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[Fic]L\'achèvement du Destin
heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [06/01/2019] à 16:50

Chapitre 37 : Iori, le visage du Chaos



Spoiler :



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Une nouvelle secousse ébranla le sol. Cela faisait déjà six fois. J’ignorais ce qu’il se passait dehors, mais j’espérais que ces tremblements étaient synonymes de bonnes nouvelles…

Derrière moi marchaient les démons, étrangement silencieux, ainsi que Satoshi. Nous progressions rapidement depuis maintenant plus de vingt minutes à l’intérieur du corps de Noun, n’accordant que peu d’importance aux parois que nous rencontrions. Nous nous contentions de détruire celles qui nous barraient la route afin d’arriver au plus vite au cœur de ce monstre pour arrêter une bonne fois pour toute Fuji Makoto.

De temps à autres, nous tombions sur des sortes d’anticorps nous barrant le chemin, mais ils ne nous ralentissaient que de quelques microsecondes. Les pouvoirs des démons, ainsi que ceux de Satoshi, étaient réellement impressionnant et ne faisaient qu’une bouchée de ces défenses naturelles…

Mais…allaient-ils être suffisant pour sauver le futur de notre monde ? Nous n’avions que très peu d’informations sur Fuji Makoto. Même les démons ignoraient quelles étaient les réels pouvoirs accordés au possesseur de Noun mais la façon dont ils en parlaient ne présageait rien de bon.

Après un vol qui me parut interminable, nous défonçâmes une dernière parfois et nous nous retrouvâmes dans un immense gouffre semblant sans commencement ni fin.

Là, des milliers d’artères et de veines s’entremêlaient et formaient une sorte de chemin menant certainement au cœur du premier esprit de duel.

Tout était sombre dans ce précipice, et la seule lumière provenait d’en bas, faible, presque éteinte, mais existante.

A intervalles régulier, je pouvais entendre de puissants battements, et en même temps, de minuscules sphères lumineuses traversaient le réseau sanguin de ce monstre pour plonger vers la lueur ténue.

Je frissonnais. Je n’aimais pas cette ambiance. Nous n’avions aucune idée de ce qu’il se passait à l’extérieur. Les communications avec les autres étaient coupées. Nous avancions à l’aveugle à l’intérieur d’un être vivant de la taille de la lune. Toutes les conditions étaient réunies pour notre défaite…

Je chassai ces mauvaises pensées de mon esprit. Je devais faire confiance au plan de Miyako. Dans le futur, elle s’était révélée à mainte reprise excellente stratège, il n’y avait pas de raison pour qu’elle échoue cette fois-ci.

-Tu me sembles pensive, Yuiko Iori ; déclara soudain Luminion en me tirant de mes pensées.

-Pas…Pas du tout ! Bafouillai-je, surprise.

-Inutile de le cacher. Vous les humains êtes si simples à cerner que cela en devient déplorable ; grogna Gariatron d’un air hautain.

-J’ignorais que tu t’y connaissais autant en sentiments humain mon cher ; ricana Typhos.

Le démon du vent eut droit à un regard noir de la part de l’intéressé qui ne trouva rien d’autre à répondre que de détourner le regard, agacé.

-Je ne pense pas que nous ayons le temps de nous battre pour des bêtises pareilles ; siffla Tellas, impatiente. Vous fêterez vos retrouvailles plus tard mais pour le moment, nous devons rester concentrés sur Fuji Makoto.

Sans ajouter un mot, les démons plongèrent vers la lumière mais, au moment où je m’apprêtais à les suivre, Satoshi me retint par l’épaule.

-Iori ; me dit-il avec tout le sérieux du monde. Je dois te dire quelque chose.

-ça ne peut pas attendre ? Lui répondis-je d’un air ennuyé.

-Cela concerne le plan de Miyako…Enfin, plus précisément, celui de Shadow.

Lorsque j’entendis cela, je perdis mon air décontracté et je fronçai les sourcils, soudain très attentive.

-Cela ne sera pas aussi simple que sur le papier, c’est ça que tu veux me dire j’imagine ?

Le garçon hocha la tête et je serrai les dents.

-Ce que Shadow demande…Envoyer Fuji Makoto en dehors du temps et de l’espace, cela m’est faisable en théorie…Cependant, pour cela, je devrais faire appel à Armageddon lui-même.

Je déglutis. A ce moment, je tentai tant bien que mal de contrôler mes tremblements et de rester stoïque mais rien que l’idée de l’affronter aussi tôt me nouait le ventre.

Lorsque Satoshi reprit, sa voix changea et je compris qu’il n’essayait pas de me menacer mais de m’avertir.

-L’espace que nous créerons sera entièrement régi par Armageddon. J’imagine que tu comprends ce que cela implique.

-Oui ; répondis-je en me mordant la lèvre.

-Les démons et toi ne devrez pas affronter un seul ennemi, mais deux. Vous feriez mieux de rester à l’écart si nous devons en arriver là.

-Et te laisser combattre seul ? C’est de la folie ! M’exclamai-je, interdite.

-Non, je ne pourrai pas me battre non plus. J’utiliserai trop d’énergie pour garder cet espace stable sur lui-même.

-Mais dans ce cas, qui…

-Asuna ; me coupa le jumeau. Je l’ai contactée, elle est en route et accompagnée d’Angéla. J’ignore si leurs pouvoirs seront suffisants mais nous n’avons d’autre choix que de leur faire confiance.

Je voulus rétorquer quelque chose, mais aucun mot de sorti de ma bouche. Je n’avais aucune solution face à ce dilemme. Je n’étais déjà pas certaine de pouvoir affronter Fuji Makoto, alors si Armageddon s’en mêlait, c’était le meilleur moyen pour tout perdre d’un coup…Je n’avais d’autre choix que de me replier si la situation s’envenimait apparemment…

La tête basse, je me contentai d’acquiescer. Je n’aimais vraiment pas la tournure que prenait les événements mais je ne pouvais pas courir le risque de compromettre l’avenir du monde par simple fierté.

Ainsi, résignés, nous plongeâmes à la suite des démons qui commençaient à s’impatienter.

Notre descente fut longue. Très longue. Et plus nous nous enfoncions, et plus je me sentais lourde à cause de la gravité.

Cependant, après une chute qui me parut interminable, j’aperçus finalement une immense plateforme sphérique se contractant régulièrement et vers laquelle convergeaient tous les vaisseaux sanguins.

Alors que nous nous approchions, je sentis en moi mes pouvoirs grandir et les démons furent entourés d’aura lumineuses bien plus puissantes qu’à l’ordinaire.

-Le cœur de Noun…Murmura Syphos, impressionné.

-La source de tous les pouvoirs du monde des esprits ; continua Pyros, sur ses gardes. Il est vrai que je me sens plus puissant…Mais ce n’est pas valable que pour nous malheureusement.

-Ne me dis pas que tu as peur la torche vivante ; railla Typhos.

-Je vous jure que je vais étrangler ce type s’il n’arrête pas de ricaner rapidement ; cracha la démone de la Terre, exaspérée.

-Mes frères, ma sœur, Iori, Satoshi, Fuji Makoto se trouve certainement derrière ces parois, êtes-vous prêts ? Entama Luminion en se plaçant face à nous. Cette bataille n’est pas la nôtre. C’est celle du monde des esprits tout entier. Nous n’avons pas le droit à l’échec.

-Arrête un peu tes grands discours Luminion. Je n’ai que faire du monde des esprits. Fuji Makoto n’est qu’une pierre sur mon chemin dans ma vengeance contre Armageddon et comme toutes les pierres, je le balayerai ! Le coupa Gariatron en plongeant vers le cœur.

-J’avais oublié à quel point il était Tsundere, comme dirait ma très chère Terra ; lança la démone en haussant les épaules.

Celle-ci se lança à la suite de Gariatron et nous fîmes de même.

Sans prendre aucune précaution, nous défonçâmes la paroi du cœur de Noun et nous nous retrouvâmes dans une immense pièce, si grande que je n’en voyais même pas le bout.

La, il n’y avait rien. Rien, à l’exception d’une minuscule sphère lumineuse en lévitation vers laquelle des milliers de lignes lumineuses tracées au sol convergeaient.

Nous nous posâmes à quelques mètres de cet étrange objet, prudents. Et nous avions raison de nous méfier. A peine avions-nous touché le sol qu’un ricanement s’éleva dans tout l’espace autour de nous et l’air se mit à vibrer près du globe.


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Instantanément, nous nous mîmes en position de défense tandis que, lentement, une brume épaisse s’éleva des fissures dans le sol pour former le corps de Fuji Makoto. Cependant, il avait modifié son apparence humaine pour devenir…une nouvelle entité de laquelle émanait une puissance phénoménale.

Tout son corps semblait avoir été recouvert par la voute céleste. Il était comme recouvert de milliards d’étoiles lointaines, perdues au milieu d’une infinité sombre et glaciale. Son visage ne se résumait plus qu’à deux yeux blancs et luisant tandis que sur son front, se dessinait une sorte de couronne. Ses cheveux quant à eux avaient poussés jusqu’à ses hanches et flottaient gracieusement derrière lui, répandant une fine poussière d’étoile sur le sol. Enfin, sur son torse étincelait une sphère dorée sur une moitié, noire sur l’autre.

Rien que la vue de ce corps presque divin suffisait à me laisser sans voix.

-Et bien, qu’avons-nous ici ? Déclara-t-il d’une voix qui résonna longuement dans tout l’espace. Je suis honoré de vous rencontrer enfin, chers démons originels. Vous ne pouvez pas savoir combien de temps j’ai attendu ce moment…Le moment où je pourrai enfin vous écraser de mes propres mains !

Un sourire mauvais se dessina sur sa figure et la lueur de ses yeux redoubla d’intensité.

Avant même que nous ayons compris ce qu’il se passait, des chaines sortirent du sol et nous clouèrent au mur sans que nous ne puissions riposter.

Je tentai instinctivement de me libérer avec les pouvoirs des démons mais il n’y avait rien à faire. Je ne pouvais pas briser ces chaines…

Gariatron, dans un élan de colère, et oubliant totalement le plan, cracha une rafale de flammes noires sur notre ennemi. Mais celui-ci ne leva même pas le petit doigt. L’attaque fut tout bonnement absorbée par la sphère bicolore de son torse.

Le démon des ténèbres écarquilla les yeux, interdit mais Fuji Makoto se contenta de rire gravement.

-Admirez la puissance du noyau du monde des esprits. Vos piètres attaques ne sont rien face à moi désormais.

-Attendez, Fuji Makoto ; commença Luminion. Nous ne sommes pas venus pour nous battre, nous voulons simplement…

-Discuter ? L’interrompit-il d’un air étonné. Pour ensuite me piéger entre les dimensions ? C’est ingénieux, en effet. Votre chef est une bonne stratège.

-Mais comment…M’étranglai-je, stupéfaite.

-Le pouvoir de lire dans les pensées. Vous possédez de beaux atouts, vous les alliés des démons ; s’amusa l’homme. Mais vous possédez bien plus amusant en réserve je vois.

Fuji ouvrit la paume de sa main droite vers nous et aussitôt, les chaines se couvrirent de glace si froide que même Pyros se mit à greloter.

Il ne m’en fallut pas plus pour comprendre. Il n’y avait qu’une seule personne dans le monde capable de générer un tel froid…

L’homme referma brutalement la paume de sa main et les chaines autour de Satoshi se brisèrent net. Mais ce-dernier ne pouvait toujours pas bouger, tous ses membres étant pris dans la glace impénétrable de Laura.

-Satoshi d’Héliopolis…En voila un nom qui me répugne ; grogna notre ennemi en s’approchant du garçon. Mais peu importe. Toi seul possède un pouvoir qui m’intéresse…Le pouvoir de modifier le destin.

-Modifier…Le de…Destin ? Grelota le jumeau. Pou…Pourquoi…A…Avez-vous…Be…Besoin de ce pouvoir ?

-Voyager dans le temps comme le fait Chronos ne m’est d’aucune utilité. Je ne suis que spectateur et tout ce que je fais est sans conséquence. J’ai besoin d’un pouvoir plus grand…Le pouvoir d’Armageddon lui-même. Mais malheureusement, celui-ci vit dans un espace qui lui est propre…un espace hors du monde des esprits…un espace hors du contrôle de Noun.

-Vous voulez…Changer le passé ? Murmurai-je, tremblante.

-Allons, tu es bien mal placée pour me dire que c’est de la folie, Yuiko Iori, toi qui ne viens même pas de cette époque.

En entendant cela, les yeux de Satoshi s’agrandirent sous l’effet de la surprise et je détournai le regard.

-Oui…Justement…Je suis la mieux placée pour le dire…parce que j’ai perdu la raison il y a longtemps maintenant…

-Iori…Alors…C’est pour ça que tu combats Armageddon ? Pour changer…Le passé ? Me demanda Satoshi, choqué. Mais pourquoi ?

-Si je te répondais honnêtement, vous abandonneriez tous ce combat…parce que ma raison n’est pas légitime.

-Que veux-tu dire ? Me lança le garçon, méfiant.

-Tout simplement qu’elle est prête à mettre le monde en danger pour un simple caprice d’enfant, et ce, malgré son âge bien plus avancé que toi ou moi ; compléta Fuji Makoto. Mais je ne peux pas la blâmer. Après tout, mon objectif est similaire. A la seule différence que moi, je ne compte pas perdre plus de quatre-vingts ans de ma vie. Alors tu vas gentiment me donner ce pouvoir que je recherche et j’épargnerai peut-être votre monde…Enfin, si votre ligne d’univers survit bien évidemment.

L’homme de lumière saisit Satoshi par le cou et je le vis grimacer sous l’effet de la douleur. La sphère lumineuse du torse de Fuji Makoto rayonna de plus belle tandis que tout son corps fut entouré d’une intense aura violette.

Le garçon lâcha un hurlement de douleur alors que son énergie semblait drainée par la sphère, exactement comme l’avait été l’attaque de Gariatron. Usant de toutes mes forces, je tentai de me libérer mais il n’y avait rien à faire, ces chaines refusaient de se briser…


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A côté de moi, un rugissement furieux retentit, aussitôt suivi d’un cliquetis de métal rompu. En tournant la tête, je vis Gariatron, libre, sous sa forme originelle. Le démon des ténèbres asséna un violent coup de queue à Fuji Makoto qui fut obligé de lâcher sa prise sur Satoshi pour esquiver et se plaça à distance raisonnable de son ennemi, arborant toujours un sourire confiant.

-Fuji Makoto…Je me fiche de savoir quels sont tes plans et encore plus la raison qui les motive ; grogna le dragon ébène. Cependant, Armageddon doit disparaitre, et je ne laisserai pas un misérable humain comme toi s’emparer de ses pouvoirs !

Une brume noire enveloppa entièrement l’espace et Gariatron se fondit dedans, devenant complètement invisible pour nous.

Tout à coup, une griffe sortie du sol et heurta Fuji Makoto pour l’envoyer dans les airs. Puis, avant même qu’il n’ait commencé à retomber, une autre apparut juste au-dessus de lui et le propulsa au sol avec une violence inouïe. L’homme s’enfonça de plusieurs mètres dans la pierre avant qu’une colonne de flammes noires ne l’enveloppe totalement.

Satoshi profita de ce moment de distraction pour briser la glace qui le retenait prisonnier et il tomba à genoux en toussotant tandis que les autres démons se libérèrent de la même façon que leur frère, en reprenant leur forme originelle.

-Restez derrière nous, humains. Nous nous chargeons de lui ; déclara calmement Pyros.

Au même moment, la colonne de feu se dissipa et Fuji Makoto, réapparut sans aucune égratignure. Le démon des flammes changea entièrement son corps en un brasier ardent et se précipita sur l’homme pour le heurter de plein fouet.

Sans attendre de riposte, Typhos rugit et des centaines de lames d’air fusèrent vers le détenteur du cœur des esprits pour le trancher de toutes parts.

Alors qu’il retombait vers le sol, une immense stalagmite aiguisée comme un rasoir s’éleva et embrocha le pauvre homme, le traversant de part en part. Du sang commença à couler le long de la pierre et Fuji Makoto ne réagissait plus. Mais malgré cela, une immense sphère aquatique s’abattit sur l’homme qui se retrouva noyé pendant que son sang se diffusait lentement dans l’eau transparente et la teintait de rouge.

Le corps de Luminion se mit à rayonner aussi fort que le soleil et le roi des démons originels projeta un immense rayon incandescent qui fit exploser la bulle d’eau ainsi que la pierre, ne laissant qu’un épais écran de fumée.


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Tous les démons se regroupèrent, l’air satisfait d’eux et pendant un instant, je crus réellement à notre victoire…Jusqu’à ce qu’un rire rauque s’élève dans les airs et que la poussière ne se dissipe d’un seul coup, nous laissant voir notre ennemi, sans une égratignure, se tenant debout à quelques mètres au-dessus du sol, baignant dans une lumière aveuglante.

-Comment ! S’écria Pyros, fou de rage.

Fuji Makoto claqua des doigts et une minuscule boule de lumière apparut, boule qui projeta lentement vers le démon du feu. Celui-ci s’écroula aussitôt lorsqu’elle le toucha et il reprit sa forme humaine, inconscient.

Devant cela, les autres démons tentèrent d’attaquer à nouveau le possesseur de Noun mais encore une fois, toutes leurs tentatives furent absorbées par la sphère de son torse.

-Tout cela est ridicule ; soupira Fuji d’un air lassé.

Se déplaçant à la vitesse de la lumière, asséna un violent coup de poing dans la tête de Typhos qui tomba au sol lui aussi. Puis l’homme se téléporta juste au-dessus de Tellas avant de tirer un puissant rayon sombre qui mit à terre la démone en une fraction de seconde. L’instant d’après, ses yeux luirent d’un éclat intense et une lance s’échappa de son autre main pour venir se planter dans le cœur de Syphos.

J’étais soufflée par la puissance que possédait Fuji Makoto. Il venait de mettre à terre quatre démons que moi-même j’avais eu du mal à vaincre lors de mes précédents voyages dans le temps, et ce, sans même être essoufflé.

Devant ce carnage, Luminion et Gariatron passèrent en position défensive, désormais sur leurs gardes.


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-Je le savais…je le savais que les humains ne nous apporteraient que des ennuis, Luminion ; grommela le démon des ténèbres.

-Allons mon bon Gariatron, voila que tu remets tout le monde dans la même catégorie, je pensais que ces millénaires d’exil t’avaient appris quelque chose ; lui répondit son frère, cherchant à masquer tant bien que mal son appréhension face à la situation.

Gariatron n’ajouta rien et, reprenant forme humaine, se précipita sur Fuji Makoto. Cependant, il n’utilisait plus ses pouvoirs mais se battait simplement au corps à corps. Au début surpris, l’homme s’adapta rapidement au style de combat de son adversaire et commença à parer tous les coups avec une facilité déconcertante.

-Je n’ai pas le choix on dirait ; soupira le démon de lumière.

A son tour, il reprit forme humaine et se jeta dans la bataille aux côtés de son frère. Fuji Makoto ne put esquiver le nouveau combattant et il fut projeté contre le mur, laissant à Gariatron un instant de répit.

-Je…Je n’avais pas besoin de ton aide…Haleta-t-il.

-Je ne suis pas venu t’aider dans ce cas. Je suis venu m’excuser de t’avoir mené sur le mauvais chemin.


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En entendant cela, les yeux de Gariatron s’écarquillèrent et il resta bouche bée, stupéfait par ce qu’il venait d’entendre.

-Luminion…tu…

-Nous sommes quittes à présent ; se contenta de répondre le démon doré avec un sourire. Je me charge du reste à présent.

Puis il se lança à nouveau dans la bataille, laissant l’ancien maitre de Shadow cloué sur place.

Lorsque Fuji Makoto émergea du mur dans lequel il avait atterri, Luminion n’attendit pas et lui asséna un puissant coup de pied retourné. L’homme ne put que mettre ses bras devant son torse pour parer le coup qui le repoussa tout de même. Sans attendre la fin de son attaque, notre allié sauta et attaqua Fuji par les airs, le propulsant sur le sol où il s’écrasa en crachant une gerbe de sang.

Là, Luminion changea sa main en griffe avec laquelle il lacéra son ennemi sans pitié avant de l’expulser en hauteur. Puis il prit son élan pour donner un violent coup de genou à notre ennemi alors qu’il retombait.

Cependant, Fuji Makoto anticipa le mouvement et se décala à la dernière seconde. Luminion, frappant dans le vide, fut déstabilisé et l’homme de lumière profita de cet instant pour le saisir par le bras et l’envoyer valser contre le mur à son tour.

Les yeux du démon s’agrandirent lorsqu’il heurta la pierre et j’entendis un craquement sourd. Il se décala néanmoins juste à temps pour éviter un coup de poing fulgurant qui transperça le mur sur plusieurs mètres. Mais il ne fut pas assez rapide pour esquiver dans la foulée un second coup de poing.

Luminion vola jusqu’à nous et s’écrasa juste en face de Gariatron qui n’avait toujours pas bougé tandis que Fuji Makoto vint se replacer devant nous, à peine essoufflé.

-Votre résistance est futile, démons. Ce combat n’est pas le vôtre. Donnez-moi simplement Satoshi et je vous épargnerai pour le moment.


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Tous les regards se tournèrent vers Gariatron, seul combattant encore en état de se battre et son visage se crispa.

-Gariatron…Murmura son frère au sol, incapable de se relever.

-Tu es vraiment pathétique, Luminion ; grommela le démon des ténèbres. Tu essaies encore de me convaincre de suivre tes méthodes alors que je vois qu’elles n’ont aucune chance d’aboutir…

Son regard passa rapidement sur Satoshi, puis sur Fuji Makoto, avant de s’arrêter en croisant le mien.

-Je suis désolé…Murmura-t-il en fermant les yeux.

Mon cœur rata un battement dans ma poitrine et j’écarquillai les yeux.

-Attends…Gariatron…Qu’est-ce que tu…

-La destruction d’Armageddon passe avant tout le reste, et ce, même avant la protection du monde des esprits.

-Oh, tu te rends ? Lança Fuji Makoto, amusé.

-Yuiko Iori ! Me lança soudain le démon des ténèbres, l’air peiné. Cela m’arrache la gorge de le dire…Mais je suis impuissant dans cet état…

-Non, ne fais pas ! N’oublie pas que Shadow…

-Il y a longtemps, j’ai placé ma confiance dans un humain qui prétendait pouvoir changer les choses sur les conseils de Luminion. Cependant celui-ci m’a trahi et j’ai sombré dans la folie de la vengeance…Mais malgré cela…Shadow m’a suivi jusqu’au bout, et ce, malgré ma haine envers vous. J’ai été incapable de sauver le seul humain que je jugeais digne de me succéder…Alors, puisqu’il a placé ses espoirs en toi, moi aussi, je vais respecter sa dernière volonté !

Gariatron se mit à rayonner d’une intense lueur noire. Fuji Makoto, méfiant, recula d’un pas. Le démon arracha de son torse une minuscule lumière qui fusa vers moi

-Utilise tout mon pouvoir…Non, notre pouvoir comme bon te semble, Humaine !


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La lumière fut bientôt rejointe par d’autres s’élevant du corps de tous les démons au sol et m’enveloppèrent dans une douce chaleur. Au fond de moi, je sentis une énergie nouvelle m’envahir. Mon cœur me brula, un puissant vent émana de moi, mes membres durcirent comme de la pierre et je contrôlai la glace qui entouraient les chaines pour les briser net.

Deux lueurs entourèrent mon corps, l’une sombre, l’autre dorée, et mes yeux prirent la même teinte. Devant cela, Fuji Makoto poussa un cri de rage et projeta une lance de feu sur moi. Mais cette fois-ci, ce fut à mon tour d’absorber son attaquer avec une main, et de la lui renvoyer de l’autre.

Evidemment, la sphère de son torse prit tous les dégâts de l’attaque, mais je vis dans les yeux de notre ennemi une pointe de peur se dessiner.

-Genesis…Origins ! Ton petit jeu s’arrête ici, Fuji Makoto ! Origins Pulse !

Je collais mes deux mains entre elles et un intense jet de lumière multicolore fusa vers Fuji Makoto. Ce dernier, confiant, se contenta de croiser les bras et de laisser la pierre absorber toute mon énergie. La terre se mit à trembler lorsque nos deux pouvoirs se rencontrèrent et des éclairs s’échappèrent de mon rayon qui commençait à zigzaguer tout en convergeant vers ce simple point sur le torse de mon ennemi.

Tout en maintenant mon attaque, je frappai le sol de mon pied pour ouvrir une fissure sous l’homme de lumière. Celui-ci, ignorant mon attaque, se mit à léviter mais j’avais prévu cela. Ainsi, dans mon dos, je déployai deux immense ailes sombres qui générèrent un vent violent en direction de Fuji.

Déstabilisé, son visage se crispa soudain, comprenant que je n’étais pas à prendre à la légère. Et voyant qu’il commençait à faiblir, mon rayon d’énergie redoubla d’intensité. Mais ce ne fut pas suffisant. Ses yeux se mirent à luire d’un éclat sombre et une vague de puissance s’échappa de lui, me heurtant si fort que j’en perdis l’équilibre et stoppai net mon assaut.

-Yuiko Iori. Si tu désires réellement m’affronter, essai au moins d’y mettre toute ta puissance.

Je grimaçai. Je ne voulais pas libérer tout mon pouvoir d’un seul coup. Je devais garder des forces pour mon affrontement contre Armageddon…

Mais lorsque je croisai le regard de mon ennemi, mon sang se glaça et je compris une chose. Celui que j’avais en face de moi…était certainement bien plus puissant que le maitre du destin en terme de force brute. Il possédait tous les pouvoirs du monde des esprits dans le creux de sa main…Ma seule chance de le vaincre était de gagner un combat, non pas de puissance, mais de maitrise !


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Je fermai les yeux, concentrant tous les pouvoirs des démons qui résidaient en moi. Ma main gauche s’embrasa, la droite se liquéfia, mon corps devint aussi solide que de la pierre et mes jambes aussi légères que la brise. Dans mon dos, mes ailes rayonnèrent de plus belle, de même que mes yeux bicolores.

Je pris une grande inspiration…Et fonçai Fuji Makoto. Il crut d’abord qu’il serait en mesure de m’arrêter facilement, comme il l’avait fait avec les démons, mais je dépassai ses attentes. A quelques centimètres de lui, au lieu de lui asséner un coup de poing fulgurant, je ligotai fermement son corps avec une chaine de feu.

-Co…Comment ! S’étrangla-t-il.

Sans même prendre la peine de lui répondre, j’agrippai fermement la sphère incrustée dans son torse et tentai de la lui retirer de force.

-C’est terminé, Fuji Makoto !

Des éclairs noirs et ors jaillirent et me percutèrent mais j’ignorai la douleur, me concentrant à retirer cette horreur dans l’espoir de priver l’homme de ses pouvoirs. Il hurla à la mort, ne pouvant pas même se débattre tandis que, lentement, je sentais l’objet se détacher de son corps. Des fils de chair se rompirent et du sang doré gicla sur le sol.

-Arrête, tu ne sais pas ce que tu es en train de faire ! S’époumona Fuji, l’air effrayé.

-Si, je sais parfaitement ce que je fais, je sauve le futur !

Sentant que j’étais proche du but, je tirai de plus belle quand tout à coup, un craquement retentit et une fissure se forma dans le globe.

Sans même comprendre ce qui m’arrivait, une lueur s’échappa de cette minuscule fissure et m’aveugla totalement. Je fus alors prise dans une violente explosion qui m’arracha à ma cible. Je sentis mon corps se décomposer, exactement comme lors de mes voyages temporels et tous mes sens me lâchèrent pour ne laisser place qu’au vide.


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Lorsque je repris mes esprits, la scène de bataille avait disparu, de même que Satoshi et Fuji Makoto. Je me trouvai à présent dans un immense palais de glace…Palais que je reconnus immédiatement. Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines au moment où une voix grave confirma mes craintes.

-Ce combat est perdu d’avance pour toi, Yuiko Iori.

Je me retournai en sursaut et c’est là que je le vis. Ce grand dragon en armure noire, accoudé sur son trône et me dévisageant d’un regard empli de haine.

-Armageddon !

-Enfin nous nous retrouvons, humaine du futur.






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le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [12/01/2019] à 13:57

Chapitre 38 : Asuna, laments of a dying star



Spoiler :



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Une promesse faite à des amis chers, la vengeance contre un homme m’ayant tout pris, l’espoir d’un futur radieux…Est-ce que tout cela…Etait en train de voler en éclat devant mes yeux sans que je n’y puisse rien faire ?…

J’avais suivi les directions de Satoshi afin de trouver le cœur de Noun et débusquer ce rat de Fuji Makoto…Mais le temps de m’y rendre, il était déjà trop tard.

Lorsque je pénétrai la pièce, accompagnée d’Angéla, ce que je vis me sidéra. Satoshi était seul, à terre et l’homme que je haïssais le plus en ce monde semblait avoir perdu la raison. L’homme, possédant un nouveau corps auquel je ne prêtai que peu d’attention, se prenait la tête dans les mains, tremblant de tous ses membres. Dans sa poitrine était incrusté un globe bicolore et fissuré duquel s’échappaient des éclairs d’énergies. Fuji avait l’air de réellement souffrir, il hurlait de douleur, tentant de retirer cette étrange sphère de son torse mais rien n’y faisait.

Etions-nous arrivés trop tard ? Etais-je en train de voir mon pire ennemi mourir devant mes yeux, tué par la main d’un autre que moi ? Non…Cela ne pouvait pas arriver…J’avais consacré beaucoup trop de temps et d’énergie à cette cause ! Fuji Makoto était à moi et à personne d’autre !

Dans un cri de rage, je projetai un rayon sombre vers l’homme afin de lui donner le coup de grâce.

-Non, Asuna, arrête ! Hurla Satoshi en grimaçant de douleur.

Il était trop tard. Mon attaque fusait déjà sur l’homme se tordant de douleur. Cependant, elle ne l’atteignit jamais et fut simplement absorbée par la sphère, me laissant sans voix. Lorsque cela se produisit, les éclairs redoublèrent d’intensité, de même que les cris de Fuji qui tomba à genoux, se tortillant lamentablement sur le sol.

Angéla généra un bouclier pour nous protéger des éclats d’énergie frappant le sol avec une si grande intensité qu’ils le faisaient fondre…

-Satoshi…Qui s’est-il passé ici ? Finis-je par demander d’une voix timide.

-Fuji Makoto…Le pouvoir du monde des esprits est en train de le submerger…Murmura le garçon faiblement.

-Que veux-tu dire ? Cette sphère minuscule serait le noyau ? M’étranglai-je.

-Oui…Et en la brisant, Iori a libéré tout son pouvoir d’un seul coup…Et ce pouvoir est en train de submerger son possesseur…

-Tu veux dire…Que Fuji Makoto est en train de s’autodétruire ?…

-Je ne peux rien affirmer pour le moment…

Je serrai les dents. J’étais tiraillée entre la satisfaction que mon ennemi soit enfin hors d’état de nuire, et la frustration de n’y avoir été pour rien…

Soudain, un bruit de verre brisé me tira de mes songes et, en relevant la tête, je vis que le bouclier d’Angéla venait de se briser en mille morceaux.

-Il ne faut pas rester là ; grimaça la blonde. Son énergie est bien trop grande pour être contenue. Si nous restons à proximité, nous allons simplement griller sur place.

Sans protester, j’acquiesçai et je pris Satoshi sur mes épaules avant de m’éloigner au plus vite de cette centrale nucléaire ambulante.

Alors que nous quittions le cœur de Noun, nous croisâmes Laura et son groupe dans la direction opposée. Cette dernière sursauta en me voyant, se souvenant certainement de notre dernière rencontre, mais l’heure n’était pas aux représailles ni aux excuses. Nous devions simplement fuir et cela, Hélios le compris immédiatement devant l’état de santé de Satoshi.

Mais, alors que nous courions aussi vite que nos jambes nous le permettaient, une vive explosion retentit derrière nous. J’eus à peine le temps de me retourner pour voir le cœur de Noun voler en éclat dans une lumière aveuglante. L’instant d’après, nous fûmes soufflés comme de vulgaires brindilles par la déferlante.

Dans la panique, j’improvisai un bouclier de fortune qui ne m’empêcha pas de m’écraser contre une paroi et de la traverser entièrement.

Je roulai plusieurs fois au sol avant d’être en mesure de m’arrêter, le nez dans le liquide poisseux qui servait de sang au colosse.

Tous mes vêtements s’étaient déchirés lors de mon vol plané, mon corps était couvert de plaies et de bleus et tous mes muscles étaient endoloris, comme s’ils étaient claqués…

Avec difficulté, je me relevai en titubant et pus constater l’étendue des dégâts. Du cœur de Noun, il ne restait plus rien. Plus la moindre trace de l’immense sphère ni de Fuji Makoto…


https://www.youtube.com/watch?v=z9_RD-iRQW0


Mais mon ennemi juré avait beau avoir été détruit par sa propre explosion, je ne ressentais aucune joie dans mon cœur meurtri…Simplement, un immense vide.

-Et maintenant…Me murmurai-je à moi-même.

Finalement, je n’avais servi à rien. Je n’avais fait que mettre des bâtons dans les roues de ceux qui possédaient déjà le pouvoir de vaincre ce fou. Je n’avais même pas été capable de venger la mort de Kagari ni même la perte de notre foyer. Je n’avais été que spectatrice…

Jamais je n’avais imaginé cette possibilité. Celle d’une fin banale, sans combat de ma part. Une fin dans laquelle je n’étais que moi, Hoshino Asuna, non pas la volonté d’un monde, mais une simple fillette se mêlant de choses qui la dépassaient de loin…

Je baissai la tête, dépitée. Tout était fini. Il ne me restait plus qu’à rentrer chez moi et vivre le restant de mes jours avec cet immense vide au fond de la poitrine. Que pouvais-je faire d’autre de toute façon ?

Sans conviction, je me retournai et utilisai les pouvoirs d’Armageddon pour libérer les autres, enfouis sous les gravats avant de me retirer sans prononcer un seul mot. Ma place n’était plus ici désormais. Je n’avais aucune raison de m’attarder davantage.

-Attends, Asuna ; déclara une voix grave.

Je sentis une main se poser sur mon épaule, ainsi que le cliquetis d’une armure mais je ne me retournai pas. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec les gens de ce monde…Pas même avec Drago ni Hélios.

D’un coup sec, je tentai de me dégager mais la prise se resserra.

-Je sais ce que tu ressens mon enfant.

-Non…Vous ne savez pas ; répondis-je au roi d’une voix éteinte.

-Tu te sens vide au fond de toi, n’est-ce pas ? Tu te croyais héroïne et tu te rends compte que finalement, tu n’as rien fait d’autre que mettre des bâtons dans les roues aux véritables héros, que le monde n’avait pas besoin de toi pour être sauvé, que tu n’étais rien d’autre qu’une fille banale impliquée dans une guerre qui la dépassait de loin…Je me trompe ?

Je me crispai en entendant cela. Non pas parce que cette vérité était trop dure à admettre, mais parce qu’Hélios lisait en moi comme un livre ouvert.

-Je peux comprendre ton mal être…Car c’est exactement ce que moi j’ai ressenti lorsque Drago a finalement vaincu Gariatron, il y a de cela presque trois ans.

La voix de l’homme se brisa et je me retournai, interloquée. La, celui que je vis n’était plus le fier guerrier imbu de lui-même, prétentieux et beau parleur qui était venu me trouver dans mon monde. Il avait l’air fatigué et affaibli…Exactement comme nous l’étions tous.

-Hélios…


https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


L’homme soupira et s’assit sur une pierre au milieu des débris, la tête basse, un léger sourire fendant son visage où le poids des âges commençait à se faire sentir.

-Lorsque j’ai accepté Gariatron en moi, il y a cinq mille ans, je pensais réellement pouvoir sauver le royaume que le père de Drago avait laissé derrière lui. Mais finalement, je n’ai réussi à apporter que ruines et désolation sur mon passage avant de sombrer dans la folie. J’imagine que c’est cela que Fuji Makoto désirait changer, m’empêcher d’accéder au trône et sauver sa fille du désastre…

-Une…Fille ? M’étranglai-je. Fuji Makoto ferait tout cela…simplement pour sauver sa fille ?! Mais c’est ridicule !

Le sourire sur le visage d’Hélios s’agrandit légèrement et il me regarda, le regard pétillant de malice, comme s’il me cachait quelque chose.

-Moi je trouve sa motivation belle. Être prêt à tout risquer, sa vie, son humanité, un monde, une ligne d’univers toute entière, et ce, dans le seul but de corriger les erreurs d’un autre…Peu de gens en seraient capables…Et ceux qui sont suffisamment motivés finissent par sombrer dans la folie devant l’impossibilité de cette tâche…Et j’ai fait partie de ceux-là…

Le regard du roi passa alors sur Satoshi, Angéla, Darksky, Saya et Laura qui émergeaient lentement des décombres, encore sonnés par l’explosion.

-Ce n’est que lorsque je suis revenu à moi et que j’ai rencontré les jumeaux que j’ai retrouvé une chose que j’avais perdu dans ma quête de puissance. Pour la première fois depuis une éternité, je me suis senti vivre. Pas en tant que sauveur ni souverain, mais simplement en tant qu’humain. Tout ce que je souhaitais désormais, c’était de vivre avec eux, les protéger des dangers de ce monde, les voir grandir entourés de vous tous, les féliciter de leur réussite, les gronder pour leurs bêtises, leur apprendre tout ce que je savais de la vie et qu’ils m’apprennent à leur tour les mécaniques de ce monde qui m’est encore étranger…

Soudain, la voix du roi se brisa et je pus distinguer un éclat brillant au coin de son œil. Etrangement, je comprenais ce qu’il ressentait. Moi aussi, je ne m’étais sentie pleinement vivante que lorsque j’avais tenté de sortir Drago de la solitude. J’avais passé chaque heure, chaque minute, chaque seconde de mon existence à chercher une solution à son problème, si bien que jamais je n’avais ressenti ni l’ennui, ni la fatigue, ni la lassitude. Tout ce que je faisais me donnait un immense sentiment de satisfaction, même lorsque j’échouais, car j’avais cet espoir que chaque action avait un impact sur lui…Je me sentais indispensable somme toute…

-Je n’ai jamais su si j’aurais fait un bon père ; reprit Hélios d’une voix lente. Celestia est morte alors qu’elle portait notre enfant…

-Vous auriez été le pire de tous ; lança soudain Saya en le coupant.

Nos regards se tournèrent vers la blonde qui affichait simplement un sourire niais tandis que Darksky se prenait la tête dans les mains, l’air désespéré.

-Si vous aviez eu un enfant, je n’aurais pas donné cher de sa peau ; continua-t-elle d’une voix plus légère. Vous l’auriez emmené faire une course de Dragons, peu importe son âge. Vous lui auriez appris des choses inutiles comme comment jouer des mauvais tours à ses amis. Vous auriez confié sa garde à d’autres pendant vos aventures pour le protéger mais vous auriez été incapable de le punir lorsqu’il vous aurait suivi malgré vos avertissements. Et pire que tout, vous lui auriez transmis votre bêt…je veux dire, votre simplicité d’esprit !

-Dis, tu ne parlerais pas pour toi par hasard ? Railla Darksky qui se prit immédiatement un coup sur la tête de la part de Laura.

Angéla et Satoshi restèrent silencieux mais leurs regards parlaient pour eux et ils semblaient en accord avec les paroles de la blonde à queue de cheval.

Le roi soupira une nouvelle fois puis se releva en souriant à son tour.

-Si vous le dites. Tout cela pour te dire Asuna, un jour, tu retrouveras certainement toi aussi une nouvelle raison de vivre.

Je ne lui répondis rien et me contentai de lui tourner le dos.


https://www.youtube.com/watch?v=h8qg-XzHgUk


Cependant, alors que je m’apprêtai à m’envoler, une intense douleur me saisit à mon œil aveugle. Au loin, une lueur rayonna au milieu des ténèbres et mon cœur s’accéléra lorsque je vis une forme humaine en son centre.

Aussitôt, le vide immense laissa place à la colère…Mais aussi à la joie…A la joie sadique de pouvoir accomplir mon œuvre !

Mais, sans même avoir eu le temps d’activer mes pouvoirs, la forme humaine se téléporta juste devant mes yeux. Instinctivement, je tentai de sauter en arrière mais à peine fussé-je frôlée par le bout de son doigt qu’une force phénoménale me projeta contre le mur.

Je crachai une gerbe de sang lorsque des éclats de pierre pénétrèrent dans ma chair et transpercèrent mes poumons.

Laura eut également à peine le temps de se mettre en position que le monstre apparut devant elle et tenta de faire de même. Heureusement, Angéla fut plus vive et s’interposa, invoquant un nouveau bouclier entre l’homme et elle.

Le mur d’énergie de tint qu’une fraction de seconde avant de disparaitre, comme s’il avait été absorbé par le corps de cette créature aux allures divines.

La blonde écarquilla les yeux, stupéfaite. Laura la plaqua au sol de justesse avant qu’elle ne se prenne le même coup que moi.

Juste derrière elles, Darksky se tenait debout et, l’air furieux, projeta une puissance tornade de plumes d’acier acérées en direction de notre ennemi. Mais ce-dernier ne daigna même pas bouger. Les projectiles se mirent simplement à tourner autour de lui avant de se faire renvoyer à l’envoyeur. Saya contra l’attaque in extremis d’un simple revers de la main mais la chose lumineuse s’était déjà téléportée devant elle. La blonde prit l’attaque de plein fouet et fut propulsée en arrière, heurtant violemment Darksky et tous deux s’encastrèrent dans le mur.

De la glace se forma sous les pieds de la créature divine, ainsi que sur son torse et ses bras. Laura, touchant le sol du bout de ses doigts, tentait d’immobiliser notre ennemi.

Mais cela n’eut aucun effet. Il disparut purement et simplement sans même être gêné. Ayant anticipé cela, Angéla érigea une sphère de protection autour d’elle et de la fille de Shadow. Une fois de plus, ce fut un échec. La main de l’homme traversa simplement la barrière comme si elle n’existait pas et envoya au tapis les deux amies d’une simple pichenette.

Je voulus me relever mais mes jambes me lâchèrent aussitôt. Darksky et Saya semblaient au bord du coma et Laura et Angéla étaient bien trop sonnées pour réagir. Il ne restait plus que Satoshi, toujours très faible, et Hélios, en état de se battre.

Mais, alors que le garçon commençait à activer les pouvoirs d’Armageddon, Hélios mit son bras devant lui. Son expression avait changé. Jamais je ne l’avais vu aussi sérieux qu’à ce moment-là. Pour la première fois, je ne vis ni comme un bouffon, ni comme un excentrique, mais réellement comme un guerrier…non, un souverain prêt à tout pour protéger ses sujets.

Au lieu d’attaquer directement, notre ennemi regarda le roi droit dans les yeux et eut un moment d’arrêt.


https://www.youtube.com/watch?v=CoRbgUZb0n4


-Hé…Lios…Articula la créature.

-Fuji Makoto…Ta colère est légitime et je suis seul responsable de ce qui est arrivé.

-Iris…Morte…Guerre…Démon…Murmura-t-il, des larmes étincelantes coulant le long de ses yeux luisants.

-Oui, c’était une fille merveilleuse. Luna aimait passer du temps avec elle au temple. Je suis sincèrement désolé pour ce qui lui est arrivé.

-Mensonges…Trahison…Changer…le Passé…

-Je sais que ton but est noble et à ta place, je poursuivrai certainement le même. Cependant…vois-tu, j’ai moi aussi une famille à protéger désormais, alors si tu veux l’exterminer, tu devras me passer sur le corps, Fuji Makoto…Non, grand prêtre de Solaris, Amon !

-Disparais…Hélios !

Poussant un rugissement bestial, l’homme de lumière se jeta sur Hélios, comme un tigre attaquant sa proie. Mais le roi ne bougea pas d’un pouce. Tandis qu’une violente bourrasque s’échappa du corps d’Hélios, une puissante aura blanche le recouvrit entièrement et ses yeux virèrent au doré le plus pur.

Lorsque le poing du grand prêtre heurta notre allié, une explosion souleva un épais nuage de poussière tout autour des deux combattants. Mais, alors que je pensais que le roi avait été balayé comme nous, ce dernier réapparut, debout, calme, bloquant l’attaque grâce à la paume de sa main.

Je lisais dans le regard de Fuji sa surprise face à une telle réaction et je l’étais tout autant que lui. Il avait suffi à l’homme de m’effleurer pour me mettre à terre là ou Hélios encaissait une attaque frontale sans aucune difficulté.

Sans perdre une seconde, l’ennemi de l’humanité fit un bond en arrière pour tenter d’asséna un coup de pied dévastateur. Une fois de plus, Hélios bloqua l’attaque avec son avant-bras sans broncher. Le sol se fissura tout autour d’eux tant l’impact fut violent.

Fuji tenta de porter plusieurs coups si rapides que j’avais du mal à suivre tous ses mouvements, mais Hélios les bloquait tous sans bouger d’un millimètre. Lorsque son adversaire se téléporta derrière lui pour le prendre par surprise, il fut repoussé par une force invisible et le grand prêtre vola contre le mur.

-Amon…Ta force est grande, mais ce pouvoir n’est pas le tien. Tu ne le maitrise même pas au centième.

-Ne…Ne te fout pas de moi…Hélios ! Beugla-t-il.

Fou de rage, Fuji se téléporta juste devant le roi. Ce dernier tenta de parer une potentielle attaque mais son adversaire avait un autre plan. Alors qu’il était en position de défense, l’homme de lumière disparut de nouveau pour réapparaitre juste au-dessus de lui.

De là, tel une météorite, il s’écrasa sur Hélios qui ne put rien faire pour se défendre. Notre allié fut plaqué au sol avec une violence telle que je ressentis la force de l’impact de là où j’étais.

Ne laissant même pas d’instant de répit, Fuji se mit à mitrailler le pauvre homme au sol qui n’avait pour seul moyen de lutter que ses bras.

Mais, alors que je pensais que c’était terminé, une intense lumière émana du corps du seigneur soleil. Fuji fut propulsé dans les airs sans comprendre ce qui lui arrivait et, se relevant instantanément, Hélios le frappa d’un uppercut. L’homme fut envoyé si haut dans les airs que je perdis sa trace visuelle.

L’ancien roi, lui, n’attendit pas le retour de son adversaire et chargea un nouveau rayon lumineux qu’il envoya vers le ciel.

J’entendis un cri de douleur et une explosion lointaine retentit. Pendant un court instant, je crus que nous avions gagné. Mais Hélios, lui, restait sur ses gardes.

Il avait raison. A l’endroit où l’explosion avait eu lieu, le corps de Fuji Makoto réapparut, entouré à présent d’une sinistre aura sombre, comme une barrière ardente le protégeant.

Il plongea une nouvelle fois sur Hélios qui tenta de le bloquer, en vain. Le roi fut projeté en arrière. Et alors qu’il ne s’était pas encore remis en position, le grand prêtre se précipita sur lui. S’ensuivit à partir de là une pluie de coups que le roi ne pouvait que contrer maladroitement, reculant toujours un peu plus à chaque fois.

Les deux combattants se déplaçait si vite que je peinais à discerner les trainées lumineuses qu’ils laissaient derrière eux et je ne pouvais voir distinctement que lorsqu’un coup direct était porté.

Les murs et le sol ne semblaient pas exister pour les deux hommes qui les traversaient comme du papier mouillé. Partout, des éclats de pierre volaient mais cela ne les dérangeait même pas. Uppercut vers le haut, attaque d’énergie, frappe frontale, Fuji Makoto déployait tout un arsenal de coups qui aurait laissé les meilleurs combattants en piètre état. Mais pas Hélios. Celui-ci tenait chaque coup, chaque attaque, chaque frappe sans exprimer la moindre émotion, ayant toujours la parade appropriée à son ennemi.

Finalement, le roi se décida à répondre aux assauts du grand prêtre. Je vis leurs poings s’entrechoquer et je fus obligée de planta mon épée dans le sol et de m’y accrocher de toutes mes forces pour ne pas être soufflée comme une brindille.

Contre toute attente, Hélios eut l’avantage. Fuji s’écrasa sur le sol, abasourdi tandis que son ennemi réatterrit tranquillement quelques mètres plus loin derrière lui.

-Je vois…C’est donc ça la puissance que tu as acquis au cours de ces dernières millénaires…Hélios…Murmura l’homme de lumière en se relevant.

-Je vais certainement te décevoir mon cher Amon mais non. Je ne fais que protéger ceux qui me sont chers ; lui répondit le roi en haussant les épaules.

-Dans ce cas…Il est peut-être temps que moi aussi, j’utilise la même force que toi…Admire, Hélios : Fusion parfaite activée…


https://www.youtube.com/watch?v=bM9noRWNgsM&t


Je m’étranglai en l’entendant prononcer ces mots. Cet homme…il cachait un tel atout dans sa manche…Il possédait déjà plus de puissance que nous tous réunis dans sa forme normale…je tremblais rien qu’à imaginer ce que la fusion parfaite pouvait lui apporter.

Hélios était sur ses gardes. Il ne semblait pas spécialement inquiet mais je pouvais lire dans ses yeux qu’il prenait enfin ce combat au sérieux.

Fuji Makoto poussa un cri de rage. Un dôme d’énergie noire émana de lui et des éclairs s’abattirent sur le sol. Au loin, le tonnerre gronda, une bourraque de vent brûlant souffla et la terre trembla. Le sol sous nos pieds, déjà en piètre état, commença à s’effondrer et Laura du attraper Saya par le col pour l’empêcher de sombrer dans les profondeurs de Noun. Sous les pieds de l’homme, le symbole de la fusion parfaite apparut : une galaxie spirale…Non…Ce n’était pas un simple symbole…Une véritable galaxie était en train de naitre devant nos yeux, et ceux, par la simple volonté de Fuji Makoto !

Une explosion lumineuse m’aveugla et, lorsque le flash se dissipa, je retins mon souffle devant la créature que j’avais face à moi. Ce n’était plus Fuji Makoto. Une nouvelle fois, son corps s’était métamorphosé. Mais pas physiquement. Je ne pouvais pas dire ce qui avait changé en lui…mais il semblait différent. Il était toujours rayonnant comme une supernova et avait toujours autour de lui son aura presque divine.

Et pourtant, sa présence était écrasante. J’avais l’impression qu’il se trouvait partout et nulle part à la fois. Je le ressentais dans tout l’espace alors que je voyais, devant moi, en chair et en os.

Les autres semblaient aussi abasourdis que moi par cette transformation. Même Hélios recula d’un pas, prudent.

-Il est temps de vous montrer la puissance infinie de Noun ! Contemplez, pauvres fous qui osez vous dresser sur le chemin du mage le plus expérimenté de Solaris, le pouvoir de dépasser les dieux ! Viens à moi, Iris !

Cette fois-ci, Hélios écarquilla les yeux, interloqué. Dans un rire fou, Fuji leva la main au ciel et une faille s’ouvrit. Une colonne de lumière descendit jusqu’au sol et lentement, une forme humaine apparut. Il s’agissait d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, au visage fin et aux longs cheveux ébènes flottant gracieusement derrière elle. Sa peau était mate et son nez droit. Ses yeux étaient fermés et elle était recroquevillée sur elle-même, comme un enfant dans le ventre de sa mère.

La fille s’arrêta à quelques centimètres du sol et resta dans cette position, à l’intérieur d’une sphère protectrice.

-Amon…Tu ne viens tout de même pas de…

-Je te l’ai dit, Hélios ; le coupa l’homme. Je n’ai toujours eu qu’un seul objectif, celui de reprendre ce que le destin et toi vous m’avez pris. A présent, il ne me reste plus qu’à défaire Armageddon pour m’assurer qu’Iris survive.

C’est alors que des larmes dorées s’échappèrent des yeux de l’homme et qu’il écarta les bras en levant les yeux au ciel.

-Finalement, après toutes ces années de faux semblants et de lutte, j’ai enfin réussi ! Iris est là, en chair et en os ! Il ne reste plus qu’un seul obstacle à franchir avant de pouvoir trouver enfin le repos…Et cet obstacle…C’est d’éliminer ceux qui m’ont arraché ma fille !


https://www.youtube.com/watch?v=rf2ICcDLuws


Fuji se précipita de nouveau sur Hélios avec une vitesse hallucinante. Le roi tenta de parer comme il l’avait fait précédemment mais il ne put rien faire et fut projeté en arrière. Dans son vol plané, il tenta de riposter en projetant un rayon de lumière sur son adversaire mais il traversa simplement l’homme comme s’il n’existait même pas.

C’est alors qu’un second Fuji fit son apparition derrière Hélios…Non, ce n’était pas un second…il s’agissait du même être. Il s’était déplacé si rapidement que même la lumière n’avait pas suivi son corps et avait laissé une image résiduelle de lui…

D’un coup de genou, Fuji envoya le roi dans les airs puis joignit ses deux mains pour le propulser au sol. Avant qu’Hélios n’ait pu toucher la pierre pour reprendre son équilibre, le grand prêtre se téléporta à côté de lui et tira un rayon de lumière droit sur le roi.

Le père adoptif de Satoshi disparut dans les flammes de l’attaque pour réapparaitre quelques mètres plus loin, ses habits fumants et sa cape en lambeaux, mais vivant.

Sans dire un mot, Hélios passa à son tour à l’attaque, projetant une puissante déferlante d’énergie sur son adversaire. Fuji fit de même et lorsque leurs attaques se rencontrèrent, Angéla invoqua se releva d’un seul coup pour ériger un bouclier pour nous envelopper tous.

L’instant d’après, je remerciai le ciel de sa vivacité. Tout autour de nous n’était plus que ruines et chaos. Il ne restait rien des entrailles de Noun. Ses veines et son cœur avait disparu pour ne laisser qu’un immense cratère fumant sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Leur attaque avait libéré tant d’énergie qu’elle avait même ouvert un passage vers l’extérieur et nous pouvions voir le noir du vide spatial au-dessus de nos têtes…

Les deux hommes quant à eux se faisaient face, volant au milieu du vide, ne semblant même pas remarquer les dégâts qu’ils avaient causés.

Cependant, je pus constater une chose qui m’avait échappée jusque-là. Alors que Fuji Makoto semblait en pleine possession de ses capacités, Hélios, lui, était exténué. Sa respiration était saccadée, de nombreux hématomes couvraient sa peau, il suait à grosse gouttes et ses membres tremblaient.

-Oh, serais-tu déjà à tes limites, Hélios ? J’imagine que c’est cela que de vivre aussi longtemps. Tu as peut-être maitrisé ton pouvoir à la perfection, mais tu n’auras pas eu le temps de t’en servir à ton plein potentiel.

Sans même écouter son adversaire, Hélios se précipita sur lui mais Fuji l’avait vu venir. A la dernière seconde, alors que le roi n’était plus qu’à quelques millimètres de lui et qu’il s’apprêtait à le frapper en pleine face, l’homme libéra toute sa puissance d’un seul coup.

Un laser s’échappa de ses yeux et transperça l’armure d’Hélios à la poitrine, juste à côté de son cœur. Il poussa un cri de douleur et cracha un filet de sang tout en s’écrasant violemment plusieurs centaines de mètres plus bas.

-Hélios ! S’écria Saya, affolée.

Elle voulut le rejoindre mais Laura la retint par l’épaule. Si elle affrontait Fuji maintenant, elle n’avait aucune chance et cela. Malgré cela, Satoshi activa ses pouvoirs et se prépara à sortir pour aider le roi.

-Re…Reste où tu es…Satoshi…Lança Hélios en tentant de se relever.

-Tu résistes encore ? Tu es plus coriace que tu en as l’air ; grogna Fuji, agacé. Accepte tes limites et abandonne ta vie ici.


https://www.youtube.com/watch?v=SZ0kcB5m7_8


-Mes…Limites…quelle foutaise…

Avec difficulté, le roi se remit debout. Une rivière de sang s’écoulait abondamment de son torse mais il ne s’en préoccupait pas et regardait simplement Fuji dans les yeux d’un air déterminé.

-Hélios, ne forcez pas, j’arr…

-Satoshi…Saya, Laura, Darksky, Angéla…Et même toi, Asuna.

Tous nos regards se tournèrent en même temps vers le roi qui souffrait rien que pour rester debout mais qui refusait tout de même de s’avouer vaincu.

-Vous m’avez appris que, même pour une coquille vide comme moi, il existe encore un avenir. Vous m’avez montré, chacun à votre façon, que je pouvais aller bien plus haut, me dépasser dans des domaines dont j’ignorais même l’existence avant de vous rencontrer. Elever des enfants comme les miens, vivre ma vie loin des tourments de souverain, transmettre mon savoir aux générations futures, pardonner à ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont tenté de m’éliminer…Et découvrir les conséquences de mes actes des milliers d’années plus tard…

L’aura autour d’Hélios revint soudainement et dans ses yeux, je pus discerner comme deux minuscules galaxies à la place de ses pupilles.

-Oh non, c’est hors de question ! Meurs, Hélios !

Fuji Makoto projeta un nouveau rayon d’énergie sur le roi qui ne put l’éviter et le reçut de plein fouet. Il hurla de douleur lorsqu’il fut absorbé par la lumière mais ne faiblit pas et l’aura qui l’entourait s’intensifia davantage.

-Mes enfants !

Tout à coup, deux ailes incandescentes naquirent dans le dos d’Hélios et le rayon de Fuji Makoto commença à se dissiper au profit de l’aura éblouissante du roi. Il mit la main sur son cœur et y arracha une sphère lumineuse, bien plus radieuse que tout ce que j’avais pu voir jusqu’ici. C’était comme s’il tenait une étoile naine au creux de sa main.

-Attendez, Hélios ! Ne faites pas ça ! S’écria Satoshi, affolé.

-Amusez-vous bien ! Mangez bien ! Etudiez bien et Reposez-vous bien ! Profitez de votre vie au maximum, appréciez chaque moment, savourez chacune de vos joies, surmontez chacune de vos peines et continuez à viser les sommets ! Ne cessez jamais de croire en vous et dans les liens que vous avez tissés tous ensemble ! Ne prenez pas le même chemin que moi et épanouissez-vous dans une voie lumineuse ! Moi, Hélios, le seigneur Soleil d’Héliopolis, vous confie l’avenir de vos mondes respectifs ! Voici la plus puissante des fusions : Avalon ! Fais tomber Amon, Dragon Hiératique d’Avalon, Atum !

Le corps d’Hélios se métamorphosa en un immense dragon doré à l’armure d’argent. La sphère lumineuse dans ses mains grandit d’un seul coup et une vague d’énergie pure déferla.

-Luminion Lifelight !

Le rayon de Fuji Makoto fut noyé dans la lumière de l’attaque. Le corps de l’homme fut pris dans l’explosion également et ses membres se désagrégèrent en poussière d’étoile. Je ne pus entendre qu’un cri où se mêlaient rage, douleur et frustration avant que tout ne devienne blanc et que l’espace ne soit absorbé par la lumière.


Pendant plusieurs instants qui me parurent une éternité, je ne pus rien voir de l’issue de ce combat. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Je redoutais autant que je ne pouvais attendre de connaitre le destin de Fuji Makoto.

Lentement, la luminosité revint à la normale et une unique silhouette se dessina. Un homme se tenait debout, seul au milieu du néant, une longue cape volant derrière lui. Puis une chevelure blonde se découpa, ainsi qu’une armure dorée. A ce moment-là, je ne peux expliquer pourquoi, une immense joie emplit mon être tout entier et mon visage s’éclaira d’un large sourire que je ne pus contrôler.

Saya sauta de joie sur place, Satoshi soupira de soulagement, Angéla ferma les yeux, l’air heureuse et Darksky et Laura firent un pas en avant, abasourdis, lorsque tous discernèrent Hélios nous faisant face.

-Hélios ! Vous avez réussi ! S’écria Saya. Je savais que ce Fuji Makoto ne vous résisterait pas une seule seconde !

A ce moment-là, je fus saisie d’une angoisse incontrôlable. Quelque chose clochait. Le roi se tenait bien face à nous mais son sourire était figé…Et également incroyablement triste.

Au moment où la blonde à queue de cheval se précipita sur le roi pour lui donner une grande tape dans le dos, sa main passa simplement à travers le corps d’Hélios comme s’il n’existait plus. L’instant d’après, des sphères lumineuses commencèrent à l’entourer et peu à peu, l’homme se fondit dans le décor tel un fantôme. Mon cœur se serra lorsque je compris ce qu’il se passait et je détournai le regard, incapable de supporter cela.


https://www.youtube.com/watch?v=ubn6-n_XTXY&t


-Hé…Lios ? Demanda-t-elle timidement, interdite.

-Désolé ma chère Saya, j’ai gardé ce secret pour moi pendant tout ce temps…Mais il semblerait que nos chemins se séparent ici.

-Co…Comment ? S’étrangla-t-elle. Mais…non…Hélios…Vous n’avez pas le droit…Pourquoi…

-Luminion m’avait prévenu ; répondit le roi d’une voix chargée de regrets. Son pouvoir me maintenait en vie après toutes ces années. Mais pour protéger ce monde…pour vous protéger, j’ai dû puiser dans ce pouvoir.

-Attendez…Je ne comprends pas…Déclara Darksky d’une petite voix. Vous allez disparaitre ? C’est une blague hein ? C’est encore votre humour douteux qui prend le dessus, rassurez-moi ! Vous n’allez tout de même pas…Vous ne pouvez pas…

-Darksky…Le coupa Satoshi la tête basse. S’il te plait…Ne rends pas les choses plus dures qu’elles ne le sont déjà…

-Non ! Je refuse d’y croire ! Il doit bien y avoir une solution ! Laura, tu as pu sauver Angéla avec les pouvoirs de Gariatron, tu dois bien être en mesure de…

Hélios, le coupant dans sa phrase, secoua la tête négativement.

-Merci pour tout, Darksky…Je ne te l’ai jamais dit à l’époque…Mais tu as été la meilleure de mes recrues. Toi et Saya formiez un duo hors pair. Je suis sincèrement désolé pour tous les soucis que je t’ai causés. Excuse-toi auprès de Marie aussi…Je n’ai jamais pu lui donner de véritable revanche à la course de Dragons après tout…

Le roi se tourna alors vers Laura. La brune fit un pas en avant et mis sa main sur son cœur. Je voyais bien qu’elle faisait tout pour retenir ses larmes mais son visage trahissait ses émotions.

-Laura, mon enfant…Tu es certainement celle qui a le plus souffert par ma faute et même une dizaine de vie ne suffiraient pas à pardonner ce que je t’ai fait subir à toi, à ton père et à ta famille…

-Ce…Ce n’est rien ; bégaya-t-elle d’une voix brisée par l’émotion. On va dire…on va dire que grâce à vous, j’ai pu retrouver Darksky…Et puis…je…je…

La jeune fille ne put terminer sa phrase et des larmes se mélangèrent à son sourire forcé.

-Merci d’avoir veillé sur nous pendant tout ce temps, Hélios ; sanglota-t-elle en s’inclinant.

La lumière qui entourait le roi se fit plus intense et les sphères de lumière se multiplièrent tandis que son corps devenait toujours de plus en plus transparent.

-Angéla…Je…

-N’en dîtes pas plus, Hélios ; le coupa la blonde en lui tournant le dos pour cacher son visage mais sa voix trahissait elle aussi sa peine. Vous avez gâché ma vie…Vous avez pris mes amies…Vous avez tenté de me tuer…Et pourtant…pourtant…les jours que vous avez passés à m’entrainer restent gravés dans ma mémoire…Vous étire sévère mais juste, stupide mais amusant, lourd mais indispensable…alors…Merci pour tout…

Cela arracha un léger sourire au roi qui soupira avant de se tourner vers moi. Mon cœur se serra un peu plus lorsque ses rouges croisèrent mon œil borgne et je ne pus m’empêcher d’avoir honte. J’avais tout fait pour pourrir la vie de ses protégés…et voila qu’il me débarrassait de mon pire ennemi au prix de sa propre vie…Et malgré cela, je ne trouvais pas les mots pour remercier celui qui m’avait permis de revoir Drago.

-Asuna…La vie nous réserve bien des surprises, tu ne trouves pas ? Qui aurait cru que tu te retrouverais embarquée dans un conflit dans lequel tu n’as aucune attache ? Amon était ma responsabilité. Jamais toi et ton monde n’auriez dû payer pour mes fautes. Des excuses ne sont que des mots et ne changeront jamais ce qui est arrivé…Mais sache que je te souhaite de tout cœur de trouver la paix et le bonheur que tu recherches…et que je suis désolé.

-Ne…Ne soyez pas ridicule ; bégayai-je en détournant le regard. Même si j’aimerais vous blâmer pour tout ce qui s’est passé, j’en suis bien incapable…et encore moins dans ces circonstances…

Non…Ce n’était pas ce que je voulais lui dire…Je voulais le remercier…alors pourquoi n’arrivai-je pas à prononcer ces simples mots ? Pourquoi me sentais-je aussi indigne de l’attention et de la gentillesse que me portait le roi ? … Je ne voulais pas qu’il disparaisse, lui qui était le premier à m’avoir ouvert les bras alors que j’étais au plus bas, je voulais qu’il continue à m’épauler, à me guider, à me conseiller. Si je pouvais tout recommencer, j’aurais voulu ne jamais l’avoir quitté et l’avoir suivi avec Serena et Satoshi…Mais rien de tout cela ne sortit de mon esprit…

Lorsqu’enfin le roi se tourna vers Satoshi, son expression changea et la fausse joie disparut de son visage pour ne laisser place qu’à la tristesse et au regret.

-Satoshi, mon enfant…Murmura-t-il. Je sais que tu n’aimes pas les longs discours alors je vais être bref. La vie n’est pas faite de noire ou de blanc…

-Mais elle est colorée de milliers de couleurs différentes, je sais ; le coupa le garçon.

Le roi esquissa un sourire en entendant cela, comme un père entendant son fils ayant enfin appris une leçon compliquée.

-Hélios ; reprit-il en serrant le poing et en baissant les yeux. Je vais vous le dire clairement : lorsque je vous ai rencontré, je vous ai tout de suite détesté. Vous étiez un guignol sorti de nulle part, aux habitudes étranges et ne connaissant pas nos coutumes à Satellite. Et pourtant, aujourd’hui, je vous considère presque comme mon père…C’est ridicule, n’est-ce pas ? Serena se moquerait bien de moi en m’entendant mais je m’en fiche à présent. Je déteste faire preuve d’émotion…C’est vrai après tout…A quoi bon s’attacher à quelqu’un…à s’énerver contre lui…à se faire du souci pour lui…tout en sachant très bien qu’il va disparaitre un jour où l’autre !

A son tour, le garçon qui n’avait jusque là jamais fait preuve d’aucun sentiment envers personne, se mit à pleurer à chaude larmes, comme s’il relâchait en une seule fois tous ses sentiments refoulés depuis des années.

-Pourquoi…Je le savais…Depuis que vous nous avez emmenés à Héliopolis…Je le savais…Et je m’étais juré de ne pas refaire la même erreur qu’avec nos parents…Je savais que vous alliez nous quitter ! Alors pourquoi me suis-je attaché à vous ! Pourquoi ai-je redouté ce moment fatidique ? Pourquoi ai-je apprécié ces moments stupides passés auprès de vous ? Pourquoi ai-je été incapable de vous prendre pour une de ces simples ordures qui arpentaient les rues de notre poubelle ? Pourquoi…ai-je fini par vous traiter comme un membre de ma propre famille…

-Satoshi…Merci pour tout ce que vous avez fait, toi et ta sœur…ce que tu me dis maintenant…Me confirme que la coquille vide que j’étais à finalement réussi au moins une chose dans sa longue et interminable vie…

A bout de forces, Satoshi tomba à terre et ses larmes se répandirent sur le sol.

-Non…Merci à vous, Hélios, de nous avoir tiré de la misère…

-Lorsque tu verras ta sœur, dis-lui que je suis désolé de ne pas avoir pu lui dire au revoir en face et qu’elle saura quelle est la bonne voie à suivre.

-Je n’y manquerai pas…


https://www.youtube.com/watch?v=_-t06qBtiJk


Le corps tout entier du roi se mit à rayonner et ses membres commencèrent à disparaitre lentement dans la lumière tandis qu’il se tourna enfin vers Saya. La blonde à la queue de cheval n’avait pas bougé et lorsque leurs regards se croisèrent, elle se jeta simplement dans les bras d’Hélios. Mais contrairement à la première fois, elle ne passa pas au travers de lui et pu se blottir contre son torse pour pleurer. Dans un geste paternel, il la prit dans ses bras et ferma les yeux.

-Saya…Ma fille…Ma très chère petite fille…Tu dois être forte par toi-même à présent.

-Hélios…S’il vous plait, ne partez pas maintenant…J’ai encore besoin de vous…

-Je suis heureux de t’avoir recueillie il y a de cela dix ans. C’est ta présence qui m’a permis de tenir face aux ténèbres de mon cœur pendant toutes ces années. Tu étais ma lumière à travers la nuit, celle qui me guidait sur le chemin de l’humanité que j’avais perdue. Je me souviens encore de cette fille gambadant à travers les ruines d’Héliopolis joyeusement, ignorant tout du monde mais étant simplement heureuse d’avoir trouvé quelqu’un à qui sourire. Est-ce que tu t’en souviens toi aussi ?

-Oui…Vous avez été le premier à me tendre la main là où même mes parents m’avaient abandonnée…Vous m’avez tiré de cette chambre sombre, froide et déserte de l’orphelinat. C’est pourquoi je me suis enfuie lorsque Gariatron a commencé à prendre le dessus…Je ne voulais pas détruire l’image que j’avais de vous…

-Je vois…Dis-moi, Saya, en ai-je fait assez ?

-Vous étiez le pire des pères…Mais pour moi, il n’y avait pas meilleur homme sur terre que vous…Alors s’il vous plait…ne partez pas maintenant ! Nous avons encore tant de choses à partager !

-Je vois…

La lumière devint presque aveuglante et du corps d’Hélios, il ne restait plus que le haut de son corps enlaçant tendrement sa fille adoptive qui sanglotait dans ses bras.

-Hélios…

-Merci d’avoir accepté d’être ma fille, Saya. Merci d’avoir accepté l’homme détruit que j’étais. Merci d’avoir donné un sens à ma pauvre vie…Pour tout…Merci…Et adieu.

Un bruit de métal frappant le sol retentit dans la salle et Saya tomba sur le sol lorsque le corps d’Hélios s’envola dans pluie de poussière d’étoile.

-Hé…Hélios… ?!

La blonde, les yeux rouges et noyés dans les larmes, tenta de rattraper en vain tous ces filaments de lumière mais ne fit que brasser de l’air…Le roi était parti. Il ne restait de lui que sa couronne ainsi que ces milliers d’éclats scintillants s’élevant lentement vers le ciel, baignant dans une douce lumière.

-PAPA !

Seule la plainte déchirante de Saya résonna dans cet espace vide et dévasté. A ce moment-là, je réalisai une chose importante : malgré moi, je m’étais attachée aux habitants du monde de Drago. Mais pour le comprendre, j’avais dû payer le prix le plus élevé qui soit…






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [10/02/2019] à 16:45

Yuiko Saya : Le sourire d’une orpheline


Prologue



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=h9sRYRrCLVE


Un cratère fumant. Des débris de pierres encore chaudes. Des larmes. De la tristesse. Un immense vide dans mon cœur. Et une couronne d’or que je serrais contre mon cœur de toutes mes forces.

Je ne voulais plus me lever. Je ne voulais plus ouvrir les yeux. Je ne voulais plus respirer. Je ne voulais plus parler. Je voulais simplement arrêter le temps sur cet instant et oublier la guerre, oublier le monde des esprits, oublier tout…tout excepté le sourire de l’homme qui un jour avait tendu la main à une orpheline faible et malade sur le bord de la route.


Je m’en souvenais encore parfaitement. J’avais fui l’orphelinat gris et froid dans lequel je vivais et m’étais lancée sur les routes, sans réel objectif, espérant trouver une vie plus joyeuse ailleurs. Mais comment une fillette de douze ans pouvait-elle survivre seule ? C’était impossible et je l’ai démontré rapidement.

C’était un jour d’orage. Le vent soufflait fort. La pluie était glaciale. Mes habits me collaient à la peau. Mon ventre était vide. Je m’étais tordu la cheville et avais trouvé refuge dans un abribus abandonné sur le bord d’une route que personne n’empruntait. Mais je n’avais pas perdu espoir. Mes pouvoirs m’avaient montré un avenir bien plus lumineux…Alors je luttais pour rester en vie, pour que ce futur se réalise…Et il prit la forme d’un homme.

Il avait eu l’air de sortir de nulle part et portait un costume étrange, tout droit venu d’un autre siècle mais je m’en fichais. Il semblait émaner une lueur si réconfortante que je me suis simplement blottie dans ses bras et ne l’avais plus quitté.

L’homme me recueillit. Il me soigna. Il me nourrit. Il m’hébergea. Il prit soin de moi. Toutes ces petites intentions insignifiantes dont personne, pas même ceux qui m’avaient donné la vie, n’avaient fait preuve envers moi, m’avaient réchauffé le cœur et pour la première fois, j’avais été capable de sourire à quelqu’un sans me forcer.

Pourquoi ne l’avais pas réalisé avant ? Pourquoi avais-je fui ce bonheur se tenant devant moi ? Pourquoi n’avais-je pas cherché à aider l’homme m’ayant sauvé la vie au lieu de le craindre ? Pourquoi avais-je été incapable de le protéger ? Pourquoi…avais-je été incapable…Simplement de le remercier ?…

« Hélios…Finalement, vous ne m’avez jamais dit ce qui vous a motivé…A interrompre vos plans pour vous occuper d’une fillette insignifiante comme moi… »



Chapitre 1 : Avant la tempête



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=pjLekG0YJZM


La ligne d’arrivée était droit devant. Et il n’y avait personne devant moi pour me bloquer le passage. Confiante, je donnais un coup de talons à Chaofeng afin de franchir les quelques mètres qui me séparaient de la victoire.

Tout à coup, un bang sonique retentit derrière moi et je serrai les dents lorsque je vis juste au-dessus de ma tête une immense carapace, prête à s’abattre sur moi.

« Oh non, pas cette fois ! Allez Chaofeng ! »

Poussant un cri de rage, mon dragon accéléra encore. Dix mètres, Cinq. Quatre. Trois. Et c’est alors que mon destrier se fit écraser par le poids de la carapace et je roulais lamentablement dans le sable alors que mon adversaire, lui, franchissait la ligne d’arrivée, l’air fier de lui.


https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


-Ce qui nous fait donc 5-0 pour moi ma très chère Saya ; fanfaronna le roi avec un sourire niais aux lèvres.

-Je suis certaines que vous truquez vos blocs ; ronchonnai-je en gonflant les joues. Pourquoi ai-je uniquement des bananes Naturia alors que vous avez des Raigeki sans arrêt ?!

-Ne sois pas mauvaise perdante, je suis simplement meilleur que toi ! S’exclama-t-il en éclatant de rire.

-Quelle fierté tirez-vous à gagner contre une fillette de douze ans ! Râlai-je en crachant le sable qui s’accumulait dans ma bouche. Vous allez voir, un jour je trouverai quelqu’un qui vous ridiculisera et vous arrêterez de faire le malin !

-Ce jour-là, je m’engage à m’habiller « correctement ». Mais je ne crains rien puisque cela n’arrivera jamais.

-Pari tenu, vous allez mordre la poussière !

Nous frappâmes nos poings pour sceller notre promesse quand, au même moment, une sonnerie tout droit sortie de totally Spies retentit dans l’immense désert. Le roi sursauta et je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire. C’était moi qui avais mis ces six bips en guise de sonnerie à Hélios et je n’étais pas peu fière de ma blague. Ainsi, il passait encore plus pour un clown lorsqu’il sortait dans la rue et il ne s’en rendait même pas compte.

Après avoir passé trente bonnes secondes, l’homme en armure réussit finalement à prendre l’appel et son visage s’assombrit aussitôt puis il s’éclipsa comme il le faisait souvent.


https://www.youtube.com/watch?v=ZIZzj3e4SJs


Cela faisait maintenant six mois que j’avais rencontré Hélios. Je n’avais pas compris qui il était exactement mais je lui étais réellement reconnaissante de m’avoir sauvée. C’est pourquoi, je lui avais demandé de rester à ses côtés. Au début, il avait été réticent. Evidemment, tout le monde l’aurait été à l’idée de recueillir une fille turbulente et inconnue mais il avait fini par céder lorsque je l’avais menacé d’appeler la police pour enlèvement. Enfin…Il avait d’abord fallu que je lui explique ce qu’était la police et comment j’allais la prévenir, ce qui avait engendré pas mal de quiproquo…

Car oui, d’après le peu de choses que j’avais comprises sur lui, Hélios n’était pas de notre époque. Mais cela ne me dérangeait pas. Je trouvais même cela amusant…Du moins au début, avant que je ne comprenne le calvaire qu’était son insertion dans notre monde.

Mais nous formions pour cela un bon duo. Lui qui était bien plus âgé pouvait m’apprendre à survivre, et moi, je pouvais lui faire connaitre notre société. C’était une sorte d’échange équivalent où nous étions tous les deux gagnants.

Même si nous voyagions beaucoup, notre point de chute était un immense château enfoui dans les sables du désert. Là, il n’y avait plus grand-chose à part des ruines mais je m’y plaisais bien plus qu’à l’orphelinat. Je me sentais aventurière dès que je découvrais une nouvelle porte, un nouveau passage…même s’il n’y avait souvent rien au bout à part du sable.

Mon quotidien aux côtés d’Hélios était pour le moins original. J’alternai entre les combats à l’épée de bois, les courses de dragon, les chasses au trésor dans le désert et diverses autres activités dont tout enfant de mon âge aurait rêvé.

Cependant, plus les jours passaient, et plus je sentais une autre présence à l’intérieur de ces murs. Je ne pouvais pas mettre la main dessus ni définir exactement s’il s’agissait d’un esprit ou d’un humain…mais nous n’étions pas que deux dans ce château.

Mais lorsque j’en parlais à Hélios, à chaque fois celui-ci détournait maladroitement la conversation, ce qui me confortait dans mes soupçons. Mais je n’osais pas mener d’enquête plus profonde, de peur de découvrir une vérité déplaisante à l’intérieur de cette vie si agréable.


Ce jour-là, après le coup de fil mystérieux, Hélios me ramena à la civilisation avec l’un de ses tours de passe-passe dont lui seul avait le secret. Et ainsi, en moins d’une heure, nous passâmes du désert profond et aride à une cité moderne, futuriste même, du nom de Néo Domino City.

J’étais émerveillée en arrivant sur les lieux. Moi qui avais grandi dans un vulgaire village de campagne, je n’avais vu les grattes ciels que dans les livres. Et à présent que je les avais en face de moi, j’étais prise de vertige. J’avais réellement l’impression que cette ville pouvait toucher le ciel…

Ici, pas de bois ni de pierre. Simplement des immeubles en verre reflétant la lumière éblouissante du soleil. Et parmi les tours, une se détachait du lot, bien plus haute et bien plus colossale que tous les autres bâtiments : Le QG de la police, servant également de mairie à la ville.

Les rues étaient bruyantes. Des milliers de passant pressés s’affairaient dans les rues tandis que le défilé de voitures sur la chaussée ne semblait pas avoir de fin.

Je n’aimais pas vraiment cette ambiance agitée et stressée à vrai dire. J’avais passé bien trop de temps dans ce désert pour me réhabituer aux ambiances des grandes villes. Mais en tant que simple touriste, je trouvais l’endroit extraordinaire.

Hélios se dirigea à l’écart du centre-ville et prit la direction d’un immense pont reliant Néo Domino City à une autre partie de la mégalopole.

Les senteurs de la mer me piquèrent le nez et j’éternuai plusieurs fois face au vent salé. C’était également la première fois que je voyais la mer…mais je ne l’imaginais pas du tout ainsi. Dans tous les livres que j’avais lus, de grandes plages de sable fin étaient décrites alors qu’ici…Il n’y avait que du béton…

Nous passâmes le grand pont pour rejoindre le quartier nommé « satellite » et nous nous engouffrâmes au milieu de petites ruelles sombres.


https://www.youtube.com/watch?v=J5cgX1Pxx-U


Très vite, l’ambiance changea. Les bâtiments flambants neufs et futuristes disparurent pour ne laisser place qu’à l’obscurité, la saleté et la pauvreté. Plus nous avancions, et plus les bâtiments étaient délabrés. Certains étaient presque dans le même état que notre vieux château !

Et à chaque pas, je me sentais de plus en plus oppressée, comme si des milliers de paires d’yeux étaient rivées sur nous. J’accélérai donc le pas et m’accrochai la cape d’Hélios, peu rassurée.

-Si tu ne te sens pas bien ici, retourne en ville et trouve-toi une occupation en m’attendant, je ne serai pas long ; déclara le roi en me souriant.

-N…Non, tout va très bien ! Bégayai-je en essayant de paraitre forte. C’est vous qui devriez vous méfier si je n’étais pas là pour surveiller vos arrières !

-Dans ce cas, je suis content que tu sois à mes côtés mon enfant ; rit-il légèrement.

Nous avançâmes ainsi jusqu’à ce qui me semblait-être le centre de ce quartier délabré : un immense building en ruines, prêt à s’effondrer. Tout autour, il n’y avait rien. Pas même de la végétation. Et rien que le fixer me donnait la chair de poule…


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Hélios s’arrêta à quelques mètres de l’entrée et un homme sortit du bâtiment. Il était grand, vêtu d’un large imperméable marron et portant un chapeau assorti. Ses cheveux étaient longs et une mèche tombait par-dessus son œil gauche. Il devait avoir la quarantaine…peut-être plus. Mais ce qui m’interpela chez lui fut son extrême maigreur. On dirait dit un squelette vivant.

Aussitôt en le voyant, j’enroulai la cape d’Hélios tout autour de moi et me cachai dedans, ne laissant dépasser que mon front et mes yeux.

Mais l’homme ne daigna même pas poser un regard sur moi et s’arrêta simplement à quelques mètres d’Hélios avant de le fixer de son unique œil vert.

-Seigneur Hélios, votre plus dévoué serviteur, Sayer, est désormais de retour à votre service. Puisse votre règne être long et couronné de succès.

-Seigneur…Hélios ? Murmurai-je timidement.

Comme remarquant soudainement ma présente, l’homme au chapeau me lança un regard noir et pointa sa main vers moi qui s’illumina d’une lueur verdâtre.

Je sursautai mais Hélios s’interposa avant qu’il ne m’arrive malheur puis se tourna vers moi et me dit d’une voix douce :

-Et si tu allais t’amuser un peu en attendant que j’aie terminé ici ? Je n’en aurai pas pour longtemps. Je suis simplement venu négocier quelques…employés.

D’abord réticente à l’idée de m’éloigner du roi, le regard glacial de l’homme me convainquit de ne pas rester davantage.

-D’accord mais j’espère que ce type ne sera pas votre employé ou alors je veux être sa chef, compris ?!

-Ahah, évidemment que tu le seras.

En entendant cela, l’homme tiqua et je lui tirai la langue avant de m’éloigner rapidement en grommelant.

Je n’avais aucune idée de ce qui se tramait mais une chose était sûre : je n’aimais pas le type qu’Hélios avait rencontré. Il ne m’inspirait ni confiance, ni sympathie. Exactement comme tous ces adultes froids et faisaient uniquement leurs devoirs comme des machines à l’orphelinat.

-Hélios, espère d’idiot, je croyais que nous les prenions ensemble les décisions ; grognai-je en déambulant dans les rues.

Mais, alors que je râlai contre le roi, je n’avais pas remarqué que j’étais suivie. Ainsi, lorsque je m’arrêtai brutalement et me retournai tout aussi vite, quelqu’un me rentra dedans et nous tombâmes à la renverse dans la poussière.


https://www.youtube.com/watch?v=ek_ReBed57g


Je fus sonnée pendant quelques secondes par le choc et lorsque je rouvris les yeux, je pus distinguer en face de moi, et tout aussi étourdie que moi, une jeune fille de mon âge. Elle était brune aux yeux marrons. Son visage, bien que rond, était assez effilé et deux longues mèches tombaient devant ses yeux, au milieu de sa figure. Ses habits étaient vieux…Mais vraiment très vieux. Une sorte de sweat à capuche rouge sur lequel la capuche avait été arrachée, un t-shirt rayé tellement délavé que je ne pouvais même pas distinguer les deux couleurs de base, un jean à moitié transformé en short sur une jambe et de chaussures aussi trouées que du gruyère.

-Aie, Aie Aie…Ca ne va pas de t’arrêter comme ça quand on te prend un filature ; gémit la fille en se frottant la tête.

Mon cerveau bugga à ces mots et la fille mystérieuse pencha la tête sur le côté, intriguée.

-Ah…On ne parle peut-être pas la même langue…Tu n’as pas l’air du coin après tout.

-S…Si…Enfin non, je ne suis pas du coin mais je te comprends ! Bégayai-je, déconcertée.

-Ah tant mieux ! Dans ce cas, tu comprends si je te demande tout ton argent et tous les biens que tu possèdes ? Déclara la jeune fille en souriant.

Toujours à terre, je glissai un peu en arrière en écarquillant les yeux, soudain inquiète. Mais mon interlocutrice ne me laissa même pas le temps de me mettre sur mes gardes qu’elle éclata de rire si fort que des larmes coulèrent le long de ses joues.

-Enfin, c’est ce que je t’aurais dit si j’avais appartenu au clan de Ramon ; continua-t-elle une fois son fou rire passé.

-Ramon ? Répétai-je, intriguée.

-Oui, c’est un peu le chef ici. Il fait sa loi comme bon lui semble et s’amuse à voler les rares aventuriers qui tentent de pénétrer le quartier oublié. Mais bon, je préfère largement leur voler de la nourriture à eux plutôt qu’à des pauvres gens, c’est bien amusant ! Mon frère me dit souvent que je devrais arrêter de me mettre en danger mais que veux-tu, j’aime vivre ainsi !

Cette fille était bien bavarde…Mais ce n’était pas désagréable. A l’école, j’avais toujours été exclue des groupes et je m’étais retrouvée seule à cause de mon origine, si bien que j’avais toujours regardé de loin ces groupes d’amis riant et s’amusant tous ensemble en espérant un jour pouvoir faire partie de leur monde moi aussi.


https://www.youtube.com/watch?v=ENpWEGNycMg


-Au fait, je ne me suis même pas présentée. Mon nom est Serena. Je vis dans cette poubelle qui me sert de maison.

-Mon nom est Saya. Yuiko Saya. Je suis simplement de passage ici. J’attends un ami qui avait des affaires importantes à régler dans ce quartier.

Tout en disant cela, je désignai le grand building en ruines et la dénommée Serena haussant légèrement les sourcils, surprise.

-Ton ami…A de bien drôles de relations ; déclara-t-elle d’un air amusé. Mais bon, vu les miennes, je suis mal placée pour parler je pense. Entre le boss qui n’en fait qu’à sa tête, mon frère qui est aussi joyeux qu’une nuit sans lune, Pedro et Mario qui n’arrêtent pas de se chamailler et Jessica qui casse tout sur son passage, je suis contente d’enfin tomber sur quelqu’un de normal !

-Je ne suis pas certaine d’être la fille la plus normale au monde ; ris-je en me frottant la tête, gênée alors que je repensais à mes pouvoirs.

-Oh, tu sais, je ne le suis pas totalement non plus…Pour ne toujours pas avoir quitté cet endroit, je dois être un peu cinglée moi aussi !

-Tu…n’aimes pas vivre ici ? Répétai-je, confuse.

La brune se releva d’un bond et donna un coup de pied dans le sol. Aussitôt, des dizaines d’insectes marrons s’échappèrent et je poussai un cri de surprise en me relevant à mon tour précipitamment.

-Qui aimerait vivre ici ? Me demanda-t-elle en souriant. Quand je serai grande, je partirai d’ici et j’irai vivre loin avec mon frère ! Je suis certaine que le monde extérieur regorge de surprise dont nous n’avons même pas idée…Et ma première destination sera ce grand pont là-bas !

Serena me pointa le pont que nous avions emprunté pour venir ici et de notre position, je ne pouvais voir que le haut de son armature pointant au-dessus des immeubles détruits. D’ici, on aurait dit une sorte de mirage perdu dans la brume créée par la pollution, un rêve inaccessible pour les gens vivant dans ce taudis…

Nous discutâmes longtemps toutes les deux, au milieu des déchets et de la ferraille. Et plus elle parlait, et plus je comprenais ce qu’elle ressentait…Car j’avais vécu exactement la même chose qu’elle avant l’arrivée d’Hélios. Toutes les deux, nous étions prisonnières de nos mondes respectifs, cherchant tous les moyens pour nous enfuir loin mais continuant à sourire malgré toutes les épreuves que nous traversions. Mais contrairement à moi, Serena n’était pas seule. Elle avait son groupe, et surtout son frère qu’elle semblait adorer malgré ses dires.

Très rapidement, nous devînmes complices toutes les deux. Je sentais réellement une connexion entre nous. Peut-être parce qu’elle était la première personne de mon âge à qui je parlais franchement ou bien parce que nous étions pareilles…Mais je me sentais vraiment moi-même à ses côtés et je finis par me laisser aller.

-Dis, Serena, avec toute la ferraille qu’il y a ici, il doit bien y avoir un trésor enfoui quelque part, non ? Finis-je par demander à ma nouvelle amie.

-Un trésor ? Répéta la jeune fille, intriguée. S’il y en avait un, je pense qu’il aurait été trouvé depuis longtemps…

-Je suis certaine que tu n’as même pas essayé de creuser un peu ! Regarde, il suffit que je me baisse pour…

Je plongeai la main dans les déchets sous mes pieds et en sortis immédiatement une sorte de grosse boule de poils grise…Un énorme rat qui se débattait dans tous les sens.

Poussant un cri de terreur, je lâchai l’animal immonde et tombai à la renverse sous les éclats de rire de Serena. Je gonflai les joues de frustration tandis que mon amie se tordait de rire sur le sol.

-Voila…Pourquoi personne…ne creuse ici ! Lança-t-elle une fois sa crise passée. On ne sait jamais sur quoi on va tomber à Satellite et mieux vaut ne pas savoir !

-Quand même…je suis certaine qu’il y a des choses intéressantes sous toute cette ferraille…

-J’en suis certaine aussi mais je ne tiens pas à perdre un doigt bêtement en tombant sur un rat ; rétorqua la jeune fille en haussant les épaules.

Je soupirai, dépitée. Moi qui voulais profiter de cette occasion pour m’amuser un peu comme une fille de mon âge, c’était raté…

-Mais si tu veux trouver des choses intéressantes, je te conseille les bâtiments…Il y en a tellement que tout n’a pas encore été exploré…

-Vraiment ? Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt alors ! M’écriai-je, de nouveau d’aplomb.

-Parce que…C’est mon spot secret ça les bâtiments normalement…Grommela Serena en détournant le regard. Mais je veux bien faire une exception pour toi comme tu es de passage…

-Qu’est-ce qu’on attend alors, fonçons trouver un trésor !

Nous commençâmes à explorer les bâtiments aux alentours de notre position. Mais comme le disait Serena, il n’y avait presque plus rien dans ces ruines abandonnées : de vieilles casseroles, du mobilier brisé, des babioles sans importance…rien qui ressemblait à un trésor…

Mais alors que nous commencions à nous décourager après trois bâtiments entiers vides et que le soleil déclinait à l’horizon, nous décidâmes d’attaquer un dernier lieu.


https://www.youtube.com/watch?v=6VtewUF9yJU&t


C’était une maison bien plus sombre, une sorte de vieux manoir hanté. Les grilles avaient été défoncées et pendaient lamentablement en grinçant au gré du vent. Les statues à l’entrée, des gargouilles, étaient recouvertes de lierre et s’étaient enfoncées dans le sol avec les années. Le jardin ressemblait plutôt à une forêt qu’autre chose tant les herbes étaient hautes.

La maison quant à elle était faite de pierre sombres. Elle n’était pas grande, un seul étage et huit fenêtres à l’avant, toutes brisées. Le toit s’était effondré sous son propre poids et la porte d’entrée avait été défoncée.

Je m’arrêtai à l’entrée de la bâtisse, frissonnante. Cet endroit ne m’inspirait vraiment pas.

-Alors Saya, on a peur d’une simple maison ? Railla Serena en me donnant une légère tape dans le dos.

-B…Bien sûr que non ! Je suis venue ici pour trouver un trésor et je ne repartirai pas avant de l’avoir trouvé !

Inspirant un grand coup, je passai les grilles et m’engouffrai à l’intérieur de la vieille bâtisse accompagnée de mon acolyte. L’intérieur était sombre et poussiéreux. Les derniers rayons du soleil entraient faiblement à travers les carreaux brisés et donnaient une couleur rouge inquiétante aux murs défraichis. Le vent soufflait fort à travers toutes les fissures et la cheminée, comme si un loup s’était introduit avec nous.

J’avançai prudemment à l’intérieur. Je ne savais pas pourquoi mais quelque chose me mettait mal à l’aise ici. Comme si une présence hostile nous surveillait de loin…

Nous ne trouvâmes rien au rez-de-chaussée, pas même la moindre cuiller. Tout avait été pillé, jusqu’aux portes. Mais lorsque nous montâmes à l’étage, j’entendis comme un grattement en haut des escaliers.


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


Serena, sans donner d’explication, me plaqua à terre dans les marches et me fit signe de me taire. C’est alors que je pus distinguer deux voix masculines au loin.

-Forcément…Il fallait qu’ils soient là eux…Grogna Serena.

-Ils ? Tu les connais ? Murmurai-je.

-Pas personnellement…Mais ce sont des hommes de Ramon, ça ne fait aucun doute. C’est pour cela que je ne voulais pas que tu viennes, je les croise souvent quand j’explore les bâtiments…

-Et alors ? Ils sont si dangereux que ça ?

-Je ne sais pas…Le boss m’a toujours dit de ne pas les approcher alors…

Je me relevai sans réfléchir et Serena écarquilla les yeux, effrayée.

-Attends, qu’est-ce que tu…

-Je suis certaine qu’il y a moyen de négocier. Après tout, nous ne sommes que de enfants, ils ne nous feront pas de mal !

-Je ne suis pas sûre que…

-Allez, viens, je passe devant si tu veux !

Je tirai mon amie par le bras et l’entrainai à ma suite. Mais dans le même temps, je sortis de ma poche une petite dague que m’avait confiée Hélios « au cas où » comme il le disait lui-même, et la cachais dans ma manche.

Lorsque nous arrivâmes devant la pièce d’où émanaient les voix, nous nous arrêtâmes et nous collâmes contre le mur discrètement pour écouter la conversation.

-C’est le pactole ! Avec ça nous pourrons aller vivre en ville pendant plusieurs années ! Se réjouit le premier homme.

-Oui, et plus jamais nous n’aurons à nous soucier de Ramon, à nous la liberté !

Lorsque les deux hommes se mirent à rire grassement, je voulus pénétrer dans la pièce pour voir ce fameux butin mais Serena me retint. Lorsque je tournai la tête vers elle, la jeune fille avait les yeux fermés et secoua la tête négativement d’un air résigné.

Peu après, les deux hommes sortirent de la pièce par une autre porte et nous attendîmes que les bruits de pas disparaissent au loin pour nous montrer.

-Sérieusement, Serena, pourquoi tu n’as pas voulu y aller ? Nous aurions pu demander notre part ! Râlai-je, frustrée.

-Parce que, c’est la loi de satellite ; me répondit la brune sans grande conviction. Le premier arrivé est le premier servi. Et puis, nous devons rendre à nos chefs ce que nous trouvons en guise de remboursement pour ce qu’ils nous ont donnés pendant toutes ces années…Je suis certaines que ces deux types vont avoir de gros ennuis avec Ramon…

-Mais…et le trésor alors ? Couinai-je, réellement déçue.

Mon amie, sans me répondre, rentra dans la pièce et regarda rapidement ce qu’il restait. Il s’agissait d’une ancienne chambre, et sur le sol, on pouvait encore voir la trace de poussière laissée par un coffre-fort. Mis à part cela, il n’y avait plus qu’un lit délabré ainsi qu’une petite commode que les pilleurs n’avaient pas daigné ouvrir.


https://www.youtube.com/watch?v=eKKJ72i9QeU


Serena orienta ses recherches dessus et ses yeux s’agrandirent lorsqu’elle ouvrit le tiroir et en sortit deux boites. L’une contenait un pendentif à photo, vide, tandis que l’autre…

-Un…ruban ? S’étonna-t-elle. Et il a l’air neuf en plus…Ce n’est pas mon style, tu veux l’essayer Saya ?

Je pris le petit bout de tissu dans mes mains et fus surprise de la qualité. Il était soyeux mais également brodé de motif très fin, des oiseaux aux ailés déployées…

Sans vraiment savoir pourquoi, je passai ce ruban dans mes cheveux et les attachai ainsi en une longue queue de cheval.

-Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Ca me va bien ?

-Je suis prête à parier que c’est un ruban pour le bras…Mais ce n’est pas laid ; me répondit mon amie avec un sourire. Tu peux le garder, il te va bien.

-Tu vois que ce n’était pas une perte de temps de partir à la chasse au trésor ! Lançai-je joyeusement.


https://www.youtube.com/watch?v=D6Md3aR91JA


Alors que je disais cela, les derniers rayons du soleil disparurent à l’horizon et plongèrent la pièce entière dans le noir le plus total.

Ce fut sur cette découverte que nous mîmes fin à notre exploration. Nous rentrâmes lentement vers notre point de rencontre en papotant le long du chemin comme deux vieilles amies. Lorsque nous y arrivâmes enfin, la nuit était tombée et seules les lumières lointaines de la ville m’indiquaient par où j’étais venue.

-Bien, je pense qu’il est temps pour moi de rentrer ; déclarai-je non sans une pointe de peine dans la voix.

-Pareil pour moi, sinon le boss va encore me passer un savon ; rit la jeune fille. Si tu repasses dans le quartier oublié, n’hésite pas venir dire bonjour, je traine souvent dans le coin et je pourrai te présenter mon frère la prochaine fois ! Tu verras, il est ronchon mais il a bon cœur.

-J’essaierai de revenir vite oui ! Merci pour la journée et pour le cadeau, j’en prendrai soin !

-Ce n’est rien, si je ne t’avais pas écoutée, je n’aurai pas trouvé ce médaillon non plus.

Serena me tendit la main en souriant et je lui rendis ce sourire ainsi que cette poignée.

-Je suis certaine que tu réussiras à sortir de ce trou un jour. Et quand ça arrivera, viens moi. Je ne sais pas où nous serons mais je sais que nous nous retrouverons.

-Je n’en doute pas une seule seconde. Allez, bon vent, Saya et fais attention en rentrant, les environs ne sont pas sûrs la nuit, surtout avec les rats !

-Q…Quoi ? Les rats ? Qu’est-ce que…

Mon amie ne me laissa pas le temps de terminer et disparut en courant dans la nuit. Je lâchai un long soupir avant de rentrer à mon tour.

C’était amusant. J’avais toujours été incapable de m’insérer avec mes camarades de l’orphelinat alors que nous étions tous dans la même situation, et voila que je rencontrais une fille encore moins chanceuse que moi et qui pourtant, prenait la vie avec le sourire. Et malgré tout ce qui nous séparait, Serena était peut-être la seule personne sur cette terre que je pouvais appeler « amie ».

Je retrouvai Hélios quelques centaines de mètres plus loin, à faire les cent pas devant l’immeuble, l’air inquiet. Lorsqu’il me vit, il me passa un savon pendant un bonne dizaine de minutes. Je le comprenais. Je n’étais censée m’éloigner que quelques heures et finalement, j’avais disparu toute l’après-midi. A sa place aussi, j’aurais été morte de peur. C’est pourquoi, je ne me défendis pas et le laissai râler.

Mais, alors que nous allions franchir à nouveau le pont reliant Satellite à Néo Domino City, une idée me passa par la tête et j’arrêtai le roi en le retenant par la cape.

-Dites…Hélios, je me demandais, mais est-ce que vous pourriez aider d’autres personnes dans le besoin comme moi ?

-Je…Dans l’immédiat, je ne pense pas…J’ai beaucoup à faire…Mais dans un futur proche…Qui sait…

-Dans ce cas, quand vous aurez le temps, vous pourrez rechercher une fille du nom de Serena pour moi ? Elle rêve de sortir d’ici, alors s’il vous plait, vous pouvez lui montrer le monde comme avez fait avec moi ?

Le roi marqua un temps d’arrêt avant de me sourire et de poser un genou à terre pour m’ébouriffer les cheveux.

-Oui, je te le promets. Dès que j’en aurai l’occasion, je viendrai chercher ton amie.


Les jours qui suivirent cette mésaventure furent plutôt agités. Hélios avait l’air bien plus préoccupé qu’avant et même sa désinvolture habituelle avait disparu. Il ne passait que très peu de temps avec moi et me disait sans cesse d’aller jouer en l’attendant. Mais qu’y avait-il à faire au beau milieu du désert…

Je ne comprenais pas vraiment ce qui arrivait au roi mais je n’osai pas poser de questions, espérant simplement que cette attitude n’était que passagère. Mais je me trompais.

Une semaine plus tard, je revis l’homme au chapeau aux côtés d’Hélios.

-Saya, je te présente Sayer. A partir de maintenant, il sera mon associé. Nous avons de grands projets ensemble, alors s’il te plait, accueille-le comme un nouvel ami.

Alors que l’homme me tendit la main avec un faux sourire, je me contentai de lui donner un bon coup de pied dans l’entrejambe avant de lui tourner le dos en boudant.

-Je n’aime pas ce type ; ronchonnai-je pour cacher ma jalousie de n’être plus la seule associée d’Hélios. Il ne m’inspire pas confiance. Qui porte un manteau dans le désert déjà !

-Ecoute Saya…Sayer et moi allons travailler ensemble pendant un petit moment…Essaie au moins de ne pas le tuer…Et puis, grâce à lui, tu vas pouvoir rencontrer plein de gens, n’est-ce pas génial ?

-S’ils sont dans le même genre que lui, non merci.

-Non, il y aura de tout, même des gens de ton âge ! Je suis certain que tu y trouveras un ami avec qui t’amuser le temps que je règle mes affaires.

-Vous pourriez aller chercher Serena au lieu de faire vos magouilles dans votre coin…Murmurai-je trop bas pour que le roi m’entende.


https://www.youtube.com/watch?v=B-Hi-YQ2tOE


C’est ainsi que Sayer s’installa avec nous…Enfin, nous nous installâmes avec lui plutôt. Nous déménageâmes de notre désert poussiéreux pour une grande résidence perdue en pleine forêt. C’était une bâtisse à demi abandonnée ressemblant vaguement à un ancien internat mais je ne passais pas énormément de temps à l’intérieur.

Même si ma chambre était bien plus spacieuse que celle de l’orphelinat, j’avais l’impression d’être de retour entre ces murs froids et anonymes. De plus, Hélios et Sayer passaient leur temps à faire des travaux à l’intérieur, si bien que je passais le plus clair de mon temps à l’extérieur ou dans l’ancienne bibliothèque.

C’est là que, un jour comme les autres, je tombai sur un livre qui changea ma vie. C’était un ouvrage épais, autant qu’un dictionnaire, et ancien…vraiment très ancien. Les inscriptions qui le couvraient ressemblaient plus à des runes qu’à de véritables caractères mais quelque chose se réveilla en moi lorsque je l’ouvris.

Une citadelle…Une citadelle volant librement dans le ciel…Je ne sais pas pourquoi mais dès que je la vis, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je me précipitai dans la salle de réunion pour y trouver Hélios et lorsque je lui montrai l’ouvrage, ses yeux s’agrandirent de surprise.

-Où…Où as-tu trouvé cela Saya ? Bégaya-t-il, comme effrayé.

-Dans la bibliothèque ! Dites, Hélios, c’est quoi cet endroit ? Est-ce que ça existe vraiment ? Où se trouve cet endroit ? On peut y aller ?


https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


Le roi marqua un temps d’arrêt, l’air pensif. Il congédia alors son associé avant de s’asseoir à son bureau, l’air tout à coup épuisé.

-Tu sais Saya, il y a de nombreux contes et légendes terrifiants circulant sur notre monde. Tous ne sont pas vrais évidemment mais certains le sont malheureusement…

-Vous savez donc ce que c’est ? m’exclamai-je tout excitée pour une raison que j’ignorais.

Le roi soupira longuement et m’invita à m’asseoir pour me raconter une histoire que je n’oubliai plus jamais : celle de la citadelle originelle.

Pour une fois, j’écoutai attentivement Hélios sans l’interrompre, captivée par ses paroles. Plus le récit avançait et plus je me sentais attirée par cet endroit. Je voulais m’y rendre…Je voulais vérifier par moi-même l’existence d’un tel endroit…

Le roi, au cours de son récit, me traduisit les runes étranges entourant le dessin qui expliquaient simplement les fonctions et les atouts de cette structure mystérieuse.

Lorsque je repartis tard le soir, j’avais la tête à nouveau remplie de rêves de petite fille. Exactement comme Serena rêvait d’atteindre un jour le pont dédale, je voulais me rendre sur cette forteresse et en découvrir tous ses secrets…


https://www.youtube.com/watch?v=XzDzY3Du5No


Les jours passèrent et peu à peu, notre bâtiment se remplit de nouveaux venus. Les chambres, auparavant vide, accueillirent de nouveaux occupants. La moyenne d’âge devait tourner autour de seize ans, comme dans un véritable internat mais je ne me mêlai que peu aux autres jeunes et restai dans mon coin à rêver.

Plus le temps passait et plus Hélios devint difficile d’accès. Je ne voulais pas le déranger dans ses affaires alors je restai à distance. Il était pris sans cesse, soit avec ses « élèves », soit avec Sayer, si bien que le temps que je passais avec lui ne se résumait qu’à quelques heures par semaines.

Je n’avais aucune idée de ce qui se tramait dans mon dos, mais du haut de mes douze ans et demi, je pouvais pressentir une légère brise annonçant une tempête bien plus grande…une tempête capable de balayer le monde en une seule nuit…une tempête que j’étais la seule à pouvoir arrêter…






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

heart earth
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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [18/02/2019] à 13:58

Yuiko Saya : Dans l’œil du cyclone



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=5KMzDVf2Bx4


Trois mois avaient passé depuis l’arrivée de Sayer et l’internat était désormais plein à craquer. Tous les élèves étaient d’après Hélios, des duellistes Télépathes, des personnes possédant de puissants pouvoirs psychiques qu’ils déployaient lors de leurs duels.

J’ignorais ce que les deux hommes comptaient faire avec autant de duellistes sous leurs ordres mais je ne cherchais pas vraiment à comprendre. J’étais simplement jalouse d’eux. Le roi passait de moins en moins de temps avec moi et, même lorsque nous étions ensemble, il semblait constamment perdu dans ses pensées et préoccupé.

Son état ne s’arrangea pas lorsqu’un homme du nom de Shadow débarqua dans nos rangs. Rapidement, il gravit les échelons sous le pseudonyme de « Garden » et se retrouva promu bras droit d’Hélios, écartant ainsi Sayer et cela ne me déplaisait pas.

En effet, même si Hélios et Shadow semblaient diverger sur de nombreux points et que le mystérieux homme avait l’air de vouer une haine sans nom au roi, il ne m’inspirait pas autant de mépris que Sayer. Contrairement à lui, il me paraissait triste, détruit de l’intérieur, comme une coquille vide, là où Sayer ne respirait que la fourberie et les coups fourrés.

Je me souviens de m’être un jour retrouvée seule en compagnie de Shadow. Alors que j’étais venue retrouver Hélios dans son bureau, je n’y trouvai que l’homme masqué, regardant au loin par la fenêtre.

Les mots qu’il prononça à ce moment-là en me voyant me firent douter de ses intentions, mais aussi de celles d’Hélios.

« Alors comme ça, même quelqu’un comme toi, tu as quelqu’un à protéger… » avait-il murmuré d’une voix presque éteinte.

Sans rien ajouter, je m’étais simplement enfuie pour me réfugier dans ma chambre et faire comme si je n’avais rien vu mais les paroles de l’homme continuèrent à me hanter pendant plusieurs jours. Cependant, comme n’importe quel enfant, je finis par les oublier et passer à autre chose sans même m’en rendre compte.

Durant le week-end qui suivit, voyant qu’Hélios avait l’air encore plus fatigué que d’ordinaire, je l’obligeai à prendre du repos. Au début, il était réticent, invoquant des arguments plus farfelus les uns que les autres, mais voyant que je n’étais pas prête à céder, il finit par accepter et confia les rennes à son bras droit pour la journée.

Ainsi, nous partîmes tous les deux dans une petite ville côtière du nord de la France comme si nous étions en vacances. Là-bas, il n’y avait pas grand-chose à l’exception de quelques bâtiments, une plage, et au loin une grande falaise en forme d’aigle surplombant la mer.

Pour la première fois depuis une éternité, j’eus l’impression de passer du temps avec le roi. Nous nous baladions dans les rues, regardant les boutiques, essayant des vêtements tous plus farfelus les uns que les autres et ressortant avec plus de boites que nous ne pouvions en porter.

C’était amusant. Nous ne faisions que des activités banales dans une ville sans grand intérêt touristique, et pourtant, au fond de moi, j’étais réellement heureuse. Même Hélios finit par se prêter au jeu et retrouva son idiotie qui m’avait tant fait rire par le passé.

-Dites Hélios, vous connaissez le grand splash ? Déclarai-je alors que nous nous trouvions sur le bord d’une jetée.

-Le grand quoi ?

Sans lui laisser le temps de réagir, je me jetai sur lui et le poussai de toutes mes forces dans l’eau. Mais, alors qu’il allait plonger la tête la première, le roi m’attrapa par le bras et m’entraina avec lui dans sa chute.

Je bus une bonne gorgée d’eau salée et ressortis la tête en crachant mes poumons et toussant sans pouvoir m’arrêter pendant que l’homme était pris d’un fou rire incontrôlable.

-C…Ce n’est pas drôle ! Protestai-je, frustrée. Je suis complètement trempée maintenant

-Voila ce qu’il se passe quand on essaie de pousser le seigneur soleil d’Héliopolis sans prévenir ; rétorqua le roi en se frappant le torse, fier de lui.

Pour toute réponse, je donnai un grand coup de pied dans l’eau pour asperger Hélios qui but la tasse à son tour et je me tordis littéralement de rire.

Nous restâmes ainsi à jouer comme deux enfants plusieurs heures durant avant que le froid n’ait raison de nous.


https://www.youtube.com/watch?v=NJNzehpxAmY&list=PL86E8E3F409C4E7B8


Le soir venu, et une fois totalement sec, nous finîmes notre journée dans un grand parc où s’affrontaient de nombreux enfants au duel de monstres.

Au loin, le soleil déclinait déjà et la nuit n’allait pas tarder à tomber. Nous étions assis, Hélios et moi, sur un banc un peu à l’écart et nous regardions les duels qui se déroulaient devant nos yeux. Tous avaient l’air de bien s’amuser et au fond de moi, je les enviai un peu. Il y avait cette grande fille rousse qui se battait avec un grand gaillard alors que deux autres collégiens les encourageaient de loin, et cette fillette de dix ans à peine qui affrontait un garçon qui avait l’air d’être son frère…J’avais vraiment envie de les rejoindre, mais je ne voulais pas quitter Hélios non plus. Il avait eu l’air tellement heureux pendant cette journée…J’en venais presque à vouloir ne plus quitter cette ville et prolonger ces instants de bonheur pour l’éternité.

-Dites…Hélios ; finis-je par déclarer d’une petite voix. Pourquoi les gens chez nous n’ont pas l’air aussi heureux ?

Le roi ne me répondit pas immédiatement et resta perdu dans ses pensées quelques instants.

-Les…Les duellistes télépathes ne sont pas comme les autres enfants. Ils possèdent des pouvoirs qu’ils ne peuvent maitriser et blessent ceux qui leur sont proches. C’est pourquoi, ils ne peuvent pas vivre avec le reste du monde.

-Alors vous les aider à maitriser leurs pouvoirs pour qu’ils puissent réintégrer la société, c’est ça ?

Hélios tiqua mais cacha cela aussitôt en me souriant et en passant sa main dans mes cheveux.

-O…Oui, tout à fait, tu as visé juste. Avec Sayer…nous les mettons à l’épreuve… en quelque sorte…Et en échange, ils nous rendent…quelques services.

-Je vois…J’aimerais bien pouvoir me rendre utile moi aussi ; lançai-je innocemment.

-Tu en fais déjà bien assez mon enfant ; me répondit-il avec un large sourire.

Je marquai un temps d’arrêt et regardai le sol, gênée.

-V…Vous savez Hélios…Ces derniers temps…Je vous trouve bien distant…Je suis contente d’avoir pu partager cette journée avec vous comme avant…

-Je suis désolé, Saya…C’est vrai que j’ai beaucoup à faire mais tu devras t’y habituer désormais. Mon projet ne fait que commencer…Mais je t’assure qu’une fois terminé, nous pourrons à nouveau nous amuser comme aujourd’hui…et tous les jours même !

-J’espère…que ça ne sera pas trop long…Parfois, je me sens vraiment seule dans ma chambre…J’aimerais bien pouvoir trouver quelqu’un avec qui partager mes journées…

-Si ce n’est que ça, ça devrait pouvoir s’arranger.

-Comment ça ?

-Tu verras ma chère Saya. Pour le moment, rentrons, le soleil est presque couché. Demain est encore une dure journée pour moi.

Ce fut sur ces mots que cette journée précieuse s’acheva. Le même soir, nous apprîmes de la bouche de Sayer que Shadow avait disparu, emportant avec lui une grande partie des élèves de l’internat. Cela plongea Hélios dans une sorte d’état second et il disparut pour le reste de la soirée avec son second. Mais à en juger par les bruits de verre brisé qui parvenaient jusqu’à ma chambre, Shadow venait de réveiller un côté du roi que je n’avais encore jamais vu jusqu’à présent.

Quant à moi, je restai seule, culpabilisant à moitié d’avoir permis indirectement cette trahison, et étant à moitié soulagée de voir une partie des élèves partir, comme si pour moi, ils étaient la source des tourments d’Hélios…

Mais, alors que je pensais retourner à mon quotidien monotone et solitaire, Hélios revint le lendemain soir comme s’il ne s’était rien passé, accompagnée d’une fillette.


https://www.youtube.com/watch?v=Gpa6R_hF9uc


Elle ne devait pas avoir plus de dix ans, possédait des cheveux d’ébène coupés courts et de grands yeux de la même couleur. Son visage était rond et enfantin et, même si elle avait l’air un peu perdue, elle me souriait. Son regard était assez intrigant. De L’ironie s’en dégageait, mais aussi une sagesse et une profondeur inhabituelle pour une fille de son âge. Elle portait une simple chemise blanche ainsi qu’une jupe longue, exactement comme n’importe quelle écolière de primaire.

-Saya, je te présente Marie. A partir d’aujourd’hui, elle va vivre avec nous.

-Comme si je l’avais choisi ; ronchonna la fille en gonflant les joues.

-Comment cela ? M’étonnai-je, surprise.

-Ne…ne l’écoute pas, elle délire ! Bégaya Hélios en détournant le regard. Et puis, c’est toi qui m’as dit que tu te sentais un peu seule alors je t’ai amenée une amie.

-Ca c’est ce que vous dites mais en vrai vous…

-Bref, je vous laisse faire connaissance ! Sur ce j’ai encore beaucoup de travail !

Ne laissant même pas la jeune fille s’exprimer, Hélios sortit de la pièce et me laissa seule avec elle. J’étais légèrement déconcertée par cette nouvelle colocataire inattendue et ne savais pas vraiment quelle attitude avoir avec elle. Après tout, la dernière personne de mon âge que j’avais fréquentée était Serena qui était tout aussi étrange que moi…


https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


Voyant ma gêne, la fillette lâcha un long soupir avant de me sourire légèrement.

-Bon, apparemment je vais être coincée ici pour un petit moment alors autant rendre ce séjour forcé un peu amusant !

-Tu ne fais pas partie des recrues d’Hélios et Sayer ? M’étonnai-je.

-Pas vraiment non ; me répondit-elle en mettant son index sur sa lèvre, faisant mine de réfléchir. J’étais tranquillement en train de m’amuser dans le parc quand un type en armure m’a défié et puis le trou noir. Je me suis simplement réveillée ici et ton ami Hélios m’a dit que j’étais sa prisonnière.

-Attends…Tu es en train de me dire qu’Hélios t’a enlevée ?! M’étranglai-je, les yeux exorbités par la surprise.

-J’imagine qu’on peut dire ça oui ; Lança la dénommée Marie en haussant les épaules. Tant pis, j’imagine que je n’avais qu’à mieux jouer.

-Mais non, ça ne va pas du tout ! Attends-moi ici, je vais dire à Hélios de…

Je commençais déjà à ouvrir la porte pour me précipiter dans le bureau du roi mais la fillette me retint par le bras en baillant.

-J’ai déjà négocié avec lui, on a trouvé un accord. S’il réussit à convaincre mon frère de le rejoindre et qu’il s’occupe de nous loger et nous nourrir, je suis prête à utiliser mon pouvoir pour l’aider.

Je penchai la tête sur le côté, totalement déconcertée. Je ne savais pas qui était le plus étrange dans cette affaire : Hélios, le kidnappeur le plus arrangeant du monde ou cette Marie, l’otage la moins concernée par sa propre situation…

Comme lisant dans mes pensées, la fillette reprit la parole en riant légèrement.

-Ne t’inquiète pas, Hélios ne me veut aucun mal…du moins, tant qu’il a encore le contrôle.

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

-Il ne t’a donc rien dit ? Amusant mais pas étonnant ; me répondit-elle joyeusement. Tu le découvriras bien assez tôt. En attendant…tu ne peux pas m’indiquer ce qu’il y a à faire ici ? Hélios m’a dit que tu connaissais bien la maison !

-O…Oui, si on veut…Bégayai-je, de plus en plus déconcertée par son attitude.

-C’est toi la guide, je te suis !


https://www.youtube.com/watch?v=JsiKpv4SEh8&list=PLivaBp5c6_oAhEEWVtFq4G9Chl0U8Z8A_&index=17


Sur ces paroles étranges venant d’une prisonnière, je fis visiter l’internat à Marie. En cette heure tardive, tous les élèves avaient déjà terminé leur journée et étaient retournés dans leurs chambres, conformément au couvre-feu imposé, si bien que nous eûmes la bâtisse pour nous toutes seules.

Je montrai ainsi à la fillette la plupart des salles composant l’immense complexe : les salles de classe, le réfectoire, les dortoirs, la bibliothèque et même les quartiers privés d’Hélios auxquels j’avais accès.

Marie était tellement enthousiaste pendant la visite, et tellement émerveillée par tout ce qu’elle voyait que j’en oubliai rapidement son statut de prisonnière.

Je gardai néanmoins dans un coin de ma tête qu’il fallait que je touche deux mots à Hélios. Même si ma nouvelle amie ne semblait pas malheureuse, une personne ordinaire n’aurait pas été aussi détendue. Je ne pouvais pas ses méthodes, quelle qu’en fût la raison. De plus, il avait visiblement quelques explications à me donner, explications que j’étais bien déterminée à obtenir.

Nous déambulâmes jusqu’à tard dans la nuit dans la grande bâtisse, parlant de tout et de rien comme deux vieilles amies. Je lui racontai comment Hélios m’avait trouvée et comment je l’avais suivi tandis qu’elle me parla de sa vie avec son frère depuis la disparition de ses parents.

Tout comme avec Serena, je me sentis très proche de Marie. La vie avait été aussi cruelle avec elle qu’avec moi. Je ne pouvais que comprendre ce qu’elle avait enduré.

Le lendemain, je retrouvai la fillette dans la salle d’examens où Hélios faisait passer des tests de capacités aux nouveaux arrivants. C’était une sorte de grand gymnase où les recrues devaient affronter des professeurs ainsi que des robots de duel, sous l’œil attentif de Sayer. Je ne comprenais pas vraiment quel était le but de cet examen au vu de sa facilité mais Hélios semblait y tenir pour une raison obscure.

Nous nous trouvions en hauteur, derrière une grande vitre teintée et nous avions une vue plongeante sur les élèves.

J’arrivai au beau milieu d’une conversation visiblement mouvementé entre Marie et Hélios à en juger par le fou rire de la fillette lorsque j’entrai dans la pièce.

-Sérieusement, c’est quoi cette excuse bidon ; s’esclaffa-t-elle, pliée en deux. J’ai du mal à croire qu’il ait vraiment gobé ça !

-Il faut croire puisqu’il est là maintenant ; grommela le roi.

-Hélios, je peux vous parler deux minutes ? Les interrompis-je bien plus froide qu’à l’ordinaire. J’aurais deux mots à vous dire.

-Attends Saya, viens voir mon frère avant, il se débrouille mieux que je ne l’aurais pensé !


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Intriguée, je rejoignis mes deux acolytes devant la vitre noir et je pus apercevoir en contrebas un jeune garçon qui affrontait un robot de duel. Il devait avoir le même âge que moi, possédait des cheveux noir ébène dressés en épis sur sa tête et était plutôt maigrichon. Cependant, quelque chose m’interpela chez lui, et ce quelque chose, c’était son regard…il n’y avait rien dans ses yeux, ni joie, ni peine. Rien que de la haine à l’état pur. Et cela se ressentait dans son style de jeu agressif, comme s’il avait besoin de passer sa colère sur quelque chose mais que cela ne lui suffisait même pas.

-Alors c’est lui…ton frère ? Murmurai-je, attristée de le voir dans un tel état.

Voyant que j’avais l’air inquiète, Marie lâcha un long soupir et posa sa main sur la vitre en souriant tristement.

-Vous n’auriez pas dû lui dire ça, Hélios…Murmura la fillette. Il était déjà assez détruit après le départ de Laura, il n’avait vraiment pas besoin de ce fardeau supplémentaire…

-Que voulais-tu que je dise d’autre ? Il n’aurait jamais accepté de me suivre en apprenant dans quelle histoire tu es désormais embarquée ; répondit froidement Hélios.

-C’est vrai…mais j’ai peur qu’une fois ces histoires terminées, il soit changé à tout jamais…

Abandonnant sa joie de vivre et sa nonchalance, Marie se tourna alors vers moi et déclara d’une voix faible :

-Saya, je sais que nous ne nous connaissons que peu…mais pourrais-tu veiller sur mon frère ? Je ne pense pas qu’il s’en sortira seul ici et je le vois mal devenir ami avec une autre recrue dans son état actuel.

-Veiller…sur ton frère ? Répétai-je, surprise. Comment veux-tu que je fasse ça ? Je ne le connais même pas…

-Alors là, je n’en ai aucune idée ! Lança Marie en retrouvant soudain sa nonchalance. Je te laisse chercher ! Sur ce, je vous laisse, j’ai compris que vous deviez parler, si vous me cherchez, je serai à la bibliothèque !

Sans nous laisser le temps de protester, la jeune fille claqua la porte et nous laissa seuls dans la pièce, Hélios et moi, tout aussi déconcertés l’un que l’autre. Cependant, je me ressaisis rapidement et fis face à celui qui m’avait recueillie, les bras croisés sur ma poitrine, l’air sévère.


https://www.youtube.com/watch?v=BeSbmS06k1k


-Bon, Hélios, il serait temps qu’on parle vous et moi ; déclarai-je solennellement. Quel est votre but véritable ? Et qu’est-ce qui justifie l’enlèvement d’une mineure comme Marie ? Et n’essayez pas de faire l’idiot, je ne partirai pas tant que je n’aurai pas de réponse précise.

-On dirait bien que je ne peux pas te cacher la vérité plus longtemps ma chère enfant ; soupira le roi sans même essayer de négocier.

Ce dernier s’assit sur une chaise et m’invita à faire de même. Là, il me raconta tout…ou presque. Il m’expliqua qu’il montait une sorte d’armée et que Arcadia n’était que la façade d’un projet bien plus ambitieux. Quant à Marie, il me parla de son pouvoir unique qui allait lui permettre de trouver des personnes spéciales ayant le potentiel de contrarier ses plans. Je ne compris évidemment pas tout ce qu’il me racontait mais je saisis néanmoins les grandes lignes…et je compris à ce moment là que l’arrivée de Sayer, puis le départ de Shadow la veille, avaient détraqué quelque chose chez lui. C’était comme s’il était devenu un autre homme. Les mots qu’il utilisait, son ton bien plus dur que d’habitude, et ses rêves fous…

-Si tu ne veux pas participer à ce projet, libre à toi de partir mon enfant. Je ne veux pas que tu sois impliquée dans quelque chose qui te déplait ; conclut-il.

Lorsqu’il eut terminé son monologue, je savais exactement ce qu’il me restait à faire. Hélios était l’homme qui m’avait sortie de la solitude. Il avait recueilli cette petite fille affamée, faible et inutile sur le bord de la route alors qu’elle ne pouvait rien lui rapporter. Il m’avait offert un logis, il m’avait nourrie, soignée et éduquée. Peu importe si ses objectifs étaient bons ou mauvais, j’avais vu son for intérieur et je savais qu’il était un homme bon. C’est pourquoi, voyant que la folie le guettait de très près, du haut de mes douze ans et demi, je pris cette décision qui marqua un véritable tournant dans ma vie.

Pour toute réponse, je me mis au garde à vous et dévisageai le roi d’un regard sévère, le même que ceux que possédaient tous les duellistes ici.

Fini la joyeuse fille insouciante, fini les journées à m’amuser, fini les courses de dragon, fini l’ignorance. J’allais ramener Hélios à la raison, j’en faisais le serment et ce, même si je devais me salir les mains et jouer son jeu pour y parvenir.

-Yuiko Saya, je suis à vos ordres, seigneur Hélios.


https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStw


Les jours qui suivirent mon changement d’objectif, je fus intégrée parmi les nouvelles recrues de l’armée d’Hélios tout en gardant mes quelques privilèges.

Je passais la plupart des épreuves haut la main, aussi bien les examens d’aptitudes physiques que mentales. Là, je vis de nombreux étudiants échouer avant de disparaitre mystérieusement mais je ne m’en souciais même pas. Je n’avais que deux buts désormais : rendre à Hélios sa raison perdue et protéger le frère de Marie grâce à mon influence.

Ainsi, je tenais les brutes éloignées du jeune garçon qui passait la plupart de son temps seul dans un coin à ruminer tout en gardant mon statut particulier aussi secret que possible. Cela me valut de nombreux surnoms, ainsi que de nombreuses rumeurs peu flatteuses mais je m’en fichais. A l’orphelinat déjà je n’étais pas spécialement appréciée de mes camarades, tout cela n’était finalement qu’une répétition du passé.

Néanmoins, le temps avait beau passer, il n’y avait aucune amélioration du côté du roi. Pire même, sa personnalité semblait se dédoubler de plus en plus. L’homme qui m’avait recueillie n’était désormais plus qu’un lointain souvenir qui ne refaisait surface que très rarement, et pendant des périodes de plus en plus courtes.

Régulièrement, je venais faire des rapports à Marie sur l’évolution de la situation de son frère tandis qu’elle le faisait pour Hélios. Souvent, elle me proposait de revenir affronter le roi dans des courses de Dragons ou des parties de cartes sans enjeux, mais je déclinai toutes ses propositions. Je ne devais pas dévier de mon objectif.

Pour moi, la source des tourments d’Hélios était le manque de confiance qu’il avait en ses hommes depuis la trahison de Shadow. C’est pourquoi, mon but était de lui montrer qu’il pouvait au moins compter sur moi jusqu’au bout.

Rapidement, je montai dans la hiérarchie et me vis confier mes premières missions. Souvent, il ne s’agissait que de missions sans grand intérêt, comme rechercher des objets aux quatre coins du monde tout en affrontant les sbires de Shadow, mais certaines me firent vraiment douter de moi et de ma propre détermination. Notamment cette mission où nous devions exécuter quiconque se mettait en travers de notre chemin, mission qui se solda en échec par ma faute car j’avais refusé d’achever mes ennemis.

Trois ans passèrent ainsi. Trois ans pendant lesquels ma vie ne se résumait plus qu’à alterner entre les entrainements au combat et les missions que j’exécutai désormais en Solo.

Du côté du frère de Marie, qui se faisait appeler Darksky, les choses évoluaient plutôt bien, contrairement à Hélios. Depuis que je tenais les brutes éloignées de lui, le jeune garçon semblait s’être calmé. La colère qui l’animait avait fini par se dissiper pour ne faire place qu’à la tristesse et la mélancolie.

Souvent, lorsque je le voyais manger seul, perdu dans ses pensées au réfectoire, j’avais envie d’aller le rejoindre pour lui remonter le moral, mais je ne pouvais pas me permettre de perdre de vue mon objectif premier. C’est pourquoi, je me contentais de l’aider à distance comme je le pouvais.

Mais un jour, alors que je discutais avec Marie dans la bibliothèque comme je le faisais souvent lorsque je voulais être tranquille, la jeune fille lança une idée qui me fit prendre un nouveau tournant.

-Et de cinq victoires pour moi ! Lança-t-elle joyeusement. Hélios est vraiment nul à son propre sport, c’est déprimant ! Tu ne veux pas nous rejoindre juste une fois Saya ? Ça mettrait un peu de piment dans cette compétition !

-Une prochaine fois peut-être ; lui répondis-je en me forçant à sourire. J’ai encore beaucoup à faire…

-C’est ce que tu dis à chaque fois…Mais tu t’es regardée dans un miroir ces derniers temps Saya ? Tu as une mine patibulaire, tu devrais te reposer de temps en temps…

-Je n’ai pas vraiment le temps. Je prends le plus de missions possibles en ce moment. Je ne veux pas qu’un autre incident comme Shadow se reproduise et je n’ai vraiment pas confiance en Sayer.

-Si tu meurs d’épuisement, tu ne pourras plus contrôler grand-chose, marmonna la jeune fille en détournant le regard.

-Ne t’inquiète pas, je connais mes limites. Je ne me pousserai pas à bout non plus.

-J’espère bien…Ça serait problématique que tu meurs compte tenu de l’état d’Hélios.

-Il s’est aggravé n’est-ce pas ? Lui demandai-je d’une voix presque éteinte.

Marie me répondit d’un hochement de tête et je mis ma tête dans mes bras sur la table en lâchant un long soupir d’épuisement.

-Tu sais…Parfois j’ai l’impression que ce que je fais ne me mènera nulle part…


https://www.youtube.com/watch?v=pcScX2Rh6qM


-Ce n’est pas vraiment de ta faute, après tout Hélios ne t’a pas tout dit.

-Pas…tout dit ? répétai-je, abasourdie.

-Je ne peux pas discerner précisément la source…mais lorsque je me trouve près de lui, je ressens une autre présence, bien plus hostile. Et cette présence se fait de plus en plus forte ces derniers jours.

-Une…autre présence ? Comme un esprit de duel ? Tu veux dire qu’il serait contrôlé par quelque chose ?

-Oui, quelque chose comme ça…mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude. Il n’y a qu’un seul moyen de s’en assurer.

Marie me tendit un énorme ouvrage qu’elle avait sorti un peu plus tôt et l’ouvrit à une page bien précise.

-Le module de voyage interdimensionel ? Qu’est-ce que c’est que cette chose ? la questionnai-je, sceptique.

-D’après ce livre, il s’agit d’un petit appareil de l’ancien temps qui permettait aux premiers duellistes de se rendre dans le monde des esprits. Il n’en resterait que quelques copies sur terre mais l’une d’entre elles serait cachée sur une ile perdue.

-Et…en quoi nous rendre dans le monde des esprits nous serait utile ?

-Si Hélios est effectivement contrôlé par un esprit, il te suffirait de te rendre au sanctuaire céleste afin de briser cette liaison, c’est aussi simple que cela !

-Ce me parait…un peu simple justement…Tu es sûre de toi ?

-A 20% sûre ! me répondit joyeusement la petite fille.

Je grimaçai. J’avais beau la côtoyer depuis deux ans, je ne m’étais toujours pas habituée à sa nonchalance extrême même dans les situations les plus sérieuses…Mais…même si les chances de réussites semblaient minces, elles étaient toujours plus élevées que celles de la méthode que j’appliquais actuellement.

Je ne devais pas laisser passer cette chance. Il fallait que je trouve ce module et que je me rende dans le monde des esprits.

-Bon, Marie, dis-moi où se trouve cet objet, je vais demander à Hélios de m’y rendre sur le champ ; déclarai-je, revigorée.

-Oh, tu n’as pas à t’en occuper, j’ai déjà pris les devants et j’ai annoncé à Hélios que j’avais repéré quelque chose de suspect sur l’ile où est censée se trouver le module ; me répondit-elle avec un sourire.

-T’es la meilleure Marie, je ne sais pas ce que je ferais sans toi ! M’exclamai-je en levant le pouce en l’air, souriant réellement pour la première fois depuis longtemps.

-Je me suis permise aussi de demander que mon frère parte en mission avec toi, j’espère que cela ne te dérange pas ?


https://www.youtube.com/watch?v=cQnAGjv7nBE


-Ton…frère ? Mais il n’est encore jamais parti en mission il me semble, il ne risque pas de me ralentir ?

-Peut-être oui…Mais c’est son anniversaire dans quelques jours, il va avoir quatorze ans et j’aimerais pouvoir lui offrir quelque chose mais la situation ne me le permet pas vraiment si tu vois ce que je veux dire…

-Tu voudrais donc qu’il ne passe pas son anniversaire seul ? Tu sais, je ne suis pas certaine d’être de la meilleure compagnie, surtout avec un tel enjeu…

-ça sera toujours mieux que de le passer seul et enfermé dans sa chambre à broyer du noir.

Je soupirai. Même si cela ne me plaisait pas de devoir m’encombrer d’un boulet, je devais bien ça à la jeune fille. Car oui, ici, Darksky faisait partie des pires recrues. Ses notes étaient mauvaises, ses aptitudes physiques tout juste dans la moyenne et il ne possédait aucun pouvoir de duelliste télépathe. J’espérais simplement que je n’allais pas devoir le surveiller en permanence comme c’était souvent le cas lors des premières missions.

-Entendu, mais je ne pourrais pas assurer sa survie en cas de problème majeur. Ma priorité est de sauver Hélios.

-Bien sur mais normalement, il ne devrait pas y avoir de problème ; s’amusa Marie avec un large sourire aux lèvres.

-Tu me sembles bien confiante alors que ton frère est le dernier de sa classe…

-Oh non, je n’ai aucune confiance en lui. J’ai confiance en toi, Saya. Je sais que tu ne le laisseras pas tomber !

Amusée, je me levai et lui rendit le livre en m’apprêtant à quitter la pièce.

-Tu me surestimes, Marie. Je ne suis plus ce genre de personne.

-C’est ce que nous verrons ; se contenta de répondre la jeune fille sans cesser de sourire.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Comme l’avait promis Marie, deux jours plus tard, je fus convoquée dans le bureau d’Hélios pour une « mission spéciale » selon les mots de mon professeur.

Lorsque j’arrivai dans cette salle où j’avais passé tant de temps par le passé, l’ambiance qui s’en dégageait désormais me fit immédiatement froncer les sourcils. Cela faisait un moment que je n’étais pas revenue ici mais je pouvais désormais très clairement sentir une aura maléfique flotter dans l’air.

Darksky était déjà présent mais je ne lui accordai même pas un regard, me concentrant sur le roi qui fut autrefois celui qui m’avait recueillie.

Il nous tournait le dos, les bras croisés mais je n’avais pas besoin de voir son visage pour deviner son expression froide et totalement contradictoire avec le regard doux qu’il avait posé sur moi en ce jour de pluie battante, trois ans plus tôt…

Lorsqu’il prit la parole, je réalisai à quel point l’homme avait changé. Toute douceur avait disparu pour ne laisser place qu’à une voix lasse et sèche.

Mon cœur se serra en pensant aux paroles de Marie. Quel genre de monstre pouvait faire changer un homme à ce point ?…

-Yuiko Saya et celui qui se fait appeler Darksky, vous devez certainement savoir pourquoi vous êtes ici tous les deux aujourd’hui ; déclara-t-il solennellement.

J’hochai la tête sèchement mais, devant expression interrogatrice de Darksky, Hélios ouvrit un tiroir et sortit une vielle feuille de papier.

-J’ai l’impression que quelques explications s’imposent ; dit-il. Vous avez été choisis tous les deux pour vos excellentes aptitudes physiques et mentales. C’est pourquoi, j’ai décidé de vous confier une mission de la plus haute importance.

Le roi déroula une carte du monde, la même qui se trouvait sur le livre que m’avait montré mon amie et il désigna une minuscule ile perdue au milieu de l’océan.

-Voici Mineos, une petite ile de l’archipel de Palaos, une ile déserte du pacifique. Selon certaines sources, il y aurait un trésor fabuleux enfoui là-bas, donnant force et espoir à ceux qui le trouve.

-Et vous voulez que nous allions le chercher ? Demandai-je, connaissant déjà la réponse.

-C’est exact. Il semblerait qu’autrefois, des colons y aient construit un temple avant de partir sans laisser de trace. Votre mission consiste donc à retrouver ce trésor avant les hommes de Shadow. S’il mettait la main dessus, nous serions dans une situation vraiment critique. Un avion vous y emmènera dès demain. Avez-vous bien compris ?

Je ris en mon fort intérieur. S’il savait que cette mission n’était rien d’autre qu’une mascarade orchestrée par Marie…Mais je devais avouer que l’excuse trouvée par la jeune fille était plutôt ingénieuse et crédible par-dessus le marché.

-Compris.

-Je…je crois, bafouilla Darksky, totalement déconcerté.

Sur ces paroles, Hélios nous congédia et je pus voir le jeune garçon se détendre aussitôt sorti de la pièce. C’était la première fois que je l’approchais à moins de vingt mètres en y repensant. Il n’avait pas du tout la carrure des autres recrues, même vu de près. Il n’était qu’un garçon assez banal, ni maigrichon, ni musclé, ni grand ni petit, ni spécialement attirant, ni repoussant. Mais dans tous les cas, il n’avait pas l’air fait pour se battre. Je me voyais déjà passer mon temps à le protéger en cas de problème…

-Faisons de notre mieux demain ; déclara-t-il d’un ton un peu trop enjoué à mon gout.

-Tâche de ne pas me ralentir ; me contentai-je de répondre avant de rejoindre mes quartiers.

A ce moment-là, je ne me doutais pas que ce petit garçon, plus jeune d’un an que moi et ne me dépassant que de quelques centimètres, allait changer radicalement ma vision de la vie et devenir la personne la plus précieuse à mes yeux…






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [20/02/2019] à 17:05

Yuiko Saya : Le vent tourne



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=kQuEOHbNDfI


Darksky était exactement comme je le pensais. Quelques secondes à peine après avoir posé le pied sur l’île où se déroulait notre mission, le frère de Marie enchaina les erreurs de débutant. Il essaya bien d’entamer la conversation avec moi mais j’étais bien tendue pour cela et ne lui répondais que le strict minimum. Cette mission était capitale pour moi, je n’avais pas le droit à la moindre erreur, et me lier d’amitié avec le garçon comme s’il s’agissait d’une simple promenade de santé ne pouvait rien m’apporter.

Je restais sur le qui-vive, guettant chaque bruissement, chaque son suspect, chaque cri d’oiseau. Je savais que les hommes de Shadow se trouvaient certainement dans le coin. Après tout, je les avais croisés durant chacune de mes missions jusqu’à présent, et celle-là ne fit pas exception.

Alors que mon partenaire inexpérimenté était en train de crier haut et fort que nous étions seuls, un frisson me parcourut l’échine. Je me jetai sur lui et le plaquai à terre, la main sur la bouche pour l’empêcher d’en dire davantage. Et mon instinct ne m’avait pas trompée.

A peine quelques secondes après sa déclaration, une flèche siffla dans mes oreilles et alla se planter dans un arbre quelques mètres plus loin.

Je me relevai en jurant pour faire face à mes pires craintes. Devant nous se tenait un petit groupe d’individus portant des masques et des capes noirs caractéristiques des sbires de Shadow.

L’un d’entre eux portant un masque légèrement plus foncé se détacha du lot et s’avança vers nous.

-Vous travaillez pour Hélios n’est-ce pas ? Demanda-t-il agressivement.

-Et si je répondais que oui ? Lui lançai-je en haussant les épaules.

-Alors je vous tuerai.

-Dans ce cas, non, nous ne travaillons pas pour lui…

-Mensonges, tuez-les ! Ordonna l’homme.

Je lâchai un long soupir. Parfois je comprenais vraiment pourquoi Marie était toujours aussi désinvolte face à la stupidité des gens.

-Pourquoi demander si c’est pour ne pas vous satisfaire de nos réponses…

Immédiatement, je sortis un couteau de ma poche et je me précipitai sur nos ennemis. Mettant en pratique les tactiques de combats apprises par Hélios, je déviai pendant ma course toutes les flèches qui pleuvaient sur moi grâce à mon arme. Puis, une fois que je fus assez proche, je dégainais un fumigène et le projetai sur les hommes.

Un épais nuage de poussière les aveugla momentanément et, agrippant Darksky par le bras, je pris la fuite.

Tout au long de ma course, le garçon ne fit que me ralentir, se prenant les pieds dans chaque racine et trébuchant sur chaque caillou sur sa route et seule ma promesse faite à Marie me dissuadait de le laisser en plan.

Une fois que je fus certaine d’avoir semé les sbires de Shadow, je lâchai Darksky et il manqua de peu de se vautrer au sol lamentablement.

Cette mission commençait décidemment bien mal et comme je le pensais, le frère de Marie était un véritable boulet…A quoi pensait-elle en me le refilant bon sang.

-Tu ne veux pas me parler, mais à eux, tu leur fais de grand discours ? Lança-t-il d’un ton léger.

-Tu ne sais vraiment pas à qui tu as à faire, n’est-ce pas ? Grognai-je, de plus en plus agacée.

-Les hommes de Shadow ?

-Des tueurs en série oui ! Shadow est totalement fou, si nous croisons une nouvelle fois ces hommes, il se pourrait qu’aucun de nous ne survive ! M’exclamai-je en haussant la voix.

-Calme-toi un peu Saya. Peux-tu me dire qui sont-ils exactement pour commencer ?

Je lâchai un nouveau soupir. Ce n’était qu’un débutant après tout, je ne pouvais pas lui reprocher son inexpérience…Mais Marie allait m’entendre une fois cette mission terminée.

Lorsque j’expliquai la situation à mon partenaire, son expression changea et son visage se crispa. Evidemment, Hélios n’avait pas dû lui révéler que Shadow était son ancien bras droit…Mais je préférais mettre les choses au clair dès le début pour éviter tout problème ultérieur.

Nous arrivâmes au temple indiqué sur la carte quelques minutes plus tard sans faire de nouvelle mauvaise rencontre. Il n’en restait quasiment plus rien.

Nous avions devant nous un vaste champ de pierres disposées en cercles. Sur les bords, nous pouvions apercevoir des restes de colonnes qui autrefois devaient être colossales et partout, la mousse et le lierre avaient envahi les ruines.

Nous avançâmes parmi les décombres, et nous vîmes au milieu un petit escalier menant sous terre. Une fois à l’intérieur, l’obscurité envahit l’espace et je fus contrainte de sortir une lampe torche. Je n’aimais pas vraiment avoir une source de lumière aussi visible dans le noir mais je n’y voyais vraiment pas à un mètre…

La salle dans laquelle nous arrivâmes était vraiment pauvre comparée à d’autres ruines que j’avais pu visiter. Il n’y avait ni inscription, ni peinture. Les murs étaient nus, ce n’était que de la pierre telle qu’on pouvait la trouver dans les grottes naturelles. En face de nous, il y avait juste un petit autel sur lequel était posée une boite en or.

-Serait-ce…le trésor ? me demanda naivement mon partenaire.

-Non, c’est beaucoup trop simple…murmurai-je, légèrement surprise.

Soudain les murs de la salle se mirent à trembler comme si tout allait s’effondrer sur nos têtes. Dans les murs auparavant nus se créèrent six ouvertures et juste au-dessus, des inscriptions se gravèrent. Il s’agissait de runes anciennes, exactement les mêmes que dans le livre parlant de la forteresse originelle. Fort heureusement pour moi, Hélios m’avait aidé à les déchiffrer par le passé, si bien que je n’eus aucun mal à comprendre ce qui était écrit.


https://www.youtube.com/watch?v=AVcNPWhdrRw


– « Quand un brille au-dessus, six brulent en dessous, quand trois contemplent le soleil, quatre abaissent le regard. Quand deux nagent à la surface, cinq plongent vers le fond… » On dirait bien que cette énigme doit nous permettre de faire le bon choix…

Tout en lisant ce texte, je croisai les bras et me mis à réfléchir dans ma tête. J’avais déjà entendu cette énigme quelque part…Mais où ?

-Vingt-et-un points, séparés par des traits, cinq traits pour être exacte, formant six cases distinctes…De plus, si on additionne les chiffres de l’énigme, cela nous donne vingt-et-un également…Il y a forcément un rapport entre les deux…murmurai-je, totalement perdue dans mes pensées.

Tout cela n’avait aucun sens. Rien n’indiquait quelle porte était la bonne. Autant lancer un dé et choisir aléatoirement la bonne porte pour…

Un déclic se fit tout à coup dans ma tête et j’écarquillai les yeux.

-Eureka ! M’écriai-je. La réponse était évidente, il suffisait de penser à un dé !

-Un dé ? répéta Darksky, peu convaincu.

-Oui, ou plutôt à un patron de dé, tel qu’on en voit en cours de maths. Regarde attentivement la porte quatre Darksky ! Assemble ce dé, lorsque la face 6 est en haut, celle du bas est la 1, pareil pour toutes les autres !

Je ne laissai cependant pas le temps à mon partenaire de contempler chacune des portes car au loin un bruit de pas se fit entendre dans les escaliers. Faisant le moins de bruit possible, je fis signe à Darksky de me suivre en passant la porte décrite par le patron d’un dé.

La, un long chemin sombre s’ouvrit à nous, chemin qui me sembla être sans fin. Je refermai discrètement la porte derrière nous, espérant que cette énigme pose quelques problèmes à ces bouffons et j’entamai la descente.


https://www.youtube.com/watch?v=2eyG-JNMInw


A partir de là, la véritable épreuve commença. Comme dans chaque temple que j’avais visité jusque-là, des dizaines de pièges nous attendaient, créés spécialement pour dissuader les pilleurs. Heureusement pour moi, j’étais habituée désormais mais Darksky…Je ne comptais même plus le nombre de fois que je le sauvai d’une mort certaine. Plancher explosif, gouffre béant, pluie de flèches empoisonnées, haches sortant du mur, boule géante dans un couloir, tous ces pièges étaient très classiques mais mon acolyte actionna chacun d’eux.

Au fond de moi, cela m’amusait un peu de devoir veiller sur lui comme une grande sœur et je me serais certainement prise au jeu du professeur et de l’élève si les enjeux n’avaient pas été aussi importants et s’il n’avait pas manqué de me tuer plusieurs fois par simple inattention…

Mais finalement, alors que je le prenais pour un débutant total et sans expérience au combat, tout juste bon à détendre l’ambiance, ce fut moi qui tombai la première au combat.

Nous étions arrivés dans une vaste pièce circulaire dans laquelle des dizaines de spectres avaient surgi. Sans réfléchir, j’avais foncé dans le tas, pensant qu’il s’agissait d’une simple épreuve de force mais ce n’était pas le cas. Alors que Darksky s’était concentré pour arrêter le mécanisme faisant apparaitre les spectres, j’étais submergée par le nombre d’ennemis à combattre en même temps et je ne remarquai même pas que l’un d’entre eux avait fini par m’avoir à la jambe.

Je ne le réalisai que lorsque l’adrénaline du combat se fut dissipée et je m’écroulai au sol, incapable de me relever. Du sang coulait abondamment de ma cuisse et c’était à peine si le bandage de fortune de Darksky arrivait à calmer l’hémorragie.

Je pensais réellement que cette aventure allait s’arrêter ici pour moi. Il me suffisait d’appeler Hélios d’urgence et de rentrer à la base. Mais je ne voulais en aucun cas laisser le module si précieux entre les mains de Shadow.


https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


-Tu n’as pas besoin de faire ça, laisse-moi derrière. Le trésor est plus important que moi ; lançai-je à mon partenaire qui s’acharnait à me soigner.

-Hors de question ! Rétorqua-t-il d’une voix forte. Je n’abandonnerai pas une amie, plus jamais…

Mon cœur s’emballa lorsqu’il prononça ce mot. Je ne me souvenais pas avoir déjà entendu ce mot de la bouche de quelqu’un pour parler de moi…Même si je considérais Serena et Marie comme telles, jamais elles ne m’avaient confirmé que cela était réciproque…

-Une amie ? Tu me considères vraiment comme telle même si nous nous connaissons à peine et que mon attitude envers toi est plus que détestable ? M’étonnai-je.

-Nous sommes partenaires pour cette mission, et par conséquent nous sommes amis, nous avons commencé cette mission ensemble, nous la finirons ensemble !

-Ta vision des choses est bien simpliste mon pauvre Darksky ; ricanai-je, amusée par sa simplicité d’esprit.

J’avais eu de nombreux partenaires de missions mais jamais aucun d’entre eux ne m’avait montré le moindre signe d’affection. Nous étions simplement collègues et je savais qu’ils n’auraient pas hésité à me laisser tomber pour le bien de la mission…Mais Darksky, lui, semblait différent des autres.

Lorsqu’il m’aida à me remettre debout, je grimaçai de douleur et il me rattrapa juste avant que je ne retombe. J’étais vraiment pathétique. J’avais fait la maligne jusqu’ici et voila que j’étais incapable de m’occuper de moi-même…

-Je suis vraiment un fardeau, tu ne trouves pas ? Lançai-je dans un soupir triste.

-Reposons-nous un peu ici ; me répondit le frère de Marie en ignorant mes lamentations.

-Comment ? M’étranglai-je, interdite. Hors de question, les hommes de Shadow pourraient arriver d’une minute à l’autre, je refuse…

Je repoussai vivement le garçon, ne pouvant concevoir de prendre un tel risque mais je ne pus faire deux pas sans que mes jambes ne me lâchent.

-Tu vois bien que tu n’es pas en état de continuer.

-Je suppose que tu as raison…

Mon compagnon d’infortune s’assit à côté de moi et entama la conversation, me parlant de tout et de rien, exactement comme l’avait fait sa sœur lors de notre rencontre. Finalement, ils étaient assez similaires dans leurs comportements bien que différents dans leurs personnalités. Tous deux s’inquiétaient pour les autres avant de s’inquiéter pour eux-mêmes.

-Dis, Darksky…Comment peux-tu rester aussi joyeux alors que nous sommes peut-être à deux doigts de mourir ? Lui demandai-je, surprise par sa joie de vivre malgré sa situation.

Le garçon réfléchit un instant, comme perdu dans ses pensées avant de me répondre avec un sourire mélancolique :

-J’imagine…que c’est l’influence une personne qui m’est très chère et qui m’a appris à sourire à la vie au lieu de me complaire dans le désespoir.

-Vraiment ? Tu ne peux pas savoir comme je t’envie d’avoir de si bons amis… Murmurai-je d’une voix presque éteinte.

Si seulement Hélios n’avait pas sombré dans la folie…peut-être que moi aussi…j’aurais pu continuer à prendre la vie avec le sourire…

Sans même m’en rendre compte, la fatigue prit le dessus sur ma volonté et je sombrai dans un sommeil profond et sans rêve.


https://www.youtube.com/watch?v=vH6jNIEuG6w


Darksky me réveilla en sursaut à l’approche des hommes de Shadow et, sans perdre une seconde de plus, nous fonçâmes vers la dernière salle sans nous retourner. Lorsque nous y arrivâmes une nouvelle énigme se présenta à nous et nous séparâmes pour en chercher la solution.

C’est là qu’il se déclencha à nouveau alors que faisais le tour des statues ornant la salle. Toujours sans prévenir, toujours sans que je n’essaie de l’activer volontairement, toujours en touchant des objets, mon pouvoir me fit perdre connaissance.

Je vis la salle s’effondrer tout autour de nous alors que la clé pendant autour du dragon noir était à terre tandis qu’au loin, une immense créature dorée me faisait face. Elle était rayonnante, bien plus que le soleil. J’avais l’impression d’avoir l’incarnation même de la lumière devant mes yeux.

Je ne pouvais distinguer sa forme tant j’étais aveuglée mais je discernais tout de même deux minuscules yeux bleus comme des saphirs qui me fixaient intensément.

La créature me désigna alors l’autre clé qui pendait toujours autour de la statue d’or. Mon corps bougea tout seul pour s’en emparer et la destruction de la pièce cessa immédiatement.

Ma vision commença à se brouiller mais je ne pouvais détacher mon regard de cette créature. Elle me fascinait. Même si elle n’était peut-être pas réelle…je voulais savoir qui elle était…j’étais comme inexorablement attirée par cette douce et réconfortante lumière qu’elle émanait.

Mais, alors que je tendais mon bras pour m’en rapprocher, tout disparut et je revins à la réalité, totalement déboussolée.

Que s’est-il passé ? Demandai-je à mon partenaire, perdue.

Je remarquai alors que dans mes mains, je tenais la clef récupérée lors de ma vision tandis qu’elle avait disparu du cou de la statue. Il ne m’en fallut pas plus pour comprendre et je me pris la tête dans les bras, terrifiée.

-Non, pas encore ; murmurai-je, tremblante.

Pourquoi ce pouvoir revenait-il maintenant ? Cela faisait des années qu’il ne s’était pas manifesté. Je pensais qu’il ne s’activait que lorsque je me sentais seule…alors pourquoi s’était-il réactivé sans prévenir !

-Quelque chose ne va pas ? S’inquiéta Darksky.

-Non…ce n’est rien d’important…Bien, allons ouvrir cette porte maintenant que nous le pouvons.

Alors que nous étions sur le point de résoudre la fin de cette énigme, le groupe d’hommes de Shadow pointa à nouveau le bout de son nez.

Il ne me fallut que quelques provocations pour pousser le chef à m’affronter en duel. Heureusement pour moi, le deck que m’avait confié Hélios n’avait jusque là jamais perdu un seul match.

Celui-ci fit ses preuves une fois de plus. Quelques tours à peine furent nécessaires pour écraser ce piètre duelliste.

Nous profitâmes de la confusion engendrée par la défaite de l’homme pour nous précipiter à l’intérieur de la salle ouverte grâce à la clé avant de refermer la porte derrière nous.


https://www.youtube.com/watch?v=g1_qMlZaJ6U


-Quelle histoire ; souffla Darksky, épuisé.

-Ils ne sont pas près de mettre le pied ici sans la clé ! Lançai-je joyeusement en faisant sauter ladite clé dans ma main.

Soudain, des dizaines de torches s’allumèrent et nous laissèrent entrevoir un long chemin rectiligne jusqu’à un grand autel.

Nous montâmes les marches en silence, le seul bruit que nous percevions était le crépitement des flammes. Mon cœur battait la chamade. La, à quelques mètres de moi, se trouvait la solution à tous les maux d’Hélios…

Sur le pinacle, était posé une autre clé, ainsi qu’un vieux parchemin. Lorsque je dépliai le bout de papier, je réprimai une grimace. Ce que je lus à ce moment-là ne me plut pas du tout mais je fis mine de déchiffrer le parchemin en n’en lisant que la moitié à mon partenaire.

-« Félicitation voyageur, vous êtes sur le point d’acquérir un pouvoir dépassant l’entendement. Mais sachez qu’un grand pouvoir implique une grande responsabilité, c’est pourquoi, voici votre dernière épreuve : Toutes les clés n’ouvrent pas nécessairement une porte, la clé de cette énigme se trouve devant vos yeux, mais la voyez-vous ? »

A nouveau, je fus prise de vertiges. Cette fois-ci, seul Darksky disparut de la pièce tandis que trois hommes s’avançaient lentement vers l’autel. A en juger par leur accoutrement, ils devaient certainement vivre à un autre siècle, deux ou trois-mille ans avant notre ère peut être.

L’un d’eux se saisit de la clé sans lire le parchemin et immédiatement, une trappe s’ouvrit à quelques mètres de lui. L’homme sourit, l’air satisfait et sortit une petite boite de sa poche. Lorsqu’il l’approcha de l’autel, elle se mit à rayonner puis s’ouvrit lentement.

Le second homme plaça alors un petit objet à l’intérieur, objet qu’il masqua sous un double fond avant que le troisième ne sorte une simple carte roulée sur elle-même. Puis, les trois hommes hochèrent la tête avant de repartir avec l’étrange boite, laissant un parchemin et la clé derrière eux. La pièce disparut alors et je me retrouvai à l’entrée du temple. Là, les hommes posèrent la petite boite sur un piédestal un peu en retrait puis disparurent dans l’obscurité.

La vision s’estompa et, lorsque je revins à moi, j’étais dans les bras de Darksky. Visiblement, j’étais tombée inconsciente comme souvent pendant mes visions…

-Darksky ? Que vient-il de se passer ? Demandai-je d’une petite voix.

-C’est assez dur à expliquer, mais tu as lancé la clé se trouvant là à l’autre bout de la pièce…

J’écarquillai les yeux et me relevai d’un bond, repensant à la trappe de la vision mais étrangement, elle ne s’était pas ouverte. Mais il y avait plus urgent.

-Nous devons retourner au début ; déclarai-je en serrant les dents.

-Mais pourquoi cela ?

-Nous avons besoin d’une boite pour résoudre cette énigme !

-Une boite comme celle-ci ? Me demanda mon partenaire en sortant ladite boite de sa poche.

-Exactement ! Darksky, tu es génial !

Euphorique, j’en oubliai totalement la fausse personnalité que j’arborai avec le garçon et je lui sautai dans les bras, pleurant et riant à la fois. Finalement, j’avais eu tort de le prendre pour un débutant sans cervelle. Finalement, j’allais peut-être remercier Marie de m’avoir imposé son frère en partenaire.

Pour la première fois de la journée…non, pour la première fois depuis bien longtemps, j’étais réellement heureuse et je ne le cachai pas.

Darksky fut tellement déconcerté par mon explosion de joie qu’il en perdit l’équilibre et rougit légèrement.

-Maintenant, emparons-nous de ce pouvoir et nous pourrons quitter cette maudite ile !

Lorsque j’approchai la petite boite de l’autel, elle réagit à sa présence, exactement comme dans ma vision et s’ouvrit en émettant une lumière aveuglante.

Comme prévu, nous y trouvâmes la carte que je confiai à Darksky, et quant à moi, je récupérai la boite apparemment vide mais qui contenait en réalité exactement ce dont j’avais besoin.


https://www.youtube.com/watch?v=CuLXds8npWE


Notre rapport à Hélios à notre retour fut assez bref. Je me contentai de lui remettre l’étrange carte que, de toute façon, nous ne pouvions déchiffrer nous-mêmes et le roi nous congédia, l’air satisfait mais ne se doutant de rien. Cependant, Darksky sembla réellement troublé par la véritable identité de Shadow et fut un peu plus agressif que moi mais se contenta de vagues explications.

-Tu doutes vraiment de lui n’est-ce pas ? Lui demandai-je une fois à l’extérieur.

-Je ne sais plus quoi penser en vérité ; me répondit-il l’air vraiment troublé.

-Une bonne nuit de sommeil te fera du bien ; lançai-je joyeusement, toujours de bonne humeur après notre franc succès.

Sur ces mots, je commençai à m’éloigner, impatiente de commencer l’étude du module mais, alors que j’arrivai au bout du couloir, je me retournai, me sentant mal d’avoir été aussi froide pendant toute la mission.

-Au fait, merci pour la mission, je n’y serais pas arrivée sans toi. Il faudra se refaire ça une prochaine fois.

Je lui fis un signe de la main puis il disparut de mon champ de vision.


https://www.youtube.com/watch?v=u7WMgrZVna4


Je passai les semaines qui suivirent enfermée dans la bibliothèque, cherchant à percer le secret de l’étrange objet tout en sachant que je ne pourrais pas le faire fonctionner immédiatement. En effet, la partie du parchemin que je n’avais pas lue à Darksky mentionnait une puissante source d’énergie nécessaire pour activer le module de voyage interdimensionel, et malheureusement pour moi, je n’en avais aucune sous la main…

-Alors Saya, toujours là-dessus je vois ? Railla un jour Marie en me rejoignant.

-Oui, ce truc est un vrai casse-tête…gémis-je.

-Vraiment ? Montre-moi pour voir.

Je tendis le petit objet à la jeune fille qui commença à l’étudier de près. En vérité, il n’y avait pas grand-chose à étudier. Il s’agissait juste d’un cylindre de fer grisâtre sur lequel de nombreuses lignes avaient été gravées. Il n’y avait ni bouton, ni interrupteur, ni une quelconque encoche pour enclencher le mécanisme. J’avais tout testé pourtant : le jeter par terre, lui lancer une décharge électrique, le plonger dans l’acide et même le couper en deux, le module n’avait même pas eu une égratignure. Et même le livre évoquant la citadelle originelle ne recelait aucun indice concernant l’utilisation de cette chose, même si elle était mentionnée plusieurs fois.

Voyant qu’elle n’arrivait à rien non plus, Marie me rendit l’objet en haussant les épaules.

-Bonne chance pour arriver à quoique ce soit, j’abandonne moi.

-Tu n’as même pas cherché plus de trente secondes je te signale…

-Quand je ne vois pas, je ne vois pas, c’est tout. Et sinon, qu’est-ce que tu as pensé de mon frère alors ? Il ne t’a pas trop ralenti j’espère ?

-Pour être franche…Un peu. Mais finalement, ce n’était pas si gênant que ça. Il est plutôt sociable contrairement aux autres élèves d’ici.

-Evidemment, on parle de mon frère ; lança fièrement la jeune fille en se frappant la poitrine. C’est de famille chez nous !

-Il…Il faut croire oui…bégayai-je, déconcertée.

-Enfin, évite simplement de tomber amoureuse de lui, j’en connais une qui serait bien jalouse sinon ; ricana mon amie, l’œil brillant.

Je ne sais pas pourquoi mais lorsqu’elle dit cela, mon cœur rata un battement et je faillis m’étrangler avec ma salive. Aussitôt, je sentis la température de mon corps s’élever anormalement et je m’empourprai sans pouvoir me contrôler.

-A…amou…Amoureuse ? De…De lui ? Ne dis pas n’importe quoi, il reste un boulet ! Balbutiai-je prise au dépourvu.

-Je sais, je voulais simplement te donner cette idée en tête et maintenant tu vas y penser toute la journée ; ricana Marie l’air fière d’elle.

-C’est n’importe quoi, rends-toi utile et aide-moi à déchiffrer cette énigme plutôt ; grommelai-je en gonflant les joues.

-J’aimerais bien mais Hélios m’attends pour un dernier travail, apparemment, nous entrons dans la phase finale de son plan.

-La phase…Finale ? Répétai-je.


https://www.youtube.com/watch?v=AJhco0m1LTs


-Oui, enfin, c’est ce qu’il croit ; me sourit la fillette d’un air mystérieux. Ce qu’il ne sait pas, c’est que j’ai échangé le parchemin avec un vieux truc trouvé ici.

-Hein ? Mais pourquoi as-tu fait ça ?! M’étranglai-je, abasourdie.

-Et bien, tu as dit que tu avais besoin d’une source d’énergie pour activer ton truc là, non ? Je me suis simplement arrangée pour que tu y aies accès ; hasarda-t-elle en haussant les épaules.

-Tu…Tu as vraiment fait ça pour moi, Marie ?…

-Evidemment, nous sommes partenaires dans le crime, ne l’oublie pas !

Sans pouvoir me contrôler, je pris mon amie dans mes bras et me mit à pleurer de joie. Réellement, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans elle.

-A…Attends Saya…Lâche-moi, tu m’étouffes…

-Merci…Merci du fond du cœur, Marie…J’ai vraiment de la chance que tu sois toujours-là pour moi…

-Et moi je ne sais pas si j’ai vraiment de la chance d’être ici…Mais ce n’est rien…Déclara-t-elle en détournant le regard, soudain gênée. Bref, prépare-toi simplement à repartir en mission prochainement avec mon frère.

-Compris !

Avec un enthousiasme qui ne me ressemblait pas, je courus dans ma chambre et rassemblai mes affaires en attendant impatiemment qu’Hélios me convoque. Ce qui arriva un peu plus tard dans la matinée.

Lorsque je vis Darksky, je ne pus me cacher derrière de fausses grimaces et je me contentai d’être moi-même, le saluant chaleureusement.


https://www.youtube.com/watch?v=3l_CXocpLoQ


Cette fois-ci, notre mission nous ramena à Néo Domino City. J’avais quelques appréhensions à y retourner après tant de temps. Après tout, la dernière fois que j’y étais venue, c’était en compagnie d’Hélios, juste avant le début de sa perte de raison…

Pendant un moment, je pensai à aller faire un tour à Satellite pour saluer Serena mais je n’en trouvai pas l’occasion.

Cependant, alors que je pensais qu’il ne s’agirait que d’une banale mission, la présence du garçon à mes côtés me troubla et je laissai parler mes émotions à ma place de nombreuses fois. C’était stupide mais en voyant son visage souriant et sans aucune mauvaise intention à mon égard, je repensais aux paroles de Marie et mon cerveau lâchait simplement l’affaire. Je me retrouvai ainsi avec un ours en peluche qu’il m’acheta tandis que je me mis à lui raconter mon passé sans aucun tabou…enfin, je passai tout de même sous silence que sa propre sœur m’aidait. J’avais retenu la leçon devant sa réaction lorsque je lui avais parlé de Shadow.

Et plus je lui parlais et plus je laissais mon honnêteté prendre le dessus sur la fausse personnalité dans laquelle je m’enfermais depuis bientôt trois ans.

L’espace d’un instant, j’en oubliai presque notre mission et je restai là, au bord de l’océan, priant pour que cet instant de calme et de tranquillité ne se termine jamais. Je ne sais pas si Marie avait réellement lu en moi ou si elle ne faisait que me taquiner, mais je me sentais vraiment apaisée aux côtés de Darksky, comme si sa simple présence suffisait à éloigner de nombreux soucis passagers.

Non…Ce n’était pas de l’amour…Du moins, pas comme celui que Marie imaginait…C’était de la gratitude…Nous n’avions passé que très peu de temps ensemble et pourtant, au cours de cette mission, j’avais eu l’impression d’avoir trouvé un vrai partenaire, le genre de personne qui ne me laisserait jamais tomber, quelle que soit la situation et aussi désespérée soit-elle.

Je fermai les yeux et serrai dans mes bras l’ours en peluche qu’il m’avait offert et je murmurai dans un souffle qui fut emporté aussitôt par la brise marine :

-Merci Marie…Merci Darksky…


https://www.youtube.com/watch?v=pjLekG0YJZM


Mais, alors que j’étais perdue dans mon monde, j’en sortis brutalement lorsqu’un des hommes d’Hélios arriva et nous informa de son plan consistant à faire exploser le laboratoire que nous étions censés prendre d’assaut.

Cela me mit hors de moi. De détendue et calme, je me transformai en une fraction de seconde en furie inarrêtable. S’il faisait exploser le laboratoire, ma source d’énergie allait s’envoler avec et tous mes efforts auraient été réduits à néant !

Sans attendre mon partenaire, je filai à la vitesse de l’éclair vers notre destination, bien décidée à contrecarrer les plans du chef de mission. Je ne pris même pas la peine de distinguer ennemis et alliés, j’écrasai simplement quiconque se mettait en travers de ma route.

Je défonçai le barrage que nous avions formé à l’entrée, certainement pour capturer les scientifiques, et me précipitai à l’intérieur.

Lorsque j’arrivai devant la source d’EnerD, le grand réacteur était en train de disparaitre dans les cieux, emporté par un immense dragon blanc étincelant qui explosa haut dans le ciel.

Je tombai à genoux, détruite. Ma seule chance de sauver Hélios venait d’être réduite en fumée…


https://www.youtube.com/watch?v=z9_RD-iRQW0


-Non…Pourquoi…J’étais…Si proche du but…Murmurai-je, anéantie.

Cependant, alors que je pensai que tout était perdu, je vis plusieurs feuilles de papier à moitié carbonisées à mes pieds. Sans grande conviction, j’en saisis une au hasard et mon cœur s’accéléra.

Il s’agissait d’un document, un article de journal plus précisément, évoquant une récente collaboration entre ce laboratoire et le CERN.

J’en oubliai immédiatement mon échec cuisant du moment et mis sans attendre l’article dans ma poche, bien résolue à ne pas me laisser abattre aussi facilement. Je devais ne devais pas me conforter dans le désespoir. Tout n’était pas perdu, ce n’était que partie remise et cette fois, je comptais bien ne pas me reposer sur ces bouffons d’Hélios.

Ce qui suivit ne m’étonna même plus au point où j’en étais. Un des chefs de la mission me prit pour une ennemie et me défia en duel. Evidemment, Darksky nous interrompit et me força à fuir avec lui, laissant ce guignol derrière nous.

Après de nombreuses péripéties rien que pour nous sortir du laboratoire qui tombait en ruines, nous nous retrouvâmes à l’extérieur. Le professeur Fudo, que nous avions sauvé en chemin, fut emmené par les chefs et nous restâmes devant la bâtisse en flammes, Darksky et moi, encore quelques minutes.

Cela me coutait bien de l’avouer, mais il m’avait sauvé la vie…et deux fois maintenant. Je ne sais vraiment pas si j’aurais tenu le choc seule lors de ces deux missions. Et je me doutais bien que ce que j’avais vécu jusqu’ici n’était qu’une partie de plaisir face à ce qui m’attendait dans le monde des esprits.


https://www.youtube.com/watch?v=7Hcq71AJQns


Une idée folle me traversa alors la tête. Et si…si je ne faisais pas ce voyage seule ?

Je ruminai cette idée pendant tout le trajet retour dans l’avion mais plus le temps passait et plus je me disais que je n’allais pas pouvoir atteindre mon objectif seule.

C’est pourquoi, une fois de retour chez nous, je me jetai à l’eau.

-Eh bien Darksky ; J’ai comme l’impression que je te dois la vie donc…

-Tu n’as pas besoin de me remercier, je payais la dette que j’avais envers toi depuis la dernière fois ; me répondit-il gêné.

-Tu le prends comme ça ? Râlai-je, vexée d’avoir été interrompue dans cette accroche que je ressassai dans ma tête depuis plusieurs heures. Je comptais te faire voir quelque chose d’incroyable mais puisque tu ne veux pas…

-Amusant ? Comme toi sous la douche ?

Mon corps bougea tout seul et je lui assénai un énorme coup de poing dans la tête. Décidemment, ce type n’était qu’un boulet…Faisant mine d’être vexée, je tournai le dos et feignait de partir.

-Désolé, c’est sorti tout seul ; s’excusa-t-il, affolé.

Je lâchai un long soupir intérieur. Comment pouvais-je lui en vouloir après tout. Mais cependant, à force de côtoyer Marie, j’eus envie de tester ses techniques contre son propre frère. C’est pourquoi, je fis semblant de lui lancer un regard noir. Je vis sa mine se décomposer et je ne pus me retenir d’éclater de rire.

-Si tu voyais ta tête mon pauvre !

Je mis quelques secondes à me calmer mais je n’en avais pas fini pour autant. Je comptais bien m’amuser avec lui encore un peu.

-Non, je ne compte pas te montrer ça, quoique…

Tout en prononçant ces mots, je lui lançai un regard suggestif et le garçon recula, troublé. Décidemment, je comprenais pourquoi Marie aimait tant taquiner les autres de la sorte. Voir le visage de Darksky à la fois troublé, gêné et surpris n’avait pas de prix.

-Attends, je n’étais pas sérieux…

-Je sais ; lui lançai-je joyeusement. Bref, rejoins-moi dans ma chambre dans vingt minutes, elle se trouve au deuxième étage de ce bâtiment.

Sur ces mots, je laissai le garçon dans le couloir et filai dans ma chambre. Là, je préparai en vitesse quelques gâteaux et partis me préparer dans la salle de bain. Cependant, je n’avais pas prévu que Darksky ne respecte pas les horaires que je lui avais indiqués.

Car, en sortant de la douche, je ne vis pas le savon par terre et que je m’étalai lamentablement sur le carrelage en poussant un cri de surprise.

La porte de ma salle de bain s’ouvrit avec vacarme et j’écarquillai les yeux de surprise lorsque je vis Darksky de l’autre côté. Nous rougîmes tous les deux de honte mais ce boulet, au lieu de repartir comme il était venu, se trouva obligé de jouer aux imbéciles.

-Euh…Salut…

Je poussai un nouveau cri, de frustration cette fois, et lui lançai ma brosse à cheveux à la figure.

-Sérieusement, ton frère est un boulet Marie ! Hurlai-je intérieurement.


Une fois cet incident passé, je tentai de me calmer et repris mon plan pour le convaincre de me suivre. Ainsi, je sortis mon énorme livre que je conservais précieusement dans ma chambre depuis des années et l’ouvris sur la page de la citadelle originelle. Au début, il n’eut pas l’air spécialement convaincu par mes arguments et il faillit même partir mais nous fûmes interrompus par une sonnerie stridente.


https://www.youtube.com/watch?v=e_C2DqC4kR8


La voix d’Hélios retentit alors dans toute l’école et nous somma de nous réunir dans la grande salle. Mon cœur s’emballa à nouveau en entendant cela. C’était la première fois que le roi tenait une réunion de cette envergure et les mots de Marie retentirent dans mon esprit. Il ne m’en fallut pas plus pour me convaincre. Nous étions sur le point d’atteindre le fameux point de non-retour que je redoutais tant…

Mes craintes furent confirmées à peine Hélios eut-il commencé son discours. Sa voix n’était plus la même que lorsqu’il nous avait convoqué, le matin même. Il semblait désormais totalement fou, aveuglé par des idéaux de puissance sans aucun sens et même son regard avait changé. Toute son insouciance avait disparu pour ne faire place qu’à une soif de pouvoir sans fin.


https://www.youtube.com/watch?v=8FqbTz9N5Do


Je quittai la salle lorsque mon ancien sauveur prononça le nom d’Apophis. J’en avais assez entendu. Je n’avais pas besoin de plus d’informations pour savoir que le temps me manquait cruellement à présent.

Je remontai dans ma chambre en vitesse, oubliant totalement mon objectif d’emmener Darksky avec moi et commençai à rassembler mes affaires. Je n’emportai avec moi qu’un petit sac à dos dans lequel je mis tous les objets qui m’étaient chers : l’ours en peluche de Darksky, l’élastique de Serena, le livre d’Hélios et le module de voyage interdimensionel.

C’était amusant. Chaque personne que j’avais rencontrée jusque là et avec qui j’avais noué des liens m’avait légué quelque chose finalement alors que moi, je n’avais jamais rien pu leur offrir. Une fois toutes ces histoires terminées, je me jurai de me rattraper et de faire quelque chose pour toutes ces personnes qui m’avaient soutenue, moi, cette petite fille si insignifiante qu’elle avait failli mourir sur le bord de la route sans que personne ne s’en aperçoive.

Alors que j’avais presque bouclé toutes mes affaires et que je m’apprêtai à partir sans faire de bruit, j’entendis des bruits de pas dans mon couloir et je sursautai lorsque j’entendis la voix de Darksky.

Tu comptes aller quelque part ?

-Ce n’est que toi ; soufflai-je rassurée. J’ai cru qu’il s’agissait d’un professeur…

-Je repose donc ma question, comptes-tu aller quelque part ? A moins que tu ne te prépares pour demain ?

Je ne répondis rien à sa question et je baissai les yeux, sentant quelques larmes couler sur mon visage. Je connaissais déjà sa réponse mais je tentai une dernière fois dans un ultime espoir.

-Darksky, fuyons cet endroit…

-Comment ?

-Fuyons cette école, Hélios, les missions suicide, ensemble. Allons au bout du monde, trouvons la citadelle originelle pour y vivre en paix éternellement…Dis, tu m’accompagnerais ? Murmurai-je, sachant que c’était peine perdue.

-Mais, pourquoi ? Je veux dire, nous arrivons enfin au terme de ce pourquoi nous nous sommes battus ces dernières années, tu ne peux pas tout laisser tomber ainsi !

-Tu ne comprends donc rien ! M’écriai-je en haussant la voix. Apophis n’est que le commencement, qui sait à quoi hélios va s’attaquer ensuite !

-Que veux-tu dire ?

-Tu me prendrais pour une folle si je te le disais…Tu dois simplement savoir qu’Hélios n’est pas celui qu’il prétend être. Comment je le sais ? Ne me demande pas, je n’en ai aucune idée, c’est un simple pressentiment…

Si seulement j’avais pu lui dire la vérité au sujet de Marie et du mal qui rongeait le roi…Mais je sentais que lui révéler cette information maintenant allait lui faire plus de mal qu’autre chose, alors je m’abstins, gardant ce secret en moi.

-Mais…Si tu t’enfuies, où iras-tu ? Cette quête est insensée, tu le sais aussi bien que moi !

-Peut-être bien, mais je dois en avoir le cœur net, trouver la citadelle originelle, c’est mon rêve depuis que je suis toute petite…

« Et je dois sauver Hélios…Mais ça, tu ne peux pas le comprendre, toi qui vas le détester plus que n’importe qui lorsque tu apprendras la vérité… »

-Je vois…mais je ne peux pas t’accompagner, je dois encore sauver ma sœur…

-Je te comprends Darksky. Donc, disons-nous…

-Non !

Darksky me prit dans ses bras et m’étreignit longuement. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine en sentant sa peau contre la mienne et je souris. Marie n’était qu’une idiote. Pourquoi avait-elle fallu qu’elle me mette une idée aussi saugrenue dans la tête…Mais ce sentiment…Il n’était pas désagréable. Je n’avais pas envie qu’il relâche son étreinte. Je voulais figer le temps, oublier la folie d’Hélios et ma quête insensée pour simplement rester là, devant le soleil couchant et profiter de cette sensation de bien être qui faisait bouillir mes veines et battre mon cœur.

Mais non. Je savais que cela était impossible. Je devais partir. Pour le bien d’Hélios, pour notre bien à tous, je devais arrêter cette folie destructrice, et ce, peu importe les sacrifices nécessaires.

-Tu as choisi ta voie Darksky, j’ai choisi la mienne, et il semblerait qu’elles ne se croisent plus à partir de maintenant…

-Saya…

-Va au bout de tes rêves Darksky, et j’irai au bout des miens, c’est une promesse ?

-Oui, je te le promets, Saya…Murmura mon amie d’une voix brisée.

-C’est ce que je voulais entendre, alors maintenant, souris s’il te plait.

Comme pour nous donner du courage à tous les deux, mon visage s’illumina tandis que quelques larmes scintillèrent comme des braises à la lumière rougeâtre qui passait à travers mon immense fenêtre.

Non, je n’avais pas été malheureuse au cours de ma vie. J’avais été très souvent seule et isolée mais j’avais rencontré des gens formidables et Darksky faisait partie de cette minuscule poignée de personnes que je pouvais appeler « amis ».


https://www.youtube.com/watch?v=uqsNNnVjyyA


Lorsque le frère de Marie relâcha son étreinte, je ne tentai pas de la prolonger plus longtemps et je finis de rassembler mes affaires sans dire un mot.

Je rangeais mon livre dans mon sac et le mit sur mes épaules avant de me diriger vers la sortie, la tête basse. Je sentais qu’à la moindre parole de travers, tout pouvait s’effondrer, de même que mon désir de partir.

-Bien, cette fois-ci, c’est vraiment l’heure des adieux, qui sait si nous nous reverrons un jour.

-Non, c’est un au revoir, pas un adieu !

-Oui, tu as raison. Au revoir Darksky, et merci pour tout ce que tu as fait, j’ai vraiment passé les plus beaux jours de ma vie avec le grand frère que je n’ai jamais eu…

-C’est à moi de te remercier, tu m’as permis de ne pas devenir fou de solitude.

-Tu veux vraiment avoir le dernier mot n’est-ce pas ? ricanai-je, amusée.

-Que veux-tu, je ne peux pas te laisser partir comme ça et ne rien dire.

-Tu as certainement raison…

L’heure était venue. Je devais prononcer ces mots sans trembler, sans me retourner, sans regretter.

-Bien, à la revoyure Darksky, je te souhaite sincèrement de retrouver ta sœur.

-Et toi, trouves la citadelle que tu convoites tant !

-Bien sûr, aller, Salut !

N’hésitant plus une seconde, je lui adressai un signe de la main puis me mis à courir le plus vite possible dans ce long couloir, de peur de faire marche arrière à la dernière seconde.

-Adieu, Darksky…Et merci pour tout.

Il n’y avait personne dans le bâtiment à cette heure-là. Tout le monde était certainement en train de se préparer pour la mission du lendemain…Tout le monde, à l’exception d’une personne. Je savais bien que je n’allais pas pouvoir partir sans lui dire deux mots mais j’étais soulagée de la voir.

Là, devant l’immense porte d’entrée, se tenait Marie, le bras croisés sur sa poitrine, le regard malicieux comme toujours.


https://www.youtube.com/watch?v=txCz7wnwwao


-Alors Saya, on part sans dire au revoir ? Me lança-t-elle, l’œil brillant.

-Je savais bien que tu ne serais pas loin ; lui répondis-je en souriant tristement.

Le visage de la jeune fille s’assombrit alors et pour la première fois depuis que je la connaissais, je pus lire une vraie tristesse dans ses yeux.

-Tu es sûre de toi ? Tu ne vas pas faire marche arrière ? Le monde des esprits est un endroit tout aussi magique que dangereux, surtout en cette période trouble…

-Je dois le faire. Je suis la seule à qui Hélios fait encore confiance.

-Justement…si tu pars, ne penses-tu pas que…

Marie s’arrêta dans sa phrase et secoua la tête comme pour chasser de mauvaises pensées.

-Non, tu as raison, fais ce que tu penses être juste. De toute façon, je compte bien partir prochainement moi aussi.

-Partir ? Mais tu n’es pas…

-Prisonnière ? Il parait oui ; lança-t-elle d’un ton nonchalant en haussant les épaules. Mais bon, sans toi, je doute que mon frère reste encore bien longtemps dans ce vieux château. Du coup, je n’aurai plus rien à faire ici non plus sans vous deux.

-Toujours aussi terre à terre je vois ; ris-je d’une voix nostalgique.

La fille qui avait partagé mes tourments pendant trois ans ferma simplement les yeux et se décala légèrement pour me laisser passer.

-Je n’ai aucun conseil à te donner cette fois-ci Saya. Mais lorsque tu reviendras…et si tu n’as nulle part où aller…Viens chez nous. Nous te logerons et nous pourrons vivre tous les trois comme une vraie famille.

-Une famille…hein…Ce mot me semble tellement étranger…

-Allez, bon vent Saya ! Enchaina joyeusement mon amie en tournant déjà les talons. La prochaine fois qu’on se verra, je te présenterai peut-être ta rivale. J’imagine qu’elle aussi sera de retour d’ici là.

-Arrête de dire n’importe quoi Marie ; soupirai-je en souriant.

Nous nous tapâmes simplement dans la main comme deux vieilles amies et nous partîmes chacune dans une direction opposée. Marie remonta les marches du grand escalier et moi, je franchis l’imposante porte donnant sur l’inconnu, bien déterminée à sauver le roi de ce mal qui le rongeait de l’intérieur.


« Alors pourquoi…pourquoi avais-je fait tout cela si c’était pour que vous nous laissiez seuls…Hélios ? »






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [24/03/2019] à 22:15

Chapitre 39 : Miyako, Noun



Spoiler :



Deux titans se faisant face au milieu de l’immensité vide de l’espace. Voilà un dénouement auquel je ne m’attendais pas le moins du monde. Ce corps composé de pure lumière…Finalement, j’avais réussi, j’avais atteint le niveau ultime de l’évolution, celle qui allait me permettre de tenir ma promesse à Dan. Il ne me restait plus qu’une chose à faire afin de mettre un terme définitif à ce fléau qui n’avait pris que trop de vies.

Cependant, je ne devais pas agir n’importe comment. Darksky et les autres se battaient toujours à l’intérieur de Noun. Je ne pouvais pas prendre le risque de les blesser en détruisant simplement ce colosse. Je devais simplement le mettre hors d’état de nuire…Quelle plaie. J’aurais dû y penser à deux fois avant de les lancer à l’assaut direct de notre ennemi et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même.

-Je vois. Je comprends désormais pourquoi Ladd gardait un œil sur vous ; résonna la voix de Fuji Makoto dans ma tête. Qui aurais cru que de simples gamins réussiraient à copier l’apparence du premier esprit de duel par la simple force de leur volonté. Mais soit. Si tel est votre désir, nous nous battrons à armes égales, sous la même forme. Ainsi, lorsque je vous aurai écrasés, vous connaitrez le véritable désespoir, celui que l’on ressent lorsque toutes les cartes sont de notre côté mais que nous sommes incapables de les utiliser correctement. Vous comprendrez alors que toute lutte est vaine contre moi.

-Comme si nous allions perdre contre un raté comme lui. Je compte sur toi pour lui régler son compte rapidement Miyako, je n’ai pas pris mon petit déjeuner ce matin et je commence à avoir faim ; lança soudain Marie dans mon esprit.

-Marie ? M’étonnai-je. Que fais-tu là ?

-Bah…Tu as pris nos pouvoirs donc je peux communiquer avec toi par télépathie, cela me parait élémentaire, non ?

-Si tu le dis…

-Humaine ; enchaina alors Apophis d’une voix bien plus sérieuse. Ne prends pas Noun à la légère, même sous cette forme. Le corps que tu as obtenu est encore instable. Ne te jette pas sans réfléchir dans la bataille.

-Ne sous-estime pas Miyako ; rétorqua sèchement Hiroki. Elle nous a déjà sortis de nombreuses situations bien plus périlleuses que celle-là ! J’ai une totale confiance en elle et en ses jugements. Après tout, elle n’est pas notre présidente pour rien !

-Hiroki…Souris-je intérieurement. Merci…Mais aujourd’hui, je ne suis ni une présidente, ni une chef. Je ne suis qu’une guerrière, tout comme toi.


https://youtu.be/8aQSl-s_jqM?t=152


Noun et moi nous nous regardâmes quelques instants avant de passer à l’assaut. Nous nous jetâmes l’un sur l’autre, séparant les quelques milliers de kilomètres qui nous séparaient en une fraction de seconde.

L’un comme l’autre, nous tentâmes de nous frapper au visage et nous nous projetâmes mutuellement vers l’arrière, non sans provoquer une déferlante d’énergie qui éjecta plusieurs planètes de leurs orbites. Heureusement, nous nous trouvions bien trop loin du monde des esprits pour qu’il soit affecté mais cela me fit prendre conscience de la puissance qui m’avait été accordée. Un seul faux pas et ce que je cherchais à protéger risquait d’être réduit en poussière d’étoile. Je devais à tout prix m’en éloigner le plus possible…

Mais alors que j’étais perdue dans mes pensées, je sentis quelque chose m’agripper la jambe et me tirer vers le haut. Cette seconde d’inattention avait permis à Noun de déployer une sorte de harpon et il me projeta violemment contre une planète naine et l’explosion de son noyau ouvrit un immense trou au milieu de mon corps céleste.

Je poussai un cri de douleur mais aussitôt, la blessure se referma d’elle-même, comme si je n’avais rien subi.

Noun n’en resta pas là et traina mon corps céleste au milieu d’un champ d’astéroïdes. Et même si toutes mes blessures se soignaient toutes seules, la douleur, elle, était réelle et m’empêchait de riposter.

-Alors, protectrice du monde des esprits, c’est tout ce que tu possèdes ? S’écria Fuji Makoto.

Le colosse me fit revenir vers lui comme un poisson au bout d’une ligne et m’asséna un uppercut qui m’envoya directement dans le système solaire voisin sans que je ne puisse corriger ma trajectoire, faute de gravité.

Rapide comme la lumière, Noun surgit à côté de moi et j’eus tout juste le temps d’utiliser une planète comme bouclier afin de me protéger d’un puissant rayon d’énergie noire.

-Miyako, utilise mes pouvoirs ! S’exclama soudain Serena.

A peine y eussé-je pensé qu’une horde immense horloge apparut devant moi et immobilisa mon ennemi momentanément. Mais je n’avais pas besoin de plus de temps. Je concentrai à mon tour mon énergie en utilisant mon propre pouvoir et fis jaillir un éclair de lumière blanche droit sur le colosse.

La créature fut transpercée de part en part mais seul un rire sinistre s’éleva.

-Ridicule, peu importe le nombre de pouvoirs que vous utiliserez, Noun ne peut être vaincu par des attaques aussi faibles ! Vous n’avez aucune chance de l’emporter !

Tout comme moi, la blessure de mon adversaire se referma et il se saisit de deux lunes se trouvant à proximité, prêt à me les envoyer.

-Contrairement à vous, j’ai tout rejeté pour obtenir ces pouvoirs et ce corps en est la preuve !

Comme des balles de fusils, les satellites fusèrent vers moi et je n’eus d’autre choix que de sauter pour les esquiver.

-Et vous, seriez-vous prêt à renoncer à vos principes et à vous émancipez de règles créées de toutes pièces pour vous garder captif pour atteindre vos objectifs ?!

Ayant prédit mon action, Noun cracha une rafale de flamme de la paume de sa main et m’obligea à le combattre au corps à corps. Le colosse enchaina les coups rapides et précis, visant tous mes points vitaux alors que moi, je me contentai de les contrer tant bien que mal. Notre affrontement était si rapide que même mes propres yeux avaient du mal à suivre ses mouvements. Je me contentai de me fier à mon instinct qui faisait agir mes membres tous seuls.

-Evidemment que non ! Hurla Fuji Makoto. Parce que toutes ces règles que vous suivez sont si confortables que jamais vous n’oseriez les briser ! Le mal, le bien, le destin, l’âme, toutes ces choses ne sont que des foutaises créées par les puissants comme Hélios pour nous maintenir captifs ! Mais cette captivité est si paisible, si agréable que, même lorsque vous la trouvez insupportable, vous n’osez pas vous en libérer, de peur des sentences dont vous menacent ceux qui vous contrôlent !

Un des coups du colosse finit par percer mes défenses et je fus à nouveau projetée vers l’arrière. Mais cette fois-ci, avant que je ne m’écrase, Noun sauta au-dessus de moi et m’entraina avec lui dans les profondeurs de l’univers.

-Mais moi, je n’ai que faire des menaces. Les puissants m’ont déjà tout pris, je n’ai plus rien à perdre. Là est la différence entre vous et moi ! Je ferai tout ce qui est nécessaire pour arriver à mon objectif, même si cela inclut de briser l’espace-temps et d’anéantir toutes les créatures existantes dans cet univers !

Au cours de notre chute, je sentis de nombreuses planètes voler en éclat dans mon dos avant qu’une géante gazeuse ne finisse par résister et nous nous écrasâmes sur son noyau solide.

Mon ennemi m’écrasa le visage face contre terre de son pied et s’accouda sur son genou d’un air triomphal, comme s’il avait déjà remporté la victoire.


https://www.youtube.com/watch?v=xWKm6jDt-BA


-Hikari Miyako ; reprit Fuji Makoto d’une voix plus calme. Sais-tu pourquoi ton très cher Dan n’est plus de ce monde aujourd’hui ?

Lorsqu’il prononça le nom de mon ami défunt, mon corps fit un bond dans ma poitrine. Je tentai de me dégager mais Noun redoubla de force pour m’immobiliser au sol.

-Je vais te le dire moi. Tu as eu peur. Peur de blesser des inconnus dont la mort t’importerait peu. Peur de choquer tes amis. Peur des représailles si d’autres apprenaient que tes pouvoirs étaient la cause de leur malheur. Peur de salir l’invention humaine nommée ton « âme ».

-Tais-toi…Murmurai-je, sentant alors la colère monter en moi comme la lave d’un volcan prêt à exploser.

-Tu sais pourtant que j’ai raison, Présidente Hikari ; railla-t-il en ricanant comme une hyène. C’est pour cela que tu t’en es toujours voulu autant. Parce que tu savais que tu aurais pu le sauver. Mais pour échapper à cette réalité, tu te réfugies derrière ces principes qui ont pris la vie de ton ami. Loyauté, sacrifice, courage, charisme, autant de valeurs dénuées de sens et qui ne combleront jamais le vide laissé par la mort de ton ami…

-Je t’ai dit de te taire ! M’écriai-je en perdant tout mon sang froid.

Déchainant mes forces, je projetai un intense rayon de lumière avec mes yeux qui transperça le corps de Noun de part en part. Le colosse tituba et d’un bond, je me relevai et agrippai sa tête dans le creux de ma main pour le projeter de toutes mes forces sur le noyau.

L’explosion qui en découla nous projeta tous les deux à plusieurs millions de kilomètres. Mais, alors que Noun, sonné, s’écrasa sur une planète géante, je réussis à reprendre mon équilibre et à projeter une nouvelle rafale d’énergie sur mon ennemi.

Cependant Noun reprit ses esprits tout aussi vite que moi et dévia mon attaque avant de se jeter sur moi. Je ripostais avec toute la force que la colère me donnait et nous nous retrouvâmes l’un contre à tenter de nous repousser mutuellement.

Tout autour de nous, l’univers tout entier tremblait. Les planètes déviaient de leurs orbites, la les astéroïdes s’amoncelaient en anneaux sous nos masses et même les éruptions solaires tourbillonnaient pour former d’immenses spirales ardentes.

-Pourquoi continuer ce combat inutile, Hikari Miyako ? Tu n’as aucune raison de protéger ce monde si ce n’est laver ta conscience du crime impardonnable que tu as commis qu’est celui d’avoir laissé ton ami mourir devant tes yeux alors que tu avais le pouvoir de le sauver !

-Oui, j’ai eu peur, oui j’ai fait des erreurs, oui Dan est mort par ma seule et unique faute mais c’est parce que j’ai échoué que j’ai pu me relever plus forte ! Ces tourments qui m’ont rongée, cette culpabilité que je garderai au fond de moi pour toujours et à jamais, ce désir de sauver ces inconnus et ce monde qui n’est pas le mien…Voila l’abime sans fond qui nous sépare ! Parce qu’après tout…Je ne suis rien de plus qu’une simple Humaine !

Tout en prononçant ces mots qui provenaient du plus profond de mon cœur, je me dégageais de notre affrontement d’un coup de genou dans son torse avant d’enchainer d’un uppercut pour projeter Fuji Makoto dans les tréfond de l’univers. Celui-ci tomba longuement mais fut finalement pris dans la gravité d’une étoile à Neutron qui stoppa sa chute.

-Cette arrogance…Ce sentiment de supériorité malgré vos faiblesses…Tu es l’illustration même de ce que je déteste le plus chez votre espèce mais à présent, tu vas regretter d’avoir osé montrer une telle insolence face au nouveau dieu du monde des esprits !

Noun se saisit de l’étoile à Neutron ainsi que d’une naine rouge avant de les faire fusionner de force en une seule sphère d’énergie pure. Je dus me protéger les yeux tant la lumière qui s’échappait de cette abomination était intense. Même malgré toute la puissance de mon corps céleste, je sentais ma peau me brûler et mes forces commencèrent à m’abandonner, comme si toute mon énergie était happée par cette chose.

-Miyako ! S’écria Marie, affolée. Je détecte une énergie incommensurable, ne baisse pas ta garde !

-Très bien, Humaine, il est temps de te montrer les limites pathétiques dans lesquelles tu t’es toi-même enfermée en refusant de te libérer de tes chaines ! Disparais, Black Hole Eclipse !

La vague d’énergie infinie fusa vers moi à la vitesse de la lumière et je ne pus rien faire pour l’éviter. Je pris ainsi l’attaque de plein fouet et fit tout mon possible pour tenir ma position tandis que je sentais mon corps se désintégrer peu à peu, comme une planète se faisant absorber par un trou noir. Mon corps humain était lui aussi comme plongé dans un brasier ardent et je luttais de toutes mes forces pour ne pas perdre ma raison malgré la douleur bien pire que celle d’être jetée dans de l’acide.

-Miyako ! S’affola Hiroki dans mon esprit.


https://www.youtube.com/watch?v=5EXFilTUiko


-Ce…Ce n’est pas fini…Pas encore…Je refuse de laisser le vœu de Dan s’éteindre pour si peu !

-C’est tout ce que je voulais entendre…Humaine ; déclara soudain une voix plus grave. Laisse-moi m’occuper du reste à présent.

Des milliers de particules scintillantes s’échappèrent alors de mon corps céleste et l’Energie infinie qui déferlait sur moi fut attirée par elles. Devant moi, un long corps de lumière blanche prit forme, celle d’un serpent si grand qu’il aurait pu entourer entièrement le soleil.

-Avalon : Midgard Apophis !

La créature poussa un rugissement assourdissant qui fit trembler l’univers tandis qu’il me protégeait de l’attaque de Noun.

-Attends…Qu’est-ce que tu fais ! Rugit à son tour Gariatron qui venait de s’immiscer dans mon esprit.

-Ne joue pas aux sentimentaux, Gariatron ; ricana Apophis. Nous savons tous les deux que nos ambitions de vengeance ne sont rien face à l’avenir de l’univers ! Que nous soyons Esprit, Humains, Dieux ou Démons, quelle importance, nous ne sommes que des poussières d’étoiles dans cet univers, quelle importance ! Seuls, nous ne sommes rien, mais ensemble, nous avons le pouvoir de créer planètes et les étoiles ! Cette humaine, Miyako, m’a ouvert les yeux. Ses ambitions brûlantes et sincères ont réveillé mon esprit de guerrier que j’avais enfoui en moi depuis des millénaires sous des sentiments de haine et de colère. Si mon corps peut permettre de sauver ce monde et tous ses habitants, c’est un honneur pour moi de me sacrifier !

-Apophis…Murmurai-je, abasourdie.

-Miyako ! Si ton but est de poursuivre les rêves de tes camarades tombés au combat, alors je te confie les miens également ! Protège ce monde…Notre monde, celui que j’ai juré de protéger il y a des milliers d’années ! Fais-le avec toute la force que tes sentiments te confèrent et ne dévie jamais de la route que tu as empruntée car dans ce cas, seuls le désespoir et la résignation t’attendent ! Montre-moi…montre à Gariatron…Que les humains nous ont déjà dépassés !

Alors que Apophis prononçait ses mots, des visions me déconnectèrent quelques instants de la réalité. Je vis le serpent sous sa forme humaine, jeune, seul au milieu de cadavres sans vie, terrifié tandis que deux autres personnes le regardaient de loin, tout aussi horrifiées. Je le vis se faire exiler par un conseil. Je le vis au milieu de ruines, détruit mentalement. Je le vis rencontrer Gariatron et faire alliance avec lui. Et je le vis finalement enfant, débout au sommet d’une colline en compagnie d’une fillette aux cheveux de feu et aux ailes cramoisies. Ils étaient seuls, regardant les derniers rayons du soleil s’éteindre derrière l’horizon tandis qu’un vent frais les berçait.

-Dis, Apophis ; déclara la fillette avec un large sourire. Quel genre de seigneur voudrais-tu devenir plus tard ?

-Quel…Genre ? Je ne sais pas, je n’y ai jamais réfléchi…Répondit le serpent d’une petite voix. Mais peut-être…Protecteur du monde des esprits…

-Vraiment ? Mais c’est génial, Geb aussi a la même ambition ! Dans ce cas, nous pourrions le protéger tous les trois, qu’est-ce que tu en dis ?!

-Le protéger…Tous les trois ? Répéta-t-il, confus.

-Oui ! Toi, Moi et Geb, protecteurs du monde des esprits, le défendant de la menace des démons ! Nous le deviendrons quoiqu’il nous en coûte, tu m’en fais la promesse ?

Apophis hésita un instant mais devant l’enthousiasme de la jeune fille, il se mit à sourire lui aussi et les deux enfants s’attrapèrent le petit doigt pour sceller leur pacte.

-Oui, je t’en fais la promesse. Nous protégerons ce monde ensemble…Nout.

Lorsque la vision disparut, Apophis était toujours en train de lutter malgré son corps à moitié détruit par les assauts de Fuji Makoto.

-Votre résistance est inutile ! Disparaissez, misérables insectes !

Le rayon d’énergie redoubla d’intensité et enveloppa entièrement le corps du serpent qui disparut au milieu de la lumière.

-Futile. C’est exactement…ce que j’attendais !

L’énergie se condensa en un seul point et tourbillonna autour du corps d’Apophis qui formait le symbole de l’infini tout en absorbant entièrement la lumière, tel un véritable trou noir.

-Tu vois…Nout…J’ai tenu ma promesse…J’ai protégé ce monde…Murmura-t-il avant de disparaitre dans une explosion d’énergie.

-Apophis ! Hurla Gariatron.

Mais alors que Fuji Makoto triomphait déjà, pensant sa victoire acquise, des deux parties de l’infini surgirent une supernova, si majestueuse que nous n’étions que des insectes face à elle…ainsi qu’un minuscule être de feu…si petite que je ne parvenais même pas à le distinguer mais lorsque sa voix résonna dans ma tête, l’espoir refit surface.

-Désolée pour le retard, Miyako.

-Na…gisa ? M’étranglai-je, interdite.

La jeune fille pouffa, amusée de ma réaction et c’est la que je vis que quelque chose avait changé en elle. Dans sa main se tenait une carte scintillante et tout son corps était entouré d’une énergie nouvelle, la même énergie qu’Apophis avait absorbée un instant plus tôt.

-Il est temps de gagner combat…Présidente !

-Le gagner ? Répétai-je. Mais grâce à quoi…

-C’est évident ! Prends mon pouvoir également ! Over the Perfection, Avalon !

Sans hésiter une seule seconde, Nagisa plongea au cœur de la supernova et disparut instantanément. L’univers trembla une nouvelle fois lorsque deux colossales ailes de feu émergèrent de la sphère, rapidement suivies de deux serres acérées et d’une tête de phénix. La créature qui se tenait devant moi défiait toutes les lois de la nature et même sa taille ne pouvait être chiffrée. Son envergure était si étendue que même la lumière avait un retard lorsque je tentais de regarder la créature entièrement.

-Inconcevable…Simplement inconcevable ! Grogna Fuji Makoto. Comment de misérables formes de vies inférieures ont-elles pu maitriser une telle quantité d’énergie !

-Je te l’ai déjà dit, Fuji Makoto ; lui répondis-je aussitôt. C’est parce que nous échouons encore et encore que nous pouvons nous relever toujours plus forts ! Tout comme le sacrifice de Dan m’a permis de surmonter mes faiblesses, le dernier vœu d’Apophis a permis à Nagisa de dépasser ses limites ! C’est ainsi que nous fonctionnons, nous, vulgaires humains !

-C’est exactement pour cela que je voue une haine sans limite à votre espèce ! Vous vous piétinez les uns les autres pour devenir plus forts et c’est ce qui a finalement pris la vie d’Iris ! Pourquoi ne comprenez-vous pas…que vous évoluez dans une impasse !

Noun tenta de m’attaquer à nouveau mais le phénix replia ses ailes sur moi et me protégea sans aucune difficulté de la nouvelle déferlante. Ne perdant pas une seule seconde, je tirai à mon tour un rayon d’énergie qui transperça le torse de notre ennemi.

-C’est une impasse car TU es incapable de surmonter ces épreuves ! Tu es prêt à détruire toute forme de vie pour un objectif aussi futile que de ramener quelqu’un à la vie et tu te permets de nous faire la morale ?! Tu as été incapable de surmonter la mort de ta fille et pour cette raison, tu imposes tes idéaux à des milliards d’êtres vivants ?! Tu ne fais pas mieux que tous les puissants que tu accuses de nous priver de liberté ! Mais ce que tu es incapable de comprendre, Fuji Makoto, c’est que, tout comme nous, tu fais des erreurs et tu te trompes car tu n’es qu’un humain, tout comme moi !

-Miyako a raison ! Reprit Nagisa à travers la bouche du phénix. Les épreuves peuvent être difficiles à surmonter, elles peuvent paraitre même impossibles, nous pouvons même avoir envie de tout abandonner parfois, mais la solution ne se trouve pas dans la facilité ! Si tu désires détruire cet univers, ce n’est pas pour rendre la vie à ta fille par amour paternel…Mais parce que tu es simplement incapable d’admettre que tu as peur d’aller de l’avant ! Tu crains…Le futur ! C’est pourquoi, tu ne pourras jamais vaincre Miyako, elle qui rêve d’un futur radieux et qui fera tout pour l’obtenir là où tu ne rêves que d’un passé révolu !

-Nagisa…

-J’ai fait mon choix, Miyako. Plus jamais je ne regretterai le passé. Plus jamais je ne fuirai. Plus jamais je ne regarderai en arrière. Je te suivrai, où que tu ailles, quoi que tu fasses, quelle que soit la décision que tu prendras, je couvrirai tes arrières. Sois l’épée qui transperce le voile de la destinée tandis que je serai le bouclier infranchissable qui prendra les coups à ta place. Je suis peut être incapable de me battre comme une guerrière…mais Fais-moi confiance, jamais plus je ne laisserai ceux qui me sont chers souffrir à ma place.


https://www.youtube.com/watch?v=HVPZ-KZNlrQ


-Sérieusement…Tu es irrécupérable, Nagisa ; m’amusai-je, au fond de moi émue par son discours.

Pendant que la jeune fille me parlait, j’eus une seconde d’inattention et Noun tenta de m’attaquer à nouveau mais il fut arrêté dans sa course par des milliers de filaments luisants surgissant de mon corps qui l’immobilisèrent totalement.

-Ne crois pas récolter toute la gloire ! S’écria alors Hiroki. Miyako est à moi et je ne laisserai plus personne la blesser ! Si tu es son bouclier, alors je serai son armure et personne ne pourra l’atteindre tant que je serai là ! Tu m’as compris Miyako ? Jamais je ne te laisserai, je te suivrai comme le fantôme de mon frère jusqu’à la fin des temps pour m’assurer que jamais tu ne brises tes promesses, est-ce que je me suis bien fait comprendre !

-C’est bien compris, Hiroki ; ris-je légèrement en repensant que, moins de quelques mois plus tôt, son seul désir était de me tuer. Tache simplement de ne pas être une armure trop lourde à porter pour ne pas m’entraver dans mes mouvements.

-Ridicule ! Vos liens ne peuvent rien face à la puissance du monde des esprits lui-même ! Et j’en ai plus qu’assez de vous entendre, disparaissez dans les flammes de la destruction ! Black Hole Eclipse !

Noun concentra une nouvelle fois toute l’énergie de deux étoiles en un seul rayon surpuissant qu’il projeta sur nous. Mais cette fois-ci, nous étions prêts, et plus déterminés que jamais.

Alors que le frère de Dan créa une toile de fils devant moi pour contenir l’attaque, Nagisa se positionna derrière mois et projeta une décharge d’énergie dans mon dos. Je sentis alors mes forces décupler, mon corps scintilla avec plus d’intensité qu’un pulsar et des anneaux de lumière se mirent à tourbillonner tout autour de moi.

-Allons-y, Hiroki, Nagisa ! Finish Move : Mugen Rebirth no Hikari !

Je relâchai d’un seul coup toutes l’énergie que m’avait procuré Nagisa en un seul rayon de lumière surpuissant. L’univers se déchira au passage de mon attaque finale, les planètes furent annihilées, les soleils engloutis et même la déferlante d’énergie de Fuji Makoto fut absorbée par la mienne, si bien que Noun fut totalement impuissant et ne put que recevoir le rayon de plein fouet.


https://www.youtube.com/watch?v=Yek2vV81OPM


Pendant un instant, l’univers devint entièrement blanc. Là, je me retrouvai sous mon corps humain tandis qu’en face de moi se trouvait un homme sans visage, habillé simplement d’un tissu blanc, comme une statue grecque.

« Je vois…Fuji Makoto a été vaincu…J’ai été vaincu par vous, Hikari Miyako. Merci de m’avoir libéré de l’emprise de cet homme. Jamais je n’aurais cru qu’un jour, quelqu’un me vaincrait…Je suis heureux d’avoir été réveillé pour voir que je peux confier le destin de ce monde à de meilleures mains que les miennes…Adieu, représentante de la terre. Je confie le destin du monde entre vos mains désormais. C’est à vous que reviendra la tâche de protéger les habitants…d’Avalon. »

Lorsque l’obscurité revint enfin, je pus voir le corps de Noun dériver sans vie au milieu du vide intersidéral. Toute la lumière qui l’animait l’avait quitté. Il n’était plus qu’un énorme bloc de pierre perdu au milieu de l’immensité de l’espace…

-Est-ce que…C’est terminé ? Murmura Nagisa dans mon esprit.

-J’aimerais te dire que oui…Mais ce n’est que le début ; lui répondis-je tout en gardant un œil sur la carcasse. Nous avons peut-être vaincu Noun, mais le corps physique de Fuji Makoto est toujours vivant lui. Nous avons rempli notre part du plan. Reste à espérer…Que Darksky et les autres s’en sortent…

Je guettais le moindre signe de vie qui aurait signalé la victoire de nos amis à l’intérieur du colosse mais rien. Pas même du côté de Marie.

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Cette attente était un supplice, bien pire que les flammes de Noun. Je n’avais aucune information sur la situation. Mes amis auraient pu avoir été tués jusqu’au dernier par Fuji Makoto que j’aurais été impuissante à les sauver dans ma forme actuelle, de même que Nagisa.

-Hiroki ; déclarai-je alors. Je ramène le corps de Noun dans le monde des esprits, attends mon retour pour…

-Mi…Miyako…M’interrompit le garçon en bégayant. Le…Le monde des esprits…Le monde des esprits est en train de se désintégrer…

-Co…Comment ?! M’étranglai-je. Mais nous avons vaincu Noun ! alors pourquoi…


https://www.youtube.com/watch?v=H5MuriyVJ-4


Un rire grave s’éleva au milieu du vide de l’espace en provenance du corps défunt du colosse. Alors que je m’apprêtais déjà à devoir combattre à nouveau Fuji Makoto, une minuscule silhouette scintillante se forma au niveau de ma tête et je retins ma respiration lorsque le corps de Ladd m’apparut.

-Précisément. Sans Noun pour préserver l’équilibre, ce monde est désormais voué à la destruction. Tout se passe comme accordé à mes plans. Finalement, Fuji Makoto a été victime de sa propre arrogance et aura été incapable d’entraver mes objectifs.

-Ladd…Espèce de…

Je tentais d’écraser ce dragon de pacotille dans ma main mais lorsque je le fis, seul un rire grave retentit alors que sa silhouette s’estompait dans les ténèbres.

-Il vous reste peu de temps, Humains. Allez-vous réussir à sauver ce monde malgré tout ? Je suis impatient de vous voir lutter en vain dans ce but.

Lorsque la voix disparut complètement de mon esprit, je me tournai vers Nagisa et il ne nous fallut qu’un seul regard pour nous comprendre.

-Direction le monde des esprits, Nagisa.






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [07/04/2019] à 15:13

Chapitre 40 : Iori, Armageddon



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=gIi-crTFllI


Pourquoi ? Pourquoi n’arrivais-je pas à infliger un seul dommage à mon ennemi ? J’avais beau y mettre toute ma puissance, il n’y avait rien à faire. Armageddon déviait chacun de mes coups, chacune de mes attaques avec une facilité déconcertante et ce, sans même se lever de son trône.

Je me décidai finalement à utiliser les pouvoirs des démons plutôt que ma propre force et tentai de faire brûler la pièce avec l’aide de Pyros.

Un torrent de flammes se déversa sur mon ennemi qui fut rapidement submergé par les flots. Mais je savais que cela ne serait pas suffisant et mon intuition ne me trompa pas.

Un claquement de doigts retentit et en une fraction de seconde, tout disparut comme si je n’avais jamais lancé d’attaque.

Serrant les dents devant mon impuissance, je me préparais à lancer un autre assaut. Cependant, je n’eus même pas le temps d’activer mes pouvoirs que le dragon sombre frappa l’accoudoir de son index. Une douleur insoutenable me traversa instantanément le bras et un bruit de métal frappant la glace résonna au milieu de mon cri de douleur.

J’écarquilla les yeux interdite et effrayée à la fois, lorsque je réalisai qu’il ne restait de ma main droite qu’un os fendu et que mon arme gisait au sol dans un flaque de sang pourpre.

-Intéressant ; déclara alors mon ennemi d’une voix vide d’émotion, toujours accoudé à son trône. Il semblerait que tu ne sois pas aussi chanceuse dans toutes les dimensions, Yuiko Iori.

-Dans…toutes les dimensions ? Répétai-je, la douleur m’empêchant de réfléchir correctement.

-Enfin, cela je le savais déjà. Après tout, tu as vécu bien pire que la perte d’un simple membre, je me trompe ?

Je ne trouvai rien à répondre, fixant toujours le maitre du destin d’un regard à la fois haineux et terrifié.

-Mais si je t’ai convoquée ici, ce n’est pas pour me battre avec toi, enfant du futur.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Les yeux d’Armageddon scintillèrent d’une lueur éclatante et quatre chaines d’or surgirent du néant et entravèrent tous mes membres, m’empêchant complètement de me mouvoir. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’observer la créature que j’affrontais depuis huit décennies, et pour la première fois totalement impuissante face à elle.

-Armageddon. Pourquoi m’avoir fait venir ici ? Pourquoi te mêles-tu du combat contre Fuji Makoto ? Cela ne te regarde pas ! De quel droit te permets-tu d’intervenir dans le futur du monde des esprits, toi qui m’as empêché à maintes reprise de le changer !

-Effectivement, mon rôle n’est pas d’agir mais d’observer et de corriger les anomalies si besoin est. Dans le futur, celui d’où tu viens, de grands changements ont bouleversé le monde des esprits. Néanmoins, comme tu as pu le constater par toi-même, ce futur n’existe déjà plus ici.

-Dans ce cas, pourquoi m’empêcher de vaincre Fuji Makoto si sa victoire signifie la chute du monde des esprits ! M’exclamai-je, perdue.

-Car ta simple existence pourrait conduire à une catastrophe bien plus grande ; déclara le dragon d’une voix froide et tranchante.

-C’est ridicule ! Comment…

Je m’arrêtai net, comprenant soudain ce qu’Armageddon voulait dire et un sourire mauvais passa sur le visage de la créature lorsqu’elle le vit.

-Cette puissance que tu possèdes, celle de défier le destin, Fuji Makoto peut l’utiliser à sa guise tant que tu es présente. C’est pourquoi, pour prévenir de tout risque, je t’ai amenée de force ici.

-Même en sachant que cela pourrait conduire à ta perte ? Répliquai-je en tentant le bluff.

-Tu ne peux pas me vaincre, Yuiko Iori ; me répondit-il calmement.

-Vraiment ? Dans ce cas, pourquoi ne pas m’avoir déjà éliminée ? Tel est ton but, n’est-ce pas ? De rétablir le destin que tu conserves si précieusement et dans lequel je viens semer le trouble. A moins que tu n’en aies pas les capacités évidemment…

-Non. Tu te méprends sur mes intentions. Tu as beau être une anomalie, ton existence dans ce futur est indéniable. Quelque part, dans vingt-six ans, dans un futur paisible, naitra une personne du nom de Yuiko Iori. Mais elle ne sera pas la première à porter ce nom singulier. Car en effet, « Iori » n’était rien d’autre qu’une amie proche de ses parents, une amie si proche qu’ils la considéraient comme un membre de leur propre famille. Et cette amie, à l’heure de la naissance de cette enfant, vit encore. Et ce, quelle que soit la ligne d’univers, quel que soit le futur. Il n’existe aucun monde dans lequel cet enfant ne nait pas. Tout comme il n’existe plus aucun monde dans lequel Laura Garden vit toujours.

-Qu’essaies-tu de me dire par cela ? Grognai-je. Que simplement parce que j’ai échoué une fois, je suis condamnée à échouer indéfiniment ? Tu es en train de me dire que mon esprit doit accumuler les échecs encore et encore, sans jamais se briser ?

Armageddon ne me répondit rien et se contenta de me fixer de ses yeux de reptile. Mon sang bouillonnait au fond de moi. Ce qu’il racontait n’avait aucun sens ! Shadow n’était plus par ma faute, le monde des esprits était sur le point de s’effondrer et tous mes amis étaient en train de risquer leur vie pour sauver ce qui leur était cher et je devais simplement accepter la réalité et continuer à refaire les mêmes erreurs encore et encore, simplement pour préserver un destin que je refusais ? Ridicule !

La rage et la colère montaient en moi alors que toutes ces pensées encombraient mon esprit. Je tentai de bouger mes bras mais j’étais toujours prisonnière de ces chaines.


https://www.youtube.com/watch?v=Yek2vV81OPM


-Dans ce cas…raison de plus pour changer le destin…Murmurai-je d’une voix quasi éteinte. Je n’ai que faire de naitre dans un monde où des gens innocents auront perdu la vie, simplement parce qu’un soi-disant maitre du destin en a décidé ainsi.

-Je te l’ai déjà dit, Yuiko Iori, tu n’es pas en position de me défier.

-Peut-être bien. Mais ce n’est pas parce que je n’ai pas la puissance nécessaire pour te défier que je vais accepter que la mort de Laura permette ma naissance. Car dans tes plans, il y a quelque chose contre quoi tu es impuissant, peu importe les pouvoirs que tu possèdes.

Le monstre plissa les yeux, sceptique face à ma déclaration.

Rassemblant toutes les forces qu’il me restait, je tirai aussi fort que je le pus sur les chaines qui m’entravaient. D’abord, il ne se passa rien. Je ne ressentis qu’une douleur insoutenable au niveau des poignets et des chevilles mais ma colère me permit de passer outre.

-C’est inutile, tu ne peux…

Un craquement sourd se fit entendre, aussitôt suivit d’un cliquetis métallique. Un énorme bloc de glace se détacha du plafond et vint s’écraser entre Armageddon et moi et souleva un épais voile de poussière gelée.

Aussitôt, mes pouvoirs revinrent et je profitai de la confusion du Dragon pour transformer mon corps en eau et me délivrer. J’utilisai dans la foulée les pouvoirs de Tellas pour me créer une main de pierre et je me saisis de ma lame à mes pieds pour la pointer vers mon ennemi.

-Allons bon, que comptes-tu faire avec cette arme ? Tes attaques n’ont déjà pas fonctionné sur moi tout à l’heure, pourquoi auraient-elles plus de chance maintenant ?

-En effet, les attaques directes sont inutiles. Mais il y a une autre personne sur qui je peux pointer cette épée dans cette salle ; rétorquai-je avec un sourire malicieux.

-Une…Autre personne ?

A ce moment-là, je ne pus me retenir de verser quelques larmes qui perlèrent au coin de mon œil en pensant à tous ces sacrifices inutiles que j’avais fait jusque là et à tous ceux que j’allais laisser derrière moi.

-Je suis désolée…Shadow, Laura, Papa…Finalement, je n’aurais fait que vous faire souffrir.

Armageddon n’eut pas le temps de réaliser mon plan que je retournai la pointe de mon épée d’or et je me l’enfonçai directement dans le cœur.

Tous mes sens disparurent d’un seul coup et je lâchai mon arme avant de m’effondrer sur le sol, vidée de mes forces.

Je luttai tant bien que mal pour garde conscience encore quelques instants mais je sentais que mon esprit s’éteignait déjà. Je ne ressentais même plus la douleur ni le gout de sang qui emplissait ma bouche.

Au loin, je crus distinguer un cri de rage et je vis une silhouette sombre s’approcher de moi. Mais, même au bord de la mort, je ne pus m’empêcher de sourire me rendant compte qu’après toutes ces années, la solution était sous mes yeux.

-C’est terminé…Armageddon…Articulai-je d’une voix presque inaudible. Tu en as trop dit. Tu n’aurais pas dû me révéler…que ma vie importait autant pour toi…Désormais, le futur que tu protèges tant…ne pourra jamais s’accomplir.

-Effectivement. Jamais je n’aurais imaginé que tu sois assez stupide pour mettre fin à tes propres jours, Yuiko Iori. Mais malheureusement pour toi, tout ne sera pas aussi simple.

-Ce n’est pas toi de décider l’heure de ma mort…Armageddon…

-Je n’ai pas le pouvoir de te faire mourir, il est vrai. Mais si le destin s’en trouve menacé, je peux prolonger ta vie.

-Prolonger…ma vie ?…


https://www.youtube.com/watch?v=UCiJGl9NOBQ&t


Dans la main du Dragon apparut une immense lance à deux pointes, la même qu’il avait utilisé jadis pour me combattre. Mais cette fois-ci, Armageddon la planta dans le sol et je sentis une douce chaleur envelopper mon corps sur le point de s’éteindre.

-Destiny Merge !

Je poussai un cri de terreur lorsque la lueur m’aveugla totalement. Ma vie défila devant mes yeux, de ma naissance à mon affrontement contre Fuji Makoto en passant par ma fuite avec Shadow. Cependant, certains détails différaient de ce que j’avais vécu. Il y avait des lieux où je n’étais jamais allée, des gens que je n’avais jamais rencontrés, des actions que mes amis n’avaient jamais effectuées…Comme s’il s’agissait d’une autre vie…D’une autre ligne d’univers…


Lorsque je revins à moi, j’étais totalement rétablie. Ma blessure fatale avait disparue. Ma main était à nouveau à sa place et même mes blessures de mon affrontement contre Fuji Makoto avaient disparu.

Abasourdie, je me tournai vers Armageddon qui se tenait à quelques mètres de moi, la lance toujours plantée dans le sol.

-Comprends-tu pourquoi tu ne peux pas me vaincre, Yuiko Iori ? Quoique tu fasses, quels que soient les choix que tu opères, il existera une ligne d’univers contraire. Suicide-toi autant de fois que tu le désires, mais sache qu’il existe une infinité de lignes dans lesquelles tu vis.

-Un tel pouvoir…Murmurai-je en ayant du mal à en croire mes propres yeux.

-Cela vaut aussi pour vous, démons ; enchaina le Dragon d’une voix forte. Peu importe combien de fois vous essaierez de me vaincre, tant qu’il restera une ligne dans laquelle j’existe, jamais vous ne pourrez prendre le pouvoir.

-Alors c’est comme ça qu’Armageddon a pu survivre même après sa défaite…Déclara Luminion dans mon esprit. Nous n’avions donc aucune chance depuis le début…

-Foutaises ! Rétorqua Gariatron, furieux. Humaine, ne te laisse pas embobiner par ses belles paroles. Même s’il parait inépuisable, la source du pouvoir d’Armageddon ne peut être illimitée. Il nous suffit d’en trouver la source et de la détruire à la source.

-Mais où se trouve-t-elle ? Nous n’avons aucun indice. Nous ne connaissons même pas la véritable nature d’Armageddon ; reprit le démon de lumière d’un ton ennuyé.

-Marie devrait le savoir. Gariatron, peux-tu contacter Apophis et lui faire passer le message ?

-Je n’ai aucun ordre à recevoir d’un humain ; cracha le démon. Mais c’est ce que j’allais faire de toute façon. Essaie simplement de ne pas mourir en mon absence, Iori.

Une ombre sombre s’échappa de mon corps et disparut dans les ténèbres de la forteresse tandis que je faisais toujours face à Armageddon qui se contentait d’attendre patiemment.


https://www.youtube.com/watch?v=SN-q5QHd6_A


-Alors, que comptes-tu faire, Yuiko Iori ? Vas-tu t’obstiner à me combattre ou vas-tu enfin renoncer à te faire du mal inutilement ?

-Armageddon. J’ai une question à te poser ; lui lançai-je dans l’espoir de gagner du temps. Tu veux protéger ce futur car tu le juges bon et je le conçois. Moi-même je reconnais que ce monde que je rejette est bien meilleur que l’actuel. Cependant, si le futur n’était que ruines et destructions et qu’une personne telle que moi remontait le temps pour le changer en un monde meilleur, que ferais-tu ? L’en empêcherais-tu ou bien le soutiendrais-tu quitte à dévier de tes idéaux ?

Pour la première fois, le visage du dragon se crispa, comme si j’avais touché une corde sensible. Devant son hésitation, je décidai de continuer.

-Alors ? Que signifie ce silence ? Dois-je en conclure que malgré tout ce que tu prétends défendre, tu ne fais pas mieux qu’un vulgaire humain qui ne désire que protéger un futur qui l’arrange ?

-Silence ! Hurla tout à coup le dragon en perdant son sang-froid. Que connais-tu au destin pour oser me remettre en cause ! Ce concept vous dépasse largement, vous, humains et esprits de duels ! Alors cessez de vous y opposer et acceptez la réalité au lieu de vivre dans vos rêves !

Ce changement soudain d’attitude me déconcerta. De tous mes voyages dans le temps, c’était la première fois que je voyais le maitre du destin montrer une quelconque émotion. Se pouvait-il que, tout comme les démons, il fût bien plus proche de nous que l’on pouvait le penser ?

Mais ce déluge d’émotion fut de courte durée. Se reprenant, Armageddon lâcha un long soupir puis se mit à rire, exactement comme n’importe quel humain acculé au bord de la folie l’aurait fait, exactement comme moi je l’avais fait en découvrant la vanité de ma quête pour rendre le sourire à mon père.

-A quoi bon discuter. En presque un siècle d’allers et venues, je n’ai pas réussi à te faire abandonner, Yuiko Iori. J’imagine que ce n’est pas aujourd’hui que les choses vont changer. Mais sache que le chemin que tu empruntes ne te mènera qu’au désespoir le plus total. Un jour, ton esprit ne supportera plus l’échec. Tu verras Laura mourir devant tes yeux, encore et encore. Tu verras le monde des esprits s’effondrer des dizaines, des centaines de fois sans que tu ne puisses rien y faire. Tu verras le chagrin de ton père, plus lourd à mesure que tu lui donnes un espoir de changer le futur puis que tu lui retires. A chacun de tes voyages, tu divises par deux la distance qui te sépare de ton objectif, te retrouvant dans un cycle interminable. Est-ce vraiment ce que tu veux ? Penses-tu que Laura ou même ton père, approuveraient s’ils savaient que tu te sacrifiais et que tu sacrifiais tout ce que tu jugeais utile pour un rêve enfantin ? Quatre-vingts ans ont passé et pourtant, tu possèdes encore l’esprit d’une enfant, comme une gamine qui regarderait toujours le même film qu’elle n’aime pas, espérant qu’un jour, la fin change. Mais comme dans un film, le futur est déjà écrit et il est de mon devoir à moi, Armageddon, maitre du destin, de préserver le futur le plus radieux pour l’humanité et les esprits de duels !

Le dragon écarta les bras et ses ailes se déployèrent dans son dos. Lentement, je le vis s’élever au-dessus de nous en rayonnant une intense lumière sombre, comme une auréole noire scintillant dans son dos.

Je resserrai la prise sur le pommeau de mon épée, sur mes gardes. Même en sachant que son but n’était pas de m’éliminer, je n’étais pas sereine pour autant.


https://www.youtube.com/watch?v=1ErwgLxBNL0


-Yuiko Iori, à présent, il est temps de sceller définitivement la menace que tu représentes pour ce futur ! Déclara-t-il d’une voix qui résonna longuement dans le palais de glace. Moi, Armageddon, maitre du destin, vais m’assurer que plus jamais tu n’entraves la bonne marche de la destinée.

-Vraiment ? Et que comptes-tu faire ? Raillai-je, une goutte de sueur perlant de mon front. Tu ne peux pas me tuer, et tu ne me peux pas non plus m’empêcher de remonter dans le temps pour tenter de sauver Laura. Même si tu me laves le cerveau pour que j’accomplisse le schéma que tu as décidé, mon autre moi remontera dans le passé et recommencera le cycle éternellement. Et comme tu le dis si bien, à chaque retour dans le temps, je me rapproche un peu plus de mon objectif. Qui, de toi ou moi, perdra la raison en premier à force d’échouer ?

Un sourire mauvais passa sur le visage du dragon sombre et ses yeux se mirent à luire d’une lueur rouge écarlate tandis que le sol trembla et que le vent se mit à tourbillonner tout autour de lui.

-Cette prétention typiquement humaine que tu possèdes, celle de se croire au-dessus de tout…Voila peut-être la seule chose qu’il me reste après toutes ces années.

-Co…Comment ? M’étranglai-je, croyant avoir mal entendu.

-Soit. Je pense que je n’ai plus besoin de me cacher davantage désormais.

Le vent qui entourait le dragon sombre se transforma en une intense aura noire tandis que de milliers de fragments de glace étincelant convergèrent vers l’œil du cyclone créé par Armageddon.

-I am the Spear Of destiny. Tears are in my heart and sorrow in my body. I’ve travelled over thousands of years. Living to surpass Death, diyng to let her live. I’ve destroyed many futures. Yet, the fate will never change anymore. So as I wished : Infinity Future Merge !

Armageddon tendit la paume de sa main vers moi et d’immenses flammes bleues recouvrirent entièrement mon corps et je fermai les yeux par réflexe pour me protéger.

Lorsque je les rouvris, je ne vis qu’un ciel pourpre rempli de nuages orangés flottant au-dessus d’un immense champ sans vie, dans lequel se trouvaient plantées des dizaines…non des centaines de croix et pierres tombales au milieu d’épées rouillées.

Il n’y avait pas un bruit. Pas même le sifflement du vent. Tout ici n’était que désolation, tristesse et mort.

En face de moi, en haut d’une colline se tenait Armageddon. Mais son corps avait changé. Il n’était plus un dragon mais un humain portant une lourde armure noire, ainsi qu’un masque sur son visage. Tout ce que je pouvais voir de lui était une longue chevelure sombre flotter derrière lui, ainsi que la lueur rougeoyante de ses yeux derrière son masque.

Au loin, je pouvais apercevoir un laboratoire en ruines, laboratoire que je reconnus immédiatement comme étant celui de Neo Domino City…le laboratoire qui m’avait permis de remonter le temps et je compris aussitôt quelles étaient les intentions du maitre du destin.

Lorsqu’Armageddon reprit la parole, sa voix était devenue bien plus aigue qu’auparavant, presque féminine tout en gardant une sorte de sonorité grave et divine. J’avais presque l’impression d’entendre deux personnes distinctes parler en même temps.

-J’imagine que tu n’aurais pas cru remettre les pieds ici aussi tôt, Yuiko Iori ? Voici mon pouvoir, celui de créer une réalité alternative à partir de mes propres souvenirs et de les rendre réels afin qu’ils remplacent le futur que tu as détraqué.

-Tu n’as jamais eu l’intention de m’empêcher de remonter le temps, Armageddon…Déclarai-je en serrant les dents, furieuse d’avoir été bernée de la sorte.

-Effectivement. A chaque fois que j’ai tenté de t’arrêter, ce n’était pas pour empêcher la jeune Iori de remonter le temps. C’était pour t’empêcher de lui implanter tes souvenirs…Afin d’y implanter les miens.

-Mais dans quel but ? Tu ne ferais que créer une copie de toi-même par cette action ! rétorquai-je. Tu changerais donc le passé en agissant de manière totalement différente de moi ! Jamais tu ne pourrais recréer les liens que je partage avec ma mère et mon père et par conséquent, jamais ils ne me nommeraient ainsi ! Tu l’as dit toi-même, je suis indispensable au futur, ce qui implique que mes souvenirs le sont, et ma personnalité également, comment peux-tu prétendre pouvoir me remplacer !

Un rire rauque s’éleva de la gorge d’Armageddon lorsque je dis cela.

-Je t’observe, toi et tes proches depuis bientôt cent ans. Pourquoi rois-tu que si je t’ai laissé agir à ta guise si longtemps ? Je ne faisais que t’observer pendant tout ce temps. Je voulais voir quelles seraient toutes tes réactions, toutes tes émotions, tous tes sentiments, toi qui n’as vécu que pour poursuivre une quête insensée. Mais finalement, tu n’es pas si différente d’elle. Je n’aurais donc aucun mal à te remplacer.

-Elle ? Répétai-je, une fois de plus perdue.


https://www.youtube.com/watch?v=yDbJvMhQE20


Dans la main d’Armageddon apparut sa lance à double tranchant et il la pointa vers moi à nouveau.

-Yuiko Iori. Ta quête insensée s’arrête ici. A partir de maintenant, je serai celui qui contrôlera ton corps et ainsi, le futur demeurera intact à jamais.

-Comme si j’allais me laisser faire ! Répliquai-je d’une voix forte.

Sans lui laisser ajouter autre chose, je me précipitai vers Armageddon, l’épée en avant. Je pensais que l’effet de surprise allait me donner un léger avantage mais lorsque je tentai d’abattre ma lame sur lui, je me heurtai à une autre lame, identique à la mienne, sortie de nulle part et flottant juste devant mon ennemi.

J’écarquillai les yeux, abasourdie avant de reculer d’un bond pour me remettre en garde tandis que la lame jumelle vint se loger dans la main du maitre du destin. Immédiatement, la lame vira au rouge sans tandis que le pommeau devint entièrement noir, exactement comme son armure.

-Je te l’ai dit, Yuiko Iori. Cet espace représente le futur. J’ai donc accès à toutes les ressources susceptibles de changer l’avenir…et cette épée en fait partie.

Soudain, Armageddon se mit en position pour m’attaquer et mon cœur s’arrêta un instant lorsque je reconnus ce style…Une jambe pointée vers l’arrière, la lame à l’horizontale tenue à deux mains, le dos légèrement courbé et la tête regardant droit devant…Il s’agissait style utilisé par Hélios pour combattre…Héliopolis Style comme il disait lui-même.

Comment était-ce possible ? Jamais il ne l’avait utilisé en combat sérieux et seule Angéla à ma connaissance avait hérité de ce mode de combat, et ce, dans toutes les lignes d’univers que j’avais traversées.

Ce n’était pas normal…Quelque chose clochait réellement avec Armageddon. Depuis le début de notre combat, les doutes n’avaient fait que grandir en moi quant à son objectif réel mais à présent, cette simple pose suffisait à me confirmer que le maitre du destin n’était pas celui qu’il prétendait être.

En réponse à sa mise en garde, je me mis également en position, le corps légèrement tourné de trois quarts, les jambes décalées et le bras gauche collé contre mon corps, mon épée pointant vers mon adversaire.

Nous nous regardâmes chacun en chien de faience pendant quelques instants, cherchant des ouvertures potentielles chez l’autre, et je fus finalement la première à lancer l’assaut.

Dans un cri de rage, j’enflammai mon épée et visait directement les bras d’Armageddon, les seuls membres qu’il ne pouvait pas protéger. Mais contre toute attente, le maitre du destin ne tenta même pas d’esquiver et leva son avant-bras dans ma direction.

Mon arme heurta l’armure de mon ennemi dans un fracas métallique assourdissant mais aucun de deux ne se brisa et nous fûmes simplement repoussés vers l’arrière.

-C’est donc avec aussi peu de puissance que tu désires changer le destin, Yuiko Iori ? Déclara Armageddon amusé. Laisse-moi te montrer…La véritable puissance à laquelle tu fais face !

En une fraction de seconde, mon adversaire disparut de mon champ de vision et réapparut à quelques centimètres de moi. J’eus tout juste le temps de passer en position défensive, plaçant mon épée devant mon torse pour parer son coup.

Lorsque nos deux lames s’entrechoquèrent, des étincelles sombres en jaillirent et enflammèrent le sol.

Je fus projetée en arrière avec une force incommensurable mais je réussis néanmoins à me rattraper en vol grâce aux pouvoir de Typhos et je retombai légèrement à terre.

Je ne me laissai pas démonter pour aussi peu. Je ne perdis pas une seconde et je m’accroupis pour frapper le sol de mes mains.

-Earth Prison !

De la terre sortirent d’immenses piliers rocheux qui enfermèrent Armageddon dans une sphère de pierre aussi dure que du diamant.

-Et maintenant Iron Spear !

Je claquais des mains afin de faire surgir à l’intérieur du bouclier des dizaines de pointes d’acier acérées censées transpercer mon ennemi de toutes parts. Mais au lieu d’un cri de douleur, seul un rire rauque s’éleva de l’intérieur de la sphère, immédiatement suivi d’un tremblement de terre.

Ma sphère de pierre vola en éclats et laissa Armageddon réapparaitre, son armure rayonnant de plus belle d’un intense éclat pourpre.

-Tu as beau avoir vécu plus de quatre-vingts ans et posséder le pouvoir des démons, tu restes une novice en combat n’ayant jamais affronté de réelle menace. Jamais tu ne pourras me vaincre dans ces conditions, fille de Luminion.

Je ne pus m’empêcher de sourire bêtement en entendant ces mots.

-J’ai plutôt l’impression…Que c’est toi qui n’as jamais affronté de véritable ennemi, Armageddon ! Rétorquai-je violemment.

-Comment ?

Tous les éclats de pierre projetés par l’explosion de la prison s’arrêtèrent net dans leur course et se rassemblèrent en formant un cercle tout autour d’Armageddon avant de se transformer chacun en une longue épée pointant vers mon ennemi. Le sol se liquéfia également et prit au piège le maitre du destin qui fut incapable de s’en extirper à temps.

Je refermai la paume de ma main et immédiatement toutes les épées fusèrent sur l’homme qui ne put que se replier sur lui-même pour contenir l’attaque.

Une puissante explosion retentit et souleva un épais nuage de fumée tandis que je vis un petit objet s’envoler et tomber à mes pieds.


https://youtu.be/nGKAEaXQoEQ?t=25


Lorsque je pus voir de quoi il s’agissait, mon teint blêmit et je reculai d’un pas, abasourdie et effrayée à la fois.

-Ce pendentif…Il n’en existe qu’un seul dans ce monde…

Au moment où la fumée se dissipa, j’écarquillai les yeux et toutes mes peurs se confirmèrent.

-Non…Ce n’est pas possible…Murmurai-je d’une voix éteinte et tremblante. Comment…Comment en es-tu arrivée là ?…

Le masque d’Armageddon s’était fissuré sous l’impact et la moitié de son visage m’était désormais visible…Mais cette simple moitié suffisait à faire battre mon cœur si vite qu’il était sur le point de se rompre.

Pour la première fois, je pus voir le sourire du maitre du destin, un sourire mauvais et satisfait, comme si depuis le début, il n’avait attendu qu’une chose : que je découvre sa réelle identité.

-Comprends-tu pourquoi tu ne peux pas me vaincre, Yuiko Iori ?

D’un geste lent, la personne qui se tenait en face de moi retira son masque émietté et une longue mèche noire tomba entre ses deux yeux. Au même moment son armure entière se brisa, me laissant découvrir un long uniforme sombre, parcouru de longue lignes pourpres. Il s’agissait d’une robe médiévale, ouverte sur le devant et remontant jusqu’au cou.

-Tu…Tu m’as menti…N’est-ce pas ? Si tu possèdes cette épée…Ce n’est pas parce qu’elle peut changer le futur…Bégayai-je, interdite. Mais c’est parce qu’il s’agit de ta propre épée…Fille de Luminion : Yuiko Iori !






http://forum.duelingnetwork.com/index.php?/topic/157103-the-wrap-up-red-lust-circuit-series-miami-edition/#entry2134192
le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [13/04/2019] à 00:46

warning! le chapitre suivant est en quelque sorte la "suite" du chapitre 17 de la s1 donc si vous êtes perdus je vous renvoie à celui-ci :3 http://www.otk-expert.fr/forum/?action=viewtopic&t=1729.1


Yuiko Iori : Le premier voyage


Prologue



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=okbvdbIu9VU


Tout a commencé ce funeste jour à présent gravé dans ma mémoire. Avant, je n’étais qu’une fille ordinaire née pendant la guerre, vivant sous terre ou dans la nuit permanente de la surface, me cachant en cas d’attaque, aidant comme je pouvais le reste du temps mais pour qui la réalité affreuse qu’elle vivait semblait bien lointaine. Cependant, ce jour-là, alors que j’avais douze ans depuis peu, tout a basculé. Ce jour-là, la vie de mon père a été brisée. Ce jour-là, j’ai connu la vraie souffrance pour la première fois. Ce jour-là, ma mère fut tuée.

Je me souviens parfaitement de cette bataille sanglante contre les forces du démon. J’ai vu mon père entrer dans une rage folle lorsque ma mère s’est interposée pour nous protéger, lui et moi, alors qu’il me mettait à l’abri. J’ai vu le regard de ma mère s’éteindre lentement tout en nous fixant sans cesser de sourire. J’ai vu un torrent de sang se répandre rapidement sur le sol. J’ai vu pour la première fois l’horreur de la guerre.

Lors de son enterrement, mon père était détruit, le regard vide, le teint pâle et les yeux rouges à force d’avoir pleuré. Il pleuvait, c’est pourquoi il n’y avait que très peu de monde, seuls les amis les plus proches de mes parents étaient venus, et parmi eux, ma tante Marie.

J’étais seule dans mon coin à pleurer la disparition de ma mère, ne pouvant imaginer un avenir sans elle et elle est venue vers moi puis s’est mise à ma hauteur et m’a dit ces mots qui me sauvèrent : « Iori, je sais que ça doit être dur pour toi, mais sois forte. Toi seule peut venger ta mère. Tout ce que tu as à faire, c’est continuer son combat à sa place, est-ce que je peux compter sur toi ? »

Je n’avais pas vraiment compris le sens de ses mots à cette époque mais j’avais accepté sans hésitation. Depuis, je faisais mon maximum afin de devenir toujours plus forte, toujours plus puissante, toujours plus proche de ma mère. Je montai ainsi rapidement les échelons dans l’armée jusqu’à obtenir le grade de générale dès mes quinze ans.

Souvent, nous avions la visite de Laura Garden, une amie d’enfance de mon père qui venait lui remonter le moral également mais ce dernier restait toujours dans son monde, perdu dans ses souvenirs, remarquant à peine ce qu’il se passait autour de lui. Mais ces visites régulières avaient fini par me faire considérer Laura comme ma mère adoptive.

Puis finalement, alors que le monde entier avait perdu espoir depuis bien longtemps et lors d’un combat particulièrement désespéré, je vainquis le démon et vengeai ainsi ma mère…



Chapitre 1 : Un monde libéré



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=z_67RDMBEuQ


Novembre 2041. Cela faisait maintenant plus de six mois que le démon des ténèbres, Gariatron, après plus de vingt ans de règne de terreur, avait été vaincu. Cependant, le monde ne s’en était pas tiré sans séquelles. La surface, victime de nos affrontements incessants, était devenue inhabitable.

Les bâtiments étaient en ruine. Les champs dévastés. Les eaux des fleuves et des rivières polluées par tous les cadavres qui s’amoncelaient dedans. Les forêts brûlées et les plantes mortes faute de soleil. Et ces tableaux de fin du monde se répétaient partout sur le globe.

Cependant, peu à peu, grâce aux efforts commun d’une population réduite à quelques milliers d’individus par pays, les travaux de reconstruction avançaient à grand pas.

A la tête du pays, nous avions élu à l’unanimité notre ancienne chef de guerre, une femme forte du nom d’Hikari Miyako…même si en réalité, elle avait été obligée d’endosser encore une fois ce rôle car personne n’avait osé prendre cette responsabilité sur ses épaules…Enfin, il y avait bien eu Hélios mais il avait été hué et finalement condamné à l’exil par 99% de la population…le pourcent restant étant sa propre voix…

Les armées avaient également toutes été dissoutes temporairement dans le cadre d’un accord de paix internationale, si bien que de nombreuses personnes n’ayant connu que la guerre se retrouvèrent bien déconcertées.

Et moi, Yuiko Iori, ancienne générale de l’armée de libération, faisais partie de cette catégorie là. A présent que j’avais été démise de toutes mes fonctions, je passais mes journées à flâner à la surface, profitant de ce monde que je n’avais pu voir que dans la pénombre créée par le voile des ténèbres de Gariatron.

Avec mon père et ma mère adoptive, Laura Garden, nous nous étions installés loin de l’agitation de la capitale, dans une petite ville dans laquelle ils avaient grandi ensemble au bord de la Manche. Evidemment, il n’y avait presque plus rien ici mais miraculeusement, certains bâtiments avaient résisté, dont le manoir de mon père où nous vivions désormais.

Suivant notre exemple, quelques autres citoyens étaient eux-aussi retourné dans leur ville d’origine, même s’ils se comptaient sur les doigts de la main…Parmi eux, je connaissais le mari de notre ancienne présidente, un certain Yami Hiroki et sa fille, Akane, ainsi que sa seconde et amie proche, Fukuhara Nagisa. Tous les trois avaient été des soutiens précieux de mon père lors de la mort de ma mère et même maintenant, ils continuaient à s’occuper de lui.

Car oui, la guerre avait beau être terminée, certaines plaies étaient encore loin d’être refermées. Et la blessure dans le cœur de mon père était particulièrement profonde…pourtant ce n’était pas faute d’avoir essayé mais rien de ce que je pouvais faire ou dire ne suffisait à remettre l’étincelle de la vie dans ses yeux.

Cependant, Laura et moi, nous n’avions pas renoncé. Je savais qu’un jour, je retrouverais le père que j’avais connu par le passé, c’était une certitude que je partageais avec ma mère adoptive.


https://www.youtube.com/watch?v=eL4mJHaxGLM


C’était un jour comme les autres depuis la fin de la guerre. Je me promenais sur la plage au crépuscule, profitant simplement des derniers rayons de soleil embrasant une mer de feu et réchauffant légèrement ma peau glacée par le vent froid de l’hiver.

Au loin, j’entendais le fracas des vagues s’écrasant avec violence contre la falaise qui surplombait la ville. Mais c’était tout. Pas de sirène stridente me vrillant les tympans. Pas de pleurs de personnes ayant perdu leurs proches. Pas d’explosion ni de bruit de mitrailleuses. Pas d’hurlement. Rien. Juste un calme infini et une mer d’huile.

Derrière moi, je pouvais discerner, enfouie sous un fin tapis de neige immaculée, les ruines de la ville, mais surtout les hautes grues et les échafaudages, seules touches de couleur dans un paysage bien monotone et dénué de vie.

Même si ce tableau tout droit sorti d’un rêve pour la guerrière que j’étais s’offrait à moi tous les jours, je continuai à être émerveillée à chaque fois que je venais ici et ne m’en lassais jamais.

Je marchais lentement sur les restes d’un petit muret, qui autrefois avais certainement dû servir à délimiter la plage de la ville, en chantonnant un air que ma mère m’avait appris des années auparavant.

Soudain, mon attention fut attirée par la présence d’une autre personne sur cette plage abandonnée. Au début intriguée par cette présence inhabituelle, je reconnus rapidement la jeune fille qui faisait face à la mer.

Il s’agissait de la fille de la présidente, Yami Akane. C’était une fille de mon âge, grande, aux longs cheveux cramoisis et au visage fin. Sur son front tombaient quelques petites mèches négligées et une bien plus grande cachait presque entièrement le côté droit de son visage. Son regard, bleu glacé, semblait en permanence lancer des éclairs mais refermaient également une tristesse dont je n’arrivais pas à déterminer l’origine.

Elle était le portrait craché de sa mère somme toute, même si je ne les avais jamais vues côte à côte…

Comme à son habitude, elle portait un long manteau noir descendant juste au-dessus de ses genoux ainsi qu’un simple tee-shirt bleu foncé et un jean assorti.

En m’entendant arriver, la jeune fille tourna légèrement la tête dans ma direction et je lui lançai un large sourire en guise de salutation avant d’aller la rejoindre.

-Salut Akane ! Lui dis-je joyeusement.

-Et moi qui voulais être tranquille, voilà que je tombe sur la plus bruyante d’entre toutes ; soupira-t-elle en réponse.

-Est-ce ainsi que l’on s’adresse à sa supérieure, lieutenant Yami ? Raillai-je en bombant le torse pour paraitre plus impressionnante.

La rouquine me lança alors un regard si noir que je reculai instinctivement. Voyant qu’elle m’avait déstabilisée, un léger sourire moqueur se dessina sur sa figure et elle posa sa main sur sa hanche d’un air satisfait.

-eh bien alors mon général, la fin de la guerre ne vous réussit pas j’ai l’impression.

-Il faut croire, oui ; ris-je en me frottant le crâne, gênée. Et donc, qu’est-ce qui t’amène ici ? C’est rare de croiser quelqu’un sur cette plage.

La jeune fille détourna le regard et shoota dans un caillou en baissant la tête.

-J’avais besoin de prendre l’air, rien de plus ; marmonna-t-elle sans grande conviction. Mais je vais rentrer je pense.

Sans ajouter un mot, Akane tourna les talons et commença à s’éloigner dans la direction opposée.

Même si nous avions été assez proches pendant la guerre, jamais je n’avais réussi à percer les mystères l’entourant. Elle ne parlait que peu d’elle-même et dès que j’abordais le sujet, je me heurtai sans cesse à un mur…Et visiblement, la chute de Gariatron n’avait rien changé…

Cependant, alors que j’allais également prendre le chemin du retour, mon amie se retourna une dernière fois et me lança :

-Ah oui, avant que j’oublie Iori, je suis allée chez Nagisa un peu plus tôt dans l’après-midi et elle m’a dit qu’elle avait quelque chose pour ton père. Tu devrais passer la voir toi aussi.

Et sur ces belles paroles, Akane disparut au coin de la rue, me laissant seule sur la plage. N’ayant rien de prévu avant la fin de la soirée, je décidai de faire un détour par la maison de la seconde de la présidente, intriguée par ce mystérieux présent.

Je passais rarement dans la partie de la ville où habitait Nagisa. En réalité, depuis que nous nous étions installés, je n’en avais visité qu’une infime partie, me contentant de faire toujours les mêmes balades, de me promener toujours dans les mêmes coins connus. C’était certainement une habitude prise pendant la guerre puisqu’il nous était impossible de sortir des sentiers battus.

La route était recouverte d’une fine couche de neige vierge de toute trace de pas. C’était stupide mais je me sentais honteuse de détruire cette harmonie si parfaite en marchant dessus avec mes chaussures pleines de sables et de poussière.

Je longeai la mer pendant une bonne dizaine de minutes tandis qu’au loin, l’astre du jour disparaissait lentement derrière l’horizon et faisait flamboyer la falaise visible depuis n’importe quel point de la ville, telle un gardien veillant sur elle. Souvent, je voyais Laura se diriger là-bas mais jamais elle ne m’avait dit pourquoi.

Je continuai ma route en tournant dans la grande avenue où logeait Nagisa. Après quelques minutes de marche supplémentaires, j’arrivai sur le palier et je fus surprise par l’état des bâtiments aux alentours. Les petits pavillons individuels tenaient à peine debout. La plupart des toits s’étaient effondrés et les jardins grouillaient de mauvaises herbes. Les travaux n’avaient sûrement pas encore commencé dans cette partie de la ville…Alors pourquoi la seconde de Miyako s’était-elle installée ici ?

Pendant que je réfléchissais, une voix familière m’interpela derrière moi.

-Oh, mais si ce n’est pas l’ancienne Générale, Yuiko Iori, ça faisait un bail dis-moi.

Je me retournai et ma supérieure m’apparut, un sac de courses à la main. C’était une femme brune, aux cheveux assez courts tombant juste au niveau de ses épaules. Ses yeux marron clair reflétaient une grande gentillesse et elle avait conservé un visage assez enfantin malgré les dommages de la guerre, nettement visibles sur sa peau. Elle portait une grosse laine et une écharpe que je lui enviais en cette fin de mois de novembre.

Par réflexe, je me mis au garde-à-vous immédiatement, ce qui lui arracha un sourire non dissimulé.

-Yuiko Iori, au rapport ! M’exclamai-je. Enfin…Euh…Non, je voulais dire…

-Repos, soldat ; s’amusa ma supérieure en riant de bon cœur. Il serait temps de perdre ces mauvaises habitudes, tu ne crois pas ?

Je m’empourprai, honteuse et détournai le regard. Laura me répétait souvent cela aussi mais j’étais butée et je n’arrivais pas à changer mes habitudes.

Nagisa me proposa d’entrer, ce que j’acceptai et elle me laissa quelques minutes dans le salon, le temps de ranger ses dossiers concernant la gestion de la reconstruction de la ville.


https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4A


L’intérieur était vraiment…délabré. Une vieille télévision datant certainement des années 2010 ne fonctionnant plus qu’une fois sur deux, quelques canapés déchirés par le temps, des chaises cassées, une table poussiéreuse et des tapis troués au sol. Dans un coin, il y avait également une étagère tenant debout par miracle sur laquelle s’entassaient des tonnes de papiers et de livres.

Les murs et le plafond quant à eux laissaient entrevoir plus de pierre que de peinture et l’eau semblait s’infiltrer partout.

Je me sentis tout à coup bien privilégiée dans mon manoir, presque honteuse à vrai dire de vivre dans un relatif confort alors que même la seconde de la présidente souffrait de l’hiver et du temps…

Après quelques rangements, Nagisa me tendit un chocolat chaud et m’invita à m’asseoir là où je pouvais.

-J’ai croisé Akane tout à l’heure ? lançai-je. Vous…enfin, tu voulais me voir, Nagisa ?

-Ah oui, en effet, elle est passée tout à l’heure parce que sa mère faisait un saut chez elle. Je me demande ce qu’elles ont ces deux-là tout de même…La dernière fois que j’ai demandé des nouvelles d’Akane à Miyako, elle a totalement éclipsé le sujet…

-Pareil du côté d’Akane ; soupirai-je. Elle a encore ses deux parents elle, elle devrait en profiter pourtant…

-Enfin, si je t’ai demandé de venir, ce n’est pas pour parler d’un mystère insoluble mais parce que je viens de recevoir quelque chose pour ton père.

Nagisa me tendit alors un épais livre…ou plutôt un tas de feuilles volantes collées les unes aux autres et je fronçai les sourcils en lisant les premières lignes.

-Un projet de mémorial ? M’étonnai-je.

-Oui, Miyako tenait à en ériger un dès la fin de la guerre. Mais cette liste est bien loin d’être exhaustive, cela nous prendra encore plusieurs semaines avant de le terminer.

-Tu veux donc que je remette cette liste à mon père ? C’est comme si c’était fait !

Je me levai d’un bond, prête à courir chez moi pour accomplir mon devoir mais dans ma précipitation, une photo coincée entre les pages tomba à mes pieds.

C’était une très vieille photo, vieillie par le temps mais dessus, je pouvais aisément reconnaitre mon père au même âge que moi, accompagné d’une jeune fille blonde au regard bleu pétillant ainsi qu’un garçon aux airs un peu perdu. Tous trois posaient devant une sorte de stand à l’intérieur d’un stade.

Il s’agissait certainement d’une photo d’avant-guerre, et les deux personnes accompagnant mon père étaient certainement Angéla et Drago, ses deux partenaires de duel.

Laura m’avait souvent parlé d’eux. La première avait tout bonnement disparu sans laisser de traces avant le combat contre le démon. Quant au second…il était celui qui avait permis à mon père de s’échapper et de fonder la résistance…

Un voile de tristesse passa devant les yeux de Nagisa et celle-ci ramassa la photo d’un air nostalgique.

-La coupe du monde de duel…Cela me rappelle des souvenirs ; soupira-t-elle.

-La coupe du monde de duel ? répétai-je, surprise.

Mon ancienne supérieure ne me répondit rien et se contenta de fixer la vieille photo, comme perdue dans ses pensées.

-Déjà vingt-sept ans…le temps passe trop vite ; murmura Nagisa.

-Tu…tu as connu mon père à cette époque ? M’étonnai-je.

Elle secoua la tête négativement.

-Je l’ai simplement vu à la télévision…

Je lui lançai un regard intrigué. Après tout, même si nous avions vécu plus de dix ans ensemble dans les souterrains de la capitale, je n’en savais que très peu sur son passé avant qu’elle ne rejoigne la résistance.

-Dis…Je me suis toujours demandé…Mais comment as-tu rencontré mon père ?

Nagisa se rassit sur son fauteuil et me parut soudainement bien plus âgée et fatiguée qu’elle ne l’était.


https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJs


-Je m’en souviens comme si c’était hier…Nous avions regardé l’événement avec ma famille depuis notre petit village de campagne et donc son visage ne m’était pas inconnu. Nous vivions vraiment tranquillement. Mais comme tout le monde, nous avons été victimes du démon. Avec un vieil homme, nous avons dû fuir notre maison et errer dans les ténèbres…J’ai perdu toute ma famille dans notre course effrénée et lorsque je suis arrivée ici, seule, je n’y ai trouvé que ruines et désolation. Pendant un temps, je suis cachée, du mieux que je pouvais et c’est pendant cette période là que je l’ai rencontrée : Hikari Miyako.

-La…La présidente vivait ici aussi ? Bégayai-je.

-Oui. Elle aussi a été victime du démon pour les pouvoirs qu’elle possédait. Cependant, contrairement à moi, elle avait réussi à constituer un petit groupe de personnes qu’elle dirigeait. Parmi eux se trouvaient beaucoup de hauts gradés de l’armée, comme le Grec ou même Hiroki…Ainsi que tes parents. C’est à partir de là que nous nous sommes dirigés vers la capitale où nous avons constitué la résistance que tu as connue, Iori.

-C’est amusant…moi qui aie vaincu le démon, je ne connaissais même pas l’origine de mon propre mouvement…ris-je légèrement.

-Laura non plus ne le connaissait pas, elle ne nous a rejoint que tardivement et j’imagine que tes parents auraient préféré te préserver de tout cela mais que le destin en a voulu autrement ; me répondit Nagisa d’une voix douce et réconfortante.

Je restai chez elle jusqu’à la tombée de la nuit, parlant de tout et de rien, de choses importantes comme l’avenir de la ville tout comme de banalités comme la crise d’adolescence d’Akane puis nous nous quittâmes en laissant la question du mémorial en suspens.

Lorsque je franchis le portail de notre manoir, je fus surprise de voir la porte d’entrée ouverte ainsi qu’une voiture garée devant, voiture que je reconnus immédiatement en repensant à ce que Nagisa m’avait dit un peu plus tôt dans la soirée.


https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


Mais, à peine avais-je fais trois pas dans mon salon que je me retrouvai nez à nez avec trois grands gaillards aux airs peu amicaux qui me barrèrent l’entrée et devant eux, il y avait une autre personne, essayant de parler à mon père, assis à une table, une bouteille de vin à la main.

Cette dernière se retourna et je la reconnus immédiatement. De longs cheveux rouges comme les flammes et un visage effilé et froid comme la glace, des yeux bleu azur et une longue mèche de cheveux lui tombant sur l’œil droit, il ne pouvait s’agir que de…

-Bonjour, présidente Hikari ! M’exclamai-je en me mettant une fois de plus au garde à vous.

-Iori, c’est bien toi ? Dit-elle surprise en me voyant.

-Ohoh, mais si ça ne serait pas notre ancienne générale…

-Le Grec, laisse-là passer, nous n’avons pas le temps ; grogna la présidente.

-Si vous n’aviez pas tenu à courir après votre fille, nous aurions le temps, très chère présidente ; rétorqua le garde du corps.

Miyako ignora sa pique et me prit dans ses bras puis m’embrassa sur le font. Cela me faisait un peu étrange d’être traitée ainsi par celle qui était autrefois ma supérieure hiérarchique mais aujourd’hui, bien que présidente, elle n’était plus qu’une sorte de tante pour moi.

-Je suis désolée d’être passée à l’improviste comme ça, je devais prévenir ton père d’une chose importante mais cette tête de mule n’a même pas daigné m’écouter. Franchement, je te plains d’avoir un père pareil ma pauvre Iori ; soupira Miyako d’un air compatissant.

-Ne lui en voulez pas trop, c’est quand même en partie grâce à lui que nous sommes là aujourd’hui.

-Oui, certes…Mais bon, je préférerais que le héros de la résistance soit un peu plus enjoué lorsqu’il fera son discours pour le mémorial…J’espère que tu sauras lui faire entendre raison…

-Comptez sur moi présidente Hikari, je ferai de mon mieux !

-Ne m’appelle pas comme ça s’il te plait, nous ne sommes plus à l’armée…

-Ohohoh, mais on dirait qu’il est l’heure de partir, grande Présidente Hikari, sinon le Sunbird va être très mécontent ; nous coupa l’un des hommes présents.

-Je suis entourée d’imbéciles ; soupira la femme aux cheveux de flammes en se prenant la tête dans les bras avant de tourner les talons en compagnie de ses gardes du corps.


https://www.youtube.com/watch?v=5KMzDVf2Bx4


Il ne restait plus que moi et mon père dans la pièce et ce dernier sembla enfin notifier ma présence.

-Oh Iori, tu reviens tard aujourd’hui ; dit-il d’une voix monocorde.

-Je suis passée chez Tante Nagisa, elle m’a chargée de te remettre ça.

Je sortis le bloc de feuilles de ma poche et le posai sur la table mais mon père ne le regarda même pas.

-Oh, je vois. Et comment va-t-elle ?

-Elle se portait bien, elle n’a pas vraiment changé depuis la fin de la guerre.

-Il faudra que j’aille la voir un de ces jours aussi…Mais dis-moi Iori, as-tu déjà diné ? Depuis que Laura est partie en mission à Paris, j’ai du mal à m’occuper de tout…

-Non, pas encore, mais ne te dérange pas pour ça, je me débrouillerai seule !

-Ne t’inquiète pas, Iori, tu en fais déjà bien assez et je peux encore au moins faire ça je crois…Si Laura était là, elle me passerait un savon de toute façon.

Mon père se leva péniblement et se dirigea vers la cuisine. Quelques secondes plus tard, une désagréable odeur de brûlée parvint jusqu’à mes narines. Malgré les efforts qu’il faisait, mon père restait une catastrophe en cuisine et le départ de Laura n’avait rien arrangé. Je pris donc sa place derrière les fourneaux et nous dinâmes dans le salon avant d’aller nous coucher.

Lorsque je remontai enfin dans ma chambre, je pus effacer le faux sourire figé sur mon visage depuis mon retour. J’avais beau me convaincre que la situation s’était légèrement améliorée, j’avais l’impression d’être encore à des années lumières du père que j’avais connu par le passé.


https://www.youtube.com/watch?v=lFUlliTQEfk


Le lendemain, je préparai le petit déjeuner aux aurores comme chaque matin avant de partir flâner en ville. La journée passa rapidement entre les services que je rendais aux habitants et la visite des quartiers que je ne connaissais pas encore. Je croisai à nouveau Akane sur la plage mais celle-ci était toujours aussi peu bavarde et ne resta que quelques minutes avec moi avant de repartir.

Cependant, alors que je m’apprêtai à rentrer moi aussi, une étrange idée me passa par la tête. Non loin de là se trouvaient les ruines de ce qui était autrefois le lycée de la ville.

Ayant du temps à perdre et m’étant toujours questionnée sur le fonctionnement des écoles avant ma naissance, je décidai de faire un léger détour.

Evidemment, tout avait été détruit et les murs semblaient sur le point de s’écrouler au moindre tremblement mais j’étais habituée depuis le temps et j’entrai à l’intérieur du bâtiment principal.

Je fus dans un premier temps, assez déçue. Il s’agissait d’un hall totalement classique aux fenêtres brisées et aux portes défoncées. Comme dans tous les bâtiments, il restait des traces de bataille tels que des marques de griffures, de brûlure ou même de sang un peu partout.

Les salles de classe étaient saccagées. Les tableaux noirs gisaient sur le sol en plusieurs morceaux tandis que les chaises et les tables avaient vraisemblablement servies à ériger des barricades.

Je ne m’attardai que peu sur ces salles répétitives et assez similaires à d’autres endroits que j’avais pu explorer avant.

Cependant, alors que je marchai dans un long couloir un peu à l’écart du reste, je finis par tomber sur une porte presque intacte, voire neuve.


https://www.youtube.com/watch?v=eIqxHpK97m4


Etonnée, je tournai la poignée avec précaution et la porte de bois s’ouvrit en grinçant, mais ne s’effondra pas sous son propre poids. Vraiment, cet endroit avait été miraculeusement épargné.

Je découvris aussitôt un nouveau monde. Ce n’était qu’une petite salle comme il y en avait tant d’autres dans le lycée. Deux canapés cachés par des draps blancs se faisaient face au milieu. Près de la fenêtre, elle aussi intacte, un bureau encore sous plastique donnait sur la cour du lycée et sur les côtés, deux étagères à peine terminées supportaient le poids de nombreux cartons encore fermés.

Au loin, le soleil orangé du soir traversait les vitres et projetait d’immenses ombres sur le sol tout en faisant scintiller tous ces meubles neufs.

C’était la première fois depuis que j’arpentais des ruines que je tombai sur une pièce ayant totalement échappé à la guerre, figée en l’an 2014.

J’étais tout simplement fascinée, mais aussi un peu déboussolée. Sans savoir pourquoi, je me mis à imaginer ce qu’aurait été la vie de mes parents si tout cela n’était jamais arrivé. Auraient-ils monté un club dans une salle comme celle-là ? Laura aurait-elle été membre, de même que Nagisa ? Et Miyako aurait-elle pu prendre la tête de ce club ?

Je ne pus m’empêcher de sourire. Evidemment. Je voyais parfaitement mes parents se disputer pour un quelconque jeu, assis autour de la table. Nagisa aurait tenté de les calmer tant bien que mal et Miyako les aurait royalement ignorés, assise à ce bureau tout en observant la cour d’un air supérieur. Quant à Laura…elle aurait bien été du genre à acheter un piano et le placer près de la fenêtre, simplement pour ne plus entendre ces disputes incessantes.

Plus je réfléchissais et plus j’étais convaincue par les scénarios que j’envisageais.


https://www.youtube.com/watch?v=g5lLa8guULs


Les jours qui suivirent, je revins plusieurs fois dans cette mystérieuse salle figée dans le temps. Parfois je m’asseyais simplement derrière le bureau pendant la journée entière et regardais à travers la grande baie vitrée l’avancement des travaux, telle une superviseuse de projet. Il m’arrivait également de passer un coup de plumeau ou de balais pour rendre à cette pièce son état d’origine, mais sans jamais oser toucher aux cartons ni aux protections des meubles, de peur de faire perdre sa magie à ce lieu.

Je finis par me sentir un peu chez moi dans cette salle, entourée des fantômes d’une réalité alternative, m’imaginant encore et encore comment aurait été la vie sans l’attaque du démon.

Cependant, après plusieurs semaines, la curiosité prit le dessus et je décidai d’ouvrir les cartons qui s’entassaient sur les étagères.

Au début, je ne trouvai rien de bien passionnant. Il y avait essentiellement des bibelots sans intérêt, de gros dossiers longs et peu intéressants, des plans de l’école et même quelques vieilles factures. Mais je ne perdais pas espoir de trouver quelque chose au milieu de ces babioles et j’eus raison de m’acharner.

Caché derrière une montagne de cartons que je n’avais pas encore déballés, je repérai un petit journal poussiéreux. Je l’ouvris et je vis le nom d’Hikari Miyako en première page. Il était daté de janvier 2014, l’année du commencement de la guerre et retraçait jour après jour, comment notre présidente actuelle avait fondé son propre club de duel.


Evidemment, je ne pus lire tout le contenu en une seule soirée, et c’est pourquoi, je revins encore et encore, chaque soir, pour continuer ma lecture. Et plus j’avançai dans ce récit, plus je me convainquais que les choses auraient dû être autrement.

La présidente avait arrêté de tenir ce journal environ quelques semaines seulement après l’attaque du démon mais l’univers qu’elle décrivait avant, les moments qu’elle passait avec ses amis, l’énergie qu’ils mettaient à créer leur club, les difficultés auxquelles ils faisaient face ensemble sans qu’aucune vie ne soit en jeu…Mes parents auraient dû connaitre cela eux-aussi au lieu de se battre pour leur survie…et pour celle de l’humanité.

Soudain, un bruit de pas dans le couloir attira mon attention. Par réflexe, je m’empressai de ranger le journal intime mais je me détendis en voyant apparaitre dans l’angle de la porte la chevelure rousse d’Akane.

Celle-ci, ne s’attendant visiblement pas non plus à tomber sur quelqu’un au milieu de ces ruines, eut un temps d’arrêt.

-Iori…Que fais-tu ici ? Me demanda-t-elle froidement.

-Je me balade, quelle question ; lui répondis-je avec entrain.

-Je repose ma question : que fais-tu ici depuis une semaine ?

Je grimaçai. J’avais été tellement absorbée par cet endroit que je n’avais même pas fait attention à ce qui m’entourait. J’avais réellement relâché ma vigilance depuis la fin de la guerre…

-J’ai simplement trouvé le journal intime de ta mère dans ces vieux cartons ; repris-je d’un air naturel.

Le visage de la rouquine se crispa en entendant cela et je vis sa main se contracter légèrement, signe de son agacement mais elle reprit de son ton glacial :

-Tu as vraiment du temps à perdre ma pauvre Iori.

-Tu pourrais au moins t’énerver que je lise quelque chose d’aussi personnel…Grimaçai-je devant le manque de réaction de mon amie.

-Je suis certaine que c’est sans intérêt.

-Et toi alors, qu’est-ce que tu viens faire ici depuis une semaine ? Puisqu’apparemment tu viens tous les jours pour savoir que je suis là ; rétorquai-je d’un ton malicieux.

-Mon père me sort par les yeux, rien de plus.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Sans même me demander mon avis, mon amie s’assit de trois-quarts sur l’un des canapés, les jambes croisées et le bras appuyé sur le dossier puis me regarda d’un air sérieux.

-dis-moi, générale Iori, est-ce que tes parents t’ont déjà parlé de l’avant-guerre ? Me demanda-t-elle soudainement et sans transition.

-O…Oui, souvent ; bégayai-je, déconcertée. Pourquoi cette question ?

-Ma m…Enfin, Miyako vient de donner le registre qui est censé aider dans la construction du mémorial, qui est une idée stupide au passage, il y a bien trop de victimes pour toutes les recenser.

-C’est pour cela que Nagisa demande de l’aide à tous les habitants, non ?

-Ce n’est pas la question. Ce registre avait été fait au début de la guerre pour recenser toute la population de l’époque.

-Oui, je m’en souviens mais où veux-tu en venir ?

-Certaines personnes portées disparues avaient été inscrites par les membres de leur famille afin de lancer des recherches.

Le visage d’Akane, déjà froid, s’assombrit davantage et la jeune fille me lança un regard rempli de doutes et de suspicions. Je déglutis, m’attendant déjà au pire, mais rien de ce que j’avais pu imaginer ne m’avait préparé à cela.

La rouquine sortit une feuille pliée de sa poche et la jeta à mes pieds. Lorsque je lus ce qui était marqué dessus, mon sang se glaça immédiatement.

-Dans ce cas-là, peux-tu m’expliquer…pourquoi ta mère recherchait son père adoptif ? Pourquoi recherchait-elle celui qui avait causé toute cette souffrance ? Pourquoi recherchait-elle à sauver Hélios ?

Je n’avais rien à répondre. J’ignorais moi-même cela. Ma mère n’avait jamais évoqué cette partie-là de son passé. Mais les faits étaient sous mes yeux. Pour une raison que j’ignorais, Hélios, le vassal de Gariatron, avait été un jour pour elle comme un père.

Lentement, je me baissai pour ramasser la feuille de papier sur laquelle figurait le visage d’Hélios et, tandis que les interrogations se bousculaient dans ma tête, j’eus une idée folle.

Je ne pouvais pas laisser une telle interrogation en suspens. Actuellement, Hélios avait disparu de la circulation mais j’étais persuadée que la présidente Hikari savait où il se trouvait réellement. Si seulement je pouvais le rencontrer, peut-être aurait-il pu m’apporter des réponses sur cette zone sombre dans le passé de ma mère…

Résolue, je relevai la tête et me tournai vers Akane qui attendait toujours ma réponse.

-Non, je ne peux pas t’expliquer pour le moment…Mais nous pouvons aller chercher ces réponses directement auprès de l’intéressé.

Un léger sourire fourbe passa sur le visage de mon amie qui eut l’air subitement très intéressée.

-Est-ce que notre générale serait sur le point de faire quelque chose qui menacerait l’équilibre du pays ? Par exemple prendre le risque que Miyako révèle au monde où se trouve celui qui a voulu détruire le monde ?

-Jamais mon père ne voudra me parler de cette période et il me faut des réponses, Akane. Si parler à Hélios est le seul moyen, alors je le ferai, et j’irai voir la présidente Hikari pour qu’elle me dise où le trouver.

La rouquine se leva alors et ferma les yeux, non sans conserver le sourire mauvais qui illuminait désormais son visage.

-Être prête à mettre un pays sortant de guerre à feu et à sang pour une simple réponse…Je t’envie, ex-générale Yuiko Iori.

Sur ces mots, Akane sortit de la salle et me laissa seule mais le mal avait été fait.


https://www.youtube.com/watch?v=2ba4oGkUjp8


Les jours qui suivirent, je ne parlai pas de mon projet à mon père et je me contentai d’agir normalement, tout en préparant mon expédition dans mon coin.

Je contactai Laura pour avoir un endroit où loger une fois sur place, sans pour autant lui expliquer la raison de ma venue. Je demandai également à Nagisa de veiller sur mon père en mon absence, à Akane de s’occuper du recensement et je fis promettre à Miyako d’accéder à ma requête lorsque je la verrai, ce qu’elle accepta naivement, pensant certainement que cela ne pouvait pas avoir une grande importance et finalement, au bout d’une semaine, tout fut fin prêt.


Ce jour-là, je me levai comme chaque matin, préparai le petit déjeuner puis attendis que mon père se lève à son tour. Vers dix heures, il arriva, l’air toujours aussi fatigué et le regard toujours aussi vide que d’habitude.

-Papa, j’ai quelque chose à te dire ; déclarai-je solennellement.

-Iori, qu’y a-t-il pour que tu sois si sérieuse dès le matin ? Me demanda-t-il, surpris.

-J’ai quelque chose à faire à Paris, je dois partir pour le week end.

-A…Paris ? Répéta-t-il soudain totalement réveillé. Tu y vas toute seule ? Je devrais t’accompagner, tu ne penses pas ?

-Ne t’inquiète pas, je suis une grande fille maintenant, j’ai presque dix-sept ans et j’étais générale de l’armée après tout ! Laura a accepté de me loger pendant ce temps, et puis j’ai demandé à Nagisa de passer te voir également.

-Tu n’avais pas besoin d’en faire autant Iori, je peux me débrouiller seul tu sais…

-Tss, Tss, Tss, il n’y a pas à discuter, je serais de retour très vite en plus !

Mon père baissa les yeux sur son verre et ne parla pas pendant quelques instants, comme perdu dans ses pensées, avant de déclarer :

-Je t’accompagnerai au moins jusqu’au train, c’est le moins que je puisse faire pour ma fille…


Je ne refusai pas sa proposition et vingt minutes plus tard, nous nous retrouvions dans la rue à marcher en direction de la gare de la ville. En vérité, j’aurais préféré qu’il reste tranquille, mais nous ne nous étions jamais promenés ainsi, tous les deux, depuis que nous nous étions échappés des souterrains.

Nous passâmes devant le parc de la ville, toujours laissé à l’abandon, puis devant les ruines du lycée puis nous longeâmes la côte.

Au fond de moi, j’étais vraiment heureuse à ce moment-là. Même si mon père restait silencieux, j’avais l’impression de retrouver celui que j’avais toujours connu avant la mort de ma mère. Nous faisions aussi parfois ce genre de balade dans la ville souterraine lorsque je n’étais encore qu’une enfant, dans le seul but de me faire oublier les horreurs de la guerre et de profiter du peu de temps de répit qui nous était accordé.


La gare avait été la première infrastructure à être réparée en ville, de même que le réseau de chemin de fer dans son intégralité. La présidente avait tenu avant tout à rendre à nouveau opérationnel les déplacements, afin de nous rappeler que nous n’étions plus enfermés et que nous pouvions aller là où bon nous semblait.

C’est pourquoi, au milieu des ruines grisâtres, des décombres et des ordures s’élevait un immense bâtiment flambant neuf, entièrement construit en verre. Même si tout n’était pas encore parfaitement en état de marche, de nombreux trains allaient et venaient sur les rames, avec à leur bord des dizaines de passagers.

Au plafond, l’immense verrière laissait entrer un soleil éblouissant se reflétant sur les vitres des locomotives et des portes. Au milieu du hall d’entrée, une statue de marbre à l’effigie d’un soldat inconnu et blessé terrassant un dragon avait été érigée pour nous rappeler notre victoire sur le démon, non sans douleur.

-Miyako a fait du bon travail…Murmura mon père, admiratif.

-Oui, et tu verras, bientôt toute la ville sera aussi flamboyante que cette gare ! M’exclamai-je.

-J’attends de voir ça, oui ; s’amusa-t-il.

Mon père m’embrassa brièvement lorsque la sirène du départ retentit puis je montai dans le train. Il resta sur le quai, à attendre mon départ et me fit des signes lorsque le wagon se mit en marche, signes que je lui rendis en souriant.


Le voyage dura un peu moins d’une heure et demi, heure pendant laquelle je regardai le paysage, toujours aussi monotone et déprimant, se résumant à des ruines, des terres stériles et des routes dévastées, défiler sous mes yeux en rêvassant à un passé que je n’avais pas connu. Comment ma mère avait-elle rencontré Hélios ? Pourquoi le considérait-elle comme son père ? Mon père était-il au moins au courant ? Pourquoi ne m’en avait-elle jamais parlé ? Hélios…était-il un allié depuis le début malgré tout ce qu’il avait fait ? Tant de questions qui trottaient dans ma tête et auxquelles je n’avais aucune réponse…


La sirène du train me tira de mes pensées et je rassemblai mon bagage puis je descendis sur le quai. La maison de Laura n’était pas tout près, au moins à vingt minutes de marche de la gare d’après mes souvenirs, mais heureusement, je n’étais pas pressée.


https://www.youtube.com/watch?v=3sVTq0tFTiE


Cependant, alors que j’allai me mettre en route, je vis une personne qui attira mon attention. C’était une grande femme brune, aux yeux verts comme l’émeraude et à la silhouette élancée. Son visage était celui d’une femme de trente ans mais ses cernes et les quelques rides qui apparaissaient sur son front trahissait qu’elle entrait dans la quarantaine, comme mon père. Elle portait simplement un long manteau noir, comme pendant la guerre, au-dessus d’une tenue bien plus classique.

-Laura ? M’étonnai-je.

La femme se retourna et me lança un large sourire.

-Iori, je n’y croyais plus, te voilà enfin ! S’écria-t-elle.

-Tu m’attendais ? Mais pourquoi donc ? Lui demandai-je étonnée. Je connais la ville quand même, je n’allais pas me perdre…

-Tu n’es pas revenue ici depuis la fin de la guerre, je te devais au moins ça ; me répondit Laura d’une voix douce. Je suis certaine que tu n’aurais pas reconnu la ville avec tous les travaux de toute façon.

Lorsque nous sortîmes de la gare, je me rendis compte qu’elle avait raison. Partout, des échafaudages, des barrières et des routes barrées avaient envahi les rues. Les ruines que j’avais connues autrefois n’étaient déjà plus qu’un mauvais souvenir et déjà de nombreux immeubles dans le style haussmannien avaient ressurgi de terre.

Sur le chemin, je me rendis compte à quel point la capitale était en train de renaitre et la vie reprenait son cours rapidement, oubliant peu à peu les blessures du démon.

Les décorations de noël, auparavant jonchant le sol dans la poussière, scintillaient à nouveau sur les balcons et les façades des bâtiments. Les gens se pressaient pour prendre le bus et le métro dans les grandes avenues. Plus loin, je pouvais voir une sortie d’école où la nouvelle génération, n’ayant certainement que peu de souvenirs de la guerre, rentrait joyeusement chez leurs parents.

Après une bonne demi-heure de marche, nous arrivâmes finalement chez Laura. Son appartement était certes moins impressionnant que le manoir de mon père mais il se trouvait en plein cœur du « vieux » Paris désormais reconstruit à l’identique.

-Alors Iori, dis-moi tout, qu’est-ce qui te ramène à Paris si soudainement ? Me demanda ma mère adoptive une fois que j’eus déballé mes affaires.

J’hésitai à lui dire la vérité. Après tout, j’allais tout de même voir l’homme le plus controversé sur terre, et ce, sans en avoir parler à personne à part Akane…Non, il n’avait pas besoin de savoir finalement, c’était une chose que je devais faire seule et je savais qu’elle s’y serait fermement opposée si je lui avais dit.

-J’avais simplement envie de voir comment les travaux avançaient ailleurs que chez nous ; mentis-je.

-Iori ; déclara-t-elle en me regardant avec ses yeux amusés. Tu crois vraiment que je vais gober ça ?

Je serrai les dents. Evidemment, elle me connaissait si bien qu’elle pouvait facilement détecter quand je lui mentais…Mais je ne pouvais vraiment pas lui parler de ma mère et d’Hélios…

-Je voulais simplement parler à Miyako, cela fait longtemps que je ne lui ai pas fait de rapport de la situation.

Laura soupira.

-On ne te changera pas on dirait, toujours aussi formaliste…Mais bon, puisque c’est ainsi, si tu me faisais un petit rapport à moi aussi ? Comment va ton père depuis le temps ?

Ne voulant pas l’inquiéter, j’embellis légèrement la situation, prétendant que les choses se remettaient lentement et nous passâmes la soirée à parler d’anecdotes en tout genre sur l’avancement des travaux, le projet de mémorial et ce genre de banalités.

Aussi loin que je pouvais remonter dans mes souvenirs, c’était la première fois que je pouvais discuter de choses aussi communes sans être constamment sur mes gardes ou sans évoquer un quelconque malheur au milieu des bonnes nouvelles.

Nous parlâmes ainsi jusqu’à tard dans la nuit, ne voyant même pas l’heure avancer et vers deux heures, nous finîmes par remonter dans nos chambres.

Dans mon lit, je réfléchis enfin au lendemain. Depuis mon arrivée chez Laura, je n’avais pas eu le temps de penser à mon plan tellement j’étais heureuse de la revoir, mais maintenant que j’étais à nouveau seule, mes préoccupations me revinrent.

Je fus soudain saisie d’une angoisse incontrôlable : et si Hélios ne me disait rien ? S’il refusait de me parler à moi, celle qui avait tué sa fille adoptive ? Pourquoi aurais-je fait ce voyage s’il faisait ça ?

Non, je ne devais pas y penser, et s’il refusait de parler, je le forcerai, je ne repartirai pas sans avoir obtenu les réponses à mes questions.


https://www.youtube.com/watch?v=ygur5AaVzgA


Le lendemain, je me levai aux aurores. Miyako avait bien accepté de me voir, mais seulement très tôt dans la journée, avant neuf heures pour être exacte. Ainsi, après avoir salué rapidement Laura qui malheureusement, ne pouvait pas m’accompagner, je me rendis au palais présidentiel.

Lorsque je passai la porte principale, la sentinelle qui gardait l’entrée se mit immédiatement au garde-à-vous en me voyant puis des dizaines d’huissiers vinrent m’escorter mais je les renvoyai aussitôt à leur poste.

J’arrivai dans le hall d’entrée et je pus enfin constater que, malgré ses allures flamboyantes à l’extérieur, l’Elysée avait subi le même sort que tous les bâtiments de la capitale. Au sol gisait les restés carbonisés d’un ancien luxueux tapis de velours rouge à carreaux dorés. Le plafond était si fissuré que je me demandais comment il ne s’était pas encore effondré sous son propre poids. Partout, on pouvait remarquer l’absence de décorations qui gisaient désormais à terre, brisées en mille morceaux. J’étais même incapable de discerner ce qu’elle avait pu représenter par le passé. Les lustres de cristal avaient subi le même sort, ainsi que les hautes colonnes de marbre blanc, s’étant enfoncés dans le sol en s’écrasant. Quant aux fenêtres, il ne restait d’elle que les cadres des vitres, et quelques bouts de tissu qui avait certainement dû être de magnifiques rideaux.

Miyako arriva quelques minutes après moi accompagnée des mêmes hommes que la dernière fois, sa garde personnelle que l’on appelait pendant la guerre les UWS, United we stand. Elle semblait épuisée comme d’habitude. Par réflexe, je me mis une fois de plus au garde-à-vous, ce qui la fit sourire légèrement.


https://www.youtube.com/watch?v=weX7m17sVGo


-Iori, je suis contente de te voir. Tu sais que tu m’as fait peur lorsque tu m’as envoyé ce message, j’ai cru qu’il t’était arrivé malheur, mais apparemment, ce n’est pas le cas.

-Présidente Hikari, je suis désolée de ne pas vous avoir prévenue plus tôt, mais j’ai une requête à vous faire ; déclarai-je avec tout le sérieux du monde. Cela concerne ma mère.

-Ta…mère ? S’étonna-t-elle.

-Je suis certaine que vous voyez de quoi je veux vous parler, présidente ; continuai-je d’une voix grave. Après tout, vous avez donné vous-même le registre à Hiroki.

-Le…registre ?

La présidente écarquilla les yeux de stupeur lorsqu’elle comprit de quoi je voulais parler et elle blêmit.

-Vous devez savoir de quoi je parle, et vous devez donc deviner facilement quelle est ma requête puisque seule vous, savez où il se cache actuellement.

-Attends Iori, ta requête, c’est…

-Je veux rencontrer le père adoptif de ma mère, je veux connaitre leur relation, pourquoi ils étaient liés et quel est le rôle de mon père là-dedans, je veux que vous me conduisiez à Hélios.






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [15/04/2019] à 14:21

Chapitre 2 : Un monde de souvenirs



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


La présidente Hikari fit un pas en arrière, visiblement choquée que moi, Iori, fille de seize ans, ait pu découvrir un secret férocement gardé par mon père et par le gouvernement lui-même. Après tout, Hélios était toujours considéré comme un criminel, même après la chute de Gariatron. Mais je ne comptais pas renoncer maintenant, j’étais déterminée à découvrir la vérité, même si pour cela, je devais aller à l’encontre des ordres de ma supérieure.

-Iori…Arrêter Hélios est notre priorité numéro une. Ce criminel doit être jugé et puni selon la justice…Pourquoi penses-tu que je saurais où il se trouve ? Reprit la présidente, glaciale.

-Parce que je connais vos compétences, présidente Hikari. Pendant la guerre, vous avez été capable de miracles dont personne n’aurait été capable. Si Hélios court toujours aujourd’hui, c’est uniquement car vous le laissez faire, ai-je tort ?

Miyako serra les dents et regarda furtivement tout autour d’elle, vérifiant que personne d’autre que les UWS ne pouvait nous écouter puis elle reprit à voix basse mais fermement.

-Hélios ne désire que se faire oublier, tu ne devrais pas…

-Je connais les risques, mais pour mon père, je suis prête à tous les sacrifices.

Miyako ne me répondit pas immédiatement et plongea son regard au loin, comme perdue dans ses souvenirs. Un silence pesant s’installa entre nous, silence pendant lequel mon cœur battait la chamade dans ma poitrine.

Finalement, après un long soupir, elle reprit la parole d’une voix troublée par un sentiment que je ne parvenais pas à distinguer précisément.

-Soit Iori, j’ai promis d’accéder à ma requête, et c’est la moindre des choses que je puisse offrir à celle qui a mis un terme à cette guerre. Cependant, je veux que tu me promettes une chose également.

Miyako s’approcha de moi et se mit à ma hauteur en posant un genou à terre tout en me mettant la main sur l’épaule pour me regarder droit dans les yeux. Là, je pus y lire toute l’inquiétude, non pas d’une présidente soucieuse de l’avenir d’un pays, mais d’une mère s’inquiétant pour sa fille.

-Quoiqu’il arrive, n’écoute que ce que te dit ton cœur. Ne te laisse pas Attendrir par Hélios. Tu seras certainement déconcertée en le rencontrant mais, même si ta mère le considérait comme son père, tu dois te souvenir de ce qui importe le plus pour l’avenir de ce monde à présent, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

-Je ne suis pas le genre de personne à me laisser embobiner, vous savez ; lui répondis-je avec un léger sourire pour la rassurer.

-Bien. Cependant, je ne peux pas te conduire immédiatement à Hélios, j’ai de nombreuses réunions aujourd’hui et je ne peux pas me risquer de te révéler son emplacement sur un simple bout de papier. Je viendrai plutôt te chercher demain, mais tâche d’être à l’heure, mon emploi du temps est très serré, tu ne pourras le voir qu’une demi-heure tout au plus.

-Ça me va, du moment qu’il m’apporte les réponses dont j’ai besoin.


https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4A


Miyako me congédia là-dessus et je rentrai seule chez Laura. Sur le chemin, je réfléchis aux questions que j’allais poser à Hélios et je me rendis compte que je ne savais absolument pas comment aborder le sujet. Je voulais simplement en savoir plus sur ma mère mais s’il était réellement comme un père pour elle, sa mort allait certainement lui rappeler de mauvais souvenirs. Je devais trouver un angle d’approche plus subtile…

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, je me rendis compte que je m’étais totalement perdue dans les rues de la capitale et qu’il m’était impossible de retrouver mon chemin au milieu de ces chantiers de reconstruction qui se ressemblaient tous.

Je ne pus m’empêcher de lâcher un long soupir en pensant au chemin de retour qui m’attendait.

Finalement, vers vingt-et-une heure, je réussis à rentrer mais, même si Laura était morte d’inquiétude à mon sujet, cette petite balade m’avait laissé le temps de réfléchir et je savais maintenant comment persuader Hélios de répondre à toutes mes questions.

Le reste de la soirée passa rapidement. Il faut dire que Laura et moi, nous avions vraiment beaucoup de choses à nous dire, entre les nouvelles de la journée, nos nouvelles vies respectives et nos perspectives d’avenir, je n’avais pas un seul moment pour rêvasser.


https://www.youtube.com/watch?v=wmmE5rtRtbc


Le soir, après avoir pris un bon bain pour décompresser un peu avant le grand jour, je me mis au balcon puis j’observai les étoiles scintillant dans le ciel.

La nuit n’était pas aussi silencieuse que dans notre ville et les étoiles ne brillaient pas aussi fort, mais je me sentais un peu chez moi ici. Après tout, j’avais vécu toute ma vie dans les souterrains de la capitale, si bien que je connaissais mieux le sous-sol que la surface de la ville.

En y repensant, jamais je n’avais pu contempler les étoiles en toute quiétude. Je n’avais pris cette habitude que depuis la fin de la guerre, mais avant, jamais je ne me serais permise de me déconnecter de la réalité pour me plonger dans l’infini de l’espace.

Aussi loin que ma mémoire me le permettait, je ne me l’étais permis qu’une seule fois. J’étais avec Akane, et nous avions été prises au piège en ville, incapable de rentrer aux souterrains avant la nuit. Ce jour-là, nous avions trouvé refuge au sommet d’un immeuble en ruines, là où les sbires de Gariatron ne pouvaient nous repérer. Les mots que la rouquine avait prononcés cette nuit-là étaient désormais gravés dans ma mémoire.

« Dis, Iori…Si tu en avais le pouvoir…Détruirais-tu ce monde ? Parce que moi, je le ferais sans hésiter. Ce monde est faux, sans avenir, sans espoir. Tout ce qui arrive…n’aurait jamais dû se produire. Jamais Gariatron n’aurait dû prendre le pouvoir, jamais l’humanité n’aurait dû se retrouver acculée de la sorte, jamais Miyako n’aurait du prendre la tête de la résistance…et jamais…nous n’aurions dû naitre…au milieu de ce chaos… »

La fille de la présidente avait ensuite pointé un groupe d’étoile dans le ciel tout en mimant un archer prêt à décocher sa flèche.

« La constellation du Sagittaire. J’ai lu dans les livres que dans les temps antiques, sa flèche pouvait s’abattre sur la terre pour raser les civilisations décadentes…Si seulement cette légende pouvait être vraie… »

En revoyant cette constellation dans le ciel, je ne pus m’empêcher de sourire. Nous avions vécu de tas de choses depuis ce jour-là, le monde lui-même avait changé radicalement et pourtant, le ciel, lui, était toujours le même, immuable et majestueux, ce même ciel que mes parents avaient certainement dû voir, eux aussi des centaines de fois, avant que la guerre ne se déclenche.


https://www.youtube.com/watch?v=ygur5AaVzgA


Le lendemain, je me réveillai aux aurores, ne sachant pas exactement à quelle heure Miyako devait venir me chercher. Le bruit de moteur que j’entendis dans la rue juste après m’être habillée me confirma que j’avais bien fait.

En passant la tête par la fenêtre, je vis une élégante voiture datant du début de ce siècle au style rétro possédant un certain charme au milieu des ruines de la ville.

La présidente s’arrêta juste devant notre porte et je descendis avant qu’elle n’eut le temps de sonner afin d’éviter de réveiller Laura.

-Iori, dépêchons-nous, j’ai beaucoup à faire aujourd’hui et je n’ai pas particulièrement envie d’aller voir ce bouffon, donc plus vite cette histoire sera terminée, mieux ça sera pour ma santé mentale.

-Ce bouffon ? Répétai-je, intriguée. On parle bien de l’ennemi public numéro un ?

-Tu le découvriras bien assez tôt ; soupira-t-elle en se prenant la tête dans les bras. Rien que d’y penser, j’en ai déjà mal à la tête.

Nous montâmes dans la voiture conduite par Kosta, le chef des UWS, ainsi que celui qui m’avait formée au combat durant la guerre.

Le trajet fut plutôt rapide et silencieux. Miyako semblait soucieuse et regardait fixement le paysage défiler derrière les vitres teintées de la voiture présidentielle.

Après vingt minutes de route dans Paris, nous nous engouffrâmes sur le périphérique que nous quittâmes assez rapidement vers une route que rien n’indiquait et qui n’avait pas été épargnée par Gariatron non plus. Le bitume avait été envahi par les herbes et des bosses et creux parsemaient le chemin. Par endroits, des arbres carbonisés était tombés en travers du chemin et nous devions nous arrêter pour les retirer.

Cependant, je ne comprenais vraiment pas où Miyako m’emmenait. Tout autour de nous, il n’y avait que des champs à perte de vue.

Mais finalement, après plusieurs minutes à rouler au milieu de nulle part, je vis au loin une sorte de grange, ou plutôt une ferme au milieu des terres cultivables.

Lorsque nous nous rapprochâmes, je pus constater que cette baraque n’était pas en meilleur état que tous les immeubles de la capitale. Le toit n’existait plus, les murs laissaient totalement le vent pénétrer à l’intérieur, la clôture entourant le domaine avait disparu par endroit et le panneau de bienvenue jonchait le sol dans la poussière et était illisible.

Il ne semblait plus y avoir âme qui vive ici, à l’exception d’un vieux cheval blanc blessé à la patte arrière, ainsi qu’un chien dormant paisiblement sur le pas de la porte de la ferme. Le seul bruit que je pouvais entendre dans ces ruines était le sifflement du vent faisant tourner les restes d’un vieux moulin grinçant.

Nous descendîmes de la voiture et la présidente alla frapper directement à la porte de la vieille grange.

Personne ne nous répondit.

-Présidente, est-ce que vous êtes certaine que…


https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg


Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’une puissante explosion retentit à l’intérieur de la bâtisse et je pus voir une haute colonne de fumée noire s’élever à travers la charpente du toit.

Miyako lâcha un long soupir de fatigue puis finalement, un bruit de pas nous parvint et la porte s’ouvrit en laissant s’échapper un épais nuage aux odeurs de brûlé.

Il était devant moi, couvert de suie et crachant ses poumons, l’homme à cause de qui l’humanité avait bien failli s’éteindre, celui qui avait été l’hôte de Gariatron pendant des millénaire, le criminel le plus recherché de la planète et le père adoptif de ma mère : Hélios.

Mis à part ce détail, il n’avait que très peu changé depuis la fin de la guerre, à part ses cheveux qui avait commencé à grisonner et quelques rides apparaissaient sur ses joues. Je ne l’avais aperçu que rapidement après la défaite de Gariatron, mais il était fidèle à mes souvenirs, bien qu’en bien meilleure forme mais il en était de même pour tous monde.

-Ah, vous voilà enfin ! Grogna l’ex criminel en toussant. Ça fait une semaine que je vous ai appelés pour réparer ma chaudière, vous en avez mis du temps pour venir…

Pour toute réponse, la présidente asséna un violent coup de poing dans la face du roi qui tomba à la renverse, totalement déconcerté.

-Comment ça ? Vous avez sérieusement appelé un plombier alors que je m’efforce de garder votre résidence secrète ? S’écria-t-elle, rouge de colère. Vous savez que si quelqu’un découvre où vous vous cachez, je ne donne pas cher de votre peau ?!

-Ah Miyako…Ce n’est que toi ; déclara alors Hélios, visiblement l’air déçu.

La présidente, exaspéré, leva les yeux au ciel puis me tourna le dos pour prendre la direction de la voiture.

-J’en ai déjà assez. Iori, je te laisse te débrouiller. Tâche de ne perdre que la moitié de ton QI avec ce type, la stupidité est contagieuse.

-Attendez, qu’est-ce que je dois…

Trop tard, Miyako avait déjà claqué la portière de la voiture et s’était plongée dans ses dossiers. Lorsque je me focalisai à nouveau sur Hélios, celui-ci se frottait le nez que la présidente n’avait pas épargné…


https://www.youtube.com/watch?v=J2yzMhNkgsk


Lorsque je croisai le regard du criminel, je ne sus pas quelle attitude adopter et je me mis à me dandiner d’une jambe à l’autre, mal à l’aise. Après tout, en plus d’avoir plongé le monde dans le chaos, ce type était en quelque sorte mon grand-père…

Hélios, lorsqu’il me vit enfin alors que j’étais sur le pas de sa porte depuis deux bonnes minutes, écarquilla les yeux et pencha la tête sur le côté.

-Euh…Désolé mais on s’est déjà rencontré il me semble non ? C’est toi qui as vaincu Gariatron si mes souvenirs sont bons…

-Oui, c’est exact. Je n’ai pas eu le temps de me présenter à l’époque. Mon nom est Iori. Yuiko Iori.

-Yuiko…Iori ?

A l’évocation de mon nom, le roi déchu perdu immédiatement son air niais et nonchalant pour n’afficher qu’un regard rempli de tristesse.

-Je vois…J’ai donc raté tant de choses…Déclara-t-il en souriant tristement.

-Hélios, je…

-Dis-moi…Iori ; m’interrompit-il en regardant au loin d’un air nostalgique. Est-ce que ta mère…Est-ce que Saya…a su garder son sourire jusqu’au bout ?

-Je n’ai jamais prétendu qu’elle n’était plus…

-Ta présence ici ne fait que me confirmer ce que je redoutais le plus.

Hélios ferma les yeux et je crus voir quelques larmes couler le long de ses joues mais qu’il essuya immédiatement.

-Ainsi, tel est mon châtiment pour avoir causé tant de mal…continua le roi d’une voix brisée.

-Hélios, s’il vous plait, racontez-moi tout ? Qui étiez-vous pour ma mère ? Pourquoi vous recherchait-elle comme un membre de sa famille ? Que s’est-il réellement passé juste avant la guerre ?!

A nouveau, le roi souffla longuement et la fatigue des âges se fit plus visible sur son visage. L’homme s’assit alors sur les marches de sa porte en tailleur et m’invita à faire de même.

-Tu sais Iori…Je ne connais pas les réelles pensées de ta mère, je ne peux te parler que de ce que je voyais d’elle, te décrire le masque qu’elle portait lorsque j’étais à ses côtés sommes toutes…même si, de toutes les personnes que j’ai connues, elle était certainement la seule à me montrer son véritable visage…

-Que voulez-vous dire ? Lui demandai-je, déconcertée.

-Lorsque j’ai rencontré Saya, elle n’était qu’une orpheline ayant fugué de chez elle. Quant à moi, je venais de me libérer de ma prison millénaire. Je suis incapable d’expliquer ce qui m’est passé par la tête à ce moment-là, mais lorsque je l’ai vue sur le bord de la route, à bouts de forces, affamée et déshydratée, mon esprit a repris le dessus sur celui de Gariatron et je l’ai prise sous mon aile. Je savais bien que je faisais une erreur, que le démon allait reprendre tôt ou tard le dessus sur moi, Mais malgré tout, je l’ai soignée, je l’ai logée, et j’ai lutté de toutes mes forces pour ne pas sombrer à nouveau…car je ne voulais pas perdre le rayon de soleil qu’était ta mère pour moi.

-Mais vous n’avez pas réussi à en juger par l’état actuel du monde…Lançai-je tristement.

-Oui. Voyant que je perdais la raison, ta mère s’est mise en tête de me sauver mais malheureusement, elle ignorait tout du mal dont je souffrais, si bien que des années durant, tous ses efforts pour m’atteindre sont restés vains. Mais au fond de moi, mon esprit hurlait de protéger ta mère, il me criait de ne pas la laisser se briser, il me harcelait pour que je reprenne le contrôle…Mais je ne pouvais rien faire…Tout est de ma faute…Si Saya est…Si Saya…

La voix d’Hélios se troubla et, alors que des larmes recommençaient à couler de ses yeux, le roi mis sa main devant son visage pour tenter de les camoufler. Je ne savais pas comment réagir devant l’attitude de l’homme qui avait mis jadis le monde à feu et à sang et qui était désormais réduit à un simple père ayant perdu sa fille.

Mais au fond, je le comprenais…Moi non plus, je n’avais rien pu faire pour sauver ma mère elle avait sacrifié sa vie pour préserver la mienne…

-Je suis désolée Hélios…repris-je d’une voix douce. Tout est de ma faute…Si j’avais été plus prudente ce jour-là, ma mère serait encore parmi nous aujourd’hui et vous pourriez vous parler en face à face…

En entendant ces mots, le roi sourit légèrement en me regardant, une pointe de nostalgie brillant dans ses yeux.

-Saya aussi…Prenait toujours la faute sur ses épaules, même lorsqu’elle n’y était pour rien…

Nous parlâmes ainsi du passé pendant de longues heures et je ne vis pas le temps défiler. J’écoutais simplement les anecdotes du passé du roi, tantôt sur sa vie à notre époque, tantôt sur son règne, mais dans les deux cas, j’étais fascinée par ce qu’il me racontait. Et plus la journée avançait, et plus je comprenais pourquoi ma mère était si attachée à l’homme. J’avais réellement l’impression d’avoir en face de moi, non pas un simple inconnu mais un véritable membre de ma famille, ce qu’il était en quelque sorte.

Lorsque le soleil fut au zénith, Miyako revint vers nous, bien plus calme que lorsqu’elle s’était éclipsée.

-Désolée de vous interrompre mais on vient de m’appeler pour une urgence. Apparemment des survivants auraient été retrouvés. Il faut que nous rentrions rapidement à Paris parce que je doute que Hoshi ou Marcelo ne réussissent à gérer cette situation seuls.

Je tournai la tête vers Hélios mais il se contenta de hocher la tête avec un léger sourire.

-Filez dans ce cas, je ne veux pas vous retarder. Mais si vous pouviez venir me rendre visite un peu plus souvent, ça ne me ferait pas de mal. J’ai encore des tas d’histoires à raconter.

-Si les désastres que vous avez provoqués ne me prennent pas trop de temps, j’y penserai ; grommela la présidente en tournant déjà les talons.

Je m’inclinai respectueusement en signe d’au revoir et suivis les traces de Miyako. Mais, alors que nous allions démarrer la voiture, cette-dernière ouvrit la fenêtre et lança à l’ancien roi.

-Pour la chaudière, je vous enverrai un UWS rapidement. D’ici là, essayez de ne rien faire exploser.

Sur ces sages paroles, le chauffeur démarra en quatrième vitesse et je pus voir la silhouette d’Hélios se dissiper à l’horizon jusqu’à ce qu’il ait totalement disparu, camouflé par une épaisse végétation.

Miyako ne parla que peu sur le chemin du retour, bien trop préoccupée par cette annonce. Quant à moi, j’essayais de digérer toutes les informations que m’avait fourni Hélios mais il y en avait tant que je n’eus même pas le temps de mettre de l’ordre dans mon esprit que nous étions déjà de retour chez Laura.

-Je te laisse ici Iori. Je suis désolée d’avoir interrompu votre discussion mais nous remettrons cela pour une prochaine fois.

-Il n’y a aucun problème présidente ! Tenez-moi simplement au courant des prochains travaux, je vous aiderai avec plaisir !

-Je n’y manquerai pas. Salue bien ton père de ma part et dis-lui de se reprendre sérieusement en main. Il n’a pas intérêt à avoir l’air pathétique le jour de la cérémonie.

-Comptez sur moi présidente !


https://www.youtube.com/watch?v=5p9EuVBEzEY


Elle me laissa sur cette promesse et je rentrai chez Laura. Apparemment, ma mère adoptive avait décidé de faire une grasse matinée car elle vint m’ouvrir encore en pyjama et à moitié endormie.

-Ah Iori, tu es de retour…lança-t-elle en baillant. Je commençais à m’inquiéter de ne plus te voir, je pensais que tu étais rentrée sans me prévenir…

-J’étais simplement…sortie faire un tour pour voir l’avancement des travaux ; mentis-je en me mordant la lèvre.

Je n’aimais vraiment pas mentir à Laura, ni a aucun membre de ma famille, mais je ne pouvais vraiment pas lui dire la vérité sans trahir Miyako qui ne semblait pas vouloir que la rumeur d’Hélios s’ébruite.

-Je vois…Et au fait, c’est mon jour de repos aujourd’hui, que dirais-tu d’aller manger au restaurant pour changer ? Il parait que le tout premier vient de rouvrir pas très loin d’ici. C’est une étape majeure dans la renaissance de la ville, nous devons…

-Tu n’as simplement pas envie de faire la cuisine aujourd’hui, je me trompe ?

-O…Oui…Marmonna Laura en détournant le regard, honteuse.

Je ne pus m’empêcher de rire. J’aimais ce côté-là ma mère adoptive. Même si elle essayait souvent de jouer aux femmes impassibles comme Miyako, elle était assez facilement déstabilisée et se cherchait alors des excuses plus ou moins crédibles.

C’est ainsi que nous nous dirigeâmes vers ce fameux restaurant. A vrai dire, j’étais assez excitée à cette idée. Après tout, les seuls restaurants que j’avais connus jusqu’ici étaient les réfectoires des souterrains où la nourriture laissait franchement à désirer.

Je ne fus pas déçue. Même s’il s’était installé entre deux immeubles en ruines et si le décor ne se composait que de quelques tables et des chaises de récupération, l’ambiance y était chaleureuse et accueillante.

Ainsi, sans même nous en apercevoir, nous passâmes, Laura et moi, quasiment toute l’après-midi dans le premier restaurant de Paris, discutant de tout et de rien avec les propriétaires et l’heure de mon départ arriva bien trop vite à mon goût.

A contrecœur, je quittai l’établissement en fin d’après-midi et nous nous rendîmes à la gare. Cependant, alors toute la journée s’était déroulée très vite, l’attente du train, elle, me sembla interminable.

-Guerre ou non, il semblerait que la SNCF ne change pas au fil des années, ça fait plaisir de voir que certaines choses sont immuables ; déclara-t-elle joyeusement.

-Encore, que de nos jours les trains ne soient pas totalement opérationnels, je peux le comprendre, mais de ton temps…

-Problème technique, neige sur les voies, panne de moteur, hérisson sur les rails, je crois que j’ai eu le droit à toutes les excuses possibles et inimaginables lorsque j’étais enfant ; me répondit Laura en haussant simplement les épaules. Mais bon, la guerre nous fait relativiser les problèmes mineurs du quotidien.

-Si tu le dis…Grommelai-je, commençant à m’impatienter sérieusement sur ce quai désert.

Mais finalement, après presque une heure de retard, le train pointa le bout de son nez. J’embrassai Laura avant de monter dans le wagon mais cette dernière me retint à la dernière seconde par la manche.

-Ah, j’ai failli oublier Iori, mais préviens ton père que je passerai certainement dans peu de temps. J’ai quelques affaires à régler avec Nagisa avant la cérémonie de commémoration donc je viendrai sûrement loger quelques jours chez vous.

-Pas de problème, tu es toujours la bienvenue et je suis certaine que mon père sera content lui aussi d’avoir un peu de compagnie ! M’exclamai-je avec un large sourire.

C’est ainsi que mon voyage à Paris s’acheva. Tout avait été un franc succès du début à la fin. J’avais pu parler à Hélios et en apprendre davantage sur ma mère, tout en comprenant enfin quelles étaient mes véritables origines. De plus, maintenant que j’avais rencontré l’homme qui avait élevée ma mère, je cernais un peu mieux comment elle avait pu soutenir mon père toutes ces années. Il ne me restait plus qu’à reproduire la même chose pour le sortir de sa solitude et retrouver l’homme qui avait autrefois mené la résistance.


https://www.youtube.com/watch?v=Td1D1jjvrdE


Lorsque je franchis la porte du manoir vers vingt heures, je fus agréablement surprise en sentant une bonne odeur de cuisine émaner de la salle à manger. Je pensai tout d’abord que ce n’était que Nagisa qui s’occupait de mon père comme je lui avais demandé, mais la personne se trouvant derrière les fourneaux était quelqu’un d’autre : une femme aux cheveux courts et aussi noirs que les miens. Lorsqu’elle se retourna, je reconnus immédiatement son visage rond et sans ride, ce nez fin et ces grands yeux ébène, ainsi que cette mèche rebelle sur le dessus de son crâne, caractéristique des membres de notre famille.

-Tante Marie ; m’exclamai-je, heureuse et surprise en même temps.

-Ah Iori, te voilà, tu arrives pile à l’heure pour le dîner, c’est parfait !

Je penchai la tête sur le côté, surprise autant par sa réaction que par le fait qu’elle soit chez moi. En me voyant faire cette tête, elle éclata de rire et posa un plat sur la table.

-Ne fais pas cette tête, je suis simplement de passage et j’en ai profité pour aider un peu ton bon à rien de père ; me répondit-elle toujours en souriant.

Au même moment, mon père entra dans la salle à manger, intrigué par tout ce vacarme et fit un bond de trois mètres en arrière lorsqu’il vit sa sœur à mes côtés.

-Qu’est-ce que…Tenta-t-il de dire avant de se faire interrompre.

-Ah, voila donc le fameux héros dont tout le monde parle ! Tu as changé depuis ta victoire. Tu n’aurais pas pris un peu de ventre par hasard ?

-Quand…es-tu entrée ? Et surtout, qu’est-ce que tu fabriques ici ? Et Iori est de retour ? Depuis quand ?

-Tss, tss, trop de question en une fois, ça me donne mal à la tête ; râla ma tante en s’asseyant et commençant à se servir de pâtes qu’elle avait déposées sur la table.

Je regardai mon père dans les yeux, aussi déconcertée que lui mais ma tante faisait comme si de rien n’était et continuait à se servir en viande, prit un peu de vin rouge et entama son assiette.

-Si vous ne venez pas, il n’y aura plus rien pour vous ; déclara cette dernière en avalant un morceau de steak. J’ai déjà eu du mal à trouver tous ces ingrédients, il serait dommage de les gâcher.

-Tu n’as pas répondu à mes questions je te signale !

-Oh, je suis chez moi aussi ici, je peux bien passer quand bon me semble non ? Quant à la raison de ma présence, disons que j’avais des choses à faire ici, je vais rester une bonne semaine, voire deux si je me plais bien. Et oui, ta fille est rentrée à l’instant.

-Deux…Deux semaines ? Tu n’as donc rien de mieux à faire ? S’exclama mon père qui visiblement ne voulait pas que quelqu’un vienne déranger sa tranquillité.

-Je te retourne la question, monsieur le héros de la guerre qui passe son temps à dormir et boire des bières. Tiens, je te ramène ça au passage, c’est le discours que Miyako veut que tu lises dans un mois.

Ma tante Marie lança à mon père un petit rouleau de papier qu’il attrapa maladroitement avant de fusiller sa sœur du regard. Mais celle-ci fit comme si de rien n’était et continua son repas, imperturbable.

Mon père soupira et vint s’asseoir à son tour, visiblement résigné et je fis de même. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, nous étions plus que deux à table et mon père parla d’autre chose que de la pluie et du beau temps avec ma tante et moi. J’avais vraiment l’impression de revoir le père que j’avais toujours connu lorsqu’il était aux côtés de ma tante. Tous les deux se chamaillaient autant que ma mère et lui sans pour autant être vraiment sérieux dans leurs disputes.

Une fois le diner terminé, je sortis de table plus tard que je ne l’avais prévu mais j’étais heureuse. Plus les jours avançaient, plus les blessures du cœur de mon père semblaient se panser. Lentement mais sûrement, la cicatrice laissée par la mort de ma mère se refermait.


https://www.youtube.com/watch?v=wmmE5rtRtbc&


Plus tard dans la nuit, je repensais à tout ce dont m’avait parlé Hélios. J’avais beau connaitre le passé de ma mère désormais, j’avais toujours l’impression qu’il me manquait quelque chose. Comme si je passais à côté d’un élément très important sans même le voir.

Quel était mon véritable but finalement ? J’avais beau connaitre le passé de ma mère désormais, cela ne me menait à rien, comme si la fin de la guerre n’avait laissé qu’un immense vide en moi, vide que j’essayais de combler en occupant mon esprit par la volonté de rendre le sourire à mon père. Car en effet, voir le monde se reconstruire peu à peu et renaitre de ses cendres était certes agréable et encourageant…je ne ressentais aucune réelle joie depuis la fin de la guerre, comme si je m’étais enfermée dans un quotidien morne et monotone.

C’est alors que les mots qu’Akane m’avait dit quelques semaines auparavant me revinrent en mémoire.

« Être prête à mettre un pays sortant de guerre à feu et à sang pour une simple réponse…Je t’envie, ex-générale Yuiko Iori. »

Ce n’était que maintenant que je comprenais la portée de mes actes. Miyako s’efforçait pour une raison inconnue de protéger Hélios, mais d’autres grands noms de ce monde ne verraient certainement pas cela d’un bon œil. Si quelqu’un nous avait suivies, il était certain que la présidente aurait été accusée de trahison et le monde aurait replongé dans le chaos…

Je secouai la tête pour sortir ces mauvaises pensées de ma tête. A quoi donc étais-je en train de penser ? Evidemment que tout était bien mieux depuis que Gariatron avait été vaincu ! La fatigue devait certainement me jouer des tours pensais-je. Et ainsi, je mis fin à cette longue journée pour me plonger dans le sommeil.

La semaine passa tranquillement. Grace à l’aide de tante Marie, je pouvais prendre un peu de temps pour moi-même. Je n’avais plus besoin de faire des allers-retours chez Nagisa ou de jouer les factrices aux quatre coins de la ville, ni de m’occuper sans cesse de mon père qui, en présence de sa sœur, essayait de se débrouiller seul par fierté.

J’en profitais alors pour flâner entre les ruines comme je le faisais si souvent, ou perdre mon temps dans cette salle de club abandonnée. Cependant, alors que je ressassais les souvenirs de Miyako en lisant son journal, quelque chose de brillant et scintillant attira mon regard au loin.


https://www.youtube.com/watch?v=eL4mJHaxGLM&


Je tournai la tête par la fenêtre et je revis cet éclat lumineux provenant de la falaise surplombant la ville.

Intriguée, j’arrêtai ma lecture pour aller voir de quoi il pouvait bien s’agir. Et puis, cela me donnait une raison d’aller au sommet de cette falaise devant laquelle je passais souvent sans jamais m’arrêter.

Je marchai dix minutes avant d’arriver à un petit sentier non goudronné que j’empruntai. Sous mes pas, j’entendais le bruit des branches se briser et le craquement des feuilles mortes. Apparemment, personne n’était passé ici depuis des décennies à en juger par toutes la végétation qui avait poussé sur ce petit sentir.

Après avoir grimpé sur quinze bons mètres, j’émergeai finalement des broussailles sur une large pierre nue et ce que je vis me laissa bouche bée.

Devant moi – ou plutôt sous mes pieds – la mer rougeoyante au soleil couchant s’étendait à perte de vue. L’astre du jour semblait plonger directement dans la vaste étendue d’eau, comme avalé par cette dernière. Au loin sur ma gauche, je discernai la plage et le quartier dans lequel vivait Nagisa.

D’ici, les blessures de la ville étaient invisibles, noyées dans un paysage infini. Un simple voyageur se trouvant sur cette falaise n’aurait jamais eu conscience que la ville qui s’étendait à ses pieds n’était qu’un tas d’échafaudages au milieu de ruines fumantes

Je fermai les yeux, éblouie par tant ce spectacle mais je n’entendis pas ce vrombissement perpétuel causé par les travaux. Non, les seuls bruits parvenant à mes oreilles étaient le sifflement du vent et le fracas des vagues en contrebas contre la falaise.

J’inspirai un grand coup et je sentis cette odeur caractéristique de la mer, odeur mêlant sel, algue et poisson, et elle était forte, bien plus que sur la plage.

Je comprenais maintenant pourquoi Laura me parlait tant de cet endroit pendant la guerre. Souvent, elle me répétait que son seul désir était de revenir ici et d’effacer le temps. A présent, je saisissais toute la véracité de ses paroles. Cet endroit était comme irréel, hors du temps, presque féérique. En me tenant debout sur cette falaise, j’avais l’impression d’être dans un autre monde, loin des tumultes du monde réel, seule et apaisée.

Je trouvais d’ailleurs cela étrange que cette falaise n’ait été le témoin d’aucun bataille pendant la guerre. Il n’y avait pas une seule trace de combat, pas une seule goutte de sang sur les roches et la végétation semblait intacte depuis des dizaines d’années. Mais peut-être cela faisait-il parti de la magie de ce lieu…

Je restai ainsi sur cette falaise pendant plusieurs minutes, debout et figée devant l’immensité de l’océan, en oubliant totalement la raison de ma venue.

Finalement je décidai de rentrer, non pas à cause de l’heure, mais à cause du froid mordant. J’aimais certes le paysage et les odeurs, mais j’appréciais moins la fraicheur du vent.

Une fois de plus, tante Marie nous avait préparé un bon repas et nous passâmes une autre soirée agréable en sa compagnie. Cependant, un appel soudain me ramena à la réalité.

-Zut, je crois que je vais devoir écouter mes vacances, Miyako vient d’appeler et ça râle bien au boulot ; pesta ma tante, visiblement très mécontente. J’avais prévu de rester encore une semaine, mais je vais devoir partir dans deux jours. Je passe encore la journée de demain avec vous, et ensuite, retour au travail…Franchement, j’espère qu’elle ne m’appelle pas pour que je remplace encore les UWS.

-Tu t’en vas déjà ? Ça va faire bien vide sans toi…Déclara alors mon père d’une voix lasse.

-Ne t’inquiète pas, je ne te laisse pas seul, Laura devait arriver ce soir…

-Laura vient ici ? S’exclama-t-il en écarquillant les yeux.

-Oui, je voulais garder la surprise mais autant vous le dire puisque je m’en vais. Par contre je ne sais pas ce qu’elle fait, son train devait arriver en gare dans la journée…

-Tu aurais pu me prévenir plus tôt quand même ! Je ne suis pas prêt du tout…

Sur ces mots, mon père sortit de table en courant pour s’enfermer dans la salle de bain tandis qu’un sourire niais s’était dessiné sur le visage de ma tante.

-Je vois que tu n’as pas changé au fond de toi finalement, me voila rassurée.

Le lendemain soir, alors que ma tante faisait ses valises, Laura n’était toujours pas arrivée. Je me mis donc en route vers la gare pour comprendre ce qu’il se passait avec les trains mais mon attention fut, comme la veille, captée par un objet brillant au sommet de la falaise.

-Laura est une adulte quand même, elle peut bien se débrouiller seule…pensais-je en changeant de cap.


https://www.youtube.com/watch?v=f77SKdyn-1Y


Au sommet du rocher surplombant la mer, le vent soufflait plus fort qu’en journée et me glaçait les os. Je ne voyais rien excepté la nuit et les étoiles se reflétant dans l’eau noire de la mer calme. Mais mon attention fut captée par une fine silhouette à son extrémité.

La, les jambes pendant dans le vide et les cheveux volant au vent se trouvait une femme de dos, regardant fixement l’horizon.

Elle ne notifia pas ma présence immédiatement mais il ne me fallut que quelques secondes pour reconnaitre cette longue chevelure brune, même dans la pénombre du soir.

-Laura ? M’étonnai-je.

La femme se retourna en sursautant puis se détendit en me voyant.

-Ah Iori, ce n’est que toi, je ne t’avais pas entendue arriver.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu sais que tout le monde t’attend depuis hier soir ?!

-Désolée, j’ai eu une pointe de nostalgie en revenant ici, j’ai simplement fait quelques détours ; me répondit-elle avec un sourire.

-Quelques ? Répétai-je dubitative. On t’attend depuis bientôt vingt-quatre heures tu sais.

-Déjà vingt-quatre heures ? Le temps passe bien vite quand on est perdue dans ses souvenirs…

Je remarquai alors que dans sa main, ma mère adoptive tenait fermement un petit pendentif qui reflétait entièrement les rayons du soleil dans un éclat presque aveuglant.

-Alors comme ça toi aussi tu aimes cet endroit ? Ça doit être de famille ; continua-t-elle en me souriant. Quand nous étions jeunes, ton père et moi nous nous retrouvions souvent ici. C’était notre base secrète à nous.

-Vraiment ? Il ne m’en a jamais parlé pourtant…

-ça ne m’étonne pas vraiment de lui ; s’amusa Laura en riant légèrement. J’imagine que pour Darksky, cette falaise n’est plus qu’un lointain souvenir et c’est tant mieux. Cela ne sert à rien de s’enfermer dans le passé.


https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHA


Ma mère adoptive lâcha un long soupir et leva les yeux vers le ciel.

-Presque trente ans sont passés et pourtant, rien n’a changé ici. Les sons, les odeurs, le ciel, la falaise…tout est exactement comme le jour où j’ai dit adieu à ton père…

-Dis…Laura…Tu l’aimais, n’est-ce pas ? Alors pourquoi l’as-tu laissé partir ?

-Evidemment que je l’aimais ; me répondit-elle en haussant les épaules. Mais j’ai perdu ce droit le jour où je l’ai trahi. Lorsque je me suis rendue compte de ce que ma jalousie envers ta mère m’avait poussé à faire et quelles en avaient été les conséquences, j’ai décidé simplement de m’exiler.

Laura baissa les yeux vers son pendentif et commença à le faire tourner machinalement entre ses doigts.

-Je suis retournée en Angleterre et de là, tout comme ton père, j’ai mené la résistance contre le démon que j’avais moi-même aidé. Cependant, contrairement à lui ou à Miyako, je n’ai pas réussi à unifier le peuple et nous avons été anéantis.

-C’est donc pour cela que tu as rejoint notre résistance aussi tard ?

-Je voulais simplement me prouver à moi-même que pouvais réparer mes fautes, seule…mais je n’ai fait qu’engendrer encore plus de malheurs derrière moi. Même Théodore…Même lui que j’avais blessé mortellement dans ma jeunesse…J’ai été incapable de le protéger alors que j’étais revenue uniquement pour racheter ma conduite auprès de lui…

La voix de Laura se brisa et elle enfouit sa tête entre ses bras, totalement recroquevillée sur elle-même tandis que je restai debout derrière elle, incapable de sortir le moindre mot de réconfort.

-Ton père et toi…avez vraiment eu de la chance de connaitre ce rayon de soleil qu’était Saya. Je suis certaine qu’elle aurait eu beaucoup à m’apprendre si nous avions appris à nous connaitre vraiment…Mais depuis ce jour, je ne peux m’empêcher d’y repenser, encore et encore…C’est moi…qui aurais dû mourir à sa place.

Un court silence suivit cette déclaration qui fit battre mon cœur bien plus vite dans ma poitrine. Evidemment, je ne désirais pas que Laura ne meure…Mais la sincérité avec laquelle elle avait prononcé ces mots me déstabilisa.

La brune lâcha un petit rire amusé avant de se relever et de se tourner vers moi.

-Désolée Iori, je divague facilement quand je remets les pieds ici. Je vais rentrer avant que Marie ne parte, sinon elle va vraiment finir par se demander ce qu’il se passe avec les trains. Ne tarde pas trop toi non plus.

Ma mère adoptive me dépassa et s’engagea sur le sentier menant à la ville se mais je ne bougeai pas de ma place et je continuai à fixer la vaste étendue d’eau, perdue dans mes pensées. Mais alors que je pensais que Laura était partie, j’entendis sa voix dans mon dos.

-Iori. Si un jour, toi aussi tu te retrouves dans une impasse, ne te laisse pas guider par tes émotions comme je l’ai fait. N’écoute que ce que ton cœur te dit, seul lui connait la vérité. C’est bien le seul enseignement que je peux te transmettre, moi qui n’ai fait que de mauvais choix dans ma vie.

Je me retournai immédiatement mais ma mère adoptive avait déjà disparu dans les ténèbres de la nuit.

Cependant, ces quelques mots avaient suffi à faire battre mon cœur à tout rompre. A ce moment-là, je ne savais pas encore que les paroles de Laura allaient me plonger dans une quêtes bien plus folle que tout ce que j’avais pu vivre jusque-là, une quête transcendant les limites même du temps.






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le bon temps…

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[Fic]L'achèvement du Destin posté le [16/04/2019] à 13:31

Chapitre 3 : un monde fragile



Spoiler :



https://www.youtube.com/watch?v=5p9EuVBEzEY


Un mois s’était écoulé depuis le départ de ma tante et le retour de Laura et nous passions des journées tranquilles tous les trois. Mon père semblait bien plus heureux qu’auparavant en présence de ma mère adoptive. Son visage avait retrouvé des couleurs, il s’impliquait également beaucoup plus dans la reconstruction de la ville et surtout, je le voyais sourire et rire en parlant avec Laura. Cela me faisait vraiment chaud au cœur de le voir ainsi, comme libéré de ses tourments par la simple présence de son amie d’enfance. Pour la première fois depuis des années, la plaie causée par la disparition de ma mère avait l’air d’avoir arrêté de saigner et semblait se refermer lentement.

De plus, la cérémonie de commémoration approchait à grand pas. Quatre jours exactement. Miyako avait décidée de la placer le soir de Noel afin de marquer l’événement. Pour moi, cela ne signifiait pas grand-chose. Après tout, j’étais née sous les cendres et la poussière, là où les fêtes n’avaient plus leur place. Mais pour la génération de Miyako, Noel avait gardé une immense place dans leurs cœurs et je voyais que tout le monde autour de nous se réjouissait. Même mon père se préparait au maximum pour cette occasion, courant dans tous les sens, lui qui auparavant ne sortait que rarement plus loin que le fond du jardin.

Le jour J, il se présenta à moi dans ses plus beaux vêtements, entièrement rasé, coiffé et l’air plutôt en forme comparé aux airs de zombie qu’il arborait à la fin de la guerre. Laura quant à elle avait opté pour une élégante robe bleue tombant presque jusqu’à ses pieds et laissant sa poitrine dégagée, de même que ses bras. Elle avait également attaché ses cheveux en un chignon que je lui enviais et son visage était rayonnant derrière son maquillage faisant ressortir ses lèvres rouges avec une élégance sans pareil. Je faisais vraiment pâle figure à côté d’elle avec ma simple veste par-dessus un haut à dentelles et ma jupe blanche…Mais l’élégance n’était pas mon point fort…

Nagisa nous rejoignit sur le chemin et nous fîmes le trajet jusqu’à la gare en sa compagnie. Les trois adultes parlaient de tout et de rien, comme les vieux amis qu’ils étaient et même si je me sentais un peu mise à l’écart, j’étais contente de voir que pour une fois, les discussions ne tournaient ni autour du nombre de disparus, ni autour des crises alimentaires et encore moins autour des futurs assauts.

Nous arrivâmes à l’Elysée dans l’après-midi, vers trois heures. Miyako nous accueillit à bras ouverts, surtout mon père qu’elle n’attendait visiblement plus.


https://www.youtube.com/watch?v=VAaicBn89vU


-Tiens, le héros daigne sortir de chez lui. Je suis surprise, j’avais déjà confié le texte aux UWS moi ; railla la grande rousse avec un sourire non dissimulé.

-Si tu n’es pas plus sympathique que ça, je vais te laisser te débrouiller seule Miyako ; grimaça mon père en serrant les dents.

-Tu dis cela mais nous savons tous ici que tu ne le feras pas alors inutile de faire ta mauvaise tête Darksky ; s’amusa Laura en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

-Laura s’il te plait…Nous ne sommes plus des enfants…Couina mon père en rougissant.

J’éclatai de rire. Cette scène me semblait tellement banale et tellement surréaliste à la fois qu’elle en devenait comique.

Après ces retrouvailles, j’allai déposer mes affaires dans les quartiers privés de Miyako et nous nous rendîmes sur la place de la Concorde. Auparavant en son centre se trouvait les restes d’un Obélisque qui avait été détruite pendant les combats. Mais à présent s’élevait une statue immense recouverte par un drap blanc en attente de son inauguration. Tout autour, des tribunes et des gradins avaient été installés tandis que les champs Elysées avait été entièrement dégagés. Même si les arbres avaient été abattus et que l’arc de triomphe n’était plus que deux piliers séparés, je ne pouvais que reconnaitre leur majesté. Ils avaient certainement dû être magnifiques avant la guerre.

-Miyako fait bien les choses, je dois le reconnaitre ; déclara soudain une voix masculine à côté de moi.

Je tournai la tête, ayant reconnu celui qui avait prononcé ces mots. Il s’agissait d’un grand gaillard aux cheveux sombres en bataille. Il avait la quarantaine passée mais il restait néanmoins en excellente forme dans son physique. Son regard était vif, mais également très doux malgré son visage carré et la cicatrice qui lui traversait l’œil gauche. Tout comme nous, il avait sorti ses plus beaux habits, ce qui lui donnait un style assez contradictoire avec son apparence négligée.

-Bonjour Iori, cela faisait longtemps n’est-ce pas ? Me dit-il avec un large sourire.

-Bonjour Caporal Hiroki, en effet, depuis la fin de la guerre il me semble ; lui répondis-je d’un signe discret de la main.

-Ne me rappelle pas que Miyako ne m’a jamais promu s’il te plait, je sais que je n’étais pas le meilleur agent ni le plus discret mais…

Je serrai les dents, gênée. J’avais oublié ce détail mais ce sujet-là était sensible avec le père d’Akane et qu’il le vivait très mal…

-Bien joué Générale, tu viens de replonger mon père en dépression pour les dix prochaines années, je te félicite ; railla alors Akane en surgissant derrière moi sans prévenir.

-C’est bon, j’avais oublié ! Me défendis-je maladroitement. Aussi ta mère n’est pas très sympathique avec ton père, le pauvre faisait de son mieux, elle aurait au moins pu le récompenser pour avoir participé…

-Je n’ai pas de mère ; grogna Akane en me tournant le dos. Je n’ai qu’un bon à rien de père.

Je lâchai un long soupir en haussant les épaules. C’était déjà pareil en temps de guerre, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre dans cette famille. Mais je n’en voulais pas à mon amie. Après tout, elle allait bien se rendre compte un jour que sa mère lui était précieuse, qu’elle l’admette ou non.

Plus tard dans la journée, Tante Marie arriva à son tour, accompagnée de deux personnes que je n’avais vues jusqu’ici que par vidéo conférence. Il s’agissait des deux leaders de la résistance Japonaise, deux jumeaux se nommant Satoshi et Serena. Tous deux se ressemblaient traits pour traits et seuls leurs coiffures me permettaient de les différencier, même si les traits du visage de Serena étaient bien plus fins et féminins que ceux de son frère.


https://www.youtube.com/watch?v=kVUekqhpt9M


Vers sept heures, les gradins étaient remplis de personnalités influentes venues des quatre coins du monde. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Selon le programme, nous devions monter sur scène en même temps que Miyako et que les autres dirigeants actuels pendant que mon père allait se charger du discours de commémoration…

Mais lorsque je passai le nez derrière le rideau de la scène, mon trac ne fit qu’augmenter et je commençai à suer à grosses gouttes.

« Allez Iori, ressaisis-toi ; me dis-je à moi-même. Tu as vaincu le démon, tu ne vas pas te faire impressionner par si peu quand même ! »

Il n’y avait rien à faire. Mon rythme cardiaque ne redescendait pas…Et mon père qui tournait en rond en relisant ses notes ne m’aidait pas du tout à me calmer. Lorsque je tournai mon regard vers Akane, celle-ci s’était tout simplement endormie sur sa chaise. Je l’enviais vraiment d’être aussi calme…

Finalement, après plusieurs minutes d’attente qui me parurent une éternité, Miyako vint enfin nous rejoindre, dans une tenue très formelle, chemise, collier de perles, veste sombre, jupe serrée, mais non sans garder également son long manteau blanc qu’elle n’avait jamais quitté depuis la guerre.

Personne ne dit un mot et tout le monde se leva pour suivre notre présidente. Lorsque le rideau s’ouvrit, je déglutis, prête à m’évanouir mais Akane posa sur moi un regard si moqueur que je m’efforçai de rester digne, refusant de perdre la face devant elle.

Un silence de mort régnait sur l’assemblée. La nuit était entièrement tombée et seule la scène était éclairée faiblement tandis qu’une fine neige s’était mise à tomber lentement sur la ville, la recouvrant d’un fin linceul blanc.

Mon père, toujours silencieux et la tête basse, se détacha du groupe et se dirigea vers le micro sur le devant de la scène. Il s’arrêta quelques instants, regarda le ciel, prit une grande inspiration et commença enfin à parler.


https://www.youtube.com/watch?v=r-rRxn1W2P4


« Lettre à ceux qui sont tombés.

A vous qui nous regardez au-delà de ces nuages, à vous qui faites désormais partie de l’infini de l’espace, à vous qui brillez pour l’éternité dans le ciel et dans nos cœur…Le soleil s’est enfin levé. Vos rêves et vos espoirs ont fini par percer le voile des ténèbres qui s’était abattu sur le monde depuis plus de vingt-six ans. Si nous pouvons aujourd’hui vivre de nouveau à la surface, sans craindre un ennemi invisible, c’est en grande partie grâce à vous qui nous avez quittés. Chacune des vies prises par le démon n’a fait que renforcer notre volonté de nous affranchir de ce fléau, et c’est cette même volonté qui me permet ce soir de parler, ni pas en temps que fondateur de la résistance, non pas en tant que héros de guerre, non pas en tant que soldat, non pas en tant que citoyen, mais en tant que survivant…un survivant qui n’aurait pas pu arriver jusqu’ici seul. »

Mon père leva à nouveau les yeux vers le ciel et toute la foule fit de même tandis que les nuages se dissipaient pour laisser briller une lune immaculée scintillante au milieu d’une mer d’étoiles.

« Oui…Je pense que, comme beaucoup d’entre vous, j’ai perdu des êtres chers au cours de ces batailles, des êtres inestimables, des êtres irremplaçables, des êtres exceptionnels…Qu’ils aient été meneurs de résistance, infirmiers, soldats, ou même simples citoyens, cela n’avait plus aucune importance le jour où ils nous ont quittés. Ils ne représentaient plus qu’une immense blessure dans nos cœurs…

-Papa…Murmurai-je en serrant ma main sur mon cœur.

-Oui, leur disparition a été injuste, oui ils méritaient de vivre autant que nous, oui ils ne laissent qu’un immense vide après leur départ…Mais n’oubliez jamais ceci : Le démon n’est plus, le soleil brille à nouveau dans le ciel, nos villes se relèvent, et chacune des vies prises durant cette guerre infâmes…Je suis certain qu’aujourd’hui, toutes ces personnes sont heureuses pour toutes ces raisons ! Car tant que vous serez là, vous, témoins de la tragédie, et tant que nous transmettrons leur héritage, leur mémoire continuera à vivre pour l’éternité, dans nos cœurs et dans nos mémoires ! Même si vous ne pouvez plus les voir, même si vous ne pouvez plus leur parler, même si vous ne pouvez plus les toucher, même si vous ne pouvez plus rire, pleurer, dormir, vous disputer ou même rêver avec eux, gardez à l’esprit…Gardez à l’esprit que vos amis, vos enfants, vos parents, vos maris, vos femmes…souvenez vous que même dans la nuit la plus noire, leur flamme continue à brûler en vous et vous guide vers la lumière…

-Darksky…Lâcha Laura d’une voix faible en fermant les yeux, des larmes coulant le long de ses joues mais son visage étant illuminé par un large sourire.

-C’est donc pour entretenir cette flamme pour l’éternité que j’ai l’honneur d’inaugurer ce soir du vingt-quatre décembre 2041 le mémorial de Paris ! Jamais nous n’oublierons. Puisse la paix perdurer aussi longtemps que cette pierre que même un séisme ne pourrait détruire. »

Sur ces mots, le voile blanc recouvrant l’édifice tomba et dévoila une immense pierre de vingt mètres de haut sur laquelle étaient inscrits des centaines de milliers de noms. Mais le plus impressionnant étaient les statues qui l’entouraient : Gariatron était représenté, terrassé par une épée…Que je tenais…

Je ne pus m’empêcher de rougir et de crier un « QUOI !? » qui fut noyé dans les applaudissements de la foule. Mais Miyako qui, elle, avait entendu, ne put s’empêcher de me lancer un regard amusé tandis que je ne souhaitais que disparaitre à nouveau deux-cents mètres sous terre pour que l’on m’oublie…

Cependant, alors que j’attendais la réaction de mon père, je le vis, toujours le regard levé vers le ciel, et murmurant au vent.

-Tu vois Saya…J’ai finalement réalisé ton rêve…J’ai célébré officiellement la fin de la guerre à ta place…J’espère que tu ne m’en voudras pas de t’avoir volé la vedette…

En entendant cela, je ne pus m’empêcher de sourire bêtement. Oui, ma mère me répétait souvent qu’elle allait faire un discours pour célébrer la fin de cette infâmie…En me rappelant de cela, je compris pourquoi Miyako avait confié cette tâche à mon père et je la remerciai en lui adressant un large sourire. Gênée, la présidente détourna à son tour le regard et prit la place de mon père sur scène.

-Ton père est moins pathétique que le mien finalement. Je dois reconnaitre que ce n’était pas si mal ; grommela Akane sans me regarder.

-Tu pourrais montrer un peu plus d’enthousiasme alors que ta mère s’apprête à prendre la parole aussi…

-La seule chose qui me retient sur cette scène est la porte fermée derrière moi sinon je serais déjà partie.

-Tu es vraiment un cas désespéré ; soupirai-je, lasse d’essayer de la convaincre.

Miyako reprit la parole et continua le discours de mon père, rappelant l’importance de ce mémorial pour les générations à venir et lisant à haute voix tous les noms inscrits sur cette pierre pendant plus d’une heure. S’ensuivit le passage d’autres dirigeants parlant dans leur propre langue et la cérémonie d’inauguration se termina tard dans la nuit…Enfin, c’était ce que je croyais car après venait le banquet de Noel réservé à une poignée d’invités de marque et ayant lieu directement dans le palais de l’Elysée…ou plutôt ses ruines puisque Miyako n’avait toujours pas jugé bon de refaire la décoration.


https://www.youtube.com/watch?v=TKeI8eYtWyQ


J’aurais adoré profiter de la fête, et surtout de tous les petits fours posés sur le buffet, mais c’était sans compter toutes les personnalités qui venaient me féliciter et me demander quels étaient mes futurs projets.

Ne pouvant plus soutenir cette atmosphère étouffante, je trouvai une excuse bidon pour m’éclipser et je sortis dans les jardins, à l’écart du groupe.

Là, un vent glacial me fouetta le visage et ma tenue était tout sauf appropriée mais je m’en fichais, j’avais simplement besoin d’air.

L’extérieur était faiblement éclairé par quelques lampes installées le long de allées et je me contentai de déambuler entre les parterres de fleurs hivernales, profitant simplement du calme de la nuit. Même si au loin je pouvais entendre les rires et les conversations de la fête, je préférais toujours cela aux explosions nocturnes.

Alors que je marchais depuis vingt bonnes minutes dans le parc, je fus intriguée par une lumière un peu plus vive provenant de derrière un petit bosquet d’arbres. Lorsque je passai la tête pour voir de quoi il s’agissait, je réprimai un hoquet de surprise.

Là, seule au milieu de la pelouse enneigée, assise en tailleur et les yeux rivés vers le ciel se tenait Akane. M’entendant arriver, la rouquine me lança un regard glacial dont elle seule avait le secret.

-Que vois-je ? Une héroïne qui ne profite même pas de la fête qui lui est dédiée…Quelle impolitesse, générale Iori. Je t’ai connue plus rigoureuse que ça.

-Et toi non plus je vois ; répliquai-je en allant m’asseoir à côté de mon amie.


https://www.youtube.com/watch?v=wmmE5rtRtbc


Un long silence s’installa entre nous, silence pendant lequel la rouquine se contenta de fixer le ciel tristement.

-C’est une belle fête je trouve, tu devrais en profiter ; déclarai-je après plusieurs minutes.

La rouquine ne me répondit rien et ne daigna même pas tourner la tête vers moi.

-Tu sais, j’étais vraiment nerveuse ce matin. Je me demandais si mon père allait réellement pouvoir parler à nouveau comme il le faisait durant la guerre pour motiver les troupes. J’avais même peur qu’il disparaisse au dernier moment…Mais lorsqu’il a commencé son discours…J’étais vraiment heureuse. Pour la première fois depuis des années, j’ai eu l’impression de retrouver l’homme que j’admirais et celui qui m’a motivé à combattre à ses côtés…

-Oui, c’était un beau discours…Murmura mon amie d’une voix presque éteinte. Un discours rempli d’espoir…

-Tu es au courant que c’est ta mère qui a rédigé ce discours en grande partie ? M’étonnai-je que la rouquine ne critique pas pour une fois.

-Mais ce discours était-il réellement…ce dont nous avons besoin ? Ne jamais oublier la guerre pour que jamais elle ne se reproduise ? Quelle foutaise. Si les choses étaient aussi simples, cette guerre n’aurait même pas eu lieu…

-Akane, tu…

-Il n’y a rien à tirer de cette tragédie si ce n’est de la tristesse, des larmes, du sang et du désespoir. Peu importe à quel point le symbole de cette pierre perdurera, les mémoriaux de la première guerre mondiale n’ont empêché en rien ceux de la seconde de voir le jour, tout comme ceux de la seconde n’ont été d’aucune utilité face à Gariatron. Alors à quoi bon en ériger un troisième ?

-Mais non, tu ne comprends pas, si nous ne faisons pas ça, l’humanité va…

-L’humanité va quoi, Iori ? Me coupa-t-elle sèchement. Le discours de Miyako a beau être magnifique, rempli d’espoir ou je ne sais quelle idiotie, les mots ne sont rien face aux faits. Je ne donne même pas cent ans à l’humanité avant de déclencher une nouvelle guerre, une guerre dont elle ne se relèvera pas cette fois-ci. Et qu’importe si le mémorial à ton effigie survit à cette tragédie, il n’y aura plus personne pour en ériger un quatrième.

-Akane…Murmurai-je, attristée par le raisonnement défaitiste de mon amie.

La fille de Miyako lâcha un long soupir avant de se relever, les yeux toujours fermés, la tête rentrée dans les épaules et les mains dans les poches.

-Je te l’ai toujours dit, ce monde est faux à mes yeux. Rien de tout ce que l’on a connu n’aurait dû exister. Si seulement une force supérieure pouvait effacer les larmes de ces vingt-six dernières années…Je serais prête à donner ma vie pour ne jamais être née au milieu de cet enfer.

-En voila un drôle de souhait ma chère ; déclara soudain une nouvelle voix toute proche de nous.

Nous sursautâmes en même temps et par réflexe, nous activâmes nos pouvoirs comme nous le faisions en temps de guerre. Cependant, en nous retournant, je ne pus m’empêcher de faire un pas en arrière et je glissai lamentablement dans la neige.

Akane lâcha un petit rire mauvais tandis que le nouveau venu pencha la tête sur le côté d’un air intrigué.

-Tout va bien ? demanda l’homme d’un air inquiet.

-Hélios ! M’exclamai-je, interdite. Qu’est-ce que vous faites ici ?!

-Qu’est-ce que je fais ici ? Et bien c’est très simple, le plombier que Miyako m’a envoyé a réparé ma chaudière…mais elle a à nouveau explosé donc je suis venu à elle cette fois-ci. Et au passage, joyeux Noel et félicitation pour le mémorial, tu le mérites !

-Alors comme ça c’est lui l’ennemi numéro un ? S’étonna Akane, sceptique. L’humanité est vraiment tombée bien bas pour plier devant un type pareil.

Je l’ignorai.

-Vous savez que vous n’avez pas le droit d’être ici et que si quelqu’un vous trouve, je ne donne pas cher de votre peau ? Miyako aussi risque gros si le bruit commence à courir…Vous n’avez quand même pas pris un tel risque juste pour une chaudière ?…

-ça ne me dérangerait pas ça personnellement ; intervint la rouquine en haussant les épaules.


https://www.youtube.com/watch?v=fZJ3WR9m-iM&


A ce moment-là, je vis le visage d’Hélios s’assombrir à un point tel que je me mis à avoir peur qu’il n’eût repris ses intentions maléfiques mais ce qu’il me dit me glaça bien plus le sang que n’importe quelle attaque de Gariatron.

-La fille de Miyako a raison. Ce monde n’a aucun avenir.

Je n’osai plus faire un geste. La musique s’était arrêtée, le vent ne soufflait plus, les nuages étaient immobiles, les rires de la soirée semblaient s’être tus et seuls les battements de mon cœur résonnaient à travers la nuit. Même Akane qui répétait ce genre de phrase en boucle écarquilla les yeux et grimaça.

-Aucun…Avenir ? Répétai-je, espérant avoir mal compris.

-Gariatron, dans tout le mal qu’il a causé, repoussait malgré lui un ennemi bien plus terrible, un ennemi venant d’un autre monde, un ennemi craignant la puissance du démon, un ennemi qui désormais se prépare dans l’ombre. Iori, j’ai besoin que tu m’amènes voir Miyako. J’ai tenté de contenir seul la catastrophe jusqu’ici mais nous arrivons au point de non-retour.

Je n’hésitai même pas une seconde et je me précipitai à l’intérieur du palais pour prévenir la présidente tout en jurant intérieurement.

Je finis par la trouver dans un coin, discutant avec les meneurs japonais. De loin, je lui fis un signe de la main et elle comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas. Pendant la guerre, nous nous étions fixé des codes à n’utiliser qu’en cas d’urgence et je venais justement de faire usage de l’un d’entre eux.

Miyako, avec une habileté remarquable pour cacher sa surprise, prit congé des deux jumeaux et vint me rejoindre dans une pièce adjacente. Là, je la fis patienter quelques instants et je prévins Akane et Hélios de nous rejoindre à leur tour.

La présidente écarquilla les yeux, aussi stupéfaite de voir Hélios ici que sa propre fille dans la même pièce qu’elle. Mais la situation nous semblait tellement grave que même mon amie semblait avoir laissé ses propres sentiments derrière elle.


https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4


Lorsqu’Hélios répéta ce qu’il nous avait dit plus tôt, la femme au manteau blanc blêmit.

-Que…Comment est-ce possible ? Bégaya-t-elle en tremblant. Vous êtes sûrs de ce que vous avancez Hélios ?

-Je ne plaisante jamais sur ce genre de sujet, Miyako ; reprit le roi dont le visage s’assombrissait de seconde en seconde.

-Laissez…Laissez-moi deux minutes je vous prie, j’ai besoin d’éclaircir quelques points…Vous m’avez dit…qu’un portail s’est ouvert dans Paris, c’est bien ça ?

-Tout à fait, à l’endroit même où Gariatron a été vaincu. Je ne m’y suis pas encore rendu moi-même mais les esprits de duel en sont certains.

La présidente sortit son téléphone puis composa un numéro et attendit en tapotant nerveusement la table avec ses doigts. Au bout de quelques secondes, quelqu’un décrocha à l’autre bout et une image en 3D d’un grand homme aux cheveux rouges et en bataille apparut devant nous.

-UWS Sunbird au rapport ! Joyeux Noel Présidente Hikari ! La cérémonie s’est bien passée apparemment !

-Ugo, je n’ai pas le temps avec les formalités, j’ai besoin que vous me donniez une information. Les autres sont-ils avec toi ?

-Evidemment, UWS un jour, UWS toujours et…

-Parfait, vous m’en voyez ravie. Allez immédiatement vérifier les caméras de surveillance 4,5 et 6 des souterrains.

L’homme en 3D fronça les sourcils et ajusta ses lunettes sur son nez.

-ça me parait grave. Le grec, Alan, Hoshi, vous avez entendu le boss ? Au boulot !

J’entendis quelques râles à l’autre bout, puis le bruit de chaise grinçant sur le parquet et à peine dix secondes plus tard, une autre personne apparut à l’écran. Celui d’un homme au regard froid et au visage effilé.

-Présidente Hikari, rien de suspect au poste 4 ni au 5 et encore moins au 6. Quelle est la raison de cet énervement ? Et surtout que fait Hélios avec vous ? Je croyais avoir réparé sa chaudière la dernière fois.

-Et bien justement elle a ex…

-Le grec, je viens de détecter une anomalie dans la salle principale ! S’écria le plus jeune du groupe.

Le grec haussa les sourcils, comme si ce que Alan venait de dire était stupide avant qu’un cri ne retentisse à l’autre bout de la pièce et que celui-ci apparaisse en compagnie d’un autre homme répondant au sombre nom d’Hoshi.

-Miyako-Sama, je viens de regarder le replay et c’est terrible, affreux et…

-Ohoh, c’est qu’il est énervé ce garçon. Calme-toi et exprime-toi clairement ; le coupa son camarade.

-Pendant la journée, l’une des caméras a été coupée mais un bruit d’explosion a été entendu et puis des bruits de pas, comme si des milliers de personnes marchaient en même temps…

-Co…Comment ?! S’écria Miyako, folle de rage. Et personne n’est allé vérifier ?!

-Tu te calmes ; lui répondit calmement Hoshi. Nous ne sommes pas omniscients nous, nous avons du également surveiller le bon déroulement de la cérémonie, nous ne pouvions pas être partout à la fois.

-Ce n’est pas une excuse ! Si vous n’êtes même pas capables d’accomplir une tâche aussi simple que de surveiller les points sensibles, vous êtes tous virés !

-Encore ? Se plaignit Alan. C’est au moins la quatrième fois ce mois-ci !

Je crus que la présidente Hikari allait vraiment exploser lorsque le grec écarta ses camarades et prit la parole.

-Miyako, ce qui est fait est fait. Cependant, la caméra extérieure numéro 7 qui donne sur l’extérieur n’a détecté aucune anomalie. Personne n’est entré ni sorti de la zone.

-Vrai…Vraiment ? Tu es sûr de ce que tu avances le grec ?

-Certain. De plus nous avons posté des gardes à la sortie des souterrains pour qu’ils condamnent les entrées, ils nous auraient certainement alertés si quelque chose de louche se tramait.

-Je vois…Mais je fais plus confiance à Hélios qu’à vos informations malheureusement.

-C’est pas sympa ça Miyako…Gémit Alan en feignant de pleurer.

-Je vais tenir une cellule de crise avec les autres dirigeants ; reprit Miyako sans faire attention à ses hommes de main. Iori, Akane, je sais que c’est une lourde tâche mais je ne veux pas qu’une nouvelle vague de panique envahisse la ville. Pouvez-vous animer la fête sans moi ?

-C’est bien parce que la situation l’exige ; grogna mon amie sans regarder sa mère. Tu as intérêt à régler ça au plus vite même si je doute que tu réussisses.

-Je…je ferai de mon mieux présidente ! M’exclamai-je à mon tour en me mettant au garde à vous, mes vieilles habitudes reprenant le dessus.

-Merci les filles, je vous revaudrai ça ; nous lança Miyako avec un sourire reconnaissant. Hélios, ne tardons pas.

Les deux adultes nous laissèrent, Akane et moi, au milieu de cette immense salle vide avec une tâche bien lourde sur les bras et l’esprit encombré de mille et unes questions.

-Je ne comprends plus rien Akane ; me lamentai-je. Le démon a été vaincu, le monde connait enfin la paix et nous la célébrons aujourd’hui…alors pourquoi ne pouvons-nous pas vivre simplement…

-Je te l’ai dit Iori, ce monde n’aurait jamais dû exister ; me répondit froidement la rouquine. Tu as entendu Hélios ? Il n’y a plus rien à faire désormais, jamais nous ne connaitrons la paix.

Je me mordis la lèvre. Je n’avais rien à répondre à mon amie cette fois-ci. Mais l’heure n’était pas aux réflexions. Miyako et les autres allaient le faire très bien à notre place. Notre mission était simplement de détourner l’attention pour éviter une panique générale.

C’est ainsi que je tentai tant bien que mal de capter toute l’attention des invités pendant le reste de la soirée. De toutes les personnes que je connaissais, il ne restait que ma tante qui semblait, elle aussi, être dans la confidence et qui s’amusait également à rediriger toute l’attention vers Akane et moi.

Mais après plusieurs heures, tous les invités finirent par quitter le palais sans poser de question sur la disparition de la plupart des personnalités de la fête.

Mais j’étais si épuisée par mon rôle que je ne m’assurai même pas de faire mon rapport à la présidente et je m’endormis sur l’un des fauteuils du salon aux côtés d’Akane qui était tout aussi épuisée que moi.


https://www.youtube.com/watch?v=CSMslKt0D4A


Le jour suivant, tous mes muscles étaient endoloris par la veille et je ne me réveillai que vers midi. L’esprit embrumé, je pris tout d’abord une bonne douche pour m’éclaircir les idées avant de revenir dans les quartiers de Miyako.

Cependant, la présidente n’était toujours pas revenue de sa réunion et seule Akane m’accueillit, les pieds posés sur le bureau de sa mère et regardant au loin par l’immense baie vitrée. Elle avait l’air pensive et ne remarqua même pas mon arrivée.

-Alors, des nouvelles ? Commençai-je en guise de salutation.

-Si je suis ici, j’imagine que tu connais la réponse ; grommela-t-elle.

-Je vois…soupirai-je, inquiète.

-Si tu veux en avoir le cœur net, tu n’as qu’à aller les voir. Marie m’a dit qu’ils s’étaient tous réunis au ministère de la défense et…

Je n’attendis pas la fin de sa phrase et je sortis en trombe du palais de l’Elysée et je commençai à courir dans les rues de la capitale. Je ne savais pas pourquoi mais j’avais un très mauvais pressentiment concernant l’annonce d’Hélios et je voulais participer moi aussi aux réunions de défense. Je n’aimais vraiment pas être mise à l’écart comme une enfant.

Lorsque le ministère fut enfin en vue, je ralentis l’allure. Quelque chose clochait. Nous avions beau être un jour férié, les rues étaient bien trop désertes à mon gout. Tout était calme…beaucoup trop calme, comme lors de la guerre après une bataille féroce…

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, tous mes sens étaient en alerte et j’avais même activé inconsciemment mes pouvoirs, comme si une menace me guettait, tapie dans l’ombre.

Soudain, la terre se mit à trembler et d’épais nuages noirs voilèrent le ciel en un instant.

-Non…C’est impossible…Tout mais pas ça…Je ne veux pas revivre ça une seconde fois…s’il vous plait…

Une fissure s’ouvrit dans l’espace juste au-dessus du ministère et de cette fissure un homme en sortit. Tout son corps était entièrement lumineux comme un véritable soleil descendu sur terre.

-Par pitié…Implorai-je, incapable de faire le moindre mouvement.

De la main de l’homme s’échappa une minuscule sphère ardente qui se dirigea droit vers le ministère. Je voulais bouger, m’interposer entre cette attaque et mes compagnons de route mais mon corps refusait de m’obéir. Pour la première fois de ma vie, j’étais pétrifiée par la peur. La peur de mourir, la peur de perdre mes proches, la peur de retomber en enfer, la peur…que ce cycle ne recommence…

-S’il vous plait…Quelqu’un…A l’aide…

Je les voyais de l’autre côté de la vitre, débattant autour d’une immense table, inconscient du danger qui les entourait.

Soudain, un rayon de lumière fusa de derrière moi et toucha la minuscule sphère en projetant une épaisse fumée noirâtre. Mais l’attaque de l’homme ne fut pas arrêtée pour autant et continua à se rapprocher inexorablement du bâtiment.

-Iori, qu’est-ce que tu fais ! S’écria Akane en me tirant par le col, affolée. Nos parents sont là-dedans, bouge-toi bon sang !

Chancelante, je me dégageai de son emprise et tentai de me rapprocher du bâtiment. Je levai la main vers celui-ci, tremblante comme une feuille tandis que des larmes commençaient déjà à s’écouler le long de mes joues.

-Miyako…Hélios…Laura…Papa…Ne me laissez pas…Pitié…Ne partez pas vous aussi…

Dans ma tête se bousculaient des images. Des souvenirs se mêlaient à la réalité. Des bombardements. Du sang. Des larmes. Des cris de désespoir. La mort. Le visage de ma mère…

-Je ne veux plus…pleurer…

Une violente explosion de lumière. Une chaleur insoutenable. Un ouragan inarrêtable. Des débris de pierre se fracassant contre ma peau. Des papiers brûlés. Un bouclier doré. Tout était en train de disparaitre. Impuissante, je ne pouvais que faire face à la réalité. Je le voyais. Le ministère était en train de se faire annihiler. Il disparaissait lentement. Comme une structure effacée d’une base de données. Détruite à la racine. Ne laissant aucune trace de son existence.

Lorsque la lumière se dissipa, je tombai à genoux tandis qu’à mes pieds roula un petit pendentif que je reconnus aussitôt. C’était le pendentif de mon père renfermant la seule photo où nous étions tous les trois…


https://www.youtube.com/watch?v=FRGdEBBKA-M


Lorsque le petit objet arriva à moi, je fus incapable de verser une seule larme de plus…Ou plutôt, j’en versais mais ma rage avait décuplé mes pouvoirs à un point tel que tout s’évaporait autour de moi et même le sol commençait à fondre sous mes mains.

Oui…Je bouillonnais de l’intérieur au sens propre. Tout mon corps avait pris feu. Ma respiration était saccadée. Mon cœur me battait à tout rompre. Mes muscles étaient tendus à leur maximum. Mes sens étaient décuplés.

-Ce monde…Ce monde n’aurait pas dû…Ce monde n’aurait pas dû exister…Articulai-je en me retenant de hurler.

-Io…Iori ; bégaya Akane derrière moi en reculant prudemment.

Dans ma folie grandissante, je me mis à rire. D’abord timidement. Puis de plus en plus fort. Jusqu’à être saisie d’un fou rire incontrôlable.

L’homme de lumière tourna la tête vers moi en fronçant les sourcils et cela suffit à libérer toute la fureur et la rage que je contenais en moi d’un seul coup. Du sol jaillit une immense colonne de lave qui avala d’un seul coup l’homme sans qu’il n’ait eu le temps de se protéger ou de s’enfuir.

Lentement, je me relevai en prenant dans ma main le petit pendentif et je me tournai vers Akane

-Iori…Que…que vient-il de se passer ? Ne me dis pas que Miyako et les autres…

Je me contentai de hocher la tête et la jeune fille s’écroula au sol, livide, le regard vide, détruite de l’intérieur tout comme je l’étais.

-Non…Non…Ce n’était…Pas ce que je souhaitais…Murmura-t-elle d’une voix déformée par le chagrin.

-Tu avais raison Akane. Ce monde…n’as pas d’avenir…autre que la destruction. Mais soit. Si tel est le destin de ce monde, je l’endosserai.

Je serrai le médaillon dans ma main si fort que je l’entendis craquer. Jamais je n’aurais pensé en arriver là…Mais il n’y avait pas d’autre moyen.

Je mis un genou à terre ma main vers mon amie pour l’aider à se relever.

-Akane…J’ai une faveur à te demander…

-Une…faveur ? Répétai la rouquine d’une voix éteinte.

-Serais-tu prête à m’accompagner où que j’aille ?

-Où…Que tu ailles ? Nous n’avons plus nulle part où aller Iori…Tout est fini…Nous ne pouvons pas lutter…pas maintenant que nous sommes seules…

-Non…Il y a encore un endroit où nous pouvons nous rendre. Un endroit où nous pouvons effacer les erreurs. Un endroit ou le retour en arrière est possible. Un endroit où nous pourrons enfin trouver la paix.

-Trouver…La paix ? Ce concept…N’existe pas en ce monde…

-En effet. Ce concept n’existe plus. Et ce concept n’existera plus jamais. Mais il a existé. Il y a longtemps. Bien avant nos naissances.

Je marquai un temps d’arrêt. Je savais que ce que j’allais dire était sans retour en arrière possible…Mais je n’avais pas le choix. Plus rien ne nous attendait au bout de ce chemin, à part le désespoir et la folie.

-Akane ; déclarai-je solennellement. Je vais modifier le passé…Et détruire une bonne fois pour toute ce monde qui n’aurait jamais dû voir le jour. Je t’en fais le serment.






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le bon temps…

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