épaisse nous empêchant d’esquisser le moindre mouvement. La femme, qui semblait avoir tout planifié, reprit la parole, dénuée de toute malice.


« Ceci est un cadeau de mon père, un cadeau de toute ta lignée. Sourit-elle fièrement. Nous savions que tôt ou tard tu allais revenir, et pour cela, nous avons développé au fil des millénaires le sort ultime pour te vaincre une bonne fois pour toutes.


– Et pourquoi ne pas l’avoir utilisé plus tôt s’il suffisait à me vaincre !? Hurlai-je, voulant percer au travers de son bluff.


– Tout simplement car aussi puissant qu’il soit, Intshabalalo yokugqibela a des limites. Il te prendra la vie, en échange de la mienne, tout simplement.


– Attends ! Tu veux dire que –


– Je t’emporte avec moi loin de ce monde, loin de mes frères et de ma famille. Tu as gagné, Ezaakh. Tu as prouvé que tu étais bien plus fort que je ne le suis, mais contrairement à toi…des gens m’aiment, et ils attendent que je te terrasse pour m’accueillir en héroïne. Toi, tu seras tout seul de l’autre côté. »


Elle resserra l’emprise de cette chose qui lança d’un seul coup un électrochoc si violent qu’aucun sort n’aurait pu minimiser les dégâts. Je hurlai. Comme une bête sauvage meurtrie par un chasseur. Je n’avais aucune échappatoire et je ne pouvais pas atténuer la douleur. Je lançai un regard à ma progéniture. Elle ne grimaçait même pas face à ce qu’elle encaissait, cette sensation identique à la mienne.


Je compris alors que jamais elle n’avait été corrompue par une quelconque faiblesse. J’avais réussi à créer la digne descendante de ma lignée, capable de surmonter tous les obstacles, même celui de donner sa propre vie pour les nôtres. J’étais peiné à l’idée de la voir s’éteindre pour me vaincre, mais il était trop tard. Ce sort avait été étudié pour pallier à tout mon arsenal. Un cadeau empoisonné de mes propres fils et filles pour me prouver qu’ils étaient capables de tuer quelqu’un d’aussi puissant que moi.


Alors je ne dis rien. Il était inutile pour moi de ne faire quoi que ce soit si ce n’était attendre la mort. Je fixai du regard la détermination de l’aînée de la famille tandis que la douleur déformait encore mon visage.


« C’est terminé Ezaakh. »


https://www.youtube.com/watch?v=cYrKrcS_LVA


Ses yeux luisirent d’un éclat bleu scintillant tandis que l’emprise se refermait sur moi. Mais à ma grande surprise, alors que je pensais que tout était perdu pour de bon, une épée flamboyante surgit de nulle part. Une lame mêlant les couleurs d’une flamme incandescente et lumineuse avec celles des ténèbres de notre pouvoir. Cet objet percuta Laïla qui, perturbée dans son sort, laissa disparaître tout ce qui nous retenait avant de s’écraser au sol. Un nuage de poussière s’éleva. Lorsqu’il se dissipa je pus discerner quelque chose de particulier. 6 hommes en armure se tenaient fièrement face à moi, guidés par un septième en avant par rapport à eux. L’homme semblant être le leader portait une longue cape noire s’ouvrant sur son visage duquel je pouvais discerner deux grands yeux bleus me fixant d’une expression faite de vide. Cette personne n’était autre que mon rejeton. L’aîné des deux. A l’exception près qu’il était cette fois en phase avec notre héritage, je le sentais. Et il avait même généré des sous-fifres, puisque les six chevaliers derrière-lui respiraient les mêmes ténébres que celles que je répandais.


« Intéressant…souris-je en constatant l’évolution de ma progéniture. Je ne pensais pas te voir arriver face à moi dans cet état, Hiroki. »


Il m’ignora. A la place, il se rendit aux côtés de sa sœur qu’il venait de neutraliser. La relevant péniblement, il passa sa main au-dessus d’elle et la soigna.


« Hiroki…Soupira Laïla dans un effort surhumain. Pourquoi as-tu fait ça… ?


– Je t’interdis de mourir, même pour nous. Murmura-t-il. Il est temps que je rétablisse l’ordre naturel des choses. »


Il se dressa droit devant moi, déployant un charisme que je ne lui connaissais pas jusqu’alors. Ses sbires brandirent leurs épées et les pointèrent à mon visage, me laissant constater dans la pénombre toutes les paires d’yeux luminescents qui me fixaient d’un air mauvais, prêts à en découdre.


« Repose-toi, Laïla. Déclara Hiroki en me fixant du regard. Grand-frère va te protéger. »


Puis il s’élança dans la bataille à une vitesse si folle que même moi je ne réalisai pas qu’il venait de m’ouvrir la chair, donnant le premier coup d’une nouvelle lutte acharnée contre ma progéniture.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [22/09/2019] à 02:04

Chapitre 183: La confrontation finale (3)


https://www.youtube.com/watch?v=wQJDaNXZ2As


Je ne l’avais pas vu venir. Moi, Zetsubô, grand souverain du désespoir et noyau de destruction millénaire, je n’avais pas anticipé l’attaque d’un simple homme. Un de mes misérables rejetons incarnant en lui tout ce que je haïssais dans le genre humain par-dessus le marché. Je grimaçai sous la douleur tandis que la lame qu’il avait sortie de je ne savais où m’avait tranché l’abdomen. Je me soignai rapidement et tentai de prendre du recul, mais j’étais bien trop imprudent. En effet, l’un des chevaliers accompagnant Hiroki m’attendait déjà derrière. Le blond en armure et aux yeux verts éclatants abattit son épée sur moi sans que je ne le remarque.


J’eus tout juste une seconde pour l’esquiver. Une simple seconde qui m’avait peut-être épargné des tas de problèmes. Je disparus, utilisant mon omnipotence pour naviguer au travers de ces troupes guerrières, mais contre toute attente – tout du moins la mienne –, Hiroki me suivit dans ma course. Je n’étais fait que d’ombre se fondant dans le décor afin de me déplacer, mais lui me suivait de la même façon. Je fus sans voix. Comment ce déchet avait-il pu mettre la main sur le même pouvoir que je possédais ?


Je n’eus pas le temps de répondre. Il sortit de son état immatériel et plongea sa main dans mon ombre de laquelle il m’extirpa avec force, avant de me lancer dans les airs, droit vers les six soldats qui l’accompagnaient.


« Maintenant, Shishou ! Hurla ma descendance. »


Le chevalier blond acquiesça. Lui et ses camarades plantèrent tous leur épée dans le sol, laissant apparaître un motif circulaire fait d’énergie tournant sur elle-même sans jamais s’arrêter. Ce cercle multicolore ne fit que grossir de secondes en secondes, tandis que j’essayais pour ma part de retrouver mon équilibre.


« Nous pourfendrons le désespoir, peu importe si nous devons pour ce faire connaître le trépas ! Résonne dans nos coeurs ! Ô, dame du lac. Que ta lumière brille sur les contrées de notre royaume malmené par ces viles couardises ! Noble Magic: Nobilis Phantasia !!! »


Une éclatante colonne de lumière surgit du sort généré par ces six dégénérés et m’engloutit en l’espace de quelques secondes. J’étais aveuglé, en suspend au milieu de cette étincelante énergie qui ne semblait pas avoir la moindre propriété offensive. Pourtant, alors que je me croyais sauvé, je vis surgir de nulle part l’instigateur du sort. Il me lacéra d’un coup d’épée, suivit par l’un de ses acolytes, puis un autre, à une vitesse à couper le souffle. Je ne pouvais pas préparer le moindre sort tant leur synchronisation ne me laissait aucune ouverture. Je ne pouvais que subir les coups d’épées enragées provenant de cette vermine. Ils se relayaient en boucle pour m’ouvrir la chair, et je ne pouvais même pas répondre, ni m’échapper. Alors il allait falloir que je trouve une solution.


Je décidai de repérer le moins menaçant du lot, et lorsque je le fis, je pus le repousser d’une attaque furtive qui désynchronisa le reste de l’équipe. Je pus ainsi m’extirper de la boucle et essayer de gagner du temps pour me soigner.


Mais je heurtai quelque chose de derrière. La grande carcasse de mon descendant qui m’avait remarqué. Me dévisageant sans émotion véritable, il se saisit de son épée, et la planta avec brutalité dans ma carcasse déjà amochée par l’attaque. Transpercé par une épée fourrée dans le sol, incapable d’agir, c’était un bien triste spectacle pour mes téléspectateurs. Je me vidai de mon sang, empalé sur une épée fracassée au sol, et ils me regardaient comme une bête de foire. Pensaient-ils vraiment qu’une attaque bon marché de ce genre allait suffire à me vaincre ? Étaient-ils assez naïfs et crédules pour espérer me vaincre ainsi ? Foutaises !


L’épée disparut afin de revenir dans les mains de Hiroki. Ce dernier garda sa posture de garde. Il savait que je n’étais pas vaincu. Ainsi, il n’exprima aucune surprise lorsque mes plaies se refermèrent, ni quand je m’élevai à quelques mètres au-dessus de leur tête. Les ténèbres gravitaient de nouveau autour de moi tandis que mes blessures se soignaient. Je déployai mes bras, tandis que dans les paumes de mes mains chargeait une puissance aussi intense que la haine éprouvée à l’égard de Hiroki.


Au lieu de la projeter contre eux, je la dirigeai contre moi-même. Cette force colossale m’engloba en l’espace de quelques secondes qui durent sûrement leur paraître une éternité. Préface de la souffrance éternelle.


« Ukuphelelwa lithemba. »


Et l’énergie se démultiplia encore et encore, tandis que je ne pus m’empêcher d’éclater de rire face à ces pauvres fous. Comment osaient-ils croire qu’ils pouvaient me malmener, me vaincre !? J’étais loin d’avoir dévoilé toutes mes cartes. Je possédais en moi 5000 ans de potentiel ! Il était impossible que je faiblisse !


L’énergie obscure ne se dissipa pas. J’avais fusionné avec elle. Mon corps était enveloppé de ma toute puissance, ne laissant même plus voir mon visage ou mes membres. Je venais de transcender les limites du pouvoir. Moi, Katsuo Yamada, venais de me débarrasser de mes dernières limites d’humain afin de devenir un être surpuissant fait non plus de chair et de sang, mais de kvantiki à l’état pur.


Je me sentais capable de terrasser n’importe quel semeur de troubles. Chaque seconde passant m’octroyait davantage de pouvoir, et pire encore, je me sentais drainer l’énergie quantique de tous les êtres présents dans cette pièce. Hiroki le notifia. Il se rua sur moi en utilisant toute sa puissance du désespoir. D’un bond, il tenta d’abattre son épée sur ma personne.


« C’est fugace. Raillai-je. »


Je déployai le bras face à lui, laissant apparaître en moins d’un clin d’œil une vague d’énergie si puissante que je n’en revins même pas moi-même. Ses yeux s’écarquillèrent. Il n’avait pas prévu une telle force. Cependant, alors qu’il allait se faire souffler par l’attaque, deux de ses acolytes se dressèrent rapidement devant lui, se faisant trancher en deux sans même avoir le temps de prononcer le moindre mot. Leurs carcasses disparurent dans une épaisse fumée translucide qui me confirma que je les avais définitivement renvoyés en Izrath.


Je ne lus aucune crainte dans le regard de mon rejeton. Simplement de la colère qu’il comptait bien extérioriser par son pouvoir. Car au lieu de reculer, il se jeta sur moi une nouvelle fois. Il fut d’ailleurs accompagné par le blond du groupe, celui qui lui avait apparemment fait allégeance.


« Si vous souhaitez mourir ensemble, j’exaucerai votre prière. Lançai-je sans aucune émotion.


– Ne prends pas tes espoirs pour une réalité. Rétorqua mon fils. Shishou !


– Allons-y mon jouvenceau !


– Ignoble Magic ! S’exclamèrent les deux écervelés en synchronisation. Lithemba flante exsurgebat !! »


Lorsque ma puissance s’abattit sur eux, au lieu de se faire trancher purement et simplement par l’attaque, ils réussirent à la dévier comme un vulgaire sortilège de seconde zone. Ils s’avancèrent ensuite vers moi comme s’ils avaient une chance de me vaincre. Ils brandirent leurs épées en synchronisation et tentèrent de me donner un coup en simultané, mais je réussis à leur barrer la route.


Un de mes Nemesis apparut. Mais tout comme moi, il avait gagné en puissance. Lui aussi n’était plus que du Kvantiki à l’état pur et brut. Il suffit à s’interposer entre les deux hommes et moi, me laissant générer d’autres créatures de mêmes propriétés à ses côtés. Une fois suffisamment de monstres invoqués, je claquai des doigts, laissant le soin à toutes ces créatures provenant de Lithemba de fusionner ensemble.


Je me fis attaquer durant le processus, mais il était impossible de m’atteindre dans cet état. Je repoussai les deux hommes sans la moindre difficulté. Malgré tout leur cinéma, ils n’étaient finalement que deux misérables insectes en comparaison avec la toute puissance d’Izrath. Balayés d’un revers de la main, ils revinrent à la charge, me faisant perdre patience. Pour en finir, je projetai un intense rayon de lumière noire aussi imposant que mes autres pouvoirs. Elle s’écrasa droit sur les deux obstacles à mon succès définitif, sans qu’ils ne puissent rien faire.


Ma créature naquit. Elle s’éleva dans l’espace de bataille et poussa un rugissement de désespoir dont le niveau de puissance était aussi élevé que le côté affligeant de ma descendance. Un long dragon de quelques mètres fait de Kvantiki, la même matière me composant, dont les grands yeux rouges perçants étaient aussi lugubres que mon regard. J’ordonnai à la créature de s’occuper du menu fretin restant, ce qu’elle fit sans broncher. Mais à ma grande surprise, lorsque je voulus confirmer l’état de Hiroki, ce dernier me réserva une surprise.


Il avait survécu, et son imbécile de partenaire également. Ils étaient tous les deux couverts d’une étrange carcasse ayant apparemment réussi à contenir l’attaque, avant de tout simplement se briser dans une poussière multicolore. Je reconnaissais cette matière. C’était de la vitre, et pas n’importe laquelle : du vitrail.


Instinctivement, je tournai ma tête vers Laïla, et je découvris avec stupéfaction qu’elle était de nouveau debout. Elle semblait avoir récupéré le plus gros de ses forces. C’était elle qui avait protégé son frère. Cette simple pensée suffisait à me faire enrager. Chaque fois, un autre obstacle se dressait sur ma route.


« Heir of Despair ! Stained Disaster !! »


Les fragments de vitre que je venais de briser furent dirigés à toute vitesse contre moi, tentant de nouveau de m’enfermer comme ma fille avait essayé quelques temps auparavant. Je m’en défis cependant facilement, au vu de l’état dans lequel je me trouvais. Mais tout cela était un leurre. Les chevaliers nobles s’étaient déjà rassemblés autour de moi afin de me tendre un piège. Les quatre combattants restants se dirigèrent à toute vitesse sur moi en laissant un hurlement de détermination qui ne me fit pas sourciller. Leurs épées luisirent, me laissant reconnaître la même couleur que cette attaque m’ayant fait si mal lorsque j’étais face à Laïla. Je n’allais pas me faire avoir une seconde fois : j’esquivai les quatre attaques, et je vis même arriver la femme, son frère et le blond dans leur embuscade. Au lieu de céder à leur offensive, je les repoussai, avant de projeter une autre vague dévastatrice qui eut raison de deux autres chevaliers nobles.


https://www.youtube.com/watch?v=qlEjo24vyp0


Je ricanai. Ils étaient tous pathétiques.


« Vous ne pourrez jamais gagner contre moi. Leur lâchai-je, presque compatissant. Jamais vous n’avez fait face à ce que j’ai vécu. Survivre, détruire, trahir, ceci est le quotidien que j’ai expérimenté chaque jour. J’ai dû grimper tous les maillons de la chaîne des forts et des faibles afin de tous vous regarder d’un piédestal intouchable. Et vous, qu’avez-vous accompli dans votre misérable existence ? Fuir une fondation composée d’une centaine d’hommes armés ? S’échapper de chez soi car on a peur de heurter la sensibilité de son petit frère ? Regarder ses amis mourir encore et encore et fuir la réalité en scellant ses souvenirs ? Comment osez-vous prétendre, ne serait-ce qu’une seconde, à rivaliser avec moi alors que vous avez tous les trois passé votre vie à fuir toutes les difficultés !?


– Nous nous battons justement parce que nous avons compris qu’il est inutile de fuir. Me répondit le chevalier blond en affichant un semblant de conviction.


– Et détrompe-toi Katsuo, enchérit Hiroki. Si nous avons fui la fondation du futur plutôt que de la détruire, ce n’est pas une preuve de faiblesse. Au contraire. Si notre lignée s’était rebellée et avait vaincue l’organisation, cela aurait été le monde entier qui aurait eu les yeux braqués sur nous, en envoyant les meilleures troupes pour s’assurer que l’on meurt. Et le nombre de tes descendants aurait été de zéro.


– Cela n’aurait pas été plus mal quand on voit ce qu’est devenu mon sang. Rétorquai-je en grimaçant. J’ai beau avoir trois descendants, aucun n’est capable d’assumer le poids de notre fardeau. J’aurais préféré la destruction pure et simple de vos misérables existences, quitte à devoir trouver un autre moyen pour revenir à la vie. »


Ma créature revint. Sans surprise, elle avait vaincu les deux autres chevaliers nobles restants. Ainsi, nous n’étions plus que quatre dans cette salle d’affrontement. Hiroki, Laïla, Medrawt, et moi.


« Cette fois vous ne pourrez pas fuir l’absurdité de cette réalité. Souris-je. Je vais détruire le peu d’espoir qu’il vous reste, misérable vermine ! »


Et j’attaquai une nouvelle fois, déchaînant les vagues du désespoir surgissant des entrailles de la terre. Comme assoiffées de mort, elles se répandirent à une vitesse folle vers ma progéniture et leur bouffon, promettant un sort funeste à quiconque en serait prisonnier. Pourtant, aucun des trois ne bougea. Ils avaient deviné ma stratégie, et s’étaient déjà retournés vers ma créature qui avait tenté de les prendre à revers. Laïla et Medrawt se dirigèrent spontanément en équipe vers ma diversion tandis que Hiroki lui, générant une épée dont il avait le secret, se jeta sur moi dans une chute libre.


« Va aider Hiroki ! Ordonna Laïla au chevalier blond. Il en aura plus besoin que moi.


– Je ne laisserai pas s’éteindre la lignée de Mélissa une seconde fois. Rétorqua le chevalier sans s’arrêter dans sa course. Je ne vous lâcherai plus, Laïla. »


Les larmes montèrent aux yeux de ma progéniture qui sembla réaliser quelque chose, mais elle se reprit vite. Pour ma part, je repoussai aisément les attaques de celui qui s’était mis en tête de me vaincre. Pourtant il s’acharnait, cet être misérable fait de faiblesse et de soumission. Et son regard était empli de détermination. Réalisait-il qu’il n’y avait aucun avenir, ni pour lui, ni pour ses frères et soeurs ? Pourquoi me posais-je cette question ? Il était un imbécile total, impossible de calculer la moindre éventualité liée aux risques ou autre variable.


« Pourquoi t’acharnes-tu Hiroki ? Repris-je en projetant un éclat sombre. Tu n’as plus rien. Ton monde a été détruit, et si par miracle tu viens à me vaincre, tu emporteras avec toi les vies de tes camarades. Vous ne vous en remettrez jamais.


– Pourquoi ? Répondit-il en déviant mon éclat d’une main. Je ne fais que suivre notre destinée. Nous les Yamadas, avons décidé de lutter pour les générations futures. Nous avons pour seul héritage notre haine envers toi. Une fois que l’on aura terminé notre mission millénaire, nos descendants pourront vivre en paix pour toujours.


– Et après !? Grognai-je, exaspéré par leur logique. Une fois que vous m’aurez vaincu, vous pensez que tout se terminera !? Vous resterez en bas de l’échelle du pouvoir, à trimer toute votre vie pour obtenir les miettes de votre travail ! A quoi bon lutter pour le bien de pauvres fous qui ne se préoccupent pas de votre existence, et qui vous jetteraient dans l’abîme pour survivre à votre place !?


– Plutôt être en bas de l’échelle du pouvoir plutôt que de vivre dans la crainte de représailles, en ayant le sang d’innocents sur les mains. Reprit calmement mon héritier en s’engouffrant dans les ombres du décor. Katsuo, nous ne nous comprendrons jamais. Aussi longtemps que tu vivras, je te traquerai jusqu’à ce que tu meures. »


Je vis son ombre se mouvoir à la vitesse de la lumière pour se diriger jusqu’à moi. Je m’engouffrai à mon tour dans l’espace, acceptant le challenge de la jeune génération. Lorsque nos puissances s’entrechoquèrent, à ma grande surprise, aucun de nous n’en fut impacté. Il possédait énormément de puissance, et une endurance semblant à toute épreuve. Comment était-ce possible ? Laïla, la fleur inestimable de mon jardin du chaos, s’était laissée corrompre par cet espoir nauséabond alors que Hiroki, simple mauvaise herbe sans autre avenir qu’être déraciné, laissait éclore un potentiel de souverain. J’étais dans l’incompréhension totale.


Il réapparut derrière moi. Par quelle sorcellerie avait-il échappé à mon omnipotence ? Je ne savais guère. J’avais cependant l’impression que c’était moi qui luttais avec son pouvoir, et non l’inverse.


https://youtu.be/fRoUxpe5R0k


« Heir of Despair. Reprit le jeune homme. Shadow Reminiscence ! »


Tout devint sombre. Le décor autour de moi sembla se fondre dans les ténèbres avant de me laisser seul au beau milieu de la pénombre. Lorsque le rideau d’obscurité se dissipa, je n’étais plus dans l’espace que j’avais laissé. A la place, une vision de stupéfaction était apparue. Il était là, me fixant depuis la pénombre de ses deux grands yeux rouges. Cet immense dragon fait d’écailles couleur ébène, à la gueule respirant les ténèbres et la rage. Cet être aux griffes acérées faisant quatre à cinq fois ma taille…Celui qui m’avait choisi pour porter ses ambitions il y avait maintenant des millénaires…


« Comme on se retrouve, Katsuo. Grogna la créature avec mépris.


– Mes hommages…Gariatron. Rétorquai-je grimaçant. Comment allez-vous, toi et tes frères ? Toujours discriminés par le sanctuaire céleste ?


– Ne fais pas l’innocent ! Cracha le dragon, me contraignant à éviter son brasier. Tout est de ta faute ! A cause de toi, nous avons été désigné comme des démons ! Nous sommes répudiés de notre propre demeure, simplement car je t’ai fait confiance !


– Je n’ai fait aucune distinction entre toi et les autres. Repris-je, apathique. Un sous-fifre est un sous-fifre. Ce n’est absolument rien de personnel. »


Cela sembla soulever une question d’ordre personnel puisque la créature rugit de rage en entendant ces mots. Elle me saisit par la gorge avec une violence telle que je n’arrivais même pas à me défaire de la pression de ses serres.


« Lorsque j’ai cherché en ton monde quelqu’un qui allait pouvoir m’aider à réparer les erreurs du mien, j’ai pris l’être humain le plus misérable et je lui ai confié les pouvoirs d’Izrath. Et c’est cet humain en qui j’avais décelé l’humilité et la rationalité qui est devenu l’être le plus immonde que l’on ait connu.


– J’avais déjà tué mon maître et mon père pourtant. Raillai-je malgré la douleur. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même pour avoir fait confiance à un meurtrier. »


Dans un hurlement de frustration, il me balança contre le mur en utilisant toute sa puissance. Je réussis retrouver mon équilibre, mais c’était loin d’être terminé. La créature luisait d’un éclat pourpre me laissant présager qu’elle préparait une attaque colossale imprégnée de toute la colère du monde.


Je n’allais pas l’esquiver. Il fallait que je rappelle à cet animal de compagnie qui était le maître. S’il avait réussi à asservir d’autres humains de mon espèce, alors qu’il fêtait ces victoires, mais je n’étais pas un autre réceptacle à ajouter à sa liste. Ainsi, je me saisis de son attaque à mains nues, avant de les repousser dans le décor comme si de rien n’était. Cela sembla irriter la créature.


« Je t’ai utilisé depuis le début ! Lui hurlai-je alors que ma puissance se décuplait. Je n’ai vu en toi qu’une passerelle vers un nouveau monde, le monde que J’AI créé !! Lithemba est MA création et est soumise à MES règles ! Tout ce qui s’y trouve me revient, et tu ne fais pas exception, Gariatron !!! Tu peux être un démon pour les Izrathiens, tu n’as jamais été qu’un misérable insecte à mes yeux !! »


Je me déplaçai à la vitesse de la lumière vers cette chose. Utilisant mon omnipotence afin de me rapprocher de lui, je tentai de lui porter un coup puissant qu’il esquiva à la dernière seconde. Se retournant vers moi les yeux encore plus étincelants, il grogna à mon égard.


« Tu utilises même son pouvoir contre moi…Sans l’ombre d’un remord…


– Le pouvoir que j’ai gagné légitimement en écrasant ta progéniture, monsieur le dragon. Donner le pouvoir du maître de l’espace à un rejeton n’ayant aucune expérience du combat sous prétexte qu’il est ton fils, c’est risible.


– Tu étais celui qui devait le former au combat…


– Encore une fois, tu choisis mal tes alliés. Est-ce de ma faute ? »


La créature ne me répondit rien. Lorsque je me ruai sur elle, elle tenta de me repousser, mais il n’en fut rien. J’étais bien trop puissant pour être paré, surtout par des pouvoirs si misérables. Je générai une intense puissance d’énergie aussi noire que le dragon qui était autrefois mon sous-fifre afin de la projeter droit contre lui. Il lâcha un hurlement de douleur tandis que ma puissance explosa maintes fois à son contact. Puis il s’écroula au sol, laissé pour mort.


https://www.youtube.com/watch?v=eT4sQhsHpT0


Je n’eus le temps de rien voir d’autre. Un impact tout aussi puissant que le mien vint me percuter, avant de me projeter droit contre le mur de l’espace de bataille dans lequel j’étais revenu. Une puissance prodigieuse semblant aussi déroutante que la mienne. Je ne pus rien faire tandis que je rasai le sol de l’endroit jusqu’à m’écraser contre la paroi rocheuse. Je jetai un œil, tandis que des tas de plaies s’étaient ouvertes dans mon corps. Hiroki semblait être celui m’ayant ramené de cet endroit. Il esquissa un sourire espiègle.


« Il suffit de peu pour déstabiliser le grand désespoir. Se moqua-t-il. Shadow Reminiscence est parfaite pour sonder le coeur d’un individu. Elle m’a permis d’observer ton propre passé en en remuant les spectres endormis au fond de ta conscience. Et j’en ai profité pour te jouer un coup fourré.


– Cette vision…bégayai-je.


– Elle était plus ou moins factice en effet. Disons que j’ai créé une dimension vierge à partir de tes souvenirs, et que dans cette dimension j’ai généré ton ennemi juré, encore une fois en prenant en compte ce que tu gardais en mémoire. Cela m’a permis de te faire affronter un adversaire à ta taille et te tenir occupé pendant que je préparais mes prochains coups. »


Hiroki déploya ses bras au-dessus desquels se dessinèrent des sphères d’énergies, chacune d’une couleur différente. Elles étaient toutes ternes, faites de désespoir. Elles gravitèrent quelques secondes tandis que moi, j’essayais de me soigner, mais j’étais bien trop lent. Laïla avait entravé mon pouvoir de guérison avec son attaque suicide, et cela allait me porter préjudice.


Les sphères de mon rejeton se matérialisèrent en planètes qui grossirent, encore et encore, à une vitesse prodigieuse. Elles gagnèrent en puissance et en obscurité, gravitant autour d’une énergie noire imbibant le lanceur du sort.


« Sonder les cieux, ouvrir les cieux… Étoiles à travers l'univers, montrez-vous à moi de tout votre éclat! Tetrabiblos, je suis le maître des étoiles. Mon aspect est la perfection.


– Ce sort !! Hurlai-je en essayant de me dégager. Comment peux-tu… !?


– Gardien des étoiles, toi avec qui j’ai prêté alliance par le biais de ton héritière. Je t’ordonne de m’obéir selon le contrat de substitution nous liant. »


Je déglutis. L’incantation était prête. Son pouvoir l’était aussi. Et la menace était réelle. Je ne pouvais pas me faire avoir une deuxième fois par ce pouvoir. C’était impossible. Complètement impossible.


« – Ouvre la porte du ciel ! Hurla Hiroki. Les 88 étoiles du ciel de Lithemba !! Tenebris Urano Metria !!! »


Son sort emporta avec lui tout ce qu’il y avait autour de lui, à commencer par ma créature faite de Nemesis. Les étoiles du ciel se déchaînèrent tandis que j’entendis le rugissement du dragon ayant pactisé avec la descendance de Yiskha réclamer mon sang depuis les cieux. Le reflet de ce lézard s’inscrivit dans les yeux de mon rejeton. Une nouvelle fois j’allais devoir encaisser une telle puissance prodigieuse, alors que je pensais en avoir définitivement fini avec la lignée de cette traîtresse.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [23/09/2019] à 00:58

Chapitre 184: La confrontation finale (4)

https://www.youtube.com/watch?v=PbT1NqYPlWk


Cela me rappelait des souvenirs que j’aurais bien voulu tout simplement occulter de ma mémoire. Cette incantation, ce sentiment d’oppression, ces planètes déchaînant leur nitescence contre ma personne. Et cette lignée dégénérée qui avait transporté avec elle les pouvoirs de mon ancienne servante la plus dévouée…

Ou que tu sois désormais, je te maudis, Yiskha. Toi qui a rallié à ta cause ce stupide gardien des étoiles et qui a créé avec lui ce sort dans le seul but de me réduire définitivement au silence. Toi qui as transmis ta prophétie absurde ayant corrompu ma sainte et noble descendance. Toi qui a juré fidélité sur toutes tes générations à ce pauvre lézard qui se met encore une fois en travers de mes plans.

Je te maudis de tout mon être, de toute mon âme, et toute fibre composant ma chair, Yiskha.


« Et sache que je ne te laisserai jamais avoir une autre victoire contre moi !! Hurlai-je face à la projection de Hiroki. »


Je plantai la moitié de mon bras dans le sol, créant une crevasse rien que de par la puissance de ma frappe. J’utilisai ensuite l’un de mes sorts pour projeter de l’énergie directement dans le trou, ce qui eut pour effet de la faire rejaillir à l’extérieur. Elle dressa un mur entre moi et l’Urano Metria des ténèbres avant même qu’elle ne me touche. Je profitai de la collision pour reculer de quelques mètres afin de réitérer mon acte, et, comme je le pensais, chaque fois que la puissance corrompue du gardien des étoiles heurtait un de mes murs, elle consumait sa puissance pour le franchir. Ainsi, il fallut quatre obstacles pour la dissiper totalement.


J’avais gagné assez de temps. Mes plaies étaient quasiment toutes refermées tandis que Hiroki, lui, haletait comme si ce sort était son ultime ressource pour me vaincre. Ses camarades le regardèrent, horrifiés par le dénouement de cet affrontement. Était-ce donc vraiment leur coup fourré pour en finir ? Le sort de l’humanité se jouait-il vraiment sur un coup de poker ? Amusant. J’étais désormais curieux de savoir comment ils allaient pouvoir espérer me vaincre maintenant que le sort le plus puissant de Hiroki avait échoué tandis que celui de Laïla était prévisible.


Mais je n’allais pas attendre. Je devais leur faire payer à tous les deux. Ces rejetons respectivement corrompus par la princesse de l’espoir et la lignée de Yiskha. Ces traîtres qui n’allaient de toute façon jamais prétendre à implorer mon pardon. Il fallait que je calme cette rage et que je détruise leurs vies à eux qui se sont soumis à tout ce que j’ai combattu de toute mon être. A quoi bon donner toute mon existence à une cause pour que derrière, ces ingrats pactisent et se soumettent à nos pires ennemis !?


Je n’eus même pas le besoin de dire quoi que ce soit. Mon pouvoir réagit tout seul, se changeant en un lasso d’énergie qui ligota mon fils et sa sœur, les empêchant ainsi de réagir. Je claquai des doigts, laissant le blond qui les accompagnait au sol afin de m’élever encore et encore avec ma progéniture. Les liens les retenant drainaient petit à petit leur énergie en leur tirant des hurlements de souffrance et de supplication. Comme je l’avais toujours su, j’étais le maître. Et j’allais leur rappeler une bonne fois pour toutes quelle était leur place.


« Vous avez trahi la lignée que j’ai construite en vous laissant corrompre par ces imbéciles. Leur lâchai-je, glacial. Je vais vous faire regretter d’avoir remis votre vie entre les mais de ces déchets !

– Je t’interdis d’insulter…la mère…de mon fils…Grogna Hiroki en réfrénant des grimaces de douleur.

– La mère de ton fils !? M’exclamai-je, déchaînant ma rage. Tu ne t’es pas contenté de pactiser avec cette femme, il a fallu que tu te reproduises en elle !? Malheur à toi ! Je te maudis, Hiroki Yamada !! Je vais te détruire, et lorsque cela sera fait, je détruirai ce déchet que tu as engendré avec elle !!! »


Je ne contrôlais plus rien. Je n’allais trouver le repos que lorsque cette anomalie allait être supprimée. J’étais traîné dans la boue. Couvert d’indignation et de disgrâce. Jamais je n’allais pouvoir essuyer une telle honte, à moins de détruire cette erreur de façon définitive. Mes pouvoirs étaient en accord avec moi, puis des cratères se dessinèrent dans le sol. Deux brèches laissèrent passer un torrent d’énergie de désespoir qui prit la forme de serres de dragon pour aller agripper ces deux rejetons qui ne m’avaient donné que trop de cheveux gris. Je resserrai mon emprise en serrant les poings, laissant agoniser les deux comparses dont l’existence allait bientôt être écrasée par la mienne.


« Je vous ai laissé tant de chances et vous n’avez fait que me trahir. Grognai-je. Chaque fois que je me persuade d’être clément avec vous, j’essuie un nouveau coup de poignard dans le dos. Cette fois c’est terminé. Si tu me regardes, progéniture de cette vermine, sache qu’une fois que j’aurai exterminé ton père, tu seras le suivant ! Despair Origin : Iminyaka emihlanu yokubandezeleka !! »


A la seconde où je prononçai ses mots, les liens luisirent d’une couleur similaire à la puissance qui m’englobait. Ils s’embrasèrent, laissant résonner les cris de douleur de Hiroki et Laïla qui, l’énergie continuellement aspirée par ma puissance, ne pouvaient rien faire d’autre que de hurler leur souffrance. J’appréciai la symphonie de leurs hurlements résonnant dans l’espace, s’accordant à merveille avec les supplications de leur acolyte afin que je les épargne. Mais ce n’était pas assez. C’était loin d’être suffisant pour couvrir les cris de douleur de mon âme réclamant le fruit de cinq mille ans de vengeance. Mon coeur réclamait réparation pour ce préjudice, ce sacrilège d’avoir été perverti par nos ennemis jurés. J’allais les faire souffrir de plus en plus, jusqu’à ce que leurs corps se déchirent et que leurs cris d’agonis recouvrent enfin ceux de mes sacrifices.


« Laissez mon jouvenceau et ma dame en paix !! Hurla la voix du chevalier noble, alors qu’il était au sol. Arrêtez cette folie ! Zetsubô !! »


Je l’ignorai. Je n’avais aucun mot à gâcher pour ce genre d’être qui de toute façon n’avait aucun impact sur le monde. De plus, j’étais occupé à être le spectateur de la lutte acharnée contre ma toute puissance qu’entreprenaient les frères et sœurs. Ils étaient impuissants et ils le savaient. Ils étaient faibles et en étaient conscients, mais malgré tout, par orgueil, fierté, ou je ne savais quelle émotion, ils s’obstinaient à tenter de dissimuler leur peine. Car oui, ils souffraient le martyr, je le savais pertinemment. C’était écrit sur leurs visages. Je leur creusai des rides qui n’avaient jusqu’alors jamais vu le jour tant leurs muscles se contractaient face au fardeau que je leur imposai.


C’était presque parfait. Il ne manquait plus qu’une mise en scène à couper le souffle, et j’allais pouvoir apprécier ce délicat spectacle à sa juste valeur. L’embrasement de ma génération future. Le souffle du renouveau qui allait écrire une nouvelle page dans ma descendance. Je n’avais plus besoin de ces deux résidus de sous-race. Ils avaient accompli leur tâche et j’étais désormais présent physiquement. Je n’avais plus qu’à trouver la femme qui allait me donner d’autres enfants, et tout allait recommencer.


https://youtu.be/Dde7J_NlzQI


Je l’esquivai. Cette épée qui avait été projetée à la vitesse de la lumière contre moi. C’était un simple bout de métal. Comment ce fou avait-il pu penser que cela m’aurait causé le moindre dégât ? Pourtant, il avait tenté de le faire. Je me retournai vers lui. Il haletait, comme épuisé par ce simple effort basique, et pourtant, il me dévisageait avec toute la haine du monde dans le regard. Je soupirai. Il troublait mon spectacle et en plus de cela il croyait avoir une chance. Je descendis pour arriver à sa hauteur, laissant derrière-moi ma progéniture se faire exterminer par mon sort. Une fois arrivé à son niveau, je lui attrapai le visage avec force. J’allais lui enseigner le véritable sens du mot terreur, une bonne fois pour toutes.


« Penses-tu vraiment avoir une chance contre moi !? Grognai-je. Tu as passé ton existence à voir tes amis mourir et tu as dû compter sur une petite fille pour échapper à la mort. Quant à cette épée, même projetée à la vitesse de la lumière, jamais elle ne me blessera.

– Peu importe le mur de puissance qui nous sépare. Reprit Medrawt, apparemment déterminé. Je te créant que je me relèverai toujours tant que mon jouvenceau sera prisonnier de tes entraves ! »


https://www.youtube.com/watch?v=vW97eh-DBeY


Il ne me laissa pas rétorquer. Il se défit de mon emprise et fit apparaître une autre arme dans ses mains. Il m’en donna un coup puissant, mais sans surprise, j’avais déjà réussi à le parer à mains nues. Je voulus contre-attaquer en me saisissant de l’objet, mais il l’avait déjà lâché. Et pire même, il avait bondi par-dessus la précédente, m’attaquant par la voie aérienne. J’esquivai avec quelques secondes d’avance, avant de projeter un torrent de puissance qui s’écrasa sur le chevalier noble.


Je me reculai tandis qu’il se contenta d’encaisser l’attaque de plein fouet. Il réussit à la contenir, non pas sans être repoussé sur plusieurs dizaines de centimètres, laissant derrière lui l’empreinte de ses pieds s’appuyant dans le béton du sol. Je souris. L’énergie que j’accumulais grâce à la rétention de mes héritiers me permettait de récupérer bien plus rapidement que lorsque je dus repousser l’Urano Metria. Et cela déplaisait fortement à ce type, que je ne pouvais même pas qualifier d’adversaire.


Il revint à la charge sans esquisser le moindre changement d’expression, comme s’il n’avait toujours pas digéré le fait qu’il n’était capable de rien. Il généra une autre épée qu’il projeta contre moi, en vain. Cette fois je le devançai. Il allait encore utiliser le même coup fourré et attaquer d’un autre angle, alors j’utilisai mon pouvoir pour projeter une onde de ténèbres tout autour de moi afin de le terrasser d’une seule attaque.

Mon pouvoir fut propulsé, et je savais qu’il n’en avait pas réchappé. Tout du moins, c’était ce que je croyais. Car à ma grande surprise, je fus violemment lacéré par une attaque provenant du nuage de fumée généré par mon assaut. Je grimaçai, reculant de quelques pas afin de considérer le chevalier. Il se tenait toujours debout, car il avait généré un bouclier désormais effrité au sol et non une autre arme sur laquelle s’appuyer.


Il se projeta à une vitesse folle droit sur moi, me faisant perdre mes moyens alors que la plaie se refermait lentement et mobilisait quelques ressources. Moi qui pensais le voir arriver, je fus surpris lorsque je constatai qu’à la dernière seconde il effectua une rotation de son corps au lieu de m’attaquer, le laissant passer dans mon dos sans que je ne puisse réagir.


« Noble Magic : Venenum Iaspis ! »


L’épée qu’il portait devint aussi étincelante qu’un diamant. Il la planta directement en moi sans que je ne puisse rétorquer assez rapidement. Lorsque l’objet pénétra mes entrailles, je sentis quelque chose d’étrange en moi. Comme si cette chose répandait une substance nuisible à mon corps. Je tentai de la retirer immédiatement, mais ce fut beaucoup plus difficile que je ne le pensais, si bien que cela me prit trente secondes.


Trente secondes durant lesquelles je ne réalisai pas ce qu’il se passait autour de moi. Medraut m’avait déjà attaqué avec une épée beaucoup plus imposante et puissante que celle qu’il avait brandit quelques minutes plus tôt. Il me fit tituber. Je fus obligé de me retenir de ne pas tomber. Lui, ne me laissait aucun répit. A peine une arme avait-elle servi qu’il en matérialisait une autre afin d’enchaîner les coups. Et alors que je pensais qu’il allait tenter de me transpercer de nouveau, il généra des flammes étincelantes qui se greffèrent à son épée, avant d’abattre son arme sur le sol, générant une explosion lumineuse qui m’emporta avec elles.


Je fus contraint de reculer en raison de la pression de l’attaque. Je grimaçai. Ce chevalier de pacotille semblait avoir quelques réserves à montrer . Eh bien soit, j’allais lui faire comprendre qu’il était impossible pour lui d’espérer sauver ceux qu’il aimait. Tandis qu’il chargeait vers moi, utilisant de nouveau son pouvoir lumineux pour m’attaquer, je plongeai de nouveau comme une ombre dans les débris au sol. Je me déplaçai furtivement comme un poisson nageant dans l’eau afin de réapparaître derrière Medraut. Une fois pris à revers, je déployai la paume de ma main, laissant apparaître une particule de désespoir qui, une fois posée sur le chevalier noble, explosa en le propulsant des mètres plus loin.


Mais cela ne suffit pas, puisqu’au lieu de s’écraser dans le décor, il planta son épée afin de reprendre son équilibre et se projeter dans ma direction. Il lâcha un hurlement de détermination qui résonna dans notre espace de bataille comme s’il portait les espoirs de ses camarades alors qu’il n’était rien. Cela m’agaçait au plus haut point, qu’un vulgaire Izrathien se pense suffisamment solide pour entreprendre des choses hors de sa portée.


« Noble magic ! Ardenti Spiralis !! »


Il s’embrasa en tourbillonnant sur lui-même tandis que sa lame sembla encore gagner en puissance. Avec la vitesse qu’il possédait, et la magie générée, il semblait comme un missile prêt à raser un pays de la carte. Cette fois, je ne pus esquiver l’offensive du chevalier. Je me la pris en pleine figure, jusqu’à m’écraser avec lui contre les parois du mur derrière-moi. Je déglutis. Jusqu’à quel niveau avais-je mal calculé le pouvoir de cet homme ? Il semblait que plus le temps passait, plus Medraut devenait puissant. Comme si quelque chose en lui grandissait et nourrissait ses pouvoirs.


J’eus la révélation. Ses sentiments étaient la réponse. Plus il me détestait, plus il était fort. Plus il sentait l’urgence de sauver ses amis, plus il était fort. Plus la responsabilité pesant sur ses épaules était lourde, plus il était fort. Ainsi, je fus une nouvelle fois acculé contre le mur. Le chevalier me dévisagea avec mépris, sachant très bien qu’une fois que j’allais me relever, il allait souffrir. Mais je ne me relevai pas. Je plongeai dans l’ombre du sol afin de porter une nouvelle attaque rapide et furtive.


Mais cela ne se passa pas comme prévu. Medraut était beaucoup trop sur ses gardes. Je n’arrivais pas à avoir la moindre ouverture pour l’attaquer. J’avais l’expérience du combat, et je savais que sortir à ce niveau n’allait engendrer que des dommages à ma personne. Cela me rappela d’ailleurs beaucoup de choses. En particulier un combat que j’avais mené contre Yiskha, 5000 ans auparavant.


Il fallait que je confirme ce doute. Ainsi je pris la décision de risquer une stratégie que j’avais déjà utilisée auparavant. Me glisser dans l’ombre de mon adversaire afin de le surprendre par derrière. Je m’exécutai furtivement, tandis que le chevalier noble ne put me suivre continuellement de son œil pourtant attentif. Une fois prêt, je surgis de derrière. Mais cela ne porta pas ses fruits. Il me trancha sans même se retourner. Mes doutes se confirmèrent alors que je retournai dans les ombres. Cet individu n’était pas un simple chevalier lambda, il était le général de la fondation du futur de l’époque, son stratège le plus brillant : Mordred.


Je compris pourquoi il cachait tant de réserve. Penser retrouver cet individu au milieu d’un affrontement dans le futur aurait été bien trop hasardeux pour que je prenne cette option en compte, et pourtant, il était de retour. Lentement, tous les membres de la fondation du futur de l’époque se joignaient, directement ou non, à l’affrontement. Cela présageait-il une vengeance complète de ma part, ou une simple répétition de l’histoire ? Même moi, je ne pouvais répondre, tant je n’avais pas anticipé ce déroulement des choses.


« Tu m’as donc caché des choses…Murmurai-je, dans les ombres. Qui aurait cru que derrière un tel imbécile se cachait l’instigateur du plan m’ayant mené à la perte. Mordred ?

– Je ne pense pas avoir caché quoi que ce soit depuis que je suis arrivé en cette pièce, Katsuo. Rétorqua le chevalier blond. Ta vision te jouerait-elle des tours avec l’âge ?

– Amusant. Raillai-je. Aurais-tu gardé le sens de l’humour de ta personnalité de bouffon ?

– Qui sait, reprit-il, confiant. J’ai toujours eu un faible pour les blagues éphémères de ton genre. »


Il profita de ces quelques phrases échangées pour me localiser dans la pièce. Il planta son épée là où je m’étais situé, mais il était déjà trop tard. Il me restait malgré tout quelques restes d’En Absu, mon omnipotence, et c’était déjà bien trop puissant pour qu’il puisse rivaliser. Mais alors que je pensais qu’il allait tenter une nouvelle fois, il profita de mon inattention pour se jeter sur Hiroki et Laïla afin de les délivrer de leur emprise. Fort heureusement, je fus plus rapide, et je le déviai. Ainsi, pour le punir, j’augmentai la puissance de mon sort d’emprise, ce qui tira cette fois de nouveaux hurlements à ma progéniture qui, pour ne pas me faire plaisir, s’efforçait de rester discrète dans sa souffrance. C’en fut trop pour le chevalier en armure.


https://www.youtube.com/watch?v=G7LUinhe5jY


« J’en ai assez. Assez de voir tous ceux auxquels je tiens se faire massacrer les uns après les autres.

– Mets fin à tes jours dans ce cas, tu ne verras plus rien et tu seras en paix. Le provoquai-je. »


Il semblait que je venais d’irriter le chevalier noble. Enragé, il brandit une autre de ses épées qu’il sortait de nulle part, mais cette fois, je sentais quelque chose de vraiment différent venant de lui et de son arme. Une pression si forte que l’air autour de nous sembla s’être alourdi rien que de par leur présence.


« Je les sens. Déclara-t-il. Toutes les âmes ayant vu cette épée. L’épée que j’ai utilisée pour pourfendre le mal et la couardise. Celle avec laquelle j’ai provoqué le trépas de tous ceux ayant attenté à la vie de mes maîtres. Tous ces sacrifices pour leur éviter la mortaille. Ils sont tous là, avec moi, dans l’âme de cette épée.

– Foutaises. Crachai-je. Ils sont morts, enterrés, et ne reviendront jamais.

– Explique moi donc ce que tu vas voir, Zetsubô. »


Incrédule, je jetai un œil à l’espace autour de moi. Stupéfaction totale, il disait vrai. Des tas de fines particules de lumière surgissaient de nulle part, leur nombre s’agrandissant de secondes en secondes, comme si des tas d’âmes étaient venues de l’autre monde rien que pour prêter main forte à cet homme. Ces fines ondes se faisaient absorber par l’épée du chevalier qui devenait de plus en plus brillante au fil des secondes. J’entrouvris la bouche sans réellement m’en rendre compte. Comment une telle chose pouvait se produire ? Je n’en avais pas la moindre idée. Pourtant, Mordred vint m’éclairer sur le sujet.


« Tous ces souvenirs appartiennent à Mordred. Me déclara-t-il, déterminé. Chacun de mes propriétaires, chacune de mes batailles, tout est ancré au plus profond de mon coeur. Ce sont ces souvenirs qui sont imprégnés dans mon âme qui vont venir me prêter main forte. Et avec la puissance de toutes ces émotions, de toutes ces reminiscences, je te surpasserai une bonne fois pour toutes.

– La belle affaire. Raillai-je. Gagner contre moi par la force de l’amour. Tu n’es pas dans un roman, Mordred. »


Il m’ignora. Il continua à emmagasiner les lumières venant se greffer à son arme comme si tout cela était naturel. Je distinguai parmi toutes les fines silhouettes, celle d’une femme ressemblant comme deux gouttes d’eau à ma fille, Laïla. Était-ce une coïncidence ? Une fois toutes les lumières absorbées, il déploya son bras étincelant, ouvrant une sorte de portail étrange. Rien n’en sortit, si ce n’était davantage de lumières qui gravitèrent autour de Mordred. Je voulus l’attaquer pendant qu’il chargeait son attaque, mais quelque chose m’en empêchait. Une forme invisible mais me saisissant comme s’il m’était impossible de progresser dans mon acte.


« Tu ne l’interrompras pas. Me murmura une voix féminine, me mettant en garde. Celui-ci est mon serviteur, à qui j’ai confié ma fille. »


Je grimaçai. Qu’est-ce qui était assez puissant pour me retenir de la sorte ? Mordred, lui, non content d’avoir emmagasiné ses souvenirs, fit appel à tous les esprits immatériels des Izrathiens qu’il pouvait trouver et les fis se joindre à lui à leur tour. Son épée devenait de plus en plus étincelante, de plus en plus aveuglante. Comme s’il était lui même le soleil éclairant le monde de Lithemba.


« Mon épée est étincelante. Elle éclaire l’avenir des futurs héros, en préservant le présent, pour ne pas commettre de nouveau les erreurs du passé. Elle est le remède à tous les maux de nos âmes, et par sa flamme, nous allons pourfendre les couardises et faire cesser la félonie. »


Sa lame s’embrasa, laissant virevolter ses flammes dorées dans les airs, au gré de la pression atmosphérique générée par Mordred, l’ancien général de Yiskha, et maintenant, le seul ennemi qui était encore en train d’entraver ma route. Les étoiles s’illuminèrent de nouveau, mais cette fois, elles étaient faites d’or. Elles m’en voulaient décidément, ces étoiles. Elles prêtaient leur puissance à qui le voulait, tant que cette puissance était dirigée contre ma personne.


« Cette épée est celle qui a traversé les âges, nos peines, nos gloires, et nos victoires ! Hurla Mordred. J’en appelle à toi, Excalibur !! »


Il pointa son arme vers moi en un hurlement de rage, projetant dans son assaut une puissance éclatante et droite qui me fonça droit dessus. Elle souleva le parpaing du sol en plusieurs morceaux qui furent instantanément broyés par sa force phénoménale, emportant en la même occasion tous les débris liés à notre affrontement. Les murs tremblèrent. Et moi aussi, j’étais incapable de rester impassible. Le temps sembla même s’arrêter plusieurs secondes, tandis que l’attaque se reflétant sûrement dans mon regard interdit venait peu à peu s’écraser sur moi afin de me détruire.


Plus elle se rapprochait, plus je me rendais compte de l’erreur que je faisais. Traverser 5000 ans, cumuler la puissance du désespoir, et celle du kvantiki, pour finalement échouer face aux mêmes obstacles. Lithemba n’avait pour seules limites que le ressentiment de son utilisateur, et je n’étais apparemment pas assez puissant pour véritablement transcender les barrières des émotions humaines. Si j’avais été capable d’avoir encore plus de haine, alors peut-être que j’aurais pu utiliser son pouvoir à pleine puissance, mais ce n’était pas le cas. Il fallait se rendre à l’évidence. Ils étaient bien plus forts que moi en la matière. Tout simplement parce qu’ils avaient quelque chose à protéger. Autre chose qu’un simple pouvoir, ou un simple règne. Quelque chose que je n’avais jamais connu et que je n’allais vraisemblablement jamais connaître…


La puissante bourrasque d’Excalibur s’écrasa sur moi, Hiroki, et Laïla. Comme je m’en doutais, elle brisa leurs liens, sans même leur causer la moindre égratignure, tout simplement car Morded ne voyait pas ces déchets de ma génétique comme des ennemis lorsqu’il avait lancé son attaque. Quant à moi, je sentais que la puissance du désespoir n’allait pas me protéger, cette fois. Je m’embrasais de l’intérieur, comme aspiré par la tempête s’abattant sur moi. Elle m’emporta dans une colonne de puissance qui monta jusqu’au ciel, me laissant tourbillonner avec elle dans l’impuissance la plus totale. J’étais pris au piège. Fait comme un rat, à la merci de cet individu qui venait vraiment de me faire mal par la force des sentiments qu’il éprouvait.


Mais je n’éprouvais aucune douleur. Tout du moins, je ne ressentais rien. Rien d’autre que de la haine. Car au fond, je me prouvais à moi-même que j’étais devenu bien plus faible qu’à l’époque où j’affrontais Helios et Solaris en Egypte afin de gagner leur royaume. 5000 ans dans la prison temporelle m’avaient changé irrémédiablement, c’était un fait. Mais ce n’était pas une excuse. Il était hors de question que je ne transcende pas pour de bon les limites de l’être humain, peu en importaient les sacrifices.


Alors j’encaissai l’attaque, sans sourciller, et je tentai même le tout pour le tout. Mêler mon propre pouvoir actuel, celui qui de toute façon était insuffisant pour les vaincre, à cette puissance qui s’abattait sur moi. Si Erika, et Laïla, avaient toutes les deux pu mêler deux attributs contraires…Moi aussi, j’en étais capable.


« Despair Origin ! Ubungakanani obuhlanganisiweyo !! »


Je laissai exploser tout le désespoir qui se trouvait en moi. Il alla se mêler à l’ouragan qui prit alors une couleur ébène, au même titre que ma puissance. Et comme tout ce qui était désespoir m’appartenait depuis toujours, je tentai d’un revers de la main de rappeler cette puissance hybride à mon corps. Elle me revint sans difficulté, mais lorsqu’elle pénétra mon corps, je compris la réalité de ma demande.


J’eus mal comme jamais auparavant. J’en hurlai même toute la douleur que je ressentais. Était-ce donc une épreuve si terrible, que d’introduire un nouveau type d’élément en soi ? Cela en avait l’air, puisque même moi, je ne pouvais réfréner une envie si pressante de tout détruire pour calmer la douleur. Je tentai d’arrêter le processus, mais il était trop tard. L’énergie d’Excalibur avait déjà pénétré ma chair, et il fallait donc que je la maîtrise afin de survivre. Je poussai un hurlement de rage, comme si cela allait m’aider à appréhender cette épreuve. Il fallait que je mette de côté tout ce qui faisait de moi un être faible et corruptible, un humain. Il fallait que je gagne une autre épreuve pour faire de moi l’ultime souverain du désespoir…Alors je me rappelai d’une chose. Comme pour me motiver. Le sort de mon père qui, dans sa faiblesse, m’a sacrifié sur l’autel de la lâcheté. La simple pensée de finir comme lui me fit me ressaisir. Toutes les souffrances n’étaient rien comparées à cette disgrâce.


https://www.youtube.com/watch?v=SZyFs62EOsM


Les douleurs cessèrent. J’ouvris les yeux. Et là, je constatai quelque chose de radicalement différent. Je n’étais plus fait de kvantiki. J’avais repris mon apparence normale, à l’exception près que le désespoir gravitant autour de moi était fait d’un contraste mêlant couleurs sombres et mauves à de l’or pur et véritable. Cela ne faisait aucun doute : je venais d’absorber l’entière puissance d’Excalibur pour l’ajouter à la mienne. J’avais réussi. J’étais désormais un être ayant transcendé toutes les barrières.


« Comment est-ce possible… ? Bégaya Mordred. C’est…

– Tu as fait de ton mieux, stratège de Yiskha. Repris-je, sans aucune animosité. Je t’avoue que vous m’avez tous les trois épaté. J’ai plusieurs fois pensé que ma fin était arrivée, mais il faut croire que même un vétéran dans le combat de ma trempe apprend encore des choses au bord de la mort.

– Tu as fusionné…avec Excalibur ?

– En effet. J’ai avec moi toute la puissance requise pour vous éradiquer tous les trois d’un seul souffle. Pardonne-moi de ne pas m’éterniser dans les discours, j’ai le monde à conquérir. »


Je désignai du doigt les deux créatures miteuses que j’avais engendré par mon sang. D’un seul doigt, je projetai un puissant rayon qui était deux fois plus puissant que ce que je générais habituellement en rassemblant tout mon pouvoir. Mordred s’interposa entre moi et mes cibles. Il tenta de lui aussi projeter un torrent d’énergie similaire à ce qu’il produisait avant l’altercation, mais il était bien trop faible. Rapidement, mon attaque surpassa la sienne et alla s’écraser contre le blond.


« Je suis désolé…Mon jouvenceau…J’ai failli à ma tâche… »


Puis il disparut dans une fine pluie de lumières, comme tous les autres chevaliers nobles que j’avais exterminés. Il ne me restait plus qu’une dernière chose à faire. Ainsi, je me rendis devant les dépouilles inconscientes de mes deux rejetons. Ils respiraient encore, mais cela n’allait pas durer. Il était temps de terminer une bonne fois pour toutes ce que j’avais commencé. Le monde allait être témoin de ma victoire écrasante contre l’espoir.


Je pointai le doigt contre ma progéniture.


« Descalibur Origin : ikrele elintlango – »


Je n’eus pas le temps de terminer. Je perdis l’équilibre, comme percuté par quelque chose de furtif et d’assez fort pour me perturber dans mon élan, puis je fus propulsé des mètres plus loin. Je repris mon équilibre, lançant un regard à ce qui m’avait interrompu, et je crus tout d’abord à la vaste blague. Mais cela n’était pas du tout une plaisanterie.


Ils étaient là. Le duo de l’insipide et de l’abject. Je ne les attendais plus. Je les considérais comme morts ou vaincus, ou qu’ils n’allaient pas avoir le courage de se montrer, mais il n’en était rien. La personne m’ayant percuté n’était autre qu’Erika Kurenai, princesse de l’espoir, accompagnée par son maître actuel, Reisuke Yamada, autrement dit, le plus pitoyable de tous les descendants qu’il m’ait été donné.


« Nous t’avons fait attendre, Zetsubô. Déclara froidement Reisuke en s’interposant entre moi et ses frères et sœurs.

– Reisuke…Soupirai-je. Je ne pensais pas que tu oserais te dresser devant moi en sachant combien de temps il m’a fallu pour te contrôler lorsque nous étions en Egypte tous les deux.

– Les choses sont différentes désormais. M’interrompit Erika. Rei-chan et moi avons traversé des tas d’épreuves nous menant jusqu’à toi. Notre but unique est ta destruction, et je suis persuadée qu’à la fin de cet affrontement, tu ne seras plus en mesure de le conter. »


Nous nous dévisageâmes. Une nouvelle fois, quelqu’un se mettait en travers de ma route. Une nouvelle fois, ces personnes allaient mordre la poussière, sous les yeux du monde entier.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [18/10/2019] à 21:32

Chapitre 185 : La confrontation finale (5)

https://www.youtube.com/watch?v=A6z-UuwnJ90


Le duo de l’improbable et de la faiblesse se tenait devant moi, et il était le dernier obstacle à ma réussite. Il était difficile de concevoir que de tels déchets avaient pu arriver jusqu’à moi en restant en vie tout ce temps, mais c’était bien vrai. Et à en consulter les alentours, ils étaient les dernières personnes capables de rivaliser avec mon pouvoir. Soichiro et sa fille s’étaient finalement laissés vaincre par la leader de la fédération ETHER et sa progéniture, quant aux autres, ils étaient soit incapables de se battre, soit trop faibles pour me vaincre.


Et lui restait devant moi, l’air glacial. Accompagné de sa blonde écervelée qui ne savait sûrement même pas elle-même ce qu’elle foutait là. Ils me scrutaient tous les deux comme s’ils étaient concernés par ce conflit millénaire. Comme si leur présence allait changer la donne et sauver le monde. Je les haïssais bien plus que n’importe qui. Ils avaient tous les deux ignoré leur héritage pour s’unir dans une petite romance à l’eau de rose comme si de rien n’était. Elle était autant une disgrâce pour Yiskha qu’il ne l’était pour moi. Leur simple existence me donnait envie de vomir.


Je ne pris même pas la peine de dialoguer avec eux. Il fallait que je terrasse ces déchets pour qu’enfin je puisse accomplir mon œuvre. Cela allait être du vite-fait. Après tout, si madame la princesse de l’espoir ne m’avait pas imploré quelque temps plus tôt, ils seraient déjà morts tous les deux. Alors j’allais pouvoir reprendre ce que je leur avais octroyé : le droit de vivre.


Même si mon omnipotence ne fonctionnait plus, il me restait d’autres atouts dans ma manche. J’étais plus puissant que jamais, grâce à tout le kvantiki au fond de mes entrailles, mais aussi à la puissance d’Excalibur dont les pulsations se faisaient encore ressentir dans tout mon être. Ainsi, lorsque je me jetai sur le duo, ce fut à une vitesse qui me surprit moi-même. Je ne m’imaginais pas si rapide, et à vrai dire, les autres non plus. Reisuke eut à peine le temps de bousculer sa comparse pour éviter qu’elle ne se fasse tuer d’un coup.


Mais cela n’allait pas suffire. J’étais désormais englobé dans de la puissance ténébreuse, presque électrique. Toute mon énergie gravitait autour de moi, réclamant le sang de ces êtres impurs en guise d’offrande à mon nouveau règne. Le feu brûlait en moi, hurlant ma rage face à ce qu’il était advenu de cet héritage. Et ces flammes s’étendirent autour de moi aussi vite qu’elles n’avaient pris place dans mon cœur. Une longue traînée ardente se déchaîna devant moi tandis que je plongeai dans le sol en tant qu’ombre. Cela força mes deux adversaires à se ruer sur les corps inertes de mes précédents challengers afin de les mettre en lieu sûr, mais cela me permit de gagner de précieuses secondes.


Je surgis du plafond, faisant apparaître au creux de ma main un rayon obscur d’une circonférence assez large qui fut projeté en quelques secondes droit sur la princesse de l’espoir. Cette dernière, grimaçant, jeta le corps de Hiroki vers son frère avant de tout simplement me renvoyer un rayon similaire en fronçant les sourcils. Nous nous engageâmes alors, elle et moi, dans un bras de fer mettant en scène nos puissances du désespoir respectives. Sans surprise, elle perdit assez rapidement la partie, mais réussit à s’extirper in-extremis afin de laisser ma colossale offensive s’écraser au sol. Je voulus me ruer sur elle, mais je fus retenu par son lycéen qui lui, avait profité de mon inattention pour me passer les chaînes autour des poignets. Je me retournai vers ce rejeton de la faiblesse. Il me surprit, car ses yeux avaient viré du vert au rouge, tandis que sa chevelure, sans changer de forme, était devenue aussi noire que la mienne.


« Je vais terminer l’oeuvre de notre lignée en t’éradiquant de cette terre une fois pour toutes. Déclara calmement ma descendance. Et je vais utiliser ce fardeau que tu m’as transmis pour le faire. Apparais à mes côtés, Draekort !! »


Un rugissement de ténèbres se fit entendre dans l’espace de bataille. Je sentais la créature arriver. Elle allait bientôt surgir de la terre afin de me confronter. Mais de quel droit le faisait-elle ? J’étais celui qui avait permis cette alliance. Mon héritage, ma créature, et ma descendance. Le fait qu’ils se dressaient contre moi alors que j’avais le droit de vie ou de mort sur eux n’était rien d’autre qu’une hérésie, un blasphème. Comment osaient-ils prendre le dessus sur l’origine même de leur pouvoir et de leur existence ?


Tandis que le dragon à six têtes rejoignit son pseudo-maître, je me jurai que j’allais leur faire payer le prix fort, afin de marquer à jamais leur esprit du sceau de ma colère.

À peine sorti il se jeta sur moi, mais il ne fut pas assez rapide. Je m’étais déjà engouffré dans les ténèbres environnantes afin de me déplacer en elles sans que l’on ne puisse m’arrêter. Lorsque je surgis, je voulus attaquer directement son propriétaire. Cependant, deux traînées de poison me forcèrent à reculer. Je me retournai, ce qui me laissa constater que les deux versions de la même princesse reptilienne s’étaient jointes à la bataille.


Je reculai de quelques mètres, esquivant ainsi au passage l’assaut de Reisuke qui se voulait furtif mais restait totalement prévisible. D’un geste je me lançai à l’assaut de mon rejeton qui avait tenté de me suivre, le projetant d’une facilité déconcertante. Il manqua de s’écraser dans le mur, sans l’intervention de miss espoir qui le rattrapa à temps. Elle ne se fit d’ailleurs pas attendre, puisqu’à peine elle l’eut sauvé qu’elle se propulsa à une vitesse folle en ma direction. D’un air déterminé, elle se mit à luire. Puis elle prononça quelques mots avec l’intention de changer la donne.


« Heir of Hope : Imvelaphi Yesine. Yamada Hiroki ! »


Un flux de sentiments matérialisés en une énergie étrange gravita autour de la jeune femme, avant de prendre la forme d’une imposante épée semblable à celle que portait l’héritier de mon empire, à la seule exception qu’elle était colorée de nuances de bleu et de vert, symboles du pouvoir d’Erika. Elle la saisit sans aucune difficulté, lâchant un hurlement de rage tandis qu’elle la brandissait sur moi. Pathétique. Une telle attaque n’allait avoir aucun effet sur ma personne. Mais c’était la parfaite occasion de tester ces nouvelles facultés que je possédais. Ainsi, je générai le pouvoir d’Excalibur dans ma main droite, me lançant dans un duel à l’épée avec la princesse de l’espoir.


Mon arme était bien plus dévastatrice que la sienne. Il suffisait que je donne un coup de lame dans les airs pour qu’un torrent d’énergie scintillante s’en dégage et détruise tout sur son passage, et cela acculait fortement mon adversaire qui perdait peu à peu du terrain pendant notre joute. J’avais la technique et le maniement de l’épée qu’elle ne possédait pas, et c’était flagrant. Ainsi, je pris rapidement le dessus, décidé à la trancher en deux une fois pour toutes. Mais alors que j’allais la pourfendre, ma lame heurta quelque chose de bien plus solide que de la chair humaine : une armure. Son Izrathienne était revenue en elle, la laissant revêtir une armure aussi solide que de l’acier, et qui avait visiblement résisté à mon assaut.


« Vénominaga, change ! Toratura ! »


J’eus à peine le temps de réaliser que c’était un piège. L’armure avait déjà disparu, laissant place à une sorte de gigantesque canon à réaction utilisant le bras de la blonde en guise de propulseur apparaître, pointé vers moi. Une seconde suffit pour qu’un énorme vacarme ne retentisse, accompagné d’un déluge de souffre projeté droit sur ma personne. Je fus projeté dans un épais écran de fumée tandis que je ressentais désormais une sensation de brûlure sur l’ensemble de mon visage. Cependant, je n’eus même pas le temps de me ressaisir que mon rejeton surgit de l’espace de fumée, accompagné par son reptile à six têtes, afin d’écraser sur moi un intense impact obscur tiré tout droit de Lithemba. Je tentai de me défendre, en vain. Cette combinaison était sournoise, et il valait mieux que je pense à mon atterrissage afin de pouvoir m’en sortir.


https://www.youtube.com/watch?v=QV3wFRy23cY


Je pus éviter une collision trop brutale avec le sol, ce qui me permit de soigner mon visage ayant été carbonisé par l’attaque. Ma vision qui était jusqu’alors brouillée reprit ses facultés initiales, tandis que je me fondis de nouveau dans les ombres afin de gagner du temps pour réfléchir. Avec cette créature et ses six paires d’yeux, il m’était impossible de jouer la carte de l’attaque surprise pour en finir. Elle me scrutait qu’elle qu’était la direction que je prenais. C’était frustrant, de se faire surveiller par sa propre création.


Ainsi, toujours depuis les ombres, il n’y avait qu’une seule chose à faire. Il fallait que je détruise ce reptile de malheur afin de regagner ma liberté d’action. Mes nemesis se soulevèrent de nouveau, exactement comme lorsque j’affrontais Hiroki et Laïla, et se lancèrent tous à l’attaque du demeuré et de sa gourde afin de les distraire. Avant de penser à leur destruction, il fallait que je navigue dans les ténèbres de manière furtive, afin d’arriver à vaincre cette chose.


Je bondis de l’ombre du plafond, à 90 degrés est de Draekort qui était bien trop occupé à gérer mes créatures pour me notifier. Excalibur apparut de nouveau dans mes mains. Je la brandis vers le monstre en poussant un hurlement de détermination, comme pour lui montrer toute la haine que j’avais envers les traîtres.


« Retourne au soufre duquel je t’ai créé, serpent !! Descalibur Origin : Ukugqwesa Enzonzobileni »


Le temps se figea l’espace d’une seconde, tandis que j’avais dirigé ma main vers l’immondice que j’avais créée. Tout autour de nous ralentit, comme si j’avais altéré le temps lui-même. Et moi, je me ruai sur la créature, l’assaillant de plusieurs coups directs qui laissaient derrière eux une lumière flottant dans les airs. Lorsqu’un cercle complet fut tracé autour de ma cible, un rugissement se fit entendre. Un grand dragon noir s’échappa de ma chevelure, avant de dévorer l’ennemi sur lequel j’avais enclenché ce sort.


Le temps reprit son cours, laissant entendre les cris d’agonie du reptile s’étant fait vaincre par ma toute puissance. Les expressions des deux princesses des serpents se durcirent en constatant ce spectacle. Sans écouter leur propriétaire, elles se lancèrent toutes deux droit vers moi en préparant une contre-offensive, mais elles étaient bien trop faibles. Le dragon qui était sorti de moi les repoussa en moins de temps qu’il ne m’en fallut pour le souhaiter.


Surprise. Mon rejeton était déjà face à moi, son visage face au mien, forçant ses sourcils à maintenir une expression de haine afin de réprimer des larmes. Avais-je créé une faille en lui en massacrant son serviteur ridicule ? Ce déchet s’était-il vraiment attaché à cette chose ? Amusant. Cela me tira un sourire.


« Je te ferai payer ça, grogna-t-il en chargeant un sort. Je vais te montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre aux personnes que j’estime !! Heir of Despair ! Indibaniselwano yenamba !! »


Un cercle semblant être fait de magie violette apparut sous nos pieds, avant de nous transporter tous les deux à quelques mètres au-dessus du sol. Un tourbillon de la même couleur engloba Reisuke, le laissant se transformer l’espace de quelques secondes en sa créature : Draekort. Il projeta un tourbillon éclatant qui m’emporta quelques secondes dans sa spirale, avant de tout simplement m’éjecter au loin. Je grimaçai, tandis que lui affichait toujours une haine prononcée à mon égard. Mais l’essentiel était que cette chose était morte. Cela me permit de me fondre de nouveau dans les ombres en décidant qui d’entre eux serait la prochaine cible de mes attaques destructrices.


Ils restaient aux aguets, tandis que je pouvais discerner le fait qu’Erika préparait déjà sa prochaine offensive, soignée par son acolyte. Je sortis de l’ombre afin de me ruer sur la princesse de l’espoir, cette fois en ayant anticipé le fait que ses deux reptiles allaient tenter de me vaincre. J’esquivai d’un bond les deux créatures, pour ensuite me diriger vers leur propriétaire. Je fis apparaître du sol l’énergie du désespoir nécessaire qui devint une solide chaîne de fer obscure, avant de la lancer sur elle. Bien évidemment, elle ne fut pas assez réactive. Elle fut rapidement pieds et poings liés par mon offensive.


« Despair Origin : Iminyaka emihlanu yokubandezeleka !! »


Et comme je l’avais fait face à Hiroki et Laïla, je fis s’embraser les liens qui retenaient Erika. Le feu monta rapidement jusqu’à elle tandis que Reisuke, lui, tentait de le contenir. Toute l’attention de mes adversaires était fixée sur cette blonde en plein rôtissoire, ce qui me permet de m’en prendre à ses créatures. Tout du moins, je le pensais.


Car malgré le fait qu’Erika était en train de brûler vive, aucun cri ne retentissait dans l’espace de bataille, et pire encore, mon assaut fut arrêté par ses trois camarades qui me repoussèrent avec force. Je déglutis. Comment était-ce possible ? Cette fille se faisait carboniser et elle restait apathique, sans même esquisser le moindre signe de douleur. Elle me fixait au travers du déluge de flammes qui la séparait de moi, sans esquisser la moindre gêne. À quel point était-elle effrayante ? Était-ce vraiment la princesse de l’espoir qui se tenait face à moi ?


Je restai abasourdi, pauvre de moi. Reisuke m’avait attaqué et je devais me charger de lui. Il me pourchassa dans les ombres, laissant à sa greluche le temps de se défaire de mon emprise. Chaque fois que je plongeai dans les murs du château de Lithemba, il m’y suivait. Je décidai alors de me battre avec lui dans les profondeurs du monde du désespoir auquel nous appartenions tous les deux.


Nous nous trouvions, lui et moi, dans les terres de Lithemba. Ce monde duquel il avait été prisonnier pendant des mois lors de son voyage temporel. Celui qui appartenait à Laïla avant que la fondation du futur ne m’en rende le contrôle. Le vent soufflait sur les plaines grisées et dénuées de vies, au-dessus desquelles nous flottions, mon rejeton et moi. Rien n’avait de couleur autour de nous. Tout était régi par la tristesse, le regret, et l’indifférence. Seules nos paires d’yeux rouges à lui et moi, symboles de notre filiation, composaient la palette de notre décor. Il me dévisageait, tandis que sa longue cape flottait au gré du vent paisible de mon endroit.


« Penses-tu que m’emmener dans cet endroit réveillera en moi un traumatisme quelconque ? M’interrogea Reisuke, impassible. Je ne suis plus celui qui est tombé dans tes griffes, Zetsubô.

– Je n’ai pas cette prétention. Repris-je. Je trouvais simplement les murs de mon château bien trop étroits. Et puis comprends-moi. Je n’aime pas vraiment que des étrangers se mêlent à notre histoire de famille.

– Erika n’est pas une étrangère. Elle est précieuse pour moi, ainsi que pour mes frères et sœurs. Elle est celle qui nous a tous connecté et nous a permis de trouver l’espoir.

– Tu ne sais rien des motivations de cette fille. Elle a tout fait pour te trahir. Elle a attaqué ceux que tu aimes, elle a trahi Jessica, et a même vendu Soichiro. C’est une opportuniste qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins.

– Parce que toi, tu n’es pas un opportuniste peut-être ?

– Evidemment que si. Souris-je. Justement, je commence à comprendre que mon idéal n’était peut-être pas en Laïla. Elle est bien trop juste et intègre pour arriver à nos fins. Par contre, ironiquement, c’est la princesse de l’espoir la mieux qualifiée pour me donner une lignée. »


Reisuke sourit en raison de ma réponse. En moins de quelques secondes, il éclata en des rires frénétiques qu’il tentait en vain de retenir. Jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. Qu’avais-je dit de si drôle ? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais le simple fait que ce type se payait ma tête me donnait envie de le mettre en pièces.


« Tu as un train de retard. Sourit-il, moqueur. Elle porte déjà ma lignée en elle. Erika est enceinte. »


Cette phrase résonna en moi quelques secondes avant de s’estomper en laissant derrière elle un sentiment décuplé de rage. Hiroki n’avait pas été le seul à se reproduire avec l’ennemi. Et ces déchets osaient paraître devant moi avec le fruit de leur hérésie encore dans les entrailles de sa mère ? Et cette fille osait se battre avec un enfant en elle ? En plus d’être une imbécile, elle était totalement folle !?


J’eus un moment de réflexion, puis la lumière pénétra mon esprit. Cette occasion était parfaite. Contrairement à l’enfant de Hiroki et de Jessica, celui-ci était à naître. Il suffisait que je me l’approprie afin d’en faire un parfait héritier, combinant les pouvoirs de la princesse de l’espoir, de mon héritage, pour enfin lui confier mon empire. Un être surpuissant élevé dans mes convictions et mes valeurs, qui dominerait sur le monde et vouerait sa vie à ma cause…


Je souris. J’avais enfin trouvé un objectif viable, en tirant quelque chose de positif de cette nouvelle génération. Finalement, Reisuke n’avait pas été si inutile. S’il n’était qu’un déchet ambulant, au moins, il savait se reproduire, c’était déjà ça.


« Tu rêvasses, Katsuo ? M’interpela l’intéressé, tenant au creux de sa main une sphère de puissance colossale. C’est ici que cela se passe ! »


Il projeta le flux d’énergie droit contre moi. Je l’évitai de justesse, laissant échapper une coulée de sueur. Cette sphère était étrange. Elle possédait des couleurs de désespoir, mais aussi autre chose de singulier, de plus sombre encore. Intéressé, je revins à la charge vers mon rejeton, décidé à en finir une bonne fois pour toutes.


« Je dois malgré tout vous remercier ! Criai-je en utilisant mes pouvoirs. Je crevais d’ennui dans cette prison du temps, et vous m’avez bien diverti, avec vos sentiments à l’eau de rose et vos déterminations fugaces.

– Nous nous divertirons aussi sous peu. Reprit Reisuke en parant mes coups. J’imagine déjà le monde entier danser lorsque nous transporterons ton cercueil vers le four crématoire.

– Ce ne sont que des mots Reisuke ! Tu es incapable de me battre ! Rappelle-toi qu’il m’a suffi de cinq minutes pour prendre possession de ton corps alors que je n’avais pas de forme humaine !

– C’est vrai. Mais cette fois, c’est différent. »


https://www.youtube.com/watch?v=KjlTmJQsceY


Il parvint à se saisir de mon bras, l’agrippant avec force. Je n’arrivais pas à m’en défaire tant il y mettait de la puissance. Il me donna un coup de genou dans le menton, ce qui me propulsa quelques mètres vers le ciel, avant de me poursuivre dans mon ascension.


« Cette fois, j’ai une famille, Zetsubô ! Et c’est pour elle que je me tiens debout devant toi ! Car derrière-moi, il y a des générations qui voudraient grandir dans l’harmonie, sans la crainte de se faire détruire par tes ambitions sordides ou la fondation du futur ! »


Il me donna des coups successifs, me prenant dans une spirale de rapidité et de ténèbres.


« Pour Kentaro ! »


Puis il propulsa un autre impact d’énergie sombre que je peinai à dévier, avant de tout simplement se fondre dans les ombres. Il réapparut ailleurs une fraction de secondes plus tard.


« Pour Chitose ! »


Une fois de plus, il m’échappa du regard. Ma contre-attaque s’estompa dans les feuillages de Lithemba, me faisant grimacer face à ce nouvel échec. Je tentai de le percevoir, mais il était bien trop furtif. Il profitait du fait de connaître ce monde comme sa poche afin de me semer des yeux.


« Pour Hirosuke et Zahlia ! »


Cette fois, je fus la victime de liens similaires à ceux qui avaient retenu Erika, Laïla, et Hiroki. Pieds et poings liés, j’étais incapable de me mouvoir, laissant mon rejeton me surélever dans les airs sans détacher son regard du mien. Je ne ressentais de lui ni de la haine comme sa sœur, ni du vide comme son frère. Non. Reisuke était animé d’une profonde tristesse. Une tristesse comme je n’en avais jamais vue depuis que j’avais plongé mon regard dans celui de mon épouse, Azalaïs. Cela me troubla l’espace de quelques instants. Mais je n’eus même pas le temps d’en déduire quoi que ce soit. Celui qui me servait de descendance était déjà en train de mettre le feu aux liens qui me retenaient prisonniers.


« Et ça, c’est pour Shinji. Finit-il. Heir of Despair : Ikhonkco lokudibanisa. »


Tandis que des flammes violettes de désespoir s’agrippaient à ce qui me ligotait, je restai bouche bée face à l’expression du jeune homme. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi il affichait un tel regard. Protéger sa famille était certes, quelque chose de normal, et je ne remettais pas en cause cette conviction, aussi dénuée de raison était-elle. Cependant, je ne lisais aucune haine dans ses intentions. Comme si…


« Je ne pensais pas cela possible. Bégayai-je, sans me soucier de son attaque. Reisuke, comment fais-tu, pour ne pas me haïr ? »


Il ne me répondit pas. Il continuait de me dévisager sans ouvrir la bouche, m’invitant sûrement à trouver les réponses seul. Je la saisis donc pour tirer mes propres conclusions.


« Ne me dis pas que cette tristesse que tu ressens, c’est parce que l’on s’affronte ? Murmurai-je, les yeux écarquillés. Tu ne le penses pas sérieusement ?

– C’est idiot. Soupira Reisuke en guise de réponse. Pourquoi as-tu eu besoin de faire ça, Katsuo ? Tu n’avais pas besoin de dominer le monde et tous nous condamner pour être heureux. Il te suffisait de tout recommencer en surmontant ton passé, et tu aurais été libre.

– Tu ne sais pas ce que c’est que de vivre impuissant ! Rétorquai-je, agacé. Tu ne sais pas ce que c’est que de voir ceux que tu aimes –

– Eh bien si, je le sais exactement !! Me coupa-t-il en hurlant. Je sais exactement ce que c’est que d’être faible, et de voir les gens autour de moi disparaître sans même pouvoir lever le petit doigt ! C’est parce que je sais ce que c’est que tu as jadis pu prendre le dessus sur moi ! Et regarde nous, Katsuo ! Nous sommes en train de nous déchirer car tu n’as pas été assez fort pour prendre la bonne décision ! Par ta faute, je dois lever la main sur quelqu’un de ma famille une nouvelle fois, alors que je m’étais promis de ne jamais plus le faire, après Hiroki… »


Consterné. Il n’y avait pas d’autre mot pour dire à quel point j’étais comme laissé vide sur place. Je n’avais aucune expression pour décrire le tumulte s’étant installé aux fins fonds de mon esprit. Comment pouvait-il me considérer comme quelqu’un de sa famille, après tout ce qu’il s’était passé ? Était-il vraiment le plus faible de tous ceux m’ayant fait face jusqu’alors ?

Son pouvoir monta jusqu’à moi, et m’affaiblit alors. C’était censé me faire mal, et à vrai dire, je ressentais la douleur. Mais j’étais bien trop consterné pour pouvoir réagir. Je me posais des tas de questions, et je n’y trouvais aucune réponse.


« Reisuke…murmurai-je au travers de l’écran de flammes.

– Je ne te pardonnerai jamais pour m’avoir contraint à briser ma promesse. »


Me pardonner… Comme si j’avais besoin de sa clémence, ou même de son aval pour faire tout ce que je souhaitais accomplir ! Elle était bien bonne celle-là. Moi, le souverain millénaire, j’avais donc besoin de la permission d’un jeune diplômé d’à peine vingt ans pour pouvoir continuer mon œuvre !? Foutaises ! Inconcevable ! Inadmissible ! Je ne pouvais pas laisser passer cet affront ! Il fallait que cet imbécile comprenne qu’il n’était qu’un pion sur mon échiquier du désespoir !


Je me défis des liens de Reisuke. Jamais je n’avais été aussi déterminé que maintenant. Exit le sort du monde et du désespoir final. Je me devais de donner une correction ancestrale à ma descendance future, afin de lui faire comprendre que jamais il n’allait sortir de ses tourments en étant armé d’une telle faiblesse. D’un geste de main, je générai des geysers de kvantiki surgissant du sol, manquant de percuter mon adversaire par plusieurs fois. Il esquiva in extremis tous mes assauts, mais ce n’était pas assez. Je n’étais pas décidé à le laisser m’échapper. Ainsi je me ruai droit sur lui à une vitesse fulgurante, le saisissant par la gorge jusqu’à revenir dans le château du désespoir dans lequel je le propulsai. Je détruisis des murs de la bâtisse en plaquant le corps de mon rejeton dans ma course, jusqu’à finalement atterrir dans l’espace de bataille initiale, retenant toujours son corps désormais faible dans ma main ferme.


https://www.youtube.com/watch?v=6r95JqK3PzU


Erika vint se jeter sur moi avec ses deux reptiles en constatant que j’étais de retour, mais pour toute réponse, je lui envoyai droit sur la figure le corps de son maître. Elle l’attrapa en vol et fut contrainte de relâcher son attaque en conséquence, ce qui me permit de lâcher une puissance violente en sa direction. Comme je m’en doutais, ses deux princesses reptiles encaissèrent l’attaque à sa place, les laissant s’écrouler au sol. Elles n’avaient pas pu préparer la moindre défense, ce qui leur fut fatal. Elles gisaient désormais sur le sol, inconscientes, mais vivantes. Cela se percevait. Il ne restait désormais plus qu’Erika sur la liste. Reisuke était complètement hors service, Draekort mort, et les deux princesses inconscientes. Ma victoire était désormais parfaite.


« C’en est terminé de votre petite escapade romantique sur fond d’héroïsme prophétique. Lançai-je à la jeune femme qui avait déjà posé son acolyte au sol. Rends-toi, Erika Kurenai.

– Me rendre ? Sourit-elle. Je suis désolée, cela ne fait pas partie de mon vocabulaire. Tu t’adresses à la princesse de l’espoir. Par définition, je suis l’incarnation de l’émotion qui te chuchote de ne jamais renoncer. Je ne peux donc salir ni mon honneur, ni ma mission. Fais-moi fléchir autant de fois qu’il le faudra, je me relèverai toujours. Tout simplement car je suis celle qui a été désignée depuis des millénaires pour mettre fin à ton règne, Zetsubô.

– Au prix de blesser cet être que tu as dans les entrailles ? Si tu te joins à moi, je ne ferai aucun mal à ton enfant ni à toi, Erika Kurenai.

– Me crois-tu vraiment irresponsable, Katsuo ? Me défia la princesse de l’espoir. Shinji n’est pas en danger en ce moment. J’ai pris mes dispositions pour être certaine que peu importe ce que j’encaisserai, il ne risquera jamais de mourir dans le procédé.

– Je vois…soupirai-je. Je comprends donc d’où tu tiens ton assurance. Eh bien soit. Je pensais faire de toi ma prochaine souveraine, mais qu’importe. Je vais t’envoyer rejoindre ton cher Reisuke de l’autre côté. »


Je projetai une onde de lumière obscure mêlant le pouvoir d’Excalibur à celui de Lithemba droit vers Erika et cet enfant qu’elle portait. Si elle disait vrai, alors même si elle mourrait, j’allais pouvoir récupérer ce futur héritier et accomplir mon œuvre par son biais. Cependant, malgré le fait que je pensais tout cela gagné, elle ne bronchait pas. Pire même, elle souriait face à cette puissance colossale se rapprochant d’elle. Pourtant, il était impossible pour la jeune femme de repousser une attaque si puissante… Tout du moins, je le croyais.


Car Reisuke se releva. Et en moins d’une seconde, il se dressa entre son alliée et ma puissance. Il utilisa son énergie du désespoir qui entra en collision avec la mienne afin de l’atténuer, puis il absorba avec difficulté le restant de l’attaque, poussant un hurlement de rage qui montrait sa détermination dans cette bataille. Me détestait-il finalement, ou voulait-il simplement se donner du courage pour protéger Erika ? Je ne comprenais vraiment pas cette logique. Je n’en avais pas le moindre détail.


https://www.youtube.com/watch?v=hGww5e5DnS8


« Tout va bien Erika ? Demanda le jeune garçon au corps bien amoché.

– Je vais très bien, merci, Rei-Chan. Sourit la blonde, avant de s’adresser à moi. Rejoindre Reisuke de l’autre côté tu disais ? C’est amusant. Rei-Chan est comme moi. Il n’est pas du genre à se laisser vaincre par le désespoir, surtout après ce qu’il a vécu avec son frère. »


Elle marqua une pause pendant laquelle elle le soigna sommairement grâce à ses pouvoirs. Puis elle reprit la parole à mon intention.


« Heir of Hope : Rei-Chan.

– Comment !? S’exclama l’intéressé, apparemment surpris. Je pensais que tu avais perdu toute affection pour moi !! »


Elle se tourna vers lui, et ce que je vis me surprit alors. Ces yeux, ce regard… Impossible. Tant d’amour se dégageait du visage désormais rougissant de la jeune fille. Elle le fixait en affichant une tendresse immense, une profonde affection, des sentiments authentiques et impénétrables. De l’amour comme jamais je n’en avais vu auparavant, presque palpable. Outre ma personne, cela aurait rendu jaloux n’importe quel homme.


« Eh bien, il semble que je sois de nouveau tombée amoureuse de toi, Rei-Chan. Répondit-elle, heureuse. Peu importe combien je perdrai mon affection envers toi, je sais désormais que tu es le seul homme capable de me séduire encore et encore par ta gentillesse, ta détermination, et ton sens de l’honneur. Je t’aimerai perpétuellement, Rei-Chan. »


Sa nouvelle puissance magique colossale était finalement chargée. Sans même laisser la moindre seconde à son cher et tendre, elle se jeta sur moi afin d’entamer une nouvelle page de notre affrontement final.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [19/10/2019] à 13:02

Chapitre 186 : La confrontation finale (6)


https://www.youtube.com/watch?v=qlEjo24vyp0


Elle chargea sa nouvelle puissance colossale contre moi. J’étais furieux à l’idée de constater qu’elle comptait vraiment rivaliser avec moi par le pouvoir de l’amour. Cela me laissait un arrière-goût amer dans la bouche. Elle tentait vraiment de me vaincre avec ardeur, avec tout ce qu’elle possédait en elle. Cela ne m’amusait plus. J’en avais assez de traîner dans cet affrontement qui n’avait que trop duré. Il fallait que je montre à ces spectateurs que j’étais l’être le plus puissant, et pour cela, il me restait encore à vaincre ces deux obstacles. Alors au lieu d’esquiver la sphère d’énergie colossale projetée par Erika – qui guérit d’ailleurs les blessures de mon rejeton lorsqu’il la toucha –, je la pris en pleine face afin de la désintégrer de mes mains nues. Je grimaçai. Il n’était plus l’heure de s’amuser. J’allais accomplir une bonne fois pour toutes le destin que je m’étais donné. Il n’y avait plus personne en travers de ma route. En l’espace de millénaires j’avais survécu à Yiskha, Solaris, Luna, Helios, et Toppolinus, mais aussi à toutes les menaces potentielles de cette époque. Il ne me restait plus qu’à vaincre ces deux parasites insignifiants n’étant même pas dignes de figurer sur mon palmarès.


La sphère d’énergie détruite, je projetai ses morceaux au sol. Je pris le soin de les détruire afin d’éviter un coup fourré comme en était capable Laïla, afin d’être certain de ne pas me laisser avoir. D’ailleurs, tandis que j’évitai les assauts de la princesse de l’espoir, je gardais un œil discret mais présent sur Hiroki et sa sœur, desquels je ne souhaitais pas recevoir une attaque surprise.


Je claquai des doigts, laissant se former une tempête au-dessus de nous, à la vitesse de la lumière. Rapidement, le ciel emmagasina une quantité d’électricité assez intense qu’il stocka en ses nuages, avant de la relâcher sur l’espace de bataille par le biais de multiples tonnerres. Non content de cela, j’appelai également une nouvelle fois mon armée des ombres : les Nemesis. Ils apparurent à mes côtés, et nous nous dirigeâmes tous ensemble vers nos deux derniers ennemis.


Erika et Reisuke devaient éviter la foudre qui leur promettait une mort certaine s’ils se faisaient toucher. Mais en plus de ça, pour parvenir jusqu’à moi, ils devaient aussi se défaire de mon armée de fantômes de kvantiki qui étaient désormais beaucoup plus forts et autonomes que lors de leur premier stade. Ils arrivaient malgré tout à se mouvoir. En parfaite synchronicité, ils se frayaient un chemin jusqu’à moi. Mais c’était fugace malgré tout, puisque je les attendais déjà avec un sort préparé rien que pour eux. Je fonçai à leur rencontre, attrapant la fille d’une main, le garçon de l’autre, afin de les projeter contre le sol. D’un geste de main, armé d’énergie luminescente violette, je dessinai des contours desquels ils resteraient prisonniers.


Des chaînes de désespoir les liaient tandis que de l’énergie obscure surgit du sol, gravitant autour d’eux sans jamais s’arrêter. Elles tentèrent de drainer leur énergie, exactement comme je l’avais fait aux deux précédents, sans effet. Mais ce n’était pas là le but principal de mon action. J’avais en tête bien plus que d’absorber leur énergie à tous les deux. Mordred et mes rejetons m’avaient donné l’idée du millénaire. Une ambition bien plus grande, bien plus audacieuse. Mais pour cela, il fallait que je remplisse d’autres conditions.


Ainsi, je déployai toute mon énergie dans mon affrontement avec Reisuke et sa gourde. Je vidai au maximum toute ma puissance magique en la répartissant dans l’espace de bataille, utilisant ce qu’il me restait d’En Absu, mon omnipotence, afin de placer de manière furtive tous les éléments dont j’avais besoin. Mes adversaires ne notifièrent pas ce que je fis, ils étaient bien trop occupés à en vouloir à ma vie. Mais c’était précisément ce dont j’avais besoin. Il ne manquait plus qu’une seule chose pour que ma préparation soit complète, et ce fut Erika qui me l’offrit.


Elle s’embrasa dans sa lumière intense en récitant les noms de toutes les personnes qui comptaient pour elle. Puis, à l’aide de la puissance de Reisuke, le duo se propulsa droit contre moi, tourbillonnant dans un éclat mêlant obscures ténèbres à profonde lumière. Moi qui étais désormais vide à l’intérieur, excepté pour mes compétences de base, je pris donc le challenge en me saisissant de la force, exactement comme je l’avais fait contre Mordred.


Et contre toute attente, ce fut moins douloureux que la dernière fois. L’attribut espoir que j’essayais d’emmagasiner était le même que celui d’Excalibur. Il m’était donc supportable de l’introduire de nouveau. Ainsi, au lieu de disparaître purement et simplement, l’attaque se fit entièrement absorber par ma personne. Les conditions furent enfin remplies. En voulant me porter un coup de grâce, ils s’étaient donnés la mort. Je luisais désormais d’un éclat scintillant et ténébreux à la fois, alternant entre blanc le plus pur et noir le plus opaque.


« Pauvres fous ! Vos misérables existences s’arrêtent ici et maintenant ! Contemplez la plus grande puissance jamais connue à ce jour en ce monde ! Implorez désormais ma clémence afin que je ne vous éradique pas de la surface de cette planète ! J’en appelle à mon ultime incantation du désespoir : Despair Origin : Zero Iinjongo zenjongo ! »


La terre se mit à trembler si fort que je pouvais discerner les secousses à l’oeil nu, comme si nous étions tous pris de spasmes. Erika et Reisuke s’arrêtèrent un moment, redoutant ce qui allait surgir dans l’espace de bataille. Des tas de lumières incandescentes gravitèrent autour de moi, pour ensuite se loger derrière-moi en se réunissant les unes aux autres jusqu’à former une masse informe mais abondante d’énergie. Des tas de faisceaux rejoignaient petit à petit mon appel ultime à la puissance absolue, sous les regards abasourdis des deux opposants à mon empire.


« Plus personne ne salira le nom que j’ai porté jusqu’ici ! Le Zero Purple Requiem marquera l’histoire ! Il sera craint et reconnu comme la plus grande catastrophe que ce monde n’ait jamais connu, et je régnerai sur les ruines de son souffle ardent !!  Votre Purple Requiem vous semblera une vaste blague à côté de ce chaos, fédération ETHER !! »


Une colonne d’énergie ardente se dressa dans notre espace de bataille, détruisant le toit de notre arène, en emportant avec lui toutes les caméras de retransmission. Tout le matériel installé pour retransmettre l’issue de cet affrontement s’embrasa au fur et à mesure que les secondes passaient. Et cette colonne continuait de grossir, encore et encore, nourrie par l’énergie spirituelle alentour.


« Katsuo !! Me cria Reisuke en essayant tant bien que mal d’avancer malgré la pression de l’air. Arrête ça ! Tu es en train de tout détruire autour de toi, et tu seras emporté toi aussi, avec ce monde auquel tu tiens tant !!

– Ferme-là, misérable vermine ! Je n’ai aucune leçon à recevoir d’une existence aussi pathétique ! Je vais terminer le travail que tu n’as pas été capable d’accomplir lorsque tu étais encore lucide ! »


Il tenta de me faire taire en se ruant sur moi, mais l’instabilité de mon accumulation de puissance lui projeta un rayon si puissant qu’il fut propulsé à quelques mètres. Erika, elle, s’était arrêtée en fixant l’étendue de mes pouvoirs. Elle avait sûrement déjà deviné qu’il était désormais inutile de vouloir lutter contre moi. Alors je laissai mon installation effectuer le pourquoi elle avait été initialisée.


« Qu’as-tu fait Zetsubô…murmura Erika, comme pour se convaincre elle-même.

– Je suis désormais l’ultime souverain d’Izrath, de Lithemba, et de Jidou. Lâchai-je en guise de réponse. Et en tant que roi, il est normal que je dispose de toute l’énergie quantique contenue dans chaque âme, dans chaque médaillon, dans chaque créature peuplant le ciel, la terre, ou les mers de mes territoires.

– Tu veux dire que…

– J’absorbe le pouvoir de tout être vivant en cette ville. Souris-je. Et très bientôt, cela s’étendra à la région, puis au pays, au continent, et au monde entier ! C’est votre fin, Erika Kurenai. Tous tes alliés sont en train de se faire drainer par ma puissance absolue. Estime-toi d’ailleurs heureuse, puisque je ne peux pas agir contre les personnes portant mon pouvoir. Mais ce n’est qu’une broutille. En réunissant l’énergie de l’ensemble des personnes liées à Izrath, je suis en passe de devenir invincible ! »


La princesse de l’espoir grimaça, tandis que son comparse se releva péniblement. Je souris. Ces deux-là n’avaient pas encore renoncé, malgré toute cette puissance s’élevant derrière ma personne. Le Zero Purple Requiem. Mon ultime catastrophe sur le point de tous les emporter, de raser ce pays, et de montrer au monde entier qu’il est impossible de rivaliser avec moi.

Ma puissance se surélevait dans les cieux, tandis que les deux individus restaient paralysés face à elle. Elle prit la forme d’une sphère solide en perpétuelle rotation sur elle même, tandis qu’elle absorbait encore et encore des tas de particules de lumières, pouvoirs appartenant à toutes les âmes encore vivantes de cette ville. Et plus j’en absorbais, plus je devenais puissant. J’étais désormais aussi puissant que l’espoir et le désespoir réunis. Izrath et Lithemba s’étaient unis pour m’octroyer leur puissance complète. C’en était fini de leur aventure.


Je projetai la sphère d’énergie vacillant du noir au blanc – tout comme mon corps d’ailleurs – droit sur le couple. Reisuke s’interposa entre elle et Erika, comme si cela allait suffire pour la protéger de l’impact. Cependant, je pouvais lire dans les yeux de la princesse de l’espoir que ce n’était pas terminé pour elle. Il lui restait une idée en tête.


« Rei-Chan. Entama-t-elle, en alerte. Nous devons avoir recours à ce dont nous avons parlé.

– Hors de question. Rétorqua-t-il. Je refuse de te faire ça.

– L’urgence nous fait face ! C’est la seule solution ! Pense à ta famille ! »


Il grimaça, puis se résigna. Ses yeux luisirent d’un rouge aussi malsain que le mien, tandis qu’il plaça la paume de sa main au-dessus de la chevelure de la blonde. Là, il lâcha une fine particule rougeâtre qui se fondit dans le corps de la femme.


Je réalisai avec stupeur ce qu’il se passait au bout de quelques secondes seulement. Lorsqu’Erika perdit toute lumière dans son regard, ne laissant apparaître que deux grands yeux rouges soulignés par une chevelure aussi noire que son acolyte. Je dévisageai Reisuke. Avais-je vraiment été maudit par le destin pour faire face à un tel revirement ? Car oui, cette pathétique existence possédait un pouvoir similaire au mien : celui d’insuffler le désespoir en un autre être vivant.


Et cette Erika ayant perdu la raison, soumise aux ordres de son maître, se jeta sur la sphère d’énergie sans exprimer la moindre émotion. Elle fut rejointe par mon rejeton aux cheveux noirs, ainsi que par ses Izrathiennes qui, désormais colorées de la même couleur que leur maîtresse, la rejoignirent par réflexe, par automatisme, sans exprimer la moindre émotion. Tous générèrent de la puissance, avant de lancer sur Erika une attaque en combinaison qui l’enveloppa totalement. Rapidement, la blonde prit la taille de mon météore de kvantiki, afin d’entrer en collision avec lui.


L’espace explosa. Purement et simplement. Nous fûmes tous emportés par l’impact de l’explosion, me forçant même à me protéger des répercussions de l’attaque. Le sol se souleva, comme détruit par cette toute puissance, tandis que les murs s’effondrèrent. Le château du désespoir tirait son ultime révérence, emportant avec lui toute âme vivant en ces lieux.

Je réussis à m’échapper en me téléportant plus loin. Une énorme colonne d’énergie violette sembla comme tomber du ciel, en emportant d’un trait toute âme croisant sa route. Des cieux jusqu’aux fins fonds de la terre, supprimant purement et simplement toute végétation, en marquant à jamais le paysage de Lithemba.

Lorsque la lumière s’estompa, le monde du désespoir fut scindé en deux. Une large crevasse avait été creusée dans le sol et s’était remplie d’eau, ne laissant plus que deux moitiés distinctes dans le royaume de l’indifférence et des ambitions vaines.


Tout était terminé. Je me posai au sol, prenant du recul sur la situation. Il était impossible que ces personnes aient survécu à un tel impact. Même pour moi, cela avait été difficile. À quelques secondes près, j’étais moi aussi anéanti par mon propre pouvoir, en ne laissant rien derrière moi.


Je souris face à ce spectacle. Zetsubô était celui qui avait gagné cette guerre. Plus personne n’était encore debout. Tous mes serviteurs étaient morts, en emportant avec eux les ennemis de mon empire. Et moi, j’étais encore droit sur mes jambes, tout en puissance, contemplant de mon œil amusé la colonne de flammes qui envahissait ce monde.


« Chaos, soulève-toi ! Lâchai-je dans une ode à la destruction. Sois le premier témoin de mon ascension vers le titre de souverain millénaire ! Ceci est le début de mon ère, car ce soir, le désespoir triomphe ! »


Mes mots résonnèrent dans mon propre espace. Je les entendais s’élever, et je n’obtenais aucune réponse. J’étais désormais seul. Seul et fort. Il ne me restait plus qu’à revenir en Jidou afin de confirmer ma victoire sur le monde, et régner pour de longs millénaires.

J’ouvris une brèche grâce à ma puissance encore suffisante même après avoir lâché un tel impact. Je me revêtis et me recoiffai, puisque j’avais une piètre allure après une telle bataille, avant de me diriger vers mon vortex vers la gloire.


Une projection lumineuse surgit de derrière. Elle s’engouffra dans mon vortex avant de tout simplement le détruire. Je me retournai, les yeux écarquillés. D’où venait cette chose ? Y avait-il encore quelqu’un de vivant en ce monde ?


Il ne semblait y avoir personne. Pourtant, l’impact avait été réel. Alors je scrutais les alentours, sans vraiment comprendre. Cependant, alors que j’étais attentif, une autre projection de lumière atterrit cette fois droit sur mon visage. Elle n’était pas assez puissante pour me propulser, mais elle me fit reculer d’un pas. Je grognai. Quelqu’un était encore vivant. Et ce fut lorsque je posai mes yeux sur la colonne de flammes que j’eus ma réponse.


Elle bondit du torrent ardent, avant de se jeter contre moi. Je l’esquivai, mais cela sembla calculé, puisqu’à la place de me poursuivre, elle atterrit deux mètres en dessous d’où je flottais, au sol, les mains posées sur les environs carbonisés qui composaient la nouvelle Lithemba.


https://www.youtube.com/watch?v=WCcrKKs1Z3w


« Écho des étoiles, lumière ancestrale, je fais appel à toi ! Délivre les tourmentés, guide les égarés, et révèle-leur le chemin vers l’ascension. Que ton espoir triomphe de tous les maux, et de toutes les menaces. Ouvre la porte vers une route de fortune. Descends sur nous ! Umqondiso wokukhanya! »


De ses mains jaillit une source de lumière dorée semblant provenir du soleil lui-même. Je n’eus cependant le temps de me poser aucune autre question, puisque la blonde, non contente d’avoir lancé ce sort, enchaîna en déployant le bras vers moi.


« Heir of hope ! Kurenai Ren ! »


Kurenai…Ren ? Ah, cette misérable que j’avais réussi à remettre en doute grâce à quelques mots futiles ? Il était vrai qu’elle était la sœur de cette gourde qui me servait d’adversaire. J’aurais souri, si cette dernière n’avait pas affiché une puissance colossale rien qu’en prononçant ce nom. Elle était désormais englobée d’un éclat blanchâtre lui couvrant tout le corps, lui faisant perdre le teint de sa peau, de ses cheveux, de ses yeux, jusqu’à devenir un être fait de lumière.


« Je vois que tu es devenue très puissante, Erika Kurenai. Grognai-je en surveillant le sort qu’elle avait lancé. Je n’aurais jamais cru que tu aurais pu survivre à un tel impact. Tu as gravi tous les échelons, gagnant à chaque fois en puissance, jusqu’à pouvoir rivaliser avec quelqu’un de ma trempe. Pour quelqu’un qui n’a jamais été liée à notre famille, je te félicite.

– Le pouvoir n’est rien Katsuo. Répondit-elle, me laissant constater qu’elle avait retrouvé la raison. Il est simplement un moyen de parvenir à mon objectif final. Si je dois sacrifier tout ce que j’ai en moi pour entraver ta route, je le ferai.

– Des mots si braves provenant d’une personne si perfide. Ton pouvoir est certes celui de l’espoir, mais tu t’es laissée corrompre par tes propres ambitions il y a bien longtemps. Je sais que tu ne désires pas seulement m’abattre. Tu es ici pour accomplir ton objectif, et non celui de mes trois rejetons. Tu es aussi diabolique que tes parents ! »


Je n’eus même pas le temps de reprendre que je fus percuté par une épaisse masse obscure. Je dus me reculer pour encaisser le coup, tandis le tas de ténèbres reprit forme aux côtés de l’étincelante princesse de l’espoir.

Il avait lui aussi survécu. Il était amoché, au même titre que sa copine, mais il avait survécu. Et pire encore, lui aussi avait matérialisé la puissance du désespoir autour de lui, tout comme celle qui l’accompagnait.


« Erika n’est pas diabolique. Bien au contraire. Une personne capable d’abandonner sa raison entière pour t’arrêter n’est pas indigne de confiance. Si vraiment elle avait souhaité me trahir, elle ne m’aurait pas abandonné sa conscience. »


Il marqua une pause, tandis qu’Erika Kurenai avait chargé sa puissance complète mêlée à celle générée par l’amour envers sa sœur. Lorsqu’il reprit, sa tristesse n’existait plus, la haine n’avait pas pris sa place. Il ne restait plus que de la détermination.


« C’est la fin, Katsuo. Heir of Despair : Rising Hope ! »


Rising…Hope ? Pourquoi ? Pourquoi avoir donné un nom si sale à une puissance si noble ? Je ne comprenais pas. Pourquoi ne faisait-il désormais plus rien ? Pourquoi laissait-il s’évaporer sa puissance au profit de la princesse de l’espoir ? Pourquoi la laissait-il emmagasiner toute son énergie pour se mêler à la sienne ? Et pourquoi se laissait-elle faire ?


Je restai consterné face à ce qui se déroulait sous mes yeux. Reisuke Yamada transférait en ce moment même l’entièreté de sa puissance à Erika Kurenai. Yiskha avait raison. Elle avait perverti ma lignée au point d’en disposer comme bon lui semblait. La prophétie qu’elle m’avait collée prenait finalement tout son sens, puisque la princesse de l’espoir, flottant désormais dans les airs en affichant une puissance prodigieuse, possédait toute la puissance dont nombreux hommes avaient rêvé.


Le vent souffla de plus en plus fort, tandis que je restais abasourdi par ce revirement. Reisuke se laissa tomber au sol, vide de son énergie. La princesse de l’espoir le rattrapa en projetant une énergie qui se saisit de lui afin de le maintenir dans les cieux en le soignant, puis elle me dévisagea, de ses yeux blanchis par son pouvoir.


Sans prononcer un autre mot, elle fit apparaître une grande paire d’ailes dans son dos. Des ailes majestueuses semblant sortir du sanctuaire céleste. J’entendis un rugissement de dragon que je ne connaissais que trop bien, tandis que sur le buste d’Erika se dessinait le symbole de ceux ayant prêté serment de protéger leur dimension de la menace que je représentais pour elle.


Elle franchit le mur du son en se propulsant vers moi. Je savais au fond qu’il était impossible de lui échapper, mais je tentai quand même de rétorquer. Descalibur n’était cependant pas assez puissant. Je me fis littéralement souffler par son attaque. Emporté dans un déluge d’énergies contradictoires, je ne pus que me résigner face à « l’Antinomie Du Destin ».


https://www.youtube.com/watch?v=cYrKrcS_LVA


Je souffrais. Je sentais que sa puissance entrait en collision avec mes entrailles elles-mêmes, me dépossédant de tout le pourquoi j’avais passé des millénaires à détruire, tyranniser, et asservir. Je ne réalisai pas vraiment ce qu’il se passait. Je ne pouvais pas admettre que tout ce que j’avais obtenu m’était enlevé de la sorte. Ma course effrénée vers la stabilité de ma lignée se terminait donc de la sorte. Propulsé dans mon propre monde à une vitesse folle, incapable de me relever, de reprendre, mon équilibre, jusqu’à heurter le bout de Lithemba, cette barrière translucide mettant fin à notre monde.


C’était donc ma destinée d’être adossé contre ce champ de force invisible. C’était le sort qui m’était réservé que de faire face aux visages de mes deux adversaires ayant triomphé de moi. Car oui, ils étaient déjà réapparus devant ma face, comme pour vérifier que j’étais bien hors service. Ils me fixaient tous les deux d’un air neutre, tandis qu’Erika, elle, avait repris son apparence normale. D’un claquement de doigts, elle nous transporta dans le château du désespoir, qu’elle avait restauré à son état initial en une fraction de secondes. C’était dingue. Totalement fou, invraisemblable.


« C’est terminé, Zetsubô. Me lança-t-elle, sérieuse. Nous t’avons vaincu. Ton règne s’achève par le projet « Rising Hope » entamé par Laïla et Soichiro.

– « Rising…Hope… ? » murmurai-je d’une voix à moitié morte.

– Laïla a voué sa vie à trouver une solution pour te vaincre si jamais tu venais à revenir parmi nous. Continua l’intéressée. Elle a donc sollicité des tas de personnes pour bâtir le projet « Rising Hope ». Il s’agissait d’utiliser la progéniture même de Shinichi Yamada, dont elle faisait partie, afin de cultiver trois aspects de ton pouvoir. Un être ne vivant que de désespoir, un autre animé par un espoir pur et inébranlable, et enfin un dernier, fait des deux. Elle avait deviné que ton héritage seul allait peut-être se révéler insuffisant. Alors elle a enclenché chaque rouage de son plan, afin de donner naissance à trois guerriers capables de rivaliser avec toi.

– Je vois…soupirai-je en crachant une gerbe de sang. Tout a donc été prévu par cette femme…Ma fleur du chaos et de la destruction… »


C’était finalement très difficile à entendre. Cette affreuse vérité m’avançant que je n’étais au fond qu’un pion sur l’échiquier de Laïla. Cette femme inconsciente avait donc finalement tout prévu pour m’éradiquer de la surface de cette planète, avant même que l’éventualité de mon retour ne fut évoquée. C’était brillant, il fallait l’avouer. Même pour moi, c’était brillant. Cela me faisait même sourire. J’avais plutôt sous-estimé de quoi était capable ma nouvelle génération. Il suffisait de poser un regard sur ma condition pour le savoir. A eux quatre, en comptant cette femme, ils avaient réussi à me mettre à terre.


« C’est insuffisant. Souris-je. Vous avez réussi à aller bien plus loin que n’importe qui avant vous, et je le reconnais. Cependant, vous n’apprendrez jamais des erreurs commises par le passé. »


Je me relevai. Il me restait encore suffisamment d’énergie pour me battre. J’étais plus faible qu’Erika en l’état, mais il n’était pas exclus que je gagne. Elle aussi avait été incapable de me vaincre, et elle était remontée pour me dominer, eh bien soit, j’allais le faire aussi.


« Tu te dis que tu me vaincras n’est-ce pas ? Sourit Erika. Katsuo, ressentirais-tu de l’espoir, en ce moment même ? Te relèverais-tu dans l’espoir de reprendre le contrôle ?

– Exactement. Grognai-je en tenant sur mes jambes avec difficulté. J’en suis même convaincu. Notre combat n’est pas terminé. »


Je me surélevai dans l’espace de bataille, sous le regard amusé de la blonde qui pensait déjà avoir gagné. Elle ne bougea d’ailleurs pas le moindre petit doigt pour m’arrêter, comme si je n’avais aucune crédibilité à ses yeux. Ou peut-être me laissait-elle aller au bout de la conviction d’espoir simplement pour gagner une bataille psychologique ? Peu importe. Je n’étais plus au stade à honorer ma fierté. Il ne me restait plus que quelques atouts dans ma manche, je devais les sortir à n’importe quel prix.


« Vous êtes incapables de me porter le coup fatal. Car le désespoir se renouvellera encore et encore. Chaque seconde que vous passez à attendre me rend mon pouvoir. A votre avis pourquoi me suis-je retranché après ma défaite face à Kôsei et sa bande ? Tout simplement car peu importe combien de fois je serai à terre, il vous sera impossible de me supprimer définitivement. Vous n’en avez pas le pouvoir.

– Peut-être. Approuva Erika. Cependant, nous pouvons toujours faire autre chose. »


Je n’eus pas le temps de rétorquer qu’elle projeta une autre puissance phénoménale sur moi. Je m’écroulai au sol, dans un vacarme sourd. Je me relevai péniblement, tandis que la princesse de l’espoir, qui n’en portait plus que le titre, me dévisageait en affichant un air de profond sadisme.


« Il me suffit de t’éliminer encore et encore, en t’empêchant d’accumuler le moindre pouvoir. Tu es immortel, Katsuo. Tu ne rendras jamais l’âme, mais tu vivras une existence misérable pour l’éternité.

– Tu t’éteindras bien avant moi, Erika Kurenai. Grognai-je. Tu devras me tuer pour en finir.

– Je le sais. Sourit-elle. Et je compte bien le faire. Cependant, il manque un paramètre pour que j’en sois capable.

– Te rends-tu compte qu’en me tuant, tu emporteras avec moi Lithemba, Izrath, et tous ceux qui sont maintenus en vie grâce à leur pouvoir !? »


https://www.youtube.com/watch?v=JRFWRvtrG0M


Reisuke tiqua. Exactement comme je l’avais pensé. Il ne le savait pas, que j’avais synchronisé mes pouvoirs afin que tout meure avec moi. Tout comme Yiskha, il n’avait pas été mis au courant de cette éventualité. C’était finalement ma victoire. J’allais encore une fois vaincre par ce chantage ma foi fort rentable.


« Reisuke. Tu as sauvé de la mort cette femme, Erika Kurenai. Si tu viens à me tuer définitivement, Lithemba et Izrath disparaîtront. Tu sais ce que cela implique. La princesse de l’espoir s’éteindra en même temps que moi. Et pas seulement. Toratura, Vénominaga, ainsi que tous ces êtres que tu as eu l’occasion de côtoyer lors de ton voyage en Izrath. Tous ceux qui ont offert de leur personne pour me vaincre. Le juge, le gardien des étoiles, les chevaliers nobles, la guilde ETHER d’Izrath. Tout prendra fin si tu me prends la vie. »


Une expression de stupéfaction s’afficha sur le visage de mon rejeton, qui fut bien trop abasourdi pour rétorquer quoi que ce soit. Froidement, Erika me projeta une autre décharge d’énergie visant à réduire mes pouvoirs accumulés au silence. Une fois l’onde dissipée, elle reprit la parole.


« Ne t’en fais pas, Rei-Chan. Déclara-t-elle sans se retourner vers lui. J’ai une solution pour lui prendre la vie et mettre fin à tout cela sans tuer qui que ce soit d’autre.

– Tu n’as qu’une solution. Ricanai-je. Tu devras m’enfermer de nouveau dans cette prison temporelle, me laisser reprendre des forces une nouvelle fois, et remettre à vos générations futures la tâche de se débarrasser de moi. Exactement comme l’a fait Yiskha. C’est ma victoire, princesse de l’espoir ! Je reviendrai vous détruire, encore et encore, pour l’éternité ! »


Reisuke s’approcha d’elle, mais elle refusa qu’il s’avance davantage. Son regard se voila, tandis qu’un sourire se dessina sur son visage, impossible à remarquer pour son partenaire.


« Te rappelles-tu quand tu m’as dit que nous vaincrions Zetsubô et qu’ensuite, nous réglerions nos différents personnels, Rei-Chan ?

– Oui…Murmura le jeune homme. Mais j’ai appris pendant ce combat que nos objectifs étaient finalement les mê –  »


Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Elle lui avait déjà propulsé une lame d’énergie droit dans la poitrine afin de le réduire au silence. Il s’écroula au sol, bégayant un « pourquoi ? » lâché dans une gerbe de sang. Souriante, la jeune femme se tourna vers lui, reprenant la parole avec satisfaction.


« Je suis désolée, Rei-Chan. Notre alliance se termine ici. Tu as eu ce que tu voulais, n’est-ce pas ? Tes générations futures vivront dans l’harmonie désormais. Votre projet Rising Hope est accompli, mais le mien ne fait que commencer.

– Je vois…soupira l’intéressé en se mordant la lèvre. Erika je… Sans toi je n’aurais jamais pu arriver jusqu’ici… Alors…Peu importe ton ambition… Réussis… »


Puis il s’écroula. Devant mes yeux consternés. Je lançai un regard à la princesse de l’espoir qui ne me renvoya que de la haine et de l’auto-suffisance. Ma vision se brouilla…Non. C’était impossible. Je…ne pouvais pas…


« Oh…S’amusa Erika. J’ai finalement fait pleurer Zetsubô. J’ai accompli ce que personne n’avait jamais réussi à faire jusqu’à maintenant. Alors, cela fait quoi de pleurer des personnes qui nous sont chères ? »


Je ne lui répondis même pas. Le regard plein de tristesse de mon rejeton, cette compassion qu’il éprouvait à mon égard, ce regret qu’il éprouvait à se battre contre moi… Tout me revenait en mémoire, et j’en ressentais une profonde tristesse. Ce n’était pas ce que je voulais en accomplissant tout ceci. Je voulais simplement créer une lignée qui n’aurait plus jamais à souffrir, et finalement, nous étions encore une fois en bas de l’échelle, rampant aux pieds d’une souveraine bien plus perfide que nous ne l’étions…


« C’est terminé. Katsuo. Sourit Erika. Je vais maintenant mettre à exécution l’ultime phase de mon plan. Mon projet Rising Hope commence, et tu es aux premières loges pour le voir naître. »


Pardonne-moi, Reisuke, de t’avoir condamné à souffrir…


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [20/10/2019] à 15:41

Chapitre 187: Arc Désespoir : Partie 1

https://youtu.be/IkbQ71K3n1M


Lorsque je me levai, tout était sombre, comme cela l’avait été la veille, et comme cela allait l’être demain. J’étais habitué à ce que tout ce que je connaisse ne soit fait que de pénombre, de lendemains faits de ténèbres, et de désespoir. Personne n’allait pouvoir me tirer de ce cauchemar que je vivais. J’avais tant de fois essayé de me dire que je n’étais pas la personne la plus à plaindre, mais je n’y arrivais pas. Chaque fois que j’ouvrais les yeux, je ne retrouvais pas ce que je souhaitais voir. Alors comme chaque jour, je sortis de ma couche. Comme chaque jour, je longeai les longs murs de notre château. Comme chaque jour, je cherchai dans les couloirs sombres et interminables le moindre signe de vie, mais personne ne se faisait voir. Tout le monde m’avait abandonné il y avait bien longtemps. Personne ne se préoccupait de mon existence, depuis que cette guerre infâme avait débutée.


J’étais pieds nus, foulant ce sol glacé en réprimant une grimace. Je m’avançai en suivant les torches qui étaient la seule source de lumière de nos quartiers, pour finalement déboucher sur le balconnet donnant sur notre royaume. Un empire de chaos et de destruction, respirant le sang et le soufre, la haine et la mort. Je détestais ces lieux. Je les haïssais plus que n’importe qui. Je méprisais cette fumée s’élevant dans cette civilisation en ruines, ces murs couleur écarlate que l’on retrouvait à chaque ruelle, le son de ces cris m’oppressant l’esprit. Je les condamnais tous.


Ce royaume nous appartenait. Tout du moins, « il » aimait le proclamer. Par sa seule volonté, il avait fait basculer le monde dans une ère de tourments et de chaos. Il avait à jamais marqué le croissant fertile en y faisant se dérouler moult atrocités au quotidien. Batailles répétées et meurtrières, torture, abus de faiblesse, le leader de notre groupe était un homme ne reculant devant rien pour accomplir son œuvre.


« Bonjour mon fils. Sourit l’individu aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges. »


Je l’avais rejoint sur le balconnet. Il était assis sur le rebord, scrutant d’un œil satisfait l’aurore glaciale et meurtrière. Je m’interrogeai. Comment pouvait-il rester de marbre face à une scène aussi pittoresque ? Je n’avais pas la réponse. Les ronces autour du cœur de mon père y semblaient solidement attachées. Chaque fois que j’essayais de les arracher afin de voir ce qu’il se cachait derrière, elles me blessaient avec leurs épines.


« Regarde mon fils. Reprit mon paternel en posant sa main sur mon épaule. Ceci est notre royaume. Celui sur lequel nous régnerons pour l’éternité.

– L’éternité… ? Murmurai-je, en pensant à ce que serait de vivre perpétuellement dans cette vie.

– Ce monde m’appartient, et il t’appartiendra un jour. Toi et ton frère allez régner en maîtres, et vos descendances futures vous succéderont. Garde-toi simplement de toute faiblesse. En tant que souverain, c’est à toi de montrer que tu es le plus fort, et que jamais personne ne pourra se mettre en travers de ta route. »


J’acquiesçai. Suivre les conseils de mon père était la seule manière de me sentir proche de lui. Il fallait dire que Katsuo Yamada, ou Zetsubô pour ses ennemis, était un homme très occupé. Il passait le plus clair de son temps à conquérir des contrées inconnues en rejoignant son armée du désespoir. Il partait avec mon frère, qui était de cinq ans mon ainé, et me laissait derrière, puisque j’étais selon lui trop jeune pour lui porter assistance. Douze ans, en Égypte, ce n’était pourtant pas si jeune. Mais il ne voulait rien entendre. Il me disait trop faible pour l’aider dans sa quête.


Je n’y comprenais d’ailleurs pas grand-chose, à cette quête. Tout ce que j’avais entendu de la part de mon paternel était le fait qu’il se battait pour notre lignée, notre prospérité, et que grâce à cela, personne ne nous ferait de mal. Mon frère avait très bien saisi le message, lui. Il était désormais imbibé du pouvoir de Papa, ce qui lui permit de partir à ses côtés.


Et moi, je restais dans notre château, en fixant d’un regard mort l’horizon tout aussi dénué de vie. La contrée de Lithemba, ce pays contrôlé par mon père, n’était qu’un reste de civilisation sous fond de désespoir. J’errais jour et nuit dans nos terres, en cherchant en moi la racine de ce que mon père appelait « notre héritage ».


« Mon pauvre garçon, soupira la voix compatissante de ma mère. Te voilà encore en train de ruminer sur ton sort. »


Je me retournai. Elle était la seule personne qui me comprenait, ma mère. Azalaïs. Ma première supportrice. Ma muse aux cheveux de blés et aux yeux d’océan. La présence bienveillante ayant fait serment de me protéger envers et contre tout. Je me ruai sur elle. Je pleurai. Encore, et encore. Pour seule réponse, elle me serra fort contre elle, fredonnant une comptine que j’aimais tant.


Je n’arrivais pas à comprendre. Je ne pouvais pas. Pourquoi tout autour de nous n’était que ténèbres et désolation ? Pourquoi mon père avait-il besoin de détruire toute vie autour de lui ? Ne pouvions-nous pas tout simplement vivre heureux, dans un espace bien plus étroit, mais bien plus chaleureux que ce palais glacial ? Cela me torturait. Je voulais que tout s’arrange, que les cris cessent, que les âmes ne meurent plus, et que tout le monde cesse de se battre.


Et je n’étais pas le seul à le vouloir. Ma mère partageait ce désir. Elle m’avait d’ailleurs inculqué ses valeurs, pour que je ne finisse pas comme mon frère disait-elle. Car Zacharie était animé des mêmes intentions que mon père. Il s’était abandonné au désespoir et était l’un des membres les plus puissants de l’armée de Zetsubô. Il était d’ailleurs en train de se battre. Sous les commandements de Yiskha, le bras droit du souverain des ténèbres, il menait une bataille acharnée en Égypte contre le pharaon Solaris et ses hommes.


« J’aimerais comprendre ce qui anime papa… Murmurai-je à ma mère me caressant les cheveux.

– Tu ne dois pas t’approcher du désespoir. Me répondit-elle, douce. Il y a bien longtemps que ton père n’est plus l’homme que j’ai épousé. Il a changé. Ses rêves de grandeur pour notre famille ont été absorbés pour ne laisser qu’un individu corrompu par ses propres ambitions. Ou du moins j’aime le croire. J’essaie de me convaincre que Katsuo a un jour été l’homme de valeur dont je suis tombée amoureuse.

– Pourquoi n’essaies-tu pas de le ramener à la raison ?

– C’est impossible. Une fois que le désespoir prend le dessus sur la raison, il est très difficile de le faire disparaître. Tous les soldats de l’armée de ton père sont contrôlés par ce sentiment. Ils agissent pour calmer un feu ardent brûlant dans leur coeur. Mais ce n’est jamais assez. Il faut toujours plus de violence, plus de souffrance, plus de ténèbres. »


Plus de violence, plus de souffrance, et plus de ténèbres… Il était vrai que je ne pouvais comprendre de telles ambitions. Si vraiment nous sauver était sa seule motivation, se serait-il arrêté avant d’en arriver là où nous en sommes actuellement ? Il fallait que je sache. J’avais une question à lui poser. Une interrogation me triturant l’esprit.


Mais peu importe ce que je faisais, il ne me regardait pas. Bien sûr, il n’était pas méchant avec moi. Il me souriait, me parlait, prenait ses repas avec moi, mais je sentais qu’il ne me considérait que comme le fruit de son sang, plutôt que comme une personne sur qui il pouvait compter. Je n’étais rien de plus que sa progéniture, et il remplissait seulement son devoir de père. Jamais il n’allait discuter de ce qu’il entreprenait avec moi, alors qu’avec mon frère, ils étaient complices. Ils étaient deux partenaires qui ne sortaient jamais l’un sans l’autre et qui se faisaient confiance sur le front. Le successeur de Zetsubô était déjà tout désigné. Zacharie Yamada était le prochain sur la liste, tandis que moi, j’étais voué à ne pas prendre part à ces choses.


Chaque fois que j’essayais de m’entreprendre avec lui, il y avait un prétexte m’empêchant de le faire. Intentionnel ou non, cela me faisait beaucoup de mal. Aussi, je réalisai que jamais je n’allais pouvoir parvenir à lui. Je pris alors une décision plutôt radicale. Je pris la route pour m’enfuir loin de ce château des ténèbres, en laissant derrière tout ce qui faisait de moi Reisuke Yamada.


Où me dirigeais-je ? Vers l’extérieur de Lithemba, notre royaume impénétrable pour tout ennemi. Je voulais trouver les membres de la fondation du futur, cette armée ennemie qui s’était jurée d’éradiquer Zetsubô, et les rejoindre. Je voulais me fortifier, puis m’élever en tant qu’adversaire face à mon paternel, pour qu’il daigne enfin me considérer comme autre chose qu’un enfant fragile incapable de reprendre sa lignée. Car oui, j’étais faible et impuissant. Oui, je refusais ce qu’accomplissait Katsuo Yamada. Mais malgré tout, il était mon père, et je l’aimais en tant que tel. Et si pour qu’il le comprenne, il fallait que je devienne son adversaire, alors j’étais prêt à emprunter ce chemin détourné me menant à son coeur.


Je n’eus cependant pas le temps d’arriver jusque le territoire tant attendu, mon Eldorado. Au bout de quelques semaines de marche, tout avait déjà changé. J’avais réussi à parcourir beaucoup de kilomètres, grâce aux serviteurs de Zetsubô qui me vénéraient comme sa progéniture, mais j’étais beaucoup trop lent. Entre temps, les choses avaient changé. D’après un des hommes contrôlés par notre famille, Yiskha avait soudainement changé de bord. Elle avait rejeté le désespoir de Katsuo d’un seul coup, faisant alliance avec un des gardiens les plus hauts placés d’Izrath : le protecteur de la porte reliant toutes les dimensions entre elles. Elle était devenue la leader de la fondation du futur en conséquence, ayant prêté serment de repentance à la coalition combattant mon père.


Je revins sur mes pas. Si Papa était vraiment menacé, il fallait que j’aille lui porter secours. Je n’avais encore que très peu de pouvoirs que j’avais développés durant mon voyage, mais il était de mon devoir de le faire. Ainsi, je rentrai. A la même cadence, avec la même aide qu’à l’aller. Mais pas avec la même émotion. Car plus j’avançais, plus j’apprenais de terribles nouvelles. Zacharie avait été capturé par l’empereur romain Toppolinus qui en avait fait un prisonnier de guerre, tandis que mon père, lui, perdait petit à petit tous ses meilleurs généraux. Il était de plus en plus acculé par l’armée de Yiskha et de Mordred qui rassemblaient de plus en plus de fidèles au travers des nations. Ainsi, avant même que je ne puisse rentrer dans notre château de Lithemba, j’appris la défaite de Katsuo Yamada.


Mon père n’était plus. Celui que j’essayais d’égaler n’existait désormais plus en ce monde.


Je m’écroulai, alors que je me trouvais dans le second bastion de Lithemba après nos quartiers. Si Zetsubô avait vraiment péri, alors ma fuite n’avait plus aucun sens. Pire, je portais une part de responsabilité dans sa mort. Jamais je n’allais pouvoir faire face à ma mère une nouvelle fois. Pas après l’avoir laissée seule alors que son fils était captif, et que son mari était mort.


Je décidai donc de rester dans ce bastion, en attendant que l’espoir en reprenne le contrôle. En tant que fils du désespoir, j’allais sûrement me faire exécuter, tout comme mon père. Mais je n’avais de toute façon plus aucune échappatoire. Du moins, je le croyais.


Car je me fis surprendre par un des hommes de mon père. Un de ses plus fidèles alliés lui aussi. Balthazar Sawyer, un homme fait de ténèbres aussi puissantes que celles de mon père. Il m’interpella, et m’invita à le suivre, ce que je fis sans vraiment rechigner. Il m’expliqua quelque chose d’invraisemblable qui allait changer ma vie à jamais.


« Reisuke, entama-t-il, sérieux. Il faut que je te parle de quelque chose de très important.

– Je sais, grognai-je. Papa est mort. Yiskha s’est rebellée contre lui et il s’est fait vaincre.

– Je suis ravi de savoir que tu connais la version officielle. Cela sera plus simple pour t’expliquer. Fils du désespoir, Zetsubô n’est pas mort. La version propagée par la fondation du futur est fausse.

– Comment!? M’étranglai-je. En êtes-vous certain !?

– Évidemment. Pensais-tu vraiment que ton paternel pouvait se laisser vaincre de la sorte ? Passons. Zetsubô a réussi à piéger Yiskha. Car s’il vient à mourir, Lithemba et toutes les personnes y étant prisonnières s’éteindront avec lui. Il a réussi à échapper à la mort en la tenant par ce chantage.

– Je vois…murmurai-je, la boule au ventre. Qu’est-il donc advenu de mon père ?

– Il a été emprisonné dans une prison temporelle de laquelle il ne pourra vraisemblablement jamais sortir. »


Se fichait-il de moi ? D’abord il me disait que mon père n’était pas mort, puis il enchaînait en disant que jamais il n’allait pouvoir s’extirper d’une prison temporelle. C’était finalement exactement la même chose ! Voyant que j’étais assez irrité, Sawyer reprit la parole afin de m’expliquer.


« Zetsubô est plus coriace que tu ne le crois. Il m’a laissé des instructions afin de le libérer. Et ces instructions te concernent, Reisuke. »


Je lâchai un petit cri de stupeur dont Balthazar s’amusa. Il me tendit un parchemin que je lus à haute voix, comme pour l’entendre de ma propre bouche.


« À celui qui lira ces lignes, la continuité de notre combat dépend de toi. Lorsque j’ai entrepris le projet de répandre le désespoir, j’avais une pleine confiance en ma réussite. Cependant, il fallait que je prévoie tout. Je ne voulais pas finir comme un de ces Gariatron qui pensent pouvoir tout maîtriser par orgueil, non. Je savais pertinemment que des hommes en voudraient à ma vie, et j’avais prévu l’éventualité dans laquelle ils réussiraient.


Alors j’ai disséminé une clé. Une clé capable de m’appeler parmi les hommes, où que je sois, tant que je ne suis pas mort. Si mes calculs sont justes, je serai capable d’éviter un coup fatal quoiqu’il adviendra de ce conflit, je compte donc sur toi, serviteur qui lira ces lignes, afin de me rappeler à vous pour que notre œuvre continue.


Cette clé ne se trouve nulle part en ce monde. Il est impossible de s’en approprier les propriétés. Tout simplement car il s’agit de mon sang. J’ai introduit en mon organisme un chromosome spécial, qui se transmettra pour toujours par les mâles de ma famille. Le code génétique de Lithemba. Grâce à cette donnée, le pouvoir du désespoir sera transmis sur chacune de mes générations tant qu’un garçon sera mis au monde.


C’est là mon plan ultime. Le chromosome Lithemba me fera renaître autant de fois qu’il le faut. En l’activant au milieu d’une réserve de kvantiki suffisante, un portail menant à moi sera ouvert, peu importe la distance nous séparant. »


Le parchemin était terminé. Je restai figé sur place. Avais-je vraiment en moi cette fameuse donnée pouvant sauver mon père ? Je devais m’en assurer. Il fallait que je le ramène, et que je le raisonne. Il avait déjà perdu, c’était possible pour lui de retrouver la raison.


Sawyer me mena au château de Lithemba, mais ma mère ne s’y trouvait plus. Les murs étaient encore plus froids sans sa présence. Elle était sûrement partie rechercher Zacharie, ou moi, mais cela n’avait pas d’importance. Sawyer allait me prêter son pouvoir pour que j’y puise la force de ramener mon père auprès de moi. Cependant, lorsque je pénétrai dans la salle du trône, je ressentis quelque chose de terrible.


Une douleur colossale dans la poitrine. Le feu ardent dans mon coeur, et là, le drame. Je ressentis d’un seul coup toutes les émotions négatives réfrénées depuis que j’avais l’âge de comprendre mon malheur. Je hurlai de peine et de chagrin, me laissant tomber sur les genoux, sous le poids de mon fardeau émotionnel.


Une intense lueur noire se projeta depuis mon corps, propulsant l’allié de mon père contre les parois murales. Il lâcha un hurlement de douleur qui fut comme sourd, recouvert par mon cri de martyr. L’énergie qui se dégagea de moi brisa les vitres de l’espace, avant de soulever d’un seul coup le trône qui se brisa sous la pression de ma puissance.


A ma grande surprise, je trouvai quelque chose que je n’imaginais pas jusqu’alors. Sous le trône de Zetsubô se trouvait un petit objet de forme circulaire. Comme une orbe transparente dans laquelle jaillissait une flamme mêlant bleu et violet qui se consumait perpétuellement. Sawyer se rua sur elle, mais cela me fit réagir. D’un geste de la main, sans comprendre comment je l’avais fait, je le projetai droit sur le mur, avant de me saisir de l’objet.


Il se fondit en moi à peine je l’avais touché. Et là, je pris une autre forme. Mes cheveux devinrent aussi noirs que ceux de mon père, tout comme mes yeux attrapèrent son rouge. Je ressentais tout ce que Zetsubô transmettait à ses soldats : le désespoir total imbibant le corps, les muscles, la chair, l’esprit.


Alors c’était ça, le désespoir. Je comprenais désormais le pourquoi Zetsubô se battait. Mais c’était à mes yeux une ambition fausse. Je sentais malgré tout que quelque chose clochait dans ce sentiment. Une chose manquait, et je ne savais pas quoi.


Mais chaque fois que je pensais à mon père, l’envie dans mon coeur se faisait plus prenante. Comme si mon ressentiment grandissait en même temps que cette émotion.


« Reisuke, mon fils. Me dit une voix résonnant dans ma tête. C’est donc toi qui as trouvé l’essence de mon pouvoir.

– Papa… ? Où es-tu passé ? Ce parchemin que tu as laissé, est-il vrai ?

– Tout ce que tu y as lu est véridique. Cependant, je n’ai pas la puissance requise pour revenir. Dans mon état, même si je retournai en Jidou, je me ferai vaincre une nouvelle fois. Je vais donc attendre l’heure propice afin de restaurer mon énergie. Car le désespoir est comme l’ombre. Une fois que le soleil ne veille plus, elle s’installe et gagne la totalité de l’espace. Eh bien sans surveillance, il renaîtra une nouvelle fois.

– Et si tu revenais…et que tu abandonnais ? Suggérai-je maladroitement.

– Il en est hors de question. J’ai une œuvre à accomplir, et j’y vouerai l’entièreté de mon existence. Et si je dois rester prisonnier de cette tour pendant 5000 ans, eh bien soit, j’y consens.

– Alors…que puis-je faire pour t’aider ? Repris-je, attristé.

– Retourne vivre ta vie comme tu l’as toujours vécue, et laisse-moi régler ce que je dois régler. »


Les larmes que j’essayais de retenir se mirent à couler le long de mes joues. Je refusais d’entendre cette chose une nouvelle fois. Je refusais de sombrer de nouveau dans l’indifférence. Je refusais de le laisser me repousser une autre fois.


Mon corps me répondit. Ou plutôt, l’énergie que je venais d’absorber le fit. Instinctivement, je posai mes deux mains au sol, puis elles se mirent à luire. Lorsqu’un torrent d’énergie kvantini surgit du sol, je sus alors quelles paroles réciter pour trouver le chemin vers mon bonheur.


« Je serai prisonnier avec toi si cela me permet d’attirer ton regard sur moi. Alors je vais te rejoindre, Zetsubô. Je dis adieu à ce monde et à tout ce que j’y ai connu. Je me scelle au même titre que tu l’as été, et ensemble, nous trouverons un chemin. J’en appelle au pouvoir de Lithemba ! Xhuma Ixesha !! »


Mon corps disparut instantanément de l’espace dans lequel je me trouvai, laissant Balthazar derrière moi.


Lorsque je rouvris les yeux, j’étais prisonnier de cette fameuse tour. Mais à ma grande surprise, Zetsubô n’y était pas. Je n’avais pas atterri à ses côtés. J’étais simplement présent dans un espace de solitude, étroit et comme figé dans le temps. J’avais d’ailleurs rajeuni, ayant désormais le corps d’un enfant de sept ou huit ans. Je ne savais pas vraiment ce que cela impliquait, mais une chose était certaine, j’avais fait une erreur en me lançant dans ce pari.


Les jours passèrent, puis les semaines, les mois, les années, les décennies, et les siècles. J’étais toujours figé dans le temps, attendant la main de mon père qui viendrait me délivrer de cet ennui mortel et cette solitude. Je criais en boucle le nom de Zetsubô, comme si cela suffirait à l’invoquer, puis je me maudissais pour avoir été si faible, pour ne pas avoir compris le désespoir, pour avoir écouté ma mère, et avoir été impuissant face à sa chute. Et maintenant, je n’étais plus d’aucun secours pour lui, et jamais plus il ne me regarderait.


«  Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! Zetsubô !! »


Je perdais la raison, petit à petit. Le désespoir abolissait mon discernement, me laissant devenir une coquille vidée de toute rationalité. Je sentais mon propre esprit m’échapper au fur et à mesure des secondes, comme si la solitude et l’ennui me dictaient une nouvelle conduite. Je me métamorphosais, consumé par le noyau du pouvoir de Zetsubô sommeillant en moi.


Puis un jour, je fus expulsé sans préavis de cette prison. J’avais atterri dans un univers bien différent de celui que j’avais laissé derrière moi. Il y avait de la verdure, et de la lumière. Le ciel était bleu, le soleil éclatant, et le vent rafraîchissant. Mon premier réflexe fut d’inspirer une bouffée d’oxygène que je n’avais pas respiré depuis des lustres. Puis je me ressaisis. Pourquoi étais-je présent ici ? Je n’en savais rien. Pourtant, quelque chose en moi réagit. Le pouvoir de Zetsubô m’appelait à une mission. Ainsi, je me dirigeai dans un endroit étrange. Une espèce d’allée dans laquelle étaient alignées des sortes de cases en briques surplombées de triangles. Des gens allaient et venaient dans ces cases, en insérant un espèce de bout de métal et en le tournant. C’était bien singulier. Ces gens étaient bizarres, et leur chose encore plus. Jamais je n’avais vu ça en Lithemba.


Une femme sortit de l’une de ces cases, le regard empli de détermination. Une belle femme aux yeux bleus et aux longs cheveux noirs. Mon coeur rata un battement. Elle était le portrait craché de ma mère, à l’exception près que ses cheveux étaient comme ceux de mon père. Elle portait une longue robe similaire à ce que l’on pouvait trouver sur les places de Lithemba un jour de fête. Un vêtement rouge saisissant mettant en valeur son teint mat.


Je voulus la suivre, mais le pouvoir me le dicta autrement. À la place, il me fit pénétrer la maison de laquelle elle était sortie. J’inspectai les lieux, ne sachant pas ce que j’allais y trouver. Je découvris des tas de choses étranges qui ne me disaient rien. Mais alors que je me posais des tas de questions, j’entendis quelqu’un entrer. Une voix enfantine qui cria un « Papa, Maman, je suis rentré ! ». Je me cachai, le laissant pénétrer l’espace, avant de courir dans les escaliers le menant à l’étage. Furtivement, je le suivis.


Il s’était arrêté, net. A ma grande surprise, il faisait face à un spectacle bien singulier. Ceux qui semblaient être ses parents gisaient dans une mare de sang, face contre terre, devant leur couche. Ils avaient été assassinés. L’enfant, lui, resta comme paralysé par la peur.


Je poussai un cri de surprise, il me notifia, et lorsqu’il se tourna vers moi, nous eûmes le même blocage.

Il me ressemblait. Ou je lui ressemblais, comme deux gouttes d’eau. Lui et moi étions les mêmes. Seule la couleur de mes cheveux et de mes yeux, moi qui étais altéré par ce désespoir légué par mon père, nous différenciait. Comment était-ce possible ? Quelles étaient les probabilités ? Était-ce un rêve ?


Lithemba me disait que non. Tout cela n’était pas un rêve. Je compris alors ce qu’il en résultait, tout du moins, je le croyais. Je fronçai les sourcils, laissant l’entièreté de mon désespoir prendre le contrôle. Les yeux luisant de haine, je générai mon tout premier sort : une lame Ishitunzi qui se matérialisa dans ma main droite, avant de froidement lacérer l’enfant qui se trouvait devant moi.


Il se tordit de douleur, tandis que son sang se répandit jusqu’à se mélanger avec celui de ses parents. Il m’implorait à l’aide, celui qui possédait mon visage, mais je ne lui donnai pas ce qu’il attendait de moi.


« Je suis désolé. Déclarai-je froidement. Si je veux que papa regarde en ma direction, il faut que je continue son œuvre. Alors je vais prendre ta place, et régner sur ce monde en ton nom, Yamada Reisuke. »


Il bégaya quelques mots, avant de finalement rendre l’âme.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [20/10/2019] à 18:16

Chapitre 188: Arc Désespoir, Partie 2


https://www.youtube.com/watch?v=KjlTmJQsceY


Son souffle ne l’animait plus. Ce garçon était mort. Je ricanai, avant d’éclater de rire. Le destin faisait très bien les choses. Grâce à lui, j’allais pouvoir renaître en tant qu’un autre aux yeux du monde, et accomplir l’oeuvre de Zetsubô afin de gagner son amour. Tout était parfait. Le désespoir était la voie à suivre. Je n’avais plus qu’à suivre le cours du temps, gagner en puissance, et libérer mon père.


Mais il fallait d’abord que je me débarrasse du corps de mon bouc émissaire. Je déclenchai donc les pouvoirs du désespoir qui m’avaient été confiés afin de le faire, mais contre toute attente, il disparut sous mes yeux.

Quelque chose venait de pénétrer en moi. Quoi ? Je n’en savais rien. Pourtant, cette chose se faisait de plus en plus violente, de plus en plus oppressante, jusqu’à me tourmenter de l’intérieur.


Mes cheveux reprirent une couleur marron, tandis que mes yeux rouges redevinrent verts. Comment était-ce possible ? Le pouvoir de Zetsubô me quittait-il si facilement ? Après ces millénaires enfermés dans cette prison, je perdais tout en quelques minutes ? Il m’était impossible de renoncer.

Une voix résonna dans mon esprit, comme pour me défier.


« Je ne te laisserai pas tuer Hiroki. Dit la voix enfantine mais ferme. Je t’arrêterai, Reisuke. »


Je me figeai. Mon corps fut paralysé par la douleur. Il n’était pas mort. D’une manière ou d’une autre, en le tuant, j’avais provoqué une fusion de nos existences. Était-ce parce que nous partagions le même visage, la même couleur de cheveux, d’yeux, et le même nom ? Dans tous les cas, je venais de créer quelque chose que jamais je n’aurais cru possible : deux âmes habitaient désormais un même corps, le mien.


Je fixai les parents de celui que je venais de tuer, et je ressentis malgré moi une émotion intense. C’était lui qui était triste, pas moi. Pourtant, je restais figé devant ce spectacle, et l’arrivée d’un autre garçon plus vieux que moi, ayant lui les cheveux noirs et les yeux bleus, n’arrangea rien.


C’était lui, ce fameux Hiroki sur lequel je ne devais pas lever la main. Celui qui avait permis à cet enfant de persister à vouloir prendre possession de mon corps. Eh bien soit, j’allais effacer cet individu de ma mémoire, de notre mémoire, afin que la seule motivation de ce gamin disparaisse en même temps que son existence.


Mais même si j’avais orchestré ce coup de maître, cela ne suffisait pas. Une autre existence vint perturber mes plans. Une fillette blonde aux yeux pétillants et au sourire facile. A force de l’avoir cotoyée, Reisuke Yamada prit le dessus sur moi. Sa personnalité devint celle qui dominait sur la mienne, et rapidement, je ne devins qu’un pauvre spectateur de cette réalité absurde, me laissant ruminer encore plus, et gagner en désespoir.


Les années passèrent. J’étais prisonnier de mon propre corps, attendant le moment propice afin de reprendre le dessus. J’avais parfois des moments où je pouvais me manifester, mais c’était bref et cela ne laissait pas d’impact sur le garçon devenu un jeune homme. Tout ce que je pouvais faire, c’était répandre en lui le désespoir. Lui faire ressentir tout ce que je ressentais : le sentiment d’impuissance, de faiblesse, de dévalorisation. Toutes ces émotions étaient les miennes, et j’allais tout faire pour les lui imposer. Je ne voulais pas qu’il gagne confiance en lui, qu’il prenne des initiatives, puisque je guettais le moment propice pour reprendre mon corps et vaincre au nom de Zetsubô.


Je guettais le moindre signe de faiblesse de sa part, et je tenais éloigné celui qui semblait être son frère. Je ne voulais pas que cet Hiroki ne renforce le courage et la détermination de Reisuke, puisque cela scellerait à jamais mon retour.


Je réussis à continuer d’exister tout ce temps, et cela me mena jusqu’à cette fameuse histoire, lorsque Toratura la princesse des serpents se manifesta pour la première fois, et que débuta alors le périple de Reisuke et Erika.


L’occasion me fut présentée. Je repris le contrôle avec l’aval de Reisuke. Il me libéra de son propre chef, en pensant que Draekort qu’il gardait en lui, était issu de ma volonté, et lorsqu’il rencontra mon père, je me découvris même la faculté de l’enfermer dans Lithemba. C’était parfait, absolument parfait. Plus rien ne pouvait arrêter ma quête. Certainement pas Erika, ni Hakaze, qui s’acharnaient à entraver ma route, mais qui n’avaient finalement pas assez de puissance. J’étais inarrêtable.


Et pourtant, au-delà du temps, il était revenu. Il était apparu de nulle part, avec la ferme intention de me détruire. Il voulait absolument mettre terme à ces ambitions construites à la sueur de mon front, après des millénaires de désespoir dans cette prison insensée. Il voulait que j’échoue dans ma quête de désespoir. Il voulait me séparer de mon père, m’empêcher d’obtenir son aval. Alors non, je n’allais pas le laisser faire. Maintenant que Reisuke Yamada avait disparu, Thymeos était libre de réaliser ses rêves les plus fous. J’allais régner en maître, et accueillir mon père dans mon royaume, dans son royaume.


Mais il ne lâchait pas. Il voulait délivrer son frère, peu importe le prix que cela allait lui coûter. J’avais fait tomber Hakaze, sa chère et tendre, mais cela ne lui suffisait pas. Au contraire, il débordait d’amour envers lui. J’étais agacé. Si agacé que ce qui était un combat pour mon père devenait une affaire personnelle. J’étais terriblement jaloux de cette affection qui liait Hiroki à son frère. Terriblement envieux de l’amour que lui portait Reisuke en retour, lui qui avait survécu uniquement pour m’empêcher de lui faire du mal. Alors je voulus pousser ce « grand-frère » dans ses retranchements, le maudire, le violenter, attenter à sa vie, et détruire tout ce qu’il possède.


Mais ce fut vain. Chaque fois que je lui posai un obstacle, il revenait plus fort qu’il n’était parti, pour finalement refuser de lever la main sur son frère. Cela eut pour effet de faire gagner Reisuke en puissance. Il se défit de Lithemba duquel il était prisonnier, pour finalement me vaincre une bonne fois pour toutes. Mais ce n’était pas la fin. Ainsi, j’attentai à la vie de Hiroki grâce au pouvoir du désespoir, non pas pour garantir que j’allais avoir le contrôle, mais surtout pour faire payer à ces deux jeunes hommes l’amour que je n’avais pas reçu.


Je restai dans le corps de Reisuke, commentant avec moquerie le désespoir auquel il faisait face. Lorsqu’il prit la résolution de sauver son frère, je n’aspirais qu’à une chose : faire en sorte qu’il échoue, pour ensuite gagner définitivement le contrôle de cette enveloppe qui était la mienne. Alors je l’épiais, je le dévalorisais ouvertement, et même s’il semblait m’ignorer, cela le touchait. J’attendais que mon opportunité vienne, et elle arriva.


« Nous sommes des ombres. Lâchai-je, alors que grâce à Metaion, je pouvais prendre ma revanche face à Reisuke. Nous sommes les pensées les plus secrètes et les plus inavouables de vos cœurs. Vos désirs refoulés sont notre raison de vivre, et votre colère est notre manière de penser. Cela fait un bail, Reisuke, n’est-ce pas ? »


Il me dévisagea comme si c’était de ma faute, alors que cette enveloppe était la mienne. La disgrâce me concernait, moi qui devais rester un amas d’ombre sans hôte simplement pour prendre ma revanche… Mais cela me satisfaisait. Derrière cet objectif résidait le sort de son frère, et je n’allais certainement pas lui permettre de vivre heureux. Il m’était impossible d’accepter qu’il puisse aimer de nouveau cette partie de lui, alors que moi j’étais condamné à rester seul et ne jamais entendre la satisfaction de mon père à mon égard.


https://www.youtube.com/watch?v=IrD5Ithd5Hc


Ainsi je me battis contre lui, et malheureusement pour moi, j’étais trop faible. Metaion était bien trop sadique. Il ne m’avait laissé qu’une quantité limitée de pouvoirs, et cela se ressentit vite. J’étais un outil. Un jouet utilisé pour tester cette existence misérable. Il m’avait assisté grâce à son pouvoir uniquement pour me reprendre mes pouvoirs et mon existence une fois qu’il n’allait plus en avoir besoin, et j’allais me faire désintégrer par sa main comme un vulgaire insecte.


« Je vois. Soupira le maître du temps. Je suppose que je t’ai sous-estimé. Mais cette réflexion ne fera pas de toi un innocent pour autant. Cependant, Thymeos, il est temps pour toi de tirer ta révérence. Je n’ai plus besoin de toi étant donné que ce jeune homme a trouvé comment contourner notre manège. Adieu, misérable vermine.

– Quoi !? M’exclamai-je. Mais non ! Je peux encore… ! Pitié Metaion laissez-moi une chance !! »


Il n’écouta pas mes supplications. Je devins rapidement silencieux, ne pouvant plus rien articuler, tant la douleur était forte. J’allais disparaître, de la main d’un larbin du cycle du temps. Quelle disgrâce. Cet amour filial m’avait vaincu, réduit à cette condition, au silence éternel.


Je lançai un dernier regard à Reisuke, avant de tout simplement me résigner à mon sort. Mais alors que j’allais me faire désintégrer, je le vis se ruer vers moi. Il se jeta vers moi de toutes ses forces en me tendant la main, et lorsqu’il me toucha, il m’absorba totalement.


« Pourquoi as-tu fait ça ? Bégayai-je en lui, abasourdi. Pourquoi m’as-tu sauvé !!?

– Pourquoi ? J'imagine que voir une personne de plus disparaître sous mes yeux était une étape trop difficile pour moi.

– Mais je t’ai tué, Reisuke ! Je suis celui qui a pris ta vie et celle de ton frère !!

– Depuis le début de mon voyage avec Erika et Jessica, Thymeos est une partie de moi, répondit-il à Metaion, me laissant deviner qu’il ne m’entendait pas. Ai-je pour autant fait du mal depuis qu’il est là ? Non. Thymeos est aussi impuissant que je ne l'étais. Il avait raison, j'avais raison. Il souffre autant que moi, et il cherche l’espoir lui aussi. »


L’espoir… ? Je cherchais l’espoir ? Amusant. Je n’avais pas entendu ces mots depuis des millénaires. Ils appartenaient à ma mère. Et ce garçon que j’avais tué, à qui j’avais empoisonné la vie tout ce temps, et qui en était arrivé là à cause de moi, il me disait de garder espoir ?


https://www.youtube.com/watch?v=0yURnPCLYFk


Mais comment avais-je pu être aussi aveugle tout ce temps ? Comment avais-je pu être aussi stupide ?





Je repris connaissance dans l’espace de bataille entre Zetsubô, Reisuke, et Erika. Cette dernière me lança un regard complice, affichant un sourire en coin face aux évènements. Calmement, je repris la parole depuis la première fois dans mon corps, celui qui m’avait été volé par ce jeune homme.


« Après que Reisuke m’a sauvé, j’ai décidé de lui laisser le contrôle total. J’ai fait de mon mieux pour lui donner la force d’agir par lui-même, l’assurance requise pour s’épanouir en tant qu’homme, et je le contemplais, lui qui avais réussi là où j’avais échoué.

– Lorsque Rei-Chan a tenté de se donner la mort pour me sauver, enchaîna miss Kurenai, ce fut Thymeos qui se releva à sa place. J’en ai donc déduit qu’il fallait qu’il soit inconscient pour s’entretenir ensemble. C’est après ton intervention que l’on a pu discuter, Zetsubô.

– J’ai alors raconté à miss Kurenai ce qui m’animait, et nous avons décidé de faire équipe. J’ai passé un contrat d’Izrath avec Toratura, ce qui m’a permis de continuer à m’entretenir avec sa propriétaire lorsque Reisuke a repris conscience. Moi et la princesse de l’espoir sommes alliés depuis ce temps, puisque ses ambitions allaient dans mon sens.

– Dans ton sens… ? Reprit mon père, agacé. Est-ce ce que tu appelles en ton sens !? Me réduire au silence de la sorte !? »


Je m’approchai de lui, sous l’oeil bienveillant de la princesse de l’espoir. Lorsque je fus arrivé, il était couché, et moi debout face à lui. Je m’accroupis afin d’arriver à sa hauteur, et lorsque ce fut le cas, je pris son visage dans ma main afin de le regarder dans les yeux.


« Je suis venu te rendre espoir, et t’arrêter une bonne fois pour toutes, Papa.

– Thymé…Reisuke ? S’exclama Zetsubô qui venait de réaliser que je disais la stricte vérité. Comment as-tu… ?

– Aucune importance. Souris-je. Si j’ai échoué dans le passé, c’est que je n’ai pas compris le pourquoi tu te battais. Cinq millénaires ont passé, et j’ai pu découvrir des tas d’émotions en allouant mon corps à celui de ton descendant. Finalement, j’ai compris. Papa, regarde ta descendance. Ils ont survécu à la fondation du futur, à la guerre, à tes créatures, aux tourments que tu leur as causés. Ils sont venus se battre contre toi, ils étaient prêts à donner leur vie pour te vaincre, et ils ont réussi à te mettre dans cet état. Et ils ont même trouvé le temps de te donner une descendance dans tout ça. Je pense que tu peux leur faire confiance pour la suite, jamais plus ils ne souffriront en vain.

– Reisuke…murmura mon père. As-tu toujours été si tendre avec moi ?

– Je t’ai suivi dans le temps pour te dire que je t’aime, simplement car je n’avais pas le courage de te le dire en face, Papa. »


Ma poitrine luisit d’un éclat intense, un éclat aux couleurs de Lithemba. J’étais en paix totale. Arrivé à la fin d’un périple qui n’avait que trop duré.


« C’est la fin, Papa. J’ai en moi le cœur de ton pouvoir, et c’est ce même cœur que je vais utiliser pour mettre fin à tes jours. Partons ensemble de ce monde, afin de payer le tribut de notre égarement.

– Mais…murmura Zetsubô. Tu sais que même moi, je ne peux pas annuler le procédé qui entraînera Izrath avec moi.

– J’en porterai la responsabilité. Chacun de nous paiera pour ses crimes en temps voulu. Pour le moment, j’aspire juste à ce que notre lignée puisse enfin vivre en paix. »


Une spirale luminescente nous entoura Zetsubô et moi. Il s’éleva avec moi, tandis que me détachai du corps de Reisuke qui reprit alors ses esprits, me fixant, interloqué. Tandis que nous attrapions tous les deux la couleur du vortex d’espoir, je m’adressai une dernière fois à la nouvelle génération.


« Reisuke Yamada. Entamai-je, serein. Je te fais cadeau de cette enveloppe charnelle. Ce n’est qu’une maigre consolation après tout ce que je t’ai fait subir, mais jamais je n’oublierai ce geste que tu as fait pour préserver ma vie, alors que j’avais attenté à la tienne. Grâce à toi, j’ai compris ce qu’était l’espoir.

– Thymeos…murmura-t-il.

– Quant à vous miss Kurenai. Poursuis-je. Peut-être aurons nous très vite l’occasion de continuer notre conversation, je laisse cette décision au seigneur du ciel. »


Elle ne me répondit pas, mais je lisais en ses yeux qu’elle avait compris de quoi je voulais parler. Ainsi, sans les quitter des yeux, je laissai le coeur de Zetsubô m’emporter de plus en plus haut, jusqu’à me recouvrir totalement.


« Reisuke. M’interrompit la voix de mon père, me faisant me tourner vers lui. »


Et là, contre toute attente, Zetsubô me souriait. D’un air dénué de ténèbres, comme s’il avait repris ses esprits. Non, il n’avait jamais perdu ses esprits. Il n’avait jamais été possédé par quoi que ce soit, tout le mal qu’il avait fait… visait vraiment à nous protéger, nous, ses enfants.


« Je suis fier de toi. »


Mes yeux s’écarquillèrent et je pleurai. Il me prit dans ses bras, et ensemble nous nous laissâmes emporter par cet ultime appel au ciel, laissant à notre nouvelle génération le soin de gérer la suite des opérations…


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [22/10/2019] à 01:24

Chapitre 189: La dernière Shungite

https://www.youtube.com/watch?v=DKiMtdKOP1A


J’avais échoué. Échoué à protéger mon disciple du danger auquel il faisait face. Échoué à repousser les couardises de Zetsubô. Échoué à tenir ma promesse de pourfendre tout être qui aurait voulu faire du mal à la descendance de dame Mélissa. Je n’étais plus un chevalier digne de porter ce titre. Je n’étais qu’un couard tâché par la vergogne. Honteusement traîné dans la merdaille. Tous pouvaient se dégengler de ma personne, c’était bien pire que le trépas à mes yeux.


Mais l’heure n’était pas à la jactance. Je devais trouver une solution pour que mon jouvenceau puisse m’odir une dernière fois. Car oui, tristeusement pour lui, Izrath était sur le point de disparaître, emportant avec lui chacun de ses êtres, dont ma personne.


Mais je n’étais point triste, ni trouillard. Zetsubô était vaincu, et la paix du royaume rétablie une bonne fois pour toutes. Il n’en fallait point plus pour me satisfaire. Nous allons être joilés en héros dans le royaume des cieux, plutôt que rester vivants à boire la vinasse de la défaite. La mortaille n’était pas une fatalité pour nous, les Izrathiens. Certains d’entre nous n’attendaient que ça, de pouvoir mettre fin à cette éternité. Et pour les autres, ils allaient se faire une raison à leur tour.


Messire Reisuke, ainsi que sa damoiselle Erika, se trouvaient encore dans le castel du désespoir. Et moi, j’y étais resté également. Depuis ma défaite, ils étaient incapable de me percevoir ou de m’odir. Je n’étais plus qu’un piètre spectateur, aux premières loges de la mésaventure du désespoir.


« Il faut nous dépêcher, Rei-Chan, lui dit Erika, pressante. Il ne reste plus beaucoup de temps. Soignons vite Laïla et Hiroki avant que Lithemba ne disparaisse.

– Lithemba… Disparaître… bégaya l’intéressé, encore chamboulé par la situation. Erika… Que se passe-t-il vraiment ?

– Je t’expliquerai une fois que l’on aura remis tes frères et sœurs sur pied. »


La damoiselle aux longs cheveux en parchemin tira le jouvenceau par la main pour l’entraîner sur son chemin. Ils arrivèrent au chevet de mes deux camarades de bataille. En premier lieu, ils constatèrent qu’ils respiraient encore. La blondasse poussa un soupir de soulagement. Elle se saisit de la main de son amoureux, avant de reprendre, sérieuse.


« Utilise le pouvoir de Lithemba pour les soigner. Dans l’état actuel des choses, cela ne sera je pense pas assez puissant pour les guérir totalement de leurs blessures, mais cela les fera reprendre connaissance.

– Ok… murmura le jeune garçon. »


Et il actionna ses pouvoirs au-dessus de son frère, puis de sa sœur. Il ne fallut que quelques secondes pour qu’ils reprennent connaissance. Cela fit chaud à ce petit coeur de moi. Mon jouvenceau et la géniture de ma chère et tendre étaient sains et saufs. C’était là l’ultime consolation pour mon petit coeur meurtri par cette tristesse.


« Qu’est-ce que…murmura la femme aux cheveux noirs, en ouvrant les yeux. Tout est si calme…

– Nous avons gagné, Laïla. Sourit Erika. Zetsubô est vaincu, une bonne fois pour toutes. Une nouvelle vie démarre pour l’humanité, et pour vous tous. »


Des larmes coulèrent le long des joues de ma dame du lac. Lançant un regard à moitié vide vers ses frères, elle bégaya quelques syllabes inaudibles avant de se jeter sur eux pour les étreindre, lâchant un cri de soulagement qui me fendit le coeur. Pourtant, tout n’était pas encore terminé, et Reisuke l’avait compris. Il se défit de l’étreinte de sa sœur après lui avoir laissé quelques minutes, se dirigeant vers Erika qui s’était sciemment mise en retrait.


« Explique-moi maintenant. Lâcha-t-il, montrant qu’il avait repris tous ses esprits. Tu as apparemment orchestré ce plan depuis un moment déjà, tu nous as tous trahi tour à tour, puis tu nous as montré que tu étais notre alliée, pour nous trahir de nouveau. Puis tu me tues, et là, je peux de nouveau te parler, car je ne suis pas mort. Erika…qui es-tu, au juste ? »


La princesse de l’espoir marqua une pause, regardant avec amour celui qu’elle appelait « Rei-Chan ». Elle lança aussi un œil plein de satisfaction à ses frères et sœurs, qui attendaient eux aussi les fameuses explications. Lorsqu’elle prit la parole, ce fut d’une voix sereine, calme, et imperturbable.


« Je vous présente à tous mes plus plates excuses. Dit-elle en se prosternant. J’ai dû accomplir des tas de choses, avec ou sans votre consentement, pour arriver à mes objectifs. Mais il est vrai que je vous dois la vérité. »


Elle prit une grande inspiration.


« Je suis la princesse de l’espoir. Descendante du roi d’Australie ayant pleins pouvoirs sur ce pays, et l’Océanie en général. J’ai depuis ma tendre enfance été élevée dans le but de reprendre le flambeau. Seulement, ma tante m’a soustraite à mon éducation. Pour préserver mon enfance, mon innocence, elle s’est enfuie en m’emportant avec elle. Elle voulait prendre avec elle ma sœur, Ren, mais cette dernière était bien trop accrochée aux principes de mes parents. Ils avaient une emprise totale sur elle.

– Erika…murmura ma dame, qui savait pertinemment cette partie de l’histoire.

– Cependant, malgré tout, je savais jusqu’où pouvaient aller mes parents. J’ai vécu une enfance normale aux côtés de Rei-Chan, et de Laïla que je fréquentais à mes heures perdues, mais une fois dans l’adolescence, j’ai compris des choses. J’avais des responsabilités que je ne connaissais pas, et mes parents me l’avaient rappelé, en m’envoyant un des membres de la fondation du futur me mettre en garde.

– Te mettre en garde ? Souligna Hiroki, perplexe.

– Ils m’ont rappelé que quoi qu’il arrivait, Ren était avec eux. C’était une manière de préciser qu’ils avaient toujours un œil sur moi, et qu’au moindre faux pas, c’était ma sœur la plus jeune qui paierait le prix de mes échecs.

– Alors tu as choisi Ren plutôt que nous… Reprit Laïla, compatissante.

– Pas exactement. Je ne pouvais pas abandonner ma sœur, c’était une chose impossible. Mais je ne pouvais pas non plus trahir votre confiance à vous. Toi, Laïla, qui depuis mon plus jeune âge m’a appris des tas de choses, Hiroki, qui a toujours été là pour me guider, et Rei-Chan, de qui j’ai toujours été amoureuse. Alors j’ai décidé de jouer le jeu de mes parents. S’ils voulaient vraiment que je vous trahisse pour m’approprier votre pouvoir, et devenir la prochaine souveraine à la place de Zetsubô, j’allais le faire sous leurs yeux.

– Devenir la prochaine Zetsubô ? L’interpella Reisuke. Leur but n’était-il pas de nous détruire ? »


La princesse de l’espoir lui répondit d’un signe de tête négatif.


« Ils ont toujours su que vous étiez là. Tout a basculé lorsque Ren a pris le pouvoir dans la fondation du futur. Elle était persuadée que l’organisation allait rétablir la paix en vous tuant, comme l’était son but initial, et elle a agit pour la paix dans le monde. Mais elle était manipulée. Mes parents voulaient trouver un moyen de vous ramener à eux vivants, sans que vous sachiez pour votre héritage, et c’était moi qui étais chargée de le faire. Grâce à votre pouvoir, sans que vous n’êtes au courant, je devais réveiller Zetsubô, et le vaincre grâce à mes pouvoirs. »


Ce fut également une découverte pour moi. Entendre l’entière histoire de la princesse de l’espoir faisait battre la chamade à ce petit coeur de moi. Ce premier jour où j’avais livré bataille face à Reisuke me revenait en mémoire, me laissant constater qu’une longue période avait passé depuis notre rencontre…

Je me surpris à pleurer comme un couard, comme un pauvre gueux se laissant aller à la tristesse. Ces quatre-là m’étaient si chers que j’aurais été à la mortaille sans hésiter pour leur donner le sourire.


« Alors j’ai suivi leur plan d’apparence, même si au fond je n’avais qu’un seul objectif : vaincre Zetsubô une fois pour toutes, et mettre fin à cet héritage familial porté par vous, notre famille, et celle de Jessica.

– Erika…murmura Reisuke, troublé par ce discours.

– J’ai du tous vous trahir, conformément à la requête de mes parents. J’étais sous leur coupelle d’apparence, mais au fond, j’attendais l’instant propice pour pouvoir mettre fin à cette folie. J’ai finalement rencontré Thymeos qui possédait en lui une motivation qui allait dans le sens de mon objectif, et grâce à son aide j’ai pu arriver à mes fins. »


https://www.youtube.com/watch?v=IrD5Ithd5Hc

A peine eut-elle terminé cette phrase qu’elle tomba sur les genoux, nette. Reisuke se jeta sur elle afin de la prendre dans ses bras, par réflexe. Il cria son nom, comme s’il savait ce qu’il allait arriver, devant les regards abasourdis de ses frères et sœurs.


« Erika ! Cria-t-il, à la fois surpris et apeuré.

– Ceci est ma dernière trahison, Rei-Chan. Reprit-elle comme si de rien n’était. Lorsque Zetsubô a scellé ses pouvoirs, j’ai compris qu’il m’allait être impossible de servir mon objectif sans entraîner des conséquences irréversibles pour ma vie. Mais si je reculais à ce stade, rien n’allait jamais finir. Ce cycle n’aurait jamais pris fin, et vous n’auriez jamais trouvé l’espoir. »


Ce que je vis me surprit. Le corps de la princesse de l’espoir perdait peu à peu toute sa couleur. Comme s’il était progressivement vidé de son essence elle-même. Reisuke le constata, ses frères et sœurs également. Tous se rassemblèrent autour de l’intéressée, sans succès. Erika repoussa même mon jouvenceau qui avait sorti une shungite pour l’aider.


« Ce n’est pas la peine. Lithemba et Izrath disparaissent progressivement, et moi, je suis maintenue en vie par le pouvoir de Rei-Chan. Lorsque la dernière once du désespoir sera évaporée, je partirai avec elle.

– Erika je – !

– Écoute-moi, Rei-Chan. J’ai encore des choses à te dire avant de partir définitivement. Je savais que si tu faisais face à un dilemme mettant Izrath en jeu, tu ne m’aurais pas sacrifiée, alors j’ai pris les devants. Tu m’excuseras à Jessica. Elle a vu mes projets, et a tenté de me vaincre, mais je ne voulais pas mettre son sort en jeu. »


Sa respiration devint saccadée. Elle suffoquait. Elle s’agrippa à la manche de son âme sœur dont les larmes coulaient d’ores et déjà. Sans se laisser perturber, elle rassembla ses forces, afin de reprendre la parole, pour dire tout ce qu’elle avait sur le coeur.


« Shinji sera en sécurité jusqu’à ce que vous puissiez le mettre au monde, souffla-t-elle, j’ai pris toutes mes dispositions pour assurer sa sécurité. Rei-Chan, tu dois vivre, et m’oublier. Jessica sera là pour t’aider. Notre fils a besoin d’un père, et ce père, c’est toi. Donne-lui une existence loin de tous ces concepts d’espoir et de désespoir. Une vie dans laquelle il n’entendra ni fondation du futur, ni Zetsubô. Vivez une vie heureuse, c’est tout ce que je vous demande. »


Je commençai à me sentir faible, moi aussi. Je sentais qu’Izrath perdait de plus en plus de présence, jusqu’à s’éteindre définitivement. Il fallait que je rentre, que je parle une dernière fois à Astaris, mais j’en étais incapable. Ma place était ici, à les regarder, tandis qu’Erika Kurenai faisait part de ces dernières recommandations avant de nous suivre dans l’ultime trépas.


« Rei…suke, bégaya la jeune fille, grimaçant sous l’effet de la douleur. Jamais je n’aurais pu aimer quelqu’un autant que je t’ai aimé, mais tu n’étais pas la seule personne pour qui je le faisais. Au-delà de vouloir assurer ton bonheur, celui de Ren était bien plus important.

– Je comprends, soupira l’intéressé, entre deux coulées de larmes. Erika, je –

– Accorde-moi un dernier souhait. Je ne peux pas le lui dire en face, puisque le temps ne me le permets pas… Mais dis ceci à Ren de ma part : « J’ai tenu ma promesse. Tu es libre de cette vie que l’on nous a imposée. Maintenant, vis pour toi et sois heureuse, ma sœur. ». Et dis lui que je l’aime…

Car…

Tout ça…

C’était pour…

Ren… »


Le prénom de sa sœur fut le dernier mot qu’elle prononça. Elle ferma les yeux, restant figée dans le temps qui venait de lui prendre la vie. Erika n’était plus, elle avait rendu son dernier souffle en même temps que les pouvoirs de Reisuke s’étaient éteints.


L’intéressé la prit dans ses bras, lui criant encore et encore combien il l’aimait, combien il était désolé de ne pas avoir deviné ses intentions, comment il se sentait coupable de ne l’avoir jamais aidée à trouver une autre solution. Il l’implorait de revenir, mais c’était impossible, et il le savait. Pourtant, il hurlait sans relâche, tandis que Hiroki et Laïla de leur côté ne purent s’empêcher de le rejoindre dans sa peine.


Elle était là, la descendance de Zetsubô, dans un geste meurtrissant. Ils pleuraient tous l’incarnation de cette émotion qui les avait oppressé toute leur vie. Laïla qui détestait l’espoir ne put s’empêcher de pleurer sa mort, tandis que Hiroki qui l’avait toujours chéri semblait comme vidé une fois qu’il avait disparu. Les deux restèrent à genoux, le regard perdu dans le vide, tandis que le plus jeune caressait tendrement la chevelure de la défunte, contemplant de ses yeux meurtri le corps de celle qui avait tant fait pour lui.


« J’aurais voulu te dire que je t’aimais, murmura-t-il, mais je n’ai pas eu le temps… Alors, merci, Erika. Merci pour tout ce que tu as fait. Grâce à toi, mes neveux, ma fille, notre fils, ils grandiront tous sans que jamais personne ne porte atteinte à leur vie. »


Quelques minutes passèrent. Les frères et sœurs se recueillirent sur le corps de leur amie qu’ils avaient convenablement disposé devant eux. Elle affichait une expression paisible : le visage d’une guerrière ayant connu le triomphe et s’étant éteinte sans le moindre regret. Pour ma part, je savais que ma fin était proche. Izrath avait disparu à 40 %. Le désert citrine s’était évaporé, emportant avec lui tous les reptiles. La clairière améthys et sa guilde, Yume-Nikki s’était éteinte, et peu à peu, le néant aller gagner le sanctuaire céleste. Que se disait-il en Izrath ? Je ne voulais pas le savoir. Mes derniers instants, je les leur devais, à ces humains que j’avais toujours vu mourir, encore et encore.


Leur instant de recueil fut brisé. Un grand claquement, suivi d’un bruit de pas régulier vint perturber leur réflexion. Quelqu’un arrivait sur les yeux à son tour. Une existence sur ses gardes. Les trois se tournèrent vers elle. Une longue chevelure blonde similaire à une queue de cheval décoiffée se laissa entrevoir, suivi par les yeux clairs d’une expression juvénile sur ses gardes. Toshiyuki Ren. Non, Kurenai Ren. La leader de la fondation du futur était arrivée sur les lieux, l’uniforme usé, couverte d’égratignure et de cernes.


Elle scruta les environs, ne s’attendant sûrement pas à ce que l’ennemi soit déjà vaincu, et pourtant, c’était le cas. Lorsqu’elle vit les frères et sœurs, elle s’adressa à eux d’un ton neutre, mais déjà marqué par la haine qu’elle portait en elle.


« Votre monde du désespoir ne m’a pas fait de cadeaux. Dit-elle. Où est Katsuo Yamada ? Je n’ai pas oublié que je dois le descendre une bonne fois pour toutes.

– Tu arrives trop tard…murmura Reisuke en se mordant la lèvre. »


https://www.youtube.com/watch?v=nTHHjOvpPXA


Elle s’avança vers eux en restant sur ses gardes, jusqu’à faire face à la réalité fatidique. Lorsqu’un seul de ses yeux s’aperçut de l’état d’Erika, Ren se rua vers elle, bousculant Reisuke et Hiroki au passage. Ces derniers se levèrent, suivis par Laïla, avant de se retirer pour laisser un peu d’intimité à la jeune fille.


Elle scruta son aînée, de dos au groupe qui la regardait avec compassion. La leader de la fondation du futur chercha tout signe de vie de la part de sa sœur. Elle effleura sa peau de ses doigts, puis lui caressa le visage, mais elle n’eut aucune réponse. Elle cria son nom, pour essayer de la ramener vers elle, mais cela fut tout aussi vain. Frustrée, elle laissa monter la tristesse. La blonde gifla son aînée. Une fois, puis deux, constatant que quoiqu’elle fasse, il lui était impossible de ramener un mort à la vie.

Elle se coucha sur sa poitrine en hurlant toutes sa peine, laissant couler sur ses joues un déluge de larmes.


Reisuke se sentit responsable. Il se dirigea vers la petite sœur et il posa sa main sur son épaule. En silence, il partagea sa peine, jusqu’à l’appuyer contre lui pour la réconforter. Elle ne le remarqua même pas, puisqu’elle était bien trop occupée à laisser parler sa peine.


« J’ai encore tellement de choses à te dire grande sœur, sanglota Ren. Je voulais simplement que l’on joue ensemble, que l’on fasse des tas de choses, toi et moi… »


Elle se stoppa net, comme figée dans le temps. Seules ses larmes coulant sans s’arrêter étaient preuve qu’elle restait en vie. Elle fixait le corps d’Erika cherchant au fond de son esprit quelque chose, ou quelqu’un. Mais elle n’y trouva rien, cela pouvait se voir sur son visage. Plus elle cherchait, plus son regard devenait vide. Il allait lui falloir énormément de temps pour faire le deuil de la princesse de l’espoir, non, d’Erika tout simplement.


« Ren. Reprit Reisuke, aussi troublé qu’elle. Écoute-moi attentivement. Erika porte en elle un enfant. Elle a fait en sorte qu’il soit en sécurité malgré ce qu’il lui est arrivé. Il faut absolument que l’on fasse quelque chose pour qu’il vive. Il faut le mettre au monde, c’est sa dernière volonté. »


La fille à la queue de cheval s’arrêta quelques secondes, avant de se saisir de son téléphone, presque machinalement. Elle reprit la parole d’une voix complètement éteinte.


« Pedro, ici Ren. Amène moi une unité de soin intensif. Nous en aurons besoin c’est une urgence.

– Bien reçu. Répondit la voix d’un jouvenceau. Tout va bien, Ren ?

– Apporte-moi aussi trois brancards, avec des draps noirs.

– Des draps noirs…Il y a eu des victimes ? Bégaya-t-il. »


Elle lui raccrocha au nez. Son visage s’assombrit, ses yeux devinrent totalement vides. Elle avait perdu l’esprit. Je tentai d’avertir Reisuke qui se trouvait juste à ses côtés, mais je ne pouvais rien faire. J’étais totalement impuissant. Incapable d’agir. Mais par chance, ou parce que j’avais bien entraîné ses instincts, Hiroki cria.


https://www.youtube.com/watch?v=vT7mezCvIjI


« Reisuke, attention ! »


Il eut le temps de le bousculer avant que Ren ne puisse lui trancher la gorge. Le plus jeune resta bouche bée, les yeux écarquillés par ce que venait de faire la blonde. Il put enfin constater que toute raison s’était évaporée de son être. La folie avait pris le pas sur cette fille pourtant si jeune, et le désespoir, le vrai cette fois, pas celui de Zetsubô, guidait ses actions.


« Vous allez tous payer…grogna-t-elle, le regard vide et assassin. Vous paierez tous pour m’avoir enlevé ma sœur.

– Nous n’avons pas enlevé ta sœur ! Rétorqua Reisuke, meurtri. C’est elle qui –  »


Il n’eut pas le temps de finir qu’elle lui avait tiré dessus. Hiroki avait cependant dévié la balle du revolver qu’elle avait sorti. Les restes d’une shungite brisée au sol, il luisait d’un éclat bleu ciel qui surprit son frère et sa sœur.


« Il me restait ceci dans la poche. Reprit-il, calme. Reisuke, emmène Laïla derrière-toi. Vous n’avez plus les pouvoirs de Zetsubô, et vous n’êtes pas en étant de vous battre.

– Hors de question que je te laisse ici, s’exclamèrent les deux en choeur.

– Contrairement à vous, je suis entraîné au combat. Ne vous en faites pas, je maîtrise Ren, et nous nous chargerons de l’aider. »


Après quelques secondes d’hésitation, Reisuke tira sa sœur avec lui, sans écouter les protestations de cette dernière. Il disparut dans les murs de Lithemba, criant qu’il allait chercher de l’aide avant que le monde ne s’effondre. Mon jouvenceau lui, resta face à Ren Kurenai, affichant un sourire en coin tandis qu’il restait essoufflé par l’effort qu’il avait entrepris auparavant.


« Je comprends ta peine Ren, déclara Hiroki, sérieux. Cependant, je ne te laisserai pas toucher à ma famille.

– Je vous tuerai tous ne t’en fais pas…murmura la blonde, sans aucune émotion. Je vous éradiquerai de la surface de cette terre, comme j’aurais du le faire il y a bien longtemps… »


Sans autre sommation, elle braqua son arme sur lui et tira trois coups de feu. Grâce au pouvoir de la Shungite, Hiroki les avait évité sans prendre de dégâts. Il avait tout investi dans la défense de son organisme, pour éviter de mourir sous les balles, tandis que Ren, elle, tentait de trouver un moyen de percer ses défenses.

Ils se battirent tous les deux dans une lutte acharnée avec pour enjeu non pas la destruction du monde, mais une blessure à l’âme qu’ils portaient tous les deux.

La leader de la fondation du futur avait sorti son poignard, tandis que Hiroki lui, se battait avec son large couteau d’attaque qu’il cachait toujours dans sa veste. S’ensuivit une danse mortelle. Des lames de haine contre des lames d’espoir. Un conflit tout ce qu’il y avait de plus simple, dénué des ambitions de Zetsubô, ou des pouvoirs d’Izrath. Deux humains se battaient pour savoir qui allait avoir raison et qui allait avoir tort.


Ren ne se contentait pas de jouter avec Hiroki. Elle avait clairement en tête de l’abattre. Ainsi, elle faisait diversion par des coups de feu vers sa tête, et une fois qu’il les avait paré d’un de ses membres, elle le prenait à revers pour le poignarder. Cela n’eut aucun succès. Mon jouvenceau avait été entraîné au combat même sans ses pouvoirs, par la Hakaze qui était venue du futur. Il lui était impossible de perdre un tel combat. Même la leader de la fondation du futur n’était pas suffisamment expérimentée pour cela. Pourtant, elle ne renonçait pas. Elle était de plus en plus agressive, de plus en plus dénuée de sentiment, revenant à la charge encore et encore, machinalement, comme si elle avait été programmée pour tuer. Mon ami grimaça. Elle était malgré tout, plutôt coriace.


« Ren, rends-toi à l’évidence, nous sommes tous dévastés par la disparition d’Erika, mais cela ne changera rien. Elle a fait tout ça pour nous, pour toi ! Elle veut que nous vivions une vie tranquille en mettant de côté tout ce qui a fait notre conflit ! Ton combat n’a pas de sens !

– Je tuerai…le désespoir…murmura la jeune fille, comme pour se convaincre elle-même. »


Elle ne prit même pas la peine d’écouter mon jouvenceau qu’elle se jeta de nouveau sur lui. Il fit un saut vers l’arrière, évitant son attaque, avant de tenter de la pourfendre à son tour. Les lames s’entrechoquèrent de nouveau, Ren possédait encore ses réflexes. Elle avait paré son coup sans aucune difficulté, avant de profiter du moment pour lui donner un coup de pied dans l’estomac. Il recula de quelques pas. Grâce à la dernière shungite, il pouvait encaisser convenablement les coups portés par la blonde. Il n’eut cependant pas le temps de riposter qu’elle lui avait donné un puissant coup de pied dans le visage en effectuant une pirouette arrière. Il grimaça, mais se ressaisit avant qu’elle ne continue puisqu’il réussit à lui bloquer le bras et donc, son enchaînement.


J’espérais de tout mon être que mon jouvenceau l’emporte. Il fallait qu’il protège les siens, qu’il calme Ren, et qu’ensemble ils puissent surmonter notre départ. Izrath s’en allait progressivement, le sanctuaire céleste était bientôt attaqué, tout comme Lithemba de laquelle il ne restait presque plus que le château dans lequel nous nous trouvions. Il fallait simplement qu’il la contienne assez le temps que les secours arrivent, afin de ne pas sombrer avec moi lui aussi.


Et il était déterminé à le faire. Il bloquait tous les coups portés par Ren, tout en l’attaquant avec tout ce qu’il avait au fond de lui. Dans ses yeux régnait la détermination, le courage nécessaire pour protéger sa famille. Il eut rapidement l’ascendant en utilisant la force de son corps forgé par l’entraînement, immobilisant la petite sœur d’Erika en la plaquant au sol. Cette dernière gigota comme un prisonnier se faisant embarquer par la police, mais rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à se débattre.


Mais dire que Ren était vaincue aurait été la sous-estimer. La jeune fille avait déjà donné un coup de genou au niveau de l’entrejambe de son assaillant, ce qui eut pour effet de le faire lâcher la pression. Il se releva cependant vite, utilisant les pouvoirs conférés par la shungite pour dévier un nouvel impact, pour ensuite attaquer de nouveau celle qui se trouvait devant lui. Elle perdit sa lame au terme de la joute, la laissant se planter dans le sol. Mais au lieu de se résigner, elle en sortit une autre de son uniforme, laissant mon jouvenceau anticiper la suite.


Ses mots ne parvenaient pas à la raisonner. L’homme qui avait répandu l’espoir sur sa route ne parvenait pas à dépasser la princesse du domaine et à effacer la peine laissée par sa disparition. Il fallait dire qu’il était visible sur son expression que lui aussi était meurtri comme une bête un jour de chasse. Il appréciait profondément Erika, et si ce n’était pour la protection de sa famille, j’étais certain que lui aussi se serait laissé aller à la tristesse et au désarroi. Il était conscient qu’il pouvait lâcher à tout moment, mais chaque fois qu’elle reprenait l’avantage, il pensait à sa famille et il se relevait. C’était exactement ce que j’avais tenté de lui enseigner toutes ces années, et ce petit coeur de moi était désormais comblé face à un tel spectacle.


https://www.youtube.com/watch?v=xC8mmPsM7-g


« Gagne, mon jouvenceau. Lui murmurai-je, sachant qu’il ne m’entendait pas.

– Fais-moi confiance, Shishou. Me répondit-il en surveillant son adversaire. »


Mes yeux s’écarquillèrent. Comment avait-il pu m’odir, alors que je n’étais plus présent dans sa dimension ? Comment avait-il pu me notifier, moi qui n’allais devenir qu’un souvenir lointain dans sa mémoire ?


Tant de choses me revinrent. De notre première rencontre à nos duels à l’épée. Des ses sentiments naissant envers Hakaze jusqu’à notre pseudo rivalité. De nos nuits passées à veiller l’un sur l’autre jusqu’à nos parties de plaisir en préparant des farces dont la victime était toujours Soichiro. De cette quête au travers du temps dans laquelle il m’avait désigné comme son meilleur allié de confiance. De ces moments dans la guerre où je n’avais pensé qu’à le revoir. De cet affrontement contre Soichiro dans lequel il avait révéillé Mordred…Jusqu’à notre ultime victoire commune face à Zetsubô.


Mon jouvenceau avait grandi, mais je l’aimais toujours, du plus profond de moi. Si ce n’était pas pour lui que je l’avais fait, j’aurais voulu ne jamais mourir. Rester à ses côtés pour l’éternité et le regarder évoluer. J’aurais voulu l’enfermer en Izrath si cela m’avait permis de le garder avec moi pour toujours. Car il n’était pas que mon disciple, il était mon fils. Celui que j’avais recueilli lorsqu’il était au bord du désespoir, et qui avait réparé ce coeur brisé qui me servait d’âme. Celui qui avait donné un sens à ma vie misérable faite de ténèbres et de mort. Celui qui m’avait enlevé cette éternité faite de cycles sans fin, et qui m’avait octroyé une existence éphémère dont je voulais profiter jusqu’au bout…à ses côtés.


Ren prit l’avantage. Au terme d’un duel à l’arme blanche, elle fit un croche pied à son adversaire qui tomba à la renverse. La lumière translucide de la shungite se fondit dans le décor comme elle était arrivée tandis que la blonde braqua son revolver sur la tempe de mon jouvenceau. Ce dernier lâcha un sourire de satisfaction, tandis que la leader de la fondation du futur s’arrêta, comme pour écouter ses derniers mots.


« Je savais que je n’avais aucune chance. Lâcha-t-il serein. Le combat contre Zetsubô m’a épuisé au point de devoir utiliser une Shungite pour me mouvoir. Mais comme Erika, je me suis sacrifié pour que ma famille vive en paix. Adieu, Ren Kurenai. »


Sans lui répondre, elle lui tira une balle dans la tête. Comme au ralenti, je le vis s’écrouler au sol, en laissant derrière lui une traînée de sang rester en suspend dans les airs, avant de retomber sous le poids de la gravité, comme son corps. Je lâchai un hurlement de bête meurtrie qui était loin d’extérioriser tout ce que j’avais sur le coeur. Et personne ne pouvait l’entendre. J’étais seul, ayant été témoin d’une terrible exécution, et je ne pouvais rien faire.


« Plus que deux. Déclara froidement l’assassine, le regard encore plus vide qu’avant de presser la détente. »


Puis elle se lança à la poursuite des autres membres de la famille. Sans me retourner, je la suivis, essayant de trouver un moyen de sauver les personnes les plus précieuses à mon jouvenceau.


« J’implorerai ton pardon lorsque nous nous retrouverons de l’autre côté. Me dis-je, afin d’éviter d’éclater en larmes de rage. »


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [22/10/2019] à 19:26

Chapitre 190 : Ce qu'il reste de Mordred


https://www.youtube.com/watch?v=USCmVflxOfY


Je me lançai à la poursuite de Ren, même si j’étais impuissant face à cette situation. Il fallait que je trouve un moyen, n’importe lequel, afin de protéger la géniture de ma maîtresse, ainsi que le frère de mon jouvenceau. Moi et Hiroki allions nous retrouver très bientôt dans tous les cas, j’allais donc pouvoir m’excuser à lui pour ne pas avoir su le protéger de cette menace qui planait sur lui.


La blonde errait dans les couloirs du castel, giguedouillant comme un ivrogne avant bu trop de vinasse. Malgré la félonie qu’elle venait d’accomplir, elle faisait beaucoup de peine à ce petit cœur de moi. Finalement, cette pucelle avait perdu la raison simplement car elle avait subi trop de peine et de tristesse. Elle n’était plus qu’une folle dingo, incapable de se rendre compte de ce qu’elle faisait. Quelque chose s’était éteint en elle, de manière irréversible.


Mais je ne pouvais point accepter le chemin qu’elle avait emprunté. Amener Laïla et Reisuke à la mortaille n’allait pas ramener sa gourdasse de sœur. Alors je la suivais, en espérant pouvoir me matérialiser en ce monde une dernière fois avant qu’Izrath ne disparaisse pour de bon. Je voulais la réduire au silence au moins l’espace d’un instant, afin de pouvoir la contrôler ensuite. Il ne fallait pas qu’elle ne répande plus de sang, mon jouvenceau était déjà un tribut trop important.


« Noble Magic : Venenum Iaspis ! »


Mais rien ne se produisit. Je grognai, maudissant pour la première fois l’absence de mes pouvoirs et de mon immortalité. Pourquoi cette chose maudite dont je voulais me débarrasser m’avait quittée pile au moment où j’en avais le plus besoin ? Je voulais simplement protéger ce qui m’était le plus cher, était-ce trop demander !? Je rageai en mon for intérieur. Le chevalier que j’étais n’avait aucun impact sur ce monde. J’étais condamné à subir ce supplice jusqu’au bout, jusqu’à la dernière seconde de mon existence. Comme si la sentence d’Astaris s’était décuplée pour me détruire psychologiquement jusqu’à la fin.


Non. Il ne fallait pas que je me laisse abattre. Si ma dame du lac m’avait prouvé une chose, dès son plus jeune âge, c’était qu’il était possible de renverser le cours de l’univers et de défier les lois physiques de ce monde. Il suffisait simplement d’avoir de la volonté. Quel genre de guerrier étais-je, pour me laisser dominer par la fatalité, alors que la félonie se déroulait sous mes yeux ? Mortecouille, je m’étais bien perdu en route. Laisser un ajour à la trouille était indigne de ma noblesse.


« Je t’arrêterai, Ren ! Lui criai-je alors qu’elle scrutait toutes les environs. »


Bien évidemment, elle ne m’entendit pas. Seul mon jouvenceau en était capable. Il était d’ailleurs le seul à prêter attention à ma jactance, et il était parti. Si je m’étais odi, je serais retourné à ses côtés jusqu’à mon heure fatidique, mais je ne pouvais pas laisser sa famille le rejoindre pour le moment.


Quelques minutes plus tard, Ren trouva Reisuke et sa sœur. Ils avaient progressé moins vite qu’elle, et pour cause, après un tel affrontement contre Zetsubô, il ne restait de leur santé physique qu’une carcasse difficile à bouger. Elle était beaucoup plus rapide, beaucoup plus en forme, beaucoup plus apte à se battre.


Leurs yeux s’écarquillèrent, tandis que les larmes leurs montaient aux yeux. Ils devinèrent aisément ce que signifiait la présence de Ren sur les lieux. Hiroki était mort, et cela allait être leur tour.


La blonde braqua son revolver vers Laïla et Reisuke. Ce dernier, fronçant les sourcils, se plaça devant la géniture de Mélissa, avant de prendre la parole.


« Fuis, Laïla.

– Hors de question que je te laisse ici, surtout quand je vois le sort qu’elle nous réserve. Rétorqua-t-elle sèchement.

– Hiroki n’est pas mort. Reprit Reisuke, sachant très bien qu’il mentait. Elle a du lui faire perdre connaissance, et il reviendra sous peu nous raconter avec exaggération qu’il a risqué sa vie comme un héros. »


Elle n’eut pas le temps de répondre. Déjà la leader de la fondation du futur avait tiré, forçant Reisuke à dévier la balle au couteau par réflexe. Lui aussi semblait apte à se battre, puisqu’il fallait une certaine adresse pour parvenir à une telle performance.


« Je ne suis pas aussi gentil que Hiroki. Grogna-t-il. Si je dois la tuer pour te protéger, je le ferai, Laïla. »


Puis il courut vers la jeune fille, hurlant une dernière fois à sa sœur de courir. Elle ne l’écouta d’abord pas, mais ses multiples supplications eurent raison de sa volonté. La femme déjà fragilisée se mit à s’enfuir au fond de l’espace, se promettant sûrement elle aussi d’appeler de l’aide.


Sa lame fut bloquée avant même de pouvoir attaquer Ren. Cette dernière avait déjà dévié l’assaut de son bras autour duquel était attaché un gantelet d’acier qui se contenta de repousser la lame. Si les Yamadas étaient forts lorsqu’ils possédaient les pouvoirs de Zetsubô, lorsqu’il s’agissait d’un combat n’impliquant pas la magie, celui qui avait les armes était le plus fort. Et comble du guignon, c’était la sœur d’Erika qui les possédait.


Chaque fois que Reisuke bougeait pour esquiver ou attaquer, il esquissait une grimace de douleur. Malgré l’intervention de Thymeos, il était encore très faible, et la blessure causée par Erika Kurenai profonde. Il aurait fallu une ou deux semaines de convalescence pour qu’il puisse se mouvoir convenablement, alors qu’il ne lui était donné qu’une demi-heure de repos avant de devoir se battre contre un nouvel ennemi.


Ren quant à elle, était beaucoup plus énergique, mais moins déterminée. Ses sentiments étaient vides. Ils n’affichaient ni haine, ni détermination. Elle attaquait mécaniquement, et cela suffisait. Chaque fois que Reisuke essayait d’entamer le dialogue, elle l’avortait en l’ignorant tout simplement.


« Écoute-moi, Ren ! Tu ne sais pas à quel point ta sœur voulait ton bonheur ! Penses-tu que c’est ce qu’elle désire, de là où elle est, de te voir t’auto-détruire !? Car dans ta soif de vengeance, tu es en train d’y laisser toute ton humanité ! Ressaisis-toi, Ren ! Tu es en train de foutre en l’air tout le pourquoi Erika est morte !!

– Silence. Se contenta-t-elle de répondre avant de tirer d’autres balles. »


Mais il les évita, non pas sans esquisser de la douleur. Mais malgré toute sa volonté, ce ne fut pas suffisant. Elle lui lança sa lame, et contre toute attente, il ne réussit pas à la dévier. Elle l’accrocha par la chemise contre le mur, et avant qu’il ne puisse réagir, il fut exécuté d’une balle dans la tête, exactement comme mon jouvenceau quelques minutes plus tôt.


Une grosse tâche rouge se fit projeter contre la paroi de Lithemba, tandis que Reisuke avait rendu son dernier souffle. Une fois de plus, un jeunot venait de trouver la mortaille sous mes yeux, me laissant dans l’impuissance la plus totale. Ren Kurenai avait inscrit un autre nom à son macabre palmarès. Soufflant sur son canon dégageant encore de la fumée, elle se murmura quelques mots.


« Plus qu’un. Reprit-elle sèchement, à moitié inanimée. »


Elle décrocha la lame plantée dans le mur, laissant le cadavre de sa victime y glisser tout le long. La paroi du castel était repeinte du sang de Zetsubô. Tristeusement, je me mis à repenser à ce dernier. Entreprendre toute cette quête pour mettre en sécurité sa géniture, pour finalement se faire vaincre par elle, avant de la voir se faire emporter de la sorte. Était-ce son ultime punition, à lui qui avait détruit tant de vies par égoïsme ? Même pour lui, cela me semblait cruel. Au fond, il avait sûrement peur de vivre ce que j’avais vécu, et ce que je vivais actuellement. Avec du recul, je pense que même moi, j’aurais pu devenir un Zetsubô.


Ren lança un regard vide à son revolver. Elle l’ouvrit, constatant qu’il ne restait plus la moindre balle. Elle n’avait pas de munitions de rechange, puisqu’elle se contenta de le jeter, avant d’aiguiser son couteau. Si je ne trouvais pas une solution et vite, la prochaine exécution allait être bien plus brutale que les deux précédentes.


Elle progressa à une vitesse folle. Sa deuxième victime lui avait donné énormément de courage, puisqu’elle courait désormais beaucoup plus vite. En moins de temps qu’il n’en fallut pour qu’elle ne rattrape le groupe la première fois, elle fut de nouveau confrontée à Laïla.

Les deux échangèrent un regard. La géniture de Mélissa savait pertinemment que si Ren était seule, c’était que Reisuke avait subi le même sort que son frère. Ses yeux s’écarquillèrent. Elle fronça les sourcils, manifestant une rage encore plus forte que lorsque Zetsubô lui faisait face. Meurtrie, elle semblait avoir fait confiance à son plus jeune frère uniquement pour ne pas bafouer son honneur, que pour s’enfuir.


Elle se jeta sur la blonde, sans même prendre la peine de se protéger des conséquences. Ren tenta de la trancher en guise de réponse, sans succès. Laïla avait déjà esquivé la jeune fille. D’une énergie soudainement regagnée, l’ex-princesse du désespoir sema la sœur d’Erika pour retourner auprès de son frère qu’elle avait laissé, constatant la dure réalité à laquelle elle allait devoir faire face.


« Je n’aurais pas dû… Bégaya-t-elle, abasourdie. Pourquoi n’ai-je pas insisté… »


Elle sentit la présence de la leader de la fondation arriver, ce qui lui permit de dévier le coup sans aucun problème. J’essayai de lui prêter main forte, et je parvins finalement à trouver un moyen. Je venais de lui octroyer sans le vouloir mes dernières forces d’Izrathien. Elle luisit de la couleur de mon pouvoir, ce qui lui permet d’éviter les coups portés, et d’en donner des autres. Elle possédait en elle bien plus de vitalité que lorsqu’elle était dénuée de kvantiki. C’était loin d’égaler sa force lorsqu’elle possédait le sang de Zetsubô l’alimentant, mais c’était suffisant pour gérer une simple humaine.


« Je ne perdrai pas une autre fois contre vos pouvoirs maléfiques. Déclara la jeune femme, animale. »


S’ensuivit une autre danse de lames aiguisées que je regardais, impuissant. Laïla gardait la cadence, déterminée à se venger à son tour. Le meurtre de ses frères était impardonnable, tout comme celui d’Erika était inexcusable aux yeux de sa sœur. Ce n’était pas exactement la même chose, mais le fond était le même. Les deux étaient meurtries par la peine, et l’une d’entre elles finirait par s’écrouler pour accomplir la vengeance de l’autre.


Quelques minutes passèrent. Je ne voulais plus voir ces choses ignobles. Je ne voulais plus souiller mes yeux du pêché des hommes. Je les aimais tellement, que je ne voulais en voir aucun mourir. Chaque goutte de sang versée était futile, et pourtant, le fleuve de la mort continuait à couler, intarissable et inarrêtable.


Un bruit sourd, puis un cri étouffé par la douleur, pour finir avec le néant.

Quelques gouttes furent versées au sol, noyant un gémissement faible et furtif.


« C’est la fin de votre lignée. Lâcha Ren, en retirant sa lame du ventre de son adversaire. »


Laïla tomba sur les genoux, laissant couleur un filet de sang inarrêtable de son corps. Puis elle s’écroula au sol, sur le ventre, ne bougeant plus le moindre membre. La leader de la fondation du futur brandit son ustensile de mort au-dessus de ma dame du lac, face contre terre. Cependant, alors qu’elle allait l’abattre sur sa victime, quelque chose se jeta sur elle à la dernière seconde.


« Arrête cette folie, Ren !! Hurla la voix d’un jouvenceau aux cheveux roux. Ressaisis-toi, que fais-tu !?

– Je dois tuer…ces monstres…grogna-t-elle en essayant de se débattre.

– Zetsubô est vaincu Ren !! Reprit le jeune homme. Et ce sont eux qui l’ont vaincu, j’ai appris la nouvelle en suivant les caméras jusqu’à ce qu’elles n’implosent. Tu ne peux pas les tuer !

– C’est…trop tard. Hiroki et Reisuke sont morts…Et elle aussi.

– Je peux encore la sauver. Répondit un autre individu aux cheveux blonds, sorti de nulle part. Je t’interdis de la toucher, Ren. J’envoie la quatrième branche de la fondation du futur s’occuper des victimes. »


Des tas d’individus sortirent de nulle part, tous armés de kits de premiers secours et d’unités de soins intensifs. Il était trop tard pour Reisuke et mon jouvenceau, mais peut-être ma dame du lac allait-elle survivre après tout. Finalement, j’avais pu sauver au moins une âme, en lui transmettant ce qu’il me restait de pouvoirs. Cependant, je le sentais, cela allait me coûter cher.


J’étais en train de disparaître pour de bon. Je me raccrochais à ces souvenirs que j’avais partagés avec mon jouvenceau, ainsi qu’avec toutes les personnes que j’avais rencontrées jusqu’à ce jour.


Hakaze qui m’avait sauvé de ma mort imminente, Soichiro et la guilde ETHER, la rencontre avec mon jouvenceau, avec Reisuke, Erika. Les réminiscences de Mélissa, de sa fille, Laïla. Les batailles à l’épée avec mes amis, mes frères d’armes retrouvés, le procès du sanctuaire céleste duquel j’étais le juge…


Tout se terminait pour moi, et tout allait recommencer pour ces hommes. Je n’avais plus rien à faire ici. Hiroki m’attendait de l’autre côté. Je voulais le prendre dans mes bras, l’accompagner dans cette ultime épreuve, et une fois de plus traverser toutes les épreuves en disciple et Shishou, en père et fils.


Ma conscience m’échappa définitivement, et emporta avec elle tout ce qu’il restait de ma présence en Jidou.


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[En Cours] Rising Hope : Les Spectres du Passé posté le [23/10/2019] à 21:38

Chapitre 191: Les dernières heures du royaume


https://www.youtube.com/watch?v=ajiyhH68Hm0


Le ciel d’Izrath était aussi brillant qu’il ne l’était habituellement. Le soleil brillait toujours sur les contrées du sanctuaire céleste, inondant de sa majestueuse puissance l’univers dont j’avais la responsabilité depuis la nuit des temps. Depuis les étoiles, je sondais les environs, ainsi que Jidou, leur monde à eux, les humains.

Zetsubô avait été vaincu par sa propre descendance. C’était ironique que notre conflit s’achève ainsi, mais c’était pour le mieux. Par un tour de force de sa part, il avait cependant réussi à tous nous entraîner avec lui, nous habitants d’Izrath. Nous étions sur le point de disparaître. Au pinacle de notre vie. Nous allions mourir, sans laisser aucune trace de notre existence en ce monde. L’ensemble de notre univers allait tout simplement s’écrouler en conséquence de la défaite de Zetsubô.


Mais je ne sentais ni tristesse, ni regret, ni haine dans mon royaume. Ma haute autorité me permettait de ressentir des tas de choses provenant des habitants d’Izrath, mais rien ne m’indiquait une quelconque haine ou animosité se dégageant d’eux. Je soupirai. Comment pouvaient-ils tous être unis face à cette épreuve, sans remettre en cause le jugement qui s’abattait sur nous tous ?


Car oui, c’était un jugement injuste dépourvu de rationalité. Un seul homme avait décidé de condamner l’ensemble du royaume, ainsi que toutes nos vies dans la foulée. Un peuple allait mourir au profit d’un autre, sans que l’on lui ait demandé quoi que ce soit. Et au lieu de se rebeller contre ma personne, me blâmer, ou tout simplement vouloir se venger, ils restaient tous sereins et acceptaient la mort. Cela me laissait un arrière-goût dans la gueule.


Je quittai Procyon, avant de descendre dans les terres d’Izrath afin de survoler une dernière fois ces lieux que j’aimais tant. Il fallait que je m’assure que personne ne soit effrayé, que personne ne se sente seul, ou dans le besoin. C’était là mon ultime tâche en tant que gestionnaire de ce monde.


Les âmes en Izrath commençaient déjà leur ascendance. Une pluie de lumière s’élevant vers le ciel était la preuve que tout prenait fin. L’histoire de notre civilisation était menée à terme. Du désert citrine, aux plaines de l’améthyste, tout était en train de disparaître.


Je survolai le désert dans lequel avaient été bannis les Izrathiens d’attribut reptile. J’y retrouvai la reine du domaine, Vénominaga, la déesse des serpents venimeux, accompagnée par son homologue du présent, Toratura. La première des deux était face à son royaume, leur souriant tristement :


« Je n’ai jamais été une souveraine juste et équitable. J’ai souvent usé de la force et de la cruauté pour accomplir mes objectifs, et même si c’était dans le seul but de vous protéger, de nous rendre prospères, je tenais à m’excuser à vous tous pour ce que je vous ai fait. »


La horde de serpents, de reptiles, et de lézards se prosterna devant la femme et son homologue. Cette dernière se prosterna également, mettant un genou au sol devant la déesse des serpents venimeux. Une créature verte de forme circulaire accompagnée par une autre jaune se coucha en remerciant la créature. Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu’elle peinait à articuler quelques syllabes sans aucun sens. Les serpents composant sa chevelure vinrent lui lécher le visage pour la réconforter, mais il n’en était rien, l’émotion avait pris le dessus. Alors elle regagna son sourire. Une expression de paix et de joie immense qu’elle ne put réfréner.


« Merci. Lâcha-t-elle en effusions de larmes de joie. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. »


Elle disparut en quelques secondes de plus, accompagnée par son royaume entier, et tous entrèrent en ascension jusqu’au ciel d’Izrath. Alors je me dirigeai ailleurs, dans les terres de la guilde Yume-Nikki. Là se trouvait le dragon hiératique du roi d’Atum, s’entretenant avec Buster Blader, alors que tous leurs camarades étaient déjà partis.


« Ce fut une belle aventure, n’est-ce pas mon ami ? Lâcha Atum, en fixant le soleil d’Izrath.

– Je n’aurais pas pu demander une meilleure histoire. Lui confirma le guerrier pourfendeur de dragons. Mon seul regret aura été de ne jamais t’avoir ajouté à la liste des victimes de mon épée.

– Tu ne l’aurais jamais fait de toute façon, nous le savons autant l’un que l’autre, toi et moi.

– C’est vrai. Je t’estime bien trop pour ça…Soichiro.

– Adieu, Blue. »


Les deux se fixèrent les yeux dans les yeux pendant quelques secondes. Ils ne lâchèrent pas leur regard complice jusqu’à être emportés par la lumière d’Izrath à leur tour. Je fixai la lumière les représentant monter au ciel tandis qu’ils semblaient refuser la séparation en restant près l’un de l’autre.


Plus rien ne restait ici. Les alentours étaient en train de disparaître. Alors je volai jusqu’au sanctuaire céleste, là où demeuraient les autres Izrathiens en attente de leur dernier jugement. Une fois dans l’enceinte du lieu saint de notre royaume, je me mis à la recherche de toute âme ayant besoin de mon aide.


« Une tournée pour la défaite de Zetsubô ! S’exclama une voix grave et enjouée au-dessous de moi. »


Je jetai un œil. Maximum six était fidèle à son poste dans sa taverne, en train de motiver les habitants d’Izrath y ayant trouvé refuge. Le joyeux barman servit à la vitesse de la lumière des rafraîchissements dont il avait le secret afin de fêter la victoire de l’humanité sur le désespoir, sachant fort bien qu’il allait disparaître. De la musique festive se mit à retentir, tandis que je les fixai de mon œil attendri. Ils firent la ronde en chantant une ode à la vie, se laissant emporter par la mort sans émettre la moindre protestation.


La vie s’était évaporée de l’Underground de Maximus le sixième. Il n’en restait plus rien, si ce n’était les quelques verres qui étaient retombés au sol, éclatés en mille morceaux sur le parquet des lieux. Finalement, je me mis à douter. Avais-je vraiment eu raison de laisser se produire une telle chose au nom de la justice ?


Je ne voulus pas y penser. Il fallait que je continue ma recherche. Et au bout de quelques minutes, j’eus l’occasion de retrouver des autres âmes en leurs derniers instants. Maître Hyperion et sa garde royale composée de Mars, Saturne, et Jupiter, jouaient ensemble. Ils faisaient tous les quatre une partie de cartes, et je pouvais le constater, ainsi que l’entendre, de là où j’étais.


« Quint flush. Lâcha Mars, sous la stupéfaction générale. J’ai enfin gagné une partie !

– Je suis certain que tu as triché. Railla Jupiter. Bizarrement le monde s’effondre, toutes les âmes disparaissent, et tu deviens bon au poker. Je suis certain que ce n’est pas normal.

– La chance du condamné. Grogna le maître Hyperion, visiblement agacé. »


Ils voulurent relancer une partie, mais il était trop tard. Hyperion disparut, suivi par Jupiter. Mars eut à peine le temps de ricaner à propos de ce timing les empêchant d’avoir leur revanche qu’il fut emporté lui aussi, ne laissant que Saturne, seul, au milieu des cartes restées sur place.


Il se leva silencieusement, sans exprimer la moindre émotion. Il se dirigea ensuite jusqu’au dôme d’Izrath, là où se déroulaient les représentations musicales du royaume. Les divas de la musique et les hérauts avaient déjà disparu, et les lieux étaient vides. Ou presque. Majestueusement, sur l’estrade, se tenait Saffira, la reine des dragons. Sa voix de cantatrice soprano résonnait sur la place, me laissant réaliser que c’était elle l’interprétatrice de l’ode à la vie et à Izrath. Saturne se posta dans les gradins, fixant la dragonne d’une émotion palpable.


Elle le notifia au bout de quelques minutes. Elle s’arrêta, le laissant s’avancer vers elle. Lorsqu’il fut lui aussi sur l’estrade, il prit la parole à son intention :


« J’ai toujours aimé vous entendre chanter votre cœur, Saffira. Lâcha-t-il sans gêne aucune, comme pour ne rien regretter. Votre beauté m’a toujours ensorcelé et a été ma source de motivation la plus intense tout au long de cette éternité.

– Je le sais Saturne. Murmura-t-elle, affectueuse. Et je n’aurais jamais pu avoir tant confiance en moi si je n’avais pas eu ce premier supporter m’inondant de bouquets de roses et d’anthémis à chaque concert. Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi, mon très cher ami.

– Au-delà de vous remercier, je tenais à vous dire que je vous ai aimé depuis mon premier souffle, Saffira.

– Je t’ai toujours gardé dans mon cœur également, mon cher Saturne. »


Il posa ses lèvres sur les siennes, et à cet instant précis, ils se laissèrent emporter par la lumière de l’ascension. Leurs étincelles ne devinrent plus qu’une, avant de se laisser happer par le ciel.


Là, au coeur du sanctuaire céleste, au palais de justice, un énorme monstre s’éleva, avant de finalement reprendre une forme humaine, celle d’une petite brune au tempérament bien trempé et à l’allure de garçonne.


« Eh la daronne, entama-t-elle désinvolte, il est où le vieux ?

– Parti. Sourit Lily la conseillère télépathique. Il a un peuple sur lequel veiller lui aussi, et il fait de son mieux pour renvoyer les humains restés ici dans leur monde avant la fin.

– Donc on se retrouve entre meufs, ricana Godzilla, enfin, Laetitia. C’est pas si pourri comme fin.

– N’as-tu pas le moindre regret ? S’interrogea sa mère.

– Moi ? Un regret ? T’as cru j’étais une pucelle à l’eau de rose ? T’abuses ma poule, je pensais que tu connaissais ta fille tavu. »


L’infirmière soupira, avant de disparaître dans une lumière étincelante à son tour. Laetitia s’arrêta quelques instants. Elle vérifia que personne n’était autour d’elle, avant de tout simplement laisser les larmes couler sur ses joues. Fixant l’horizon d’Izrath, elle murmura quelques mots que j’étais le seul à entendre.


« Les gars… Daisuke…  »


Puis elle disparut à son tour, laissant quelques gouttes étincelantes s’échouer au sol. Elle rattrapa rapidement celle de sa mère qui l’accueilli en son sein. Puis elles disparurent au ciel, laissant derrière elle le tribunal d’Astaris vidé de tous ses avocats, de tous ses juges et greffiers, avant de s’effondrer sous le poids du vide et de l’indifférence.


Cela m’attristait malgré tout. Cela était bien plus facile de l’imaginer que de le vivre. Une douleur me prit à la poitrine tandis que je voyais toutes ces âmes se faire aspirer par ce jugement. Mais je n’eus pas le temps de me remettre en question. Je fus interrompu par deux êtres dévalant les rues d’Izrath. Un kangourou et un chien, tous deux faits d’énergie luminescentes, jouaient ensemble. Complices, ils se coururent après jusqu’à se faire happer à leur tour et devenir des particules de lumière. Cela ne les arrêta d’ailleurs pas, puisque celle du chien poursuivait celle du kangourou dans les cieux.


« Eh oh Akulia !! S’exclama une voix venue de nulle part. »


Je me retournai, me laissant apercevoir ces individus. Borz, Artgorigus, ainsi que les autres chevaliers nobles. Ils me firent tous signe de les rejoindre. Je m’exécutai, arrivant jusqu’à eux en une fraction de secondes.


« Dis donc, tu as mis le paquet pour le feu d’artifices ! S’exclama celui aux cheveux noirs, enjoué. Regarde la belle bleue là-bas ! 

– Réalises-tu que ce monde est en train d’être détruit !? Grognai-je, exaspéré par sa stupidité.

– C’est ce que nous avons voulu, enchaîna Artgorigus, souriant. Enfin notre vie prend fin, et la leur commence. Il ne faut pas nous en vouloir, maître, nous avons choisi la justice qui nous semblait la plus réaliste, comme vous nous l’avez toujours enseigné. »


Je soupirai. Depuis quand ceux-là étaient aussi compréhensifs et rationnels ? Je les préférais finalement lorsqu’ils passaient leur temps à faire le pitre et à être des tue l’intelligence.


« Dites ! Dites ! Reprit Borz, ne pouvant cacher son excitation. Nous pouvons refaire du Akulia Propulsor !? Nous attendons tous de revivre ces sensations ! »


Je réalisai que finalement, je les préférais avec un minimum de raison. Mais je leur devais bien ça après tout. Ils avaient toujours été mes chers élèves, supporters de mes décisions et de mes missions. C’était à cause de moi qu’ils s’étaient attachés à des humains, encore et encore, jusqu’à sombrer dans la folie. C’était par ma faute qu’ils avaient dû se sceller afin de pouvoir vivre sans entendre les voix de la culpabilité dévorant leurs esprits. Ils étaient tous mes disciples bien aimés, je devais rester avec eux et exaucer leurs désirs jusqu’à notre fin.


Ainsi, j’accédai à la requête de Borz. Ils se mirent tous en ligne, attendant de moi une dernière dose de divertissement. Je m’exécutai, les propulsant d’un souffle de lumière dont j’avais le secret. Drystan fut le premier à se laisser propulser. Il s’évapora au fur et à mesure qu’il atterrissait, jusqu’à devenir une particule de lumière ascendant au même titre que les autres. Chacun leur tour, ils défilaient tous devant moi, me laissant me rappeler de tout ce que nous avions vécu ensemble. Le dernier, Borz, me fixa en souriant d’un air fier et reconnaissant.


« Eh bien, c’est enfin mon tour ! S’exclama-t-il joyeusement. Akulia, c’est ici que nous nous disons au revoir !

– Borz…Murmurai-je, l’intonation à moitié morte. Était-ce vraiment là ce que tu voulais lorsque tu as affronté Zetsubô ?

– Ai-je l’air de regretter mon choix ? Il faut que tu acceptes la réalité, maître. Tout ce que nous avons vécu a été gravé dans mon esprit, et cette fois, nous avons vaincu et nous irons dans l’au-delà en héros !

– Je ne peux m’empêcher que c’est de ma faute pour avoir introduit en vous une idée si triste que de trouver la paix dans la mort.

– Eh bien, nous faisons tous des erreurs. Même la plus haute autorité d’Izrath. Mais ne t’en fais pas, maître, nous ne t’avons jamais tenu rigueur de la cruauté que nous avons constaté en Jidou. Au contraire, avant que tu ne nous recueilles, nous n’étions que des existences faites de ténèbres, sans aucun lendemain. Nous méprisions la vie, l’ordre, les efforts des autres. Grâce à toi, nous avons appris les conséquences de ce que nous détruisions. Nous sommes devenus les chevaliers nobles, avec leurs valeurs, leurs combats, et leurs idéaux…Et pour cela maître, au nom de tous les chevaliers, en l’absence de Mordred, je t’offre ma reconnaissance.

– Borz…

– Ce n’est pas de tout ça, mais je veux vraiment me faire propulser moi ! Enchérit l’homme, sautillant dans son armure grinçante. »


J’accédai à sa requête. Son cri de terreur et d’excitation résonna dans mes oreilles jusqu’à ce qu’il ne s’écrase contre le sol. Contrairement aux autres, il ne s’en alla pas avant de toucher les parois d’Izrath, ce ne fut que lorsqu’il fut écrasé que je croisai son expression paisible. Il me murmura un « Merci », avant de disparaître à son tour.


Des larmes coulèrent le long de mes yeux en repensant à ces lascars qui avaient été mes disciples durant tous ces siècles de bons et loyaux services. Je restai quelques minutes à embrasser ces réminiscences douloureuses qui faisaient se contracter mon cœur chaque fois que je les pensais.


« Merci d’avoir pris soin d’eux. Retentit une voix aigue dans les cieux. Je savais que c’était une bonne idée que de te les avoir confiés après ma disparition.

– Notre engagement est donc rempli…Dame du lac. Murmurai-je. »


L’ombre d’une jeune femme aux longs cheveux blonds passa devant moi avant de se laisser absorber à son tour. Alors je repris mon envol, constatant qu’Izrath était désormais vide. Enfin presque, puisque je sentais encore quelques âmes y vivre. Je fus d’ailleurs rapidement rattrapé par un volatile m’ayant rejoint dans mon envol. L’oiseau aux reflets de rouge, de jaune et de violet, me lança un regard provocateur, souligné par un rictus lui fendant le bec.


« Hoho, voici que je peux faire la course avec le gardien des étoiles pour lui reprendre le trône. Une fois que je t’aurai vaincu, j’appellerai ce royaume Skillzrath ! »


Je souris. Même si mon monde était sur le point de disparaître, je comptais bien en rester le souverain jusqu’au bout. Ainsi, j’acceptai le challenge instauré par le volatile aux couleurs du soleil cramoisi. J’accélérai, le laissant me suivre avec difficulté. Je le semai plusieurs fois, mais il revint à chaque fois me rattraper. Il était déterminé, me raillant de « hoho ! » ou de « tu te calmes ! » chaque fois que je le dépassais. Il arrivait à esquiver tous les obstacles à pleine vitesse, tandis que même moi je me les prenais, avançant qu’il avait prédit chacun de ces murs depuis avril 2014.


Finalement, il réussit à me dépasser. Il me railla en disant qu’enfin Izrath allait avoir un roi ayant du skill, avant de tout simplement disparaître comme tous les autres.


Je m’étais égaré. J’étais presque à la frontière du sanctuaire céleste et des terres de Lithemba. Lithemba dont la destruction était d’ailleurs bien entamée. Il suffisait d’y jeter un œil pour constater que toutes les âmes y étant présentes trouvaient aussi l’ascendance. Mais alors que je me retournai pour continuer à veiller sur Izrath, je fus interrompu par une nouvelle arrivée.


« Cela faisait longtemps Akulia. Railla la voix grave provenant de derrière.

– Eraser…M’étonnai-je. Je te pensais mort.

– Je le serai bientôt ! Rétorqua le dragon en éclatant de rire. Comme nous tous à vrai dire. Sur Lithemba, il ne reste plus grand monde. Je surveille ces lieux jusqu’à la fin, et je cherche ceux qui auront besoin de mon aide pour leur ascension.

– Je vois…exactement comme je le fais pour Izrath.

– Ce n’est pas pour rien que nous sommes frères après tout ! Reprit mon homologue, sérieux. C’est bien notre rôle, de nous assurer que tout se déroule bien dans nos royaumes respectifs, n’est-ce pas ?

– En effet. »


Il passa sa patte pour qu’elle vienne se saisir de la mienne, mais il fut bloqué par le champ de force invisible définissant la frontière entre Lithemba et Izrath.


« Il n’y a qu’en Jidou que j’ai été capable de me saisir de ta patte. Soupira-t-il, triste. Je suis reconnaissant en ce monde pour avoir pu partager de précieux instants en ta compagnie, mon frère…

– Eraser…Ou plutôt, Zehet…

– C’est ma seule haine envers l’ordre de ce monde. Nous faire naître radicalement opposés, dans deux espaces nous empêchant de nous cotoyer. Si seulement j’avais pu franchir cette barrière ne serait-ce qu’une seule fois afin de pouvoir t’aimer comme je voulais le faire, j’aurais été la plus heureuse des créatures. »


Son corps rayonna lui aussi. Je voulus moi aussi franchir ce barrage entre nos sentiments, mais cela était toujours impossible. Mon frère me sourit, me laissant voir au travers de ces yeux de l’amour comme jamais je n’en avais vu jusqu’alors.


« Mais là-haut, nous aurons tout le loisir de nous connaître, Akulia. Je me fiche de mourir, si cela me permet d’être enfin proche de toi. »


Il disparut comme il était arrivé, me laissant une nouvelle fois seul dans l’enceinte du sanctuaire céleste. Je scrutai les environs. Plus personne ne se trouvait aux alentours. J’avais rempli ma mission, cela allait être à mon tour de disparaître éternellement.


Alors je me rendis à la plage, cet endroit que j’aimais tant. Le flux et le reflux des vagues avait un don pour m’apaiser. Chaque fois que j’y plongeais mon regard, mes peurs et mes songes se dissipaient pour ne laisser que de la quiétude. Mais elle n’allait pas durer. Une énorme vague s’abattit sur le sable fin, laissant échouer deux individus ainsi que leurs planches de surf avec eux.


« Yahou ! S’exclama énergétiquement le blond. Sérieusement elle était balaise celle-ci ! Dis mon vieil Astaris, tu comprends maintenant ce que c’est qu’avoir le surf dans la peau !?

– J’aurai besoin de temps pour m’y accommoder maître Zesunis, répondit l’intéressé en ayant la nausée. »


Ces deux-là n’étaient autres qu’Astaris et Zesunis, deux de mes élèves lorsque j’étais encore enseignant à la prestigieuse académie des juges d’Izrath. Les constater dans un tel moment me réchauffa le coeur. Astaris n’avait jamais été le premier à se décider lorsqu’il s’agissait de se jeter à l’eau. C’était d’ailleurs la première fois qu’il acceptait de subir les caprices sportifs de son camarade juge. Je les scrutai affectueusement, me réjouissant de cet instant complice.


« Le principal, c’est d’oublier toute ta fierté ! Enchaîna joyeusement Zesunis. Tu n’es plus un juge, tu n’es qu’un homme, face à la mer, et tu dois la surmonter !

– Je ne suis pas un homme, je suis un Izrathien. Contesta Astaris en gonflant les joues. Ne me considères-tu pas comme tel désormais ? »


Zesunis s’arrêta quelques secondes, face à son camarade qui se cachait le plus possible dans l’eau en ne laissant dépasser que son nez et ses yeux, détournant le regard. Le blond s’avança vers son ami, lui ébouriffant affectueusement la touffe.


« Tu es le plus Izrathien de tous les êtres ayant un jour foulé le sol de cette dimension, Astaris.

– Zesunis…murmura l’intéressé ayant sorti sa tête de l’eau.

– Et c’est pour cela que je trouve qu’il serait mieux que tu reprennes ta forme humaine pour te sauver d’ici avant la fin !! Geint le blond comme un gamin. Allez, il ne te reste plus beaucoup de temps !!

– Je te l’ai déjà dit, Izrath est mon royaume. Vous m’avez recueilli il y a des années, et intégré à vos rangs malgré tout le mal que j’ai fait en instaurant ma dictature…Je resterai avec vous, et je partagerai votre sort.

– C’est si beau !! S’exclama Zesunis en pleurant à chaudes larmes. Dans mes bras mon frère !! »


Il se fit repousser avec gêne, sous prétexte qu’il y avait encore du travail avant que le juge actuel ne puisse maîtriser les terribles vagues d’Izrath. Ensemble ils remontèrent sur leur planche, nageant jusqu’à la terrible épreuve qui fonçait droit sur eux.


Zesunis maîtrisa la vague sans difficulté, tandis que c’était beaucoup plus délicat pour son ami aux cheveux violets. L’actuel juge restait debout avec difficulté, mais au moment où il allait tomber, le blond habitué au sport utilisa son pouvoir afin de discrètement le maintenir debout. Astaris ne s’aperçut de rien. Il constata avec surprise qu’il maîtrisait la discipline.


« J’ai réussi, Zesunis ! Cria-t-il, enthousiaste. J’arrive à rester sur la planche ! »


Son ami le surfeur le fixa affectueusement de derrière. Il l’aimait vraiment, cela se voyait. Il l’appréciait au point d’utiliser des pouvoirs de sa réserve, alors qu’il savait pertinemment que cela le priverait de quelques minutes, dans un moment où le temps était le plus grand des luxes.


Ils restèrent plusieurs dizaines de minutes ensemble, à dominer les vagues, entre amis, entre camarades, entre frères. Je sentais la complicité qui les unissais tous les deux. En les regardant, des réminiscences me surprirent de nouveau. Je les revoyais enfants, jouant ensemble, se disputant pour un oui ou pour un non. Astaris le rigide, Zesunis le joyeux luron…Tandis que le troisième manquait. Lui qui était exilé du sanctuaire céleste et que je n’avais pas revu depuis un moment déjà.


Comment t’en étais-tu sorti ? Avais-tu réussi le pourquoi tu t’étais rebellé contre l’autorité d’Astaris ? Tu étais une personne brillante, et j’aurais aimé que tu puisses utiliser ta force et ta détermination au service d’Izrath dans les bonnes formes, sans avoir à gâcher l’amitié qui te liait à ces deux-là. Mais au fond, tu aurais ri si tu avais su que nous nous étions sacrifiés pour les humains. Tu l’as toujours dit toi-même, que nous étions responsables d’avoir été dans leur monde, et que nous ne devions pas les impliquer dans nos conflits.


Astaris, trop confiant en ses capacités de surfeur, finit par manquer de tomber. Par réflexe, d’une agilité digne d’un nageur olympique, Zesunis le rattrapa avant qu’il ne tombe afin de le replacer debout sur sa planche. Celle du juge actuel divagua tandis que les deux amis finirent sur la même plateforme, à dominer les vagues ensemble.


« Reste bien droit. Déclara Zesunis qui était derrière son ami. Le tout, c’est l’équilibre.

– Tu parles à un grand surfeur, monsieur l’ex-juge, rit l’intéressé. Je te dépasserai aussi en sport si cela continue.

– Tu as tout ce qu’il faut pour me dépasser en tout, Astaris.

– Tiens, tu reconnais enfin que je te suis supérieur ? Ricana l’homme aux cheveux violets, vainqueur. »


Zesunis s’arrêta quelques instants. Il mobilisa d’autres pouvoirs afin de maintenir la planche sur l’eau, avant d’étreindre son ami de derrière lui, sans que ce dernier ne puisse se retourner. Le regard voilé par l’ombre, il prit la parole.


« Depuis que je suis arrivé en Izrath, entama Zesunis, j’ai possédé ce don incroyable : celui de pouvoir mémoriser tout ce que je lisais, et de l’assimiler. A cause de cette capacité qui était la mienne, j’ai réussi à tout apprendre, que ce soit en terme d’intelligence, ou de sport. Mais cela ne suffisait pas. Je ne m’intéressais à rien, puisque tout était trop facile, et personne ne me parlait en conséquence.


Quand tu es arrivé dans ma vie, Astaris, tu as ignoré mon don. Tu t’es mis en tête que tu pouvais me vaincre en travaillant dur, alors qu’au fond mes capacités d’apprentissage surpassaient toutes les tiennes. Tu as accepté de t’entraîner avec moi, en faisant mine d’être mon rival, alors que finalement je suis convaincu que tu as fait tout ça simplement pour me sortir de ma spirale infernale d’ennui perpétuel.

– Zesunis…

– J’ai pu rencontrer Elyaad grâce à toi, et nous nous sommes tous les trois engagés dans l’apprentissage d’Akulia. Vous étiez loin d’arriver à ma cheville, et vous le saviez. Pourtant, votre rivalité, et vos efforts étaient bien réels. Vos réactions, vos surprises, votre amitié…Tout ça a été pour moi une véritable bénédiction. Sans vous, j’aurais sûrement sombré dans les abîmes du désespoir. »


Il marqua une pause. Il déglutit, laissant couler quelques larmes le long de ses joues, avant de reprendre, sérieusement.


« Je t’en supplie Astaris, pars. Tu as été pour moi un cadeau du ciel. Tu as toujours été le seul qui pouvait vraiment me comprendre, me divertir. Tu m’as libéré de ce fardeau appelé talent pour faire de moi un être vivant, au même titre que tous les autres. Alors je t’en conjure, quitte le sanctuaire céleste. Va construire une vie heureuse loin d’Izrath, et sois le témoignage de notre amitié. Et n’oublie pas que là où je serai, je te supporterai toujours, parce que je t’aime du plus profond de mon – »


Il disparut dans une lumière qu’Astaris tenta de saisir, en vain. Seul sur la planche, il n’était plus guidé par la magie de Zesunis, ce qui lui valut de tomber dans la vague qui le ramena sur la rive. Il resta quelques minutes allongé sur le sable fin, fixant le ciel d’Izrath duquel il était le dernier habitant encore en vie.


« Je ne t’arriverai jamais à la cheville…Maître Zesunis. Dit-il en se mordant la lèvre. Tu es un imbécile. C’est toi qui m’as empêché de sombrer dans les abîmes. C’est grâce à ta pureté et ton innocence que j’ai pu surmonter tous mes échecs…Tu resteras pour moi le seul et unique juge de ce sanctuaire. »


Il laissa la planche de surf divaguer jusqu’à disparaître au large. Il fixa le ciel d’Izrath, plongé dans ses pensées. Je finis par le rejoindre, apparaissant à ses côtés pour fixer la mer avec lui.


« Je savais que vous étiez là, professeur. Je vous sentais m’observer.

– Je n’avais pas la résolution suffisante pour briser cet instant entre toi et Zesunis.

– Je comprends… »


Un malaise s’installa entre nous. Astaris ne savait pas quoi dire, et moi je ne pouvais entamer une conversation après une telle disparition. Mais l’heure n’était plus à la tergiversation inutile. Il fallait aller droit au but.


« Zesunis a raison. Il faut que tu retournes sur terre, Astaris. Des tas de personnes ont encore besoin de toi là-bas, et aucun habitant d’Izrath ne voudrait te savoir mort alors que tu as encore un moyen de survivre.

– Je le sais. Me répondit le juge en se mordant la lèvre. Je sais bien que le meilleur choix que je puisse faire, c’est de dire adieu à ce monde et vivre en tant qu’homme. C’est la chose la plus juste à entreprendre. Car il y a sans doute des personnes qui auraient aimé avoir ma place, alors je ne peux pas gâcher cette opportunité. C’est logique, rationnel, un fait. Ce n’est que justice de jouir d’un droit. »


Il marqua une pause, avant de se tourner vers moi, les larmes aux yeux.


« Mais je n’accepte pas cette justice ! S’écria-t-il, sur le point de craquer. Je ne peux pas faire passer les faits avant les émotions comme je le fais d’habitude ! Pourquoi suis-je le seul qui puisse vivre alors que pour ce faire je dois laisser derrière moi toute la vie que j’ai construite en Izrath !? C’est injuste ! Je refuse cette justice ! Je partirai avec vous !

– Zesunis paierait cher pour obtenir les images d’un juge de ta trempe défiant la justice elle-même. Ris-je.

– Malheureusement, j’aurais beau contester ce jugement, personne ne viendra pour en discuter avec moi. C’était simple, pour Hakaze, de dire je défie ton autorité, mais pour moi, il n’y a personne au-dessus à qui me plaindre.

– C’est à Zetsubô qu’il faut se plaindre. Raillai-je. C’est lui et lui seul qui est responsable de cette situation.

– C’est vrai…soupira le juge. Mais alors, que puis-je faire ?

– Prier pour nous ? Cela serait déjà beaucoup je pense.

– En effet. Il n’y a que Dieu pour écouter les prières d’un juge déchu de son autorité. »


Il s’exécuta. Il ferma les yeux, laissant couler ses larmes qu’il retenait en lui jusqu’alors, afin de revenir à l’humilité incarnée par nous tous. Au-delà d’être un juge, un Izrathien, ou un homme, Astaris n’était qu’une existence semblable à toutes celles de ce monde ou des autres, y compris celles ayant un tant soit peu d’autorité ici-bas comme moi ou Eraser. Je pouvais lui faire confiance. Au-delà de sa carcasse rigide, il était le mieux qualifié pour se remettre en question et aller de l’avant. J’étais persuadé qu’il trouverait la meilleure solution afin d’honorer le titre qu’il portait désormais : celui de seul rescapé d’Izrath.


Tandis qu’il murmurait une prière à son créateur, en fermant les yeux, je me sentis disparaître à mon tour. Étant l’Izrathien possédant la plus grande réserve magique, et en étant le régisseur, il était normal que je sois le dernier à m’évaporer de ce monde. Était-ce ma punition pour avoir poussé Zetsubô jusqu’à ce stade, ou tout simplement, une ultime réminiscence pour me réconforter ? Je n’en avais aucune idée, mais une chose était certaine : notre sacrifice allait définitivement écrire une page de l’histoire. J’en avais la prémonition, non, la certitude.


« Merci d’avoir accepté de t’investir en notre monde Astaris…lui murmurai-je. Izrath te sera éternellement reconnaissant, pour tout ce que tu as fait. »


Je m’évaporai sans pouvoir entendre sa réponse, laissant mon esprit en ascendance jusqu’aux cieux, afin de rejoindre mon peuple dans cette nouvelle étape à laquelle ils devaient faire face.


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